Chronique cinématographique : « La maison jaune », film amazighe d’Amor Hakkar (2008)

Posté par Michael Peyron le 12 janvier 2011

Chronique cinématographique : la « Maison Jaune » (axxam awraġ), film amazighe d’Amor Hakkar (2008)

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             Affiche du film « La maison jaune » (photo : www.lamaisonjaune-lefilm.com)

 Il est rare que je me laisse entraîner au cinéma au hasard. C’est pourtant arrivé avant-hier quand une journaliste marocaine, Yasmine Belmahi et sa mère nous ont proposé, mon épouse et moi, « d’aller voir un film algérien » au Centre Culturel français de Rabat. Je ne savais pas très bien, à vrai dire, à quoi m’attendre. Quelle ne fut ma surprise, au bout de quelques minutes de constater qu’il s’agissait d’un film où les rares dialogues étaient très majoritairement en berbère. Plus exactement dans  le parler amazighe tašawit des Aurès (awras). 

Le film dure à peine plus d’une heure et quart, mais je dois avouer que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. En un mot, il s’agit de Mouloud, fruste cultivateur  de la région de Khenchela (joué par Amor Hakkar, à la fois premier rôle et metteur en scène), dans les piedmonts des Aurès, à qui l’on vient d’apprendre qu’il a perdu son fils, Belqacem. En effet, immut memmi (« mon fils est mort ») va devenir le leitmotiv du film. Phrase courte, dramatique, mais qui résume parfaitement la situation, alors que ce pauvre bougre, avec ses faibles moyens, va s’échiner pour ramener au bercail la dépouille de son fils. 

Par-delà la simple dignité du père devant le malheur qui l’accable, on est frappé par la solidarité du groupe qui se manifeste devant la mort. Par la bonté gratuite dont font montre plusieurs protagonistes. Le policier qui prête un fanal lumineux pour éclairer le père dans sa chevauchée nocturne ; le chauffeur de taxi qui, par deux fois, va lui prêter main forte. L’employé de la morgue qui le suit en voiture pour lui remettre, sans autre forme de procès, l’autorisation de transport pour un cadavre sur la voie publique. La communauté locale, aussi, formant bloc autour de la famille lors des obsèques. Une fois le fils bien-aimé porté en terre, tout tourne autour du deuil de la mère, inconsolable car n’ayant pu prendre congé du défunt. Le brave père va jusqu’à consulter le pharmacien quant à un éventuel remède contre ce légitime chagrin (ḥizn) maternel. La mère ne se nourrit plus ; les filles essaient en vain de l’amener à faire honneur au plat (ečč a yemma !).  On repeint même la demeure familiale en jaune, on procure à la maman un chien de compagnie. Mais celui-ci se sauve (irwel) ; puis revient. Rien n’y fait. 

Par bonheur, le père trouve une cassette vidéo dans les affaires de son fils et remue ciel et terre pour trouver le moyen de la visionner. Dans la ville la plus proche, chez un restaurateur qu’il fournit en pommes de terre, se trouve la clef du problème : un téléviseur muni d’un lecteur de CD. La cassette s’avère avoir appartenu au fils et contient un message de lui, annonçant son prochain retour. Le téléviseur, monnayé contre 80 livraisons de patates, est ramené à la maison. Tout paraît accompli ; il suffira d’apporter au restaurateur des livraisons de légumes (ad as nawi baṭaṭa, dit Alya) Mais il reste un dernier écueil : en l’absence du courant électrique il convient à tout prix de faire faire un brašma sur le réseau local.  

Face à l’inertie de l’administration locale le père éconduit revient en premier lieu bredouille. C’est sans compter avec la résolution de la mère, femme berbère exemplaire (interprétée par Tounès Ait-Ali), car « Ce que femme veut, Dieu le veut ! ». C’est elle qui va insister, non sans mal, pour être reçue chez le wali, afin d’obtenir gain de cause. Magnifique que cette scène enfin, où, ayant visionné la cassette, ayant aperçu le fils chéri, ayant pris connaissance du message d’adieu, le visage de la mère s’éclaire enfin d’un fugitif bonheur. Le fils ayant pris congé, par CD interposé, la mère apaisée consent à revenir en toute sérénité vers le monde des vivants. Reprendre pleinement sa place au sein de la famille.  Famille où l’ainée de ses filles, Alya, beau brin de fillette de 12-13 ans (joueé par Aya Hamdi), qui nous gratifie d’une berceuse (‘Silence, ô mon fils’, susem ya memmi) et  assume déjà pleinement son rôle de soutien actif au père. C’est un aspect de la vie de famille amazighe que j’avais déjà commenté dans un de mes articles (La mujer tamazight de Marruecos central), publié à Melilla en 1999, où j’avais mis en exergue cette capacité qu’ont les femmes, voire les filles berbères, d’assumer une responsabilité lourde face aux aléas du destin. De suppléer aux absences, le cas échéant aux carences des hommes. Or, ici, c’est le défunt frère ainé qu’elle remplace au pied levé, toute fillette qu’elle est.  Défunt frère que l’on aurait voulu mieux connaître, autrement qu’à travers une vidéo, car il nous devient sympathique par la franchise avec laquelle il annonce sa nostalgie du pays (tamurt), sa ferme intention de revenir sous peu. Mais cela ne pouvait être. Autrement il n’y aurait pas eu matière à filmer. Et c’eut été dommage, car c’est d’un véritable petit chef d’œuvre qu’il s’agit ! 

Un mot enfin, concernant l’amazighité du film, guère mise en exergue par d’autres comptes-rendus parus dans la presse, exception faite pour les sites web amazighes qui ont été intarissables d’éloges ; sans oublier que ce film a été primé à Agadir au festival du film amazighe d’octobre 2010. Pour un habitué des communautés amazighes de l’Atlas, qui comprend quelque peu la langue berbère, les sous-titres en langue française sont à peine nécessaires ; c’est un bonheur que d’entendre ainsi parler en amazighe les habitants d’une région où l’on m’avait laissé entendre que la tašawit avait pratiquement disparu face à l’arabe.  Cela prouve aussi que lorsqu’on connaît un ou deux parlers, la Tamazight et la Tachelhit dans mon cas, il est relativement aisé d’appréhender une autre composante de la langue berbère. Ceci afin de confondre ceux qui prétendent que l’inter-compréhension entre parlers est non-existante, et qu’il s’agit simplement d’une poussière de patois épars !

michael.peyron@voila.fr 

Rabat,  le 12  janvier 2011 

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Moroccan place-names of Amazigh origin

Posté par Michael Peyron le 13 décembre 2010

Moroccan place-names of Amazigh origin 

The study of Moroccan place-names can be a fascinating and rewarding pastime, often casting an interesting light on the country’s history. It also brings strongly home to the observer the fact that most Moroccan toponyms are of Amazigh origin. This brief over-view of the topic will be divided into four sections:- 

1/ Amazigh place-names, having undergone little or no alteration, including, a) existing, b) slightly altered, and c) vanished.

2/ Altered and/or translated Amazigh place-names: a) Arabicized or ‘Frenchified’; b) other categories.

3/ ‘Hispanised’, ‘Frenchified’, or historically altered place-names. 

4/ Some facetiously interpreted place-names. 

1/ Amazigh place-names having undergone little or no alteration 

a) Existing  Almou n-Ayt Ndhir, meadow in Tâarâart valley, High Atlas < almu n ayt nðir, ‘pasture of the Beni Mtir’. 

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 ‘Ayyachi seen from Tizi n-Zou (Imtchimen), May 1967 (photo:  M. Peyron)

 Assamer n-Ou Ilourhmane, mountain on south side of Jbel ‘Ayyachi < assamer n iluġman, ‘south slope of the camels’.  Assif Melloul, river in Ayt Hadiddou, High Atlas < asif mellul, ‘white river’. Some claim this is due to its being a snow-fed river, hence ‘white’; others contend that real name was Asif Abkhouch (‘black river’), on account of its frequent devastating floods and was renamed ‘white’ as a propitiatory gesture. 

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  Berber women, Louggagh, Asif Tasfelalayt, Ta’ara’art valley (photo: M. Peyron)

 Assif Tasfelalayt, a river in Ta’ara’art valley (Jbel Ayyachi), ‘shining river’ < asfelaly, ‘shining, shimmering’.  Azaghar, general name given by High Atlas Berbers to the Marrakech or Tadla plain, or by Zaïan tribe to their lowland grazing-grounds < azaġar; also diminutive form, Tazaghart, name of an important flat-topped mountain in Toubkal area.

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   Rare view of Lake Izoughar with water in it, Ighil Waougoulzat (top), Apr. 1966 (photo: M. Peyron; poor definition, taken with a Kodak ‘Instamatic’ camera!).

 There is a plural form, Izoughar (< izuġar), semi-permanent lake and expanse of flat ground near Ayt Bou Gemmaz. The lake dries up by end-June and you get those classic TO brochure views of their clients (un)happily crossing its dusty surface in summer!

Azrou, town and road-junction, Beni Mguild area, Middle Atlas < azru, ‘rock’.  Bou Tserfine, village in Ayt Yahya, Eastern High Atlas < bu tisrfin ‘place of grain-pits’. 

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    Boutferda, Ayt Sokhman village, Aghbala region, Jan 1976 (photo: M. Peyron)

Boutferda, village in Ayt Sokhman, bu tferda, ‘lonesome spot’ < aferdi, ‘solitary, lonesome’.  Boukchmir, site of Forestry Hut on upper Oued Beth < bu wqšmir, ‘place of the cliffs’. 

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     Two Ist-Hediddou maidens at the fountain, Imilchil, Sep. 1967 (photo:  M. Peyron)

 Imilchil, town in Ayt Hadiddou, High Atlas < imi n lšil, ‘grain gateway’; Place where southern tribes regularly used to come to buy grain.  Jbel Ayyachi, highest mountain in central Morocco, ‘mountain of Ayyach’, tribal name < εari u εayyaš Jbel Tassemite, hill above Beni Mellal, regularly sow-covered in winter and early spring, ‘cold mountain’ < asemmiḍ, ‘cold’. 

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    Jbel Tazizawt (top L), Bou Imtel hamlet in foreground, Aug. 2005 (photo: M. Peyron)

Jbel Tazizawt (Tazigzaout), wooded hill in Ayt Sokhman, south of Aghbala, ‘green mountain’< tazizawt ; because of the extensive vegetation that covers it. Another interpretation is that name refers to green (azizaw, azegza) turbans of the Derqawa sect, to which Sidi Lmekki belonged, in connection with the famous battle that occurred there.  Tiffert, village on Oued el Abid; Taffert, hamlet in Bou Iblane, ‘the hidden one’< verb ffer, ‘to hide’.  Tiouririne, small hills’ < tiwririn (sing. tawrirt).  Ti n Melwit, ‘Moulouya country’, name given to land between Azerzou and Alemsid near Moulouya head-waters.

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 Mosque, qsar of Ayt ‘Abdi, Tounfit, july 1981 (photo: M. Peyron) 

Tounfit, ‘remote one’, small foot-hill town, Eastern High Atlas < verb nfu, ‘to exile’. 

b) Slightly altered 

   Aïn Ifendassen, spring south of Bou Iblane, litt. ‘spring (where) he escaped from them’ < ifend asn < ifelt asn; probably commemorates some incident where a prisoner parted company with his captors.  Jbel Mouchchene, between Tiddas and Oulmès, central Morocco, ‘jackal mountain’ < žbel muwuššan Tinmal, in upper Nfis valley, High Atlas < ti n mellel, ‘the white one’, a reference to the presence of snow in winter; radical ML (‘white’) present in numerous other Amazigh place-names, Imlil, Titi Mellil, Tizi n-Toumlilt, Tizi Melloul, Ayt Tamellilt, Aïn Amellal, etc.  As instances of other slightly deformed place-names we have: Moulay Idriss > mulay dris; Aït Ishaq > ayt shaq, reflecting Amazigh pronunciation. Also, Afennourir, lake above Azrou, famous ornithological site for migratory birds < ixf n awrir, ‘head of the mount’.

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  Agelmam Afennourir, Middle Atlas, March 2009 (photo: M. Peyron)

  c) Vanished 

Aghmat, ruins some 10 kilometres south-west of Marrakech at entrance to Ourika valley, former regional capital, supplanted by Marrakech. Until half a century ago, some Shelluh still used to refer to Marrakech as Aghmat. Aguz, or Kuz, former Atlantic port of Aghmat at mouth of Tansift river. Day, former name of Beni Mellal; capital of independent 11th-century Zenata princedom.  Errachidia, provincial capital of south-east Morocco, formerly Ksar es Souk < iġrem n ssuq. Goulmima, south-east Morocco, and Goulimine, south-west Morocco, Arabized plural forms both < igulmimn (sing. agelmam), ‘semi-permanent lakes’.  Kasbat al-Makhzen, former name of Ksabi, founded by Moulay Ismaïl on Moulouya river.  Lemsid, instead of Alemsid; attempted Arabisation, alemsid actually reflecting colour of terrain and nothing to do with the msid in a mosque!  Mohammedia, Atlantic seaport, formerly Fedhala < Fidela < fadl allah in medieval times. 

Sijilmassa, ruins near present-day Erfoud or Rissani, former capital of small medieval kingdom famous for trans-Saharan trade.

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  Tafza hamlet, Ayt Sokhman, May 2006 (photo: M. Peyron)

Tafza, medieval town of some importance on one of Oum er Rbia’s L-bank tributaries, mentioned in Leo Africanus; now refers to small hamlet near Jbel Tazigzaout, associated with local epic of Imhiouach marabouts. Tamesna, ‘next to sea’ in old Berber, former name of Chaouia region until 19th century. Wansifn, former name of Oued Oum er Rbia, major Moroccan river < wi n isaffen, ‘the river among  rivers’; note that Tansift, smaller river just north of Marrakech, bears diminutive/feminine form. Yeffren, Middle Atlas town, instead of Ifrane < ifran, ‘caves’ (sing. ifri); famous attempt to de-Berberize a place-name which caused an uproar at the time. 

2/ Altered and/or translated place-names    

 a) Arabized, or ‘Frenchified’  Agelmane Laaziza, above Khenifra in Middle Atlas; reflects attempted Arabisation of place-name, instead of agelmam aziyza, ‘green lake’.  Aïn Taoujdate, forest spring near Ifrane, Middle Atlas; probably translated from taġbalut n tawjdat, ‘source of female Barbary sheep’.  Baqria, Middle Atlas village, reflecting unofficial, Arabised version of Baqrit (Bekrit). Give-away for Arabisation is usually substitution of /a/ for /t/, as in Zawiya Sidi Yahya ou Youssef < zawit sidi hya w yusf

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 Village of Agersaffen, Upper Seksawa, Western High Atlas, March 1967 (photo: M. Peyron)

Bin el Ouidane (local pronunciation bilwidan), river-junction and site of famous reservoir above Beni Mellal; probably translated from Amazigh gr isaffen, ‘between rivers’; incidentally, this is name of village in Upper Seksawa, High Atlas.

  Dayet er Roumi, lake in Central Morocco; probably adapted from Amazigh agulmam n urumi,  ‘lake of the christian’.  Foum Kheneg,  ‘gorge entrance’, situated on upper Gigou, Midle Atlas; probably translated from Amazigh imi n waqqa Oued el Abdi, ‘slave river’, important  Oum er Rbia L-bank tributaty > asif n isexman < asif n isemġan; cf. similarly derived Amazigh tribal name of Ayt Sokhman < ayt isexman Oulad Ali, Middle Atlas village; probably translated from ayt εli Ras el-Ma, ‘head of the waters’, spring in Middle Atlas between Ifrane and Azrou; probably translated from Amazigh ikhf aman, place-name which actually exists in Upper Ziz valley, High Atlas.  Other cases of fiddling with Amazigh place-names give ludicrous results, such as: ‘Fejj Tizi n-Telghemt’; ‘source d’Aïn Aghbal’, or the equally inept ‘Jbel Adrar’. 

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   Ridge of Jbel ‘Ayyachi close to Tizi n-Telghemt (top L), end-May 2008 (photo: M. Peyron)

b) Other categories (French- and Portuguese-derived), etc. 

Al-Jadida, ‘the new one’ < Mazagan, Mazignan < Marzigao < Qaryat Wawzgan.  Agadir, main city and port of Souss region, ‘castle’ < Santa Cruz/ Cruce.  At least two examples of derived place-names:-  abrid trantrwa between Tighessaline an Zeïda, central Morocco < Route Principale 33.  battižan < Petit-Jean, French colonial name (to honour French captain killed in campaign) for former Sidi Qasm, which has since been restored.  Volubilis, ruins of Roman town near Meknès < walili, ‘oleander’. 

3/ ‘Hispanised’ and ‘Frenchified’ place-names Casablanca, ‘white house’, Spanish; original name Anfa, probable capital of the Barghawata.  Chefchaouen, town in western part of Rif mountains < šuf iššawn, ‘see the horns’, a reference to the peaks that overlook the town. Midelt < timidelt, ‘sauce-pan cover’, name of conical, flat-topped hill five miles WNW of present town; former name, Outat n Ayt Izdeg.  Oued Beth < wad baht, major Moroccan river which rises in Middle Atlas between Azrou and Mrirt. 


 Safi < Saphie/Sophia < Asfi < asif, ‘river’; Atlantic seaport formerly colonised by Portuguese.. Tiflet, town inland from Rabat, on edge of Zemmour territory < tifel t, ‘she escaped from him’. 

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    qsar of Tattiwin, foot of Jbel ‘Ayyachi, Dec. 1965 (photo: M. Peyron)

 Tetouan, town on Rif coast < tiṭṭawin, ‘the springs’. Tattiwin, village near Midelt, is similarly derived. Amusingly, probably the most frequently deformed place-name is that of Khenifra, the Zaïan ‘capital’ on the Oum er Rbia, which is pronounced Kenifra by foreign visitores, being thus confused with Kenitra and Khemisset. 

4/ Some facetiously interpreted place-names    

Kerrando < ‘Quarante-Deux’, or Km 42 on Midelt-Errachidia road; however, more likely > kkraġ aneddu, ‘let’s get up and go’, as this was often an unhealthy place for travellers to dally, similar to the spring of šrub u hrub, ‘drink, then clear out’, situated further north just below Tizi n-Telghemt.  Marrakech < Merrakouch < amur a yakuš, ‘your protection we do beseech, O God’; also merrakš, which early travellers equated with ‘Maroc’ or ‘Morocco’, applying name of then capital to entire country.  Mogador < Megdul (Phœnicician origin) < MacDonald, Scots castaway over whose grave a shrine was built (Sidi Megdul); actually old name of Essaouira < swira (ar.), tassurt (ber.) and probably derived from mmu gadir, ‘she of the walls’.  Tarouddant, from tarwa ddant, ‘her offspring has left her’; implying that her ihabitants have emigrated.  Madrid, from ma trid, ma trit, ‘what do you want?’ Probably a form of humour!

 Publishing history :  Unpublished. Based on presentation given at Faculty of Letters, Beni Mellal, Morocco, spring 2002. 

 michael.peyron@voila.fr 

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Michael PEYRON: curriculum vitae

Posté par Michael Peyron le 11 décembre 2010

Michael PEYRON:  Curriculum vitae 

       

                                                                     Part I 

This web site contains biographical information on this researcher, of mixed Franco-Scots descente, specialized in Morocco’s Atlas mountains and Berber history and culture, together with a full list of his publications covering mountain exploration and field-work undertaken since 1964, not to mention his contribution to Berber studies and Atlas Mountain tourism through participation in various conferences and otherwise.

Address: 43, rue Thiers, 38000, Grenoble, France (michael.peyron@voila.fr).

Born: April 12, 1935, Cannes, Alpes Maritimes.

Parents: Frédéric Aimé Peyron of Hyères (Var) and Fiona Margaret MacIver from London, UK.

Married: to Josiane Yvette Maria FOLLET of Amiens (Picardy).

Children: Caroline Marthe, born June 20, 1970; Margaret Fiona, born July 12, 1972.

Education:

Ecole Nouvelle, Lausanne, Switzerland, 1942

Heysham pre-Preparatory school, Hampstead, UK, 1943

St Neot’s Preparatory school, Hants, UK, 1944-48

Clayesmore Public school, Dorset, UK, 1948-52

Institut Commercial du Maroc, Casablanca, Morocco, 1953-54

 Faculté des Lettres, Pessac, Bordeaux, France, 1966-72   Institut de Géographie Alpine, Genoble, France, 1972-75

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   Michael Peyron at Lmerri village, E. High Atlas, Morocco, circa 1983 (photo: M. Barbaud)       

 Diplomas 

 GCE exam: ‘O’ level pass in English; ‘AO’ in Latin, ‘A’ level passes in History & French, July 1952.    

Anglais militaire 2e degree , Meknès, 1957.

 Maîtrise d’Anglais, Bordeaux, July 1971.(Agrégation d’Anglais, Paris, July 1972).  Doctorat 3e cycle, Géographie humaine & rurale, IGA, Grenoble, 1975.

 Academic career:   English teacher, Berlitz School, Casablanca, 1964-70

English teacher, Centre Pratique Audio-Visuel, Casablanca 1970-72

Teacher/trainee at Centre Pédagogique Régional, Grenoble, 1972-73

Lecturer in English, Faculty of Letters, Rabat, 1973-88

Lecturer in English, LCM Champollion & Université STENDHAL, Grenoble III, 1988-95

Visiting professor, King Fahd Advanced school of Translation, Tangier, 1992-2001.

Visiting professor, University Al-Akhawayn in Ifrane (AUI), 1996-2009

Academic activities:

 Member, AFEMAM, 1989-98.Organiser, Oral Literature workshop, Faculty of Letters, Rabat, 1984-88Contributor, Encyclopédie Berbère, LAPMO, Aix-en-Provence, 1985-Contributor, Littérature orale Arabo-Berbère, UPR 414/CNRS, 1988-95Contributor, Etudes & Documents Berbères, Paris, 1990-Contributor, AWAL, Cahier d’études berbères, Paris, 1995-Associate researcher, IREMAM, Aix-en-Provence, 1998-At Al-Akhawayn University in Ifrane, taught a 5-week module, « Introduction to Amazighpoetry », April-may 1999; organised « Berber study days », on May 30, 2000, April 29, 2002& on March 17-18, 2003; co-organised a « Middle-Atlas cultural week », in April 2001 & an »Arabo-Berber Poetry Night », October 17, 2002; currently in charge of Amazigh-related activities & teaching BRB 1310 – a course in Berber History & Culture + COM 3323, Writing for the media (in French).

Mountaineering Activities:  An undistinguished career as mountain-plodder and ski-tourer, involving among other   Non-technical ascents in the Alps :- Le Rateau, les Bans, le Gioberney (Oisans), les Courtes(Mont Blanc), Brec de l’Homme,Pointe Joanne, (Queyras), Puy Gris, Rocher Blanc, Dent du Praz, Rogner, GrandsMoulins, Grand Charnier, Pic de la Belle Etoile, Croix de Belledonne (Belledonne range),L’Obiou, le Grand Veymont, (Dévoluy), etc..Has participated in some alpine ski outings :- Vallée Blanche (Chamonix) on two occasions, two stages of Chamonix-Zermatt ‘Haute Route’, Cime de la Jasse (Belledonne), Taillefer on three occasions, Combe Ratin,
(Plateau de Bure, Dévoluy), Parpaillon & Tour du Brec de Chambeyron (Queyras), etc.

In the Moroccan Atlas :- Several PD-AD climbing routes on Angour, Ighzer Tamda (Akswal), WSW ridge of Toubkal,  NE couloir Ras Wanoukrim, Wanoukrim Clochetons Traverse, Tazaghart snow couloir (all in Toubkal massif) ; Erdouz traverse, N face Jbel Ikkis, Ras Moulay Ali (Seksawa) ; Meldsen, Isk n-Yahya, Bou Wghyoul (Zat/ Ourika massif); Waougoulzat, Ighil Mgoun (Central HighAtlas). 

  Ski outings include Lépiney/Neltner traverse, Bou Igenwan (Toubkal massif); Azurki on three occasions, Zawiya Tamga/Anergui traverse via Jbel Taytriqt, Jbel Mouriq from Tasraft (Central High Atlas); Msedrid on two occasions & Isswal (Lakes Plateau, Imilchil); Azgaw, Ma’asker and ‘Ayyachi, each on several occasions via a variety of routesEastern High Atlas); Hayyan, Tichchoukt, Bou Iblan, last-named half a dozen times via different routes (Middle Atlas).Has been successively, President, French Alpine Club (C.A.F.), Rabat, 1975-85; also member, Alpine Club of London, 1994-  & member, « Les Amis du Refuge du Toubkal », 2000- Also other outings too numerous and varied to be recorded here.

Conference participation:

“L’évolution des rapports villes-campagnes”, Faculty of Letters, Rabat, 13-15 December, 1984. Colloque du Grand Meknès, Faculty of Letters, Meknes, October, 1985. “Trente années de recherché universitaire au Maroc”, Faculty of Letters, Rabat, October & December 1986.

Union of International Alpine Associations (UIAA), Marrakech, October 1987. 

AFEMAM Conference, Baume-lès-Aix, 26-28 June 1989. AFEMAM Conference, INALCO, Paris, July 1990. AFEMAM Conference, Urbama, Tours, July 1991.AFEMAM Conference, Toulouse-Le Mirail University, July 1992.EURAMES Conference, University of Warwick, UK, 8-11 July, 1993.« Fête de la Transhumance », Die, 17-26 June, 1994. AFEMAM Conference, Strasbourg, 30 June-3 July, 1994. « Peuples Berbères », 17th Douarnenez Film Festival, 21-28 August, 1994. « Table-ronde sur les etudes berbères », Faculty of Letters, Meknes, December 1994. « Fête de la Transhumance », Die, 17-25 June, 1995. Tafsut Imazighen, 25 March-6 April, 1996, Grenoble. AFEMAM Conference, Aix-en-Provence, July 1997. Tafsut Imazighen, 22 March-5 April, 1997, Grenoble.  Conference on sustainable development, Faculty of Letters, Marrakech, October 1997. AFEMAM Conference, Université Lumière-Lyon II, 2-4 July, 1998. « Estivales du Trièves », Monestier-du-Percy, 25 July, 1998. « Sustainable development in Sefrou province », Sefrou, September, 1998. « Berber Culture Festival », Rasa, Utrecht, Netherlands, 5-8 November, 1998. « Les couleurs de l’échange: du Maroc à l’Orient », Toulouse, July 1999.Sefrou colloqium (to honour Clifford Geertz), 4-6 May 2000. « Fête de la Transhumance », Die, June 2000. CERMOSEM Conference, Pradel, Ardèche, 18-20 September, 2000. « Political Discourse, theories of Colonialism & Post-Colonialism », British Council (Churchill Club), Casablanca, 12-14 April 2001.Sustainable Tourism workshop, British Days in Morocco, AUI (Ifrane), 5-6 March, 2002.First World Congress for Middle Eastern Studies, University of Mainz, Germany, September 8-13, 2002.“Les manuscrits berbères au Maghreb et dans les collections européennes”, Manumed/IREMAM, Aix-en-Provence, 9-10 December, 2002.

 

 Presentations:


  
  « Great Atlas Traverse », slide-lecture, American School, Rabat, April 1976. « Les Berbères du Haut Atlas marocain », Musée Dauphinois, Grenoble, March 1989. « La poésie berbère du Moyen-Atlas », Baume-lès-Aix, June 26, 1989. Colloque de Sefrou, Sefrou, April 9-11, 1992. « Poésies pastorales des transhumants du Moyen-Atlas marocain », Die, June 24, 1994.« De la Berbérie au 7e ciel : un poème épique marocain », Valcroissant Abbey, Die, June 23, 1995.« Proverbs of the Moroccan Atlas », Faculty of Letters, Meknes, March 1, 1996.  Hmad (Hammou) ou Namir », AUI, March 4,1996.« Middle Atlas poetry : past and present », Faculty of Letters, Meknes, February 28, 1997. « Analyse du poème Hammou Namir (tachelhiyt) » (AFEMAM, Atelier n° 65), Aix-en-Provence, July 1997.« The Moroccan mountaineer’s environmental perception », lecture given at Faculty of Letters in Marakech (August 29, 1997) & Faculty of Letters, Rabat (September 2, 1997) + at AUI, October 17, 1997.   “Orality & literacy, introduction”, AUI, HUM 5358 class, January 1998.“Communicative strategies in oral literature: Gaelic-inspired language & devices”, AUI, HUM 5358 class, January 1998. “The marks of orality in the Goddodin”, AUI, HUM 5358 class, February 1998. “Markers in oral tales: taŠelhit & warayni dialect”, AUI, HUM 5358 class, March 1998.(+ lectures on Finn MacCumhail, “Cattle raid of Cooley” & the tale of Deirdre, “Kulwch & Olwen”, “Beowulf”, Icelandic sagas, the Gilgamesh legend, etc., AUI, HUM 5358, spring 1998).« An introduction to Berber culture » for visiting students & faculty from University of Austin, Texas (UTA), AUI, end-May 1998. (A presentation repeated for the benefit of other UTA visitors in 1999, 2001 & 2002).« Moyen-Atlas & Haut Atlas oriental : une région uniforme », Sefrou, September 7,1998. « Culture shock & mountain tourism in the Moroccan Atlas », Capstone students, AUI, April 27, 1999.« Habitat rural & citadin au Maroc », Temps du Maroc, Grenoble, October 13, 1999. « Le Haut Atlas marocain », Fontaine en Montagne Cultural Festival, Fontaine, October 22, 1999 ;slide-lecture later repeated elsewhere in Grenoble area at « Autres Horizons », Seysssins, November 9, & at « Centre des Arts », Meylan, December 20, 1999.“Moroccan High Atlas”, slide-lecture, Trinity College, Oxford, UK, December 3, 1999. « Histoire & culture berbère », Musée Dauphinois, December 16, 1999.« The Ayt Yahya of Tounfit (Central Morocco) », Capstone students, AUI, February 3, 2000. « Amdyaz, the wandering bard of Berber culture « , AUI, April 3, 2000.“Self-taught Tamazight for a non-Moroccan”, AUI, May 30, 2000.“Poésies religieuses berbères”, Die, June 2000. « Poésie et religion chez les Berbères marocains », for Gilles Keppel and Sciences-Po (Paris) students, AUI, February 6, 2001.“Amazigh Poets of the Middle Atlas”, Churchill Club, Casablanca, April 2001. “From Jbal Fazaz to Middle Atlas; from boondocks to boom towns”, AUI, November 2001.« Rural tourism in the Moroccan Atlas », AUI, March 6, 2002. « Langue et culture amazighe : la problématique actuelle », Faculty of Letters, Beni Mellal, March 11, 2002.« Lectures de poesies amazighes », ENS Takkadoum, Rabat, March 26, 2002.« Contributions by a Franco-Scots student of Tamazight », AUI, April 29, 2002.« Berbers of the Moroccan Atlas », CNAC presentation, AUI, June 5, 2002. « Le classement des archives du fonds Roux « , IREMAM, Aix-en-Provence, December 9, 2002. « From Tazigzaout battle to Green March », AUI, « Amazigh Days », March 18, 2003.« Poésie amazighe dans le Moyen Atlas », CCF de Fès (April 25, 2003) & CCF de Meknès (April 26, 2003).

  Publications: a) Books

Tounfit et le pays Aït Yahia, Doctoral dissertation in geography, IGA, Grenoble, September 1975.

De l’Ayachi au Koucer: randonnées dans le Haut Atlas, French Alpine Club, Rabat, 1977.

La Grande Traversée de l’Atlas marocain (G.T.A.M.), Rabat: Imprimatlas, 1988 (1984).

Great Atlas Traverse Morocco, vol.1 Moussa gorges to Ayt Bou Wgemmaz, Goring: West Col, 1989.

Great Atlas Traverse Morocco, vol. 2 Ayt Bu Wgemmaz to Midelt including Middle Atlas and Saghro massif, Goring: West Col,1990.

Isaffen Ghbanin/ Rivières Profondes, poésies du Moyen-Atlas Marocain traduites et annotées, Casablanca: Wallada, 1993.

Vercors-Dévoluy: mountains and landscapes, Goring: West Col, 1994.

Provence: mountains and landscapes, Goring: West Col, 1998.Annotated Berber Bibliography, AUI, 2000. Poésies berbères de l’époque héroïque, Maroc central (1908-1932), Aix-en-Provence: Edisud, 2002.

Guide de trekking, Maroc, coffret Nathan, 2002.  

As co-author with H. Stroomer & C. Brenier-Estrine, Catalogue des archives berbères du fonds “Arsène Roux”, Köppe-Vogel RKVK, 2003.

Women braver than men: Berber heroines of the Moroccan Middle Atlas, AUI, 2003.

Hills of Defiance, a detailed history of the Berbers of the Moroccan Atlas (in preparation).

zi ti n dzizawt ar tawada tazizawt, Middle-Atlas Berber poetry 1932-1975 (in preparation). 

   b) Articles

 « Les massifs peu connus du Maroc », La montagne & alpinisme, April 1970: 262-268.« Le ski de haute montagne au Maroc », La montagne & alpinisme, February 1971: 19-28. « Autour du Jebel Masker », La montagne & alpinisme, 2/1973: 61-66. « Habitat rural dans le Haut Atlas de Midelt », revue de géographie alpine, 2/1976: 327-363.« La grande traversée de l’Atlas marocain », La montagne & alpinisme, 1/1977: 18-29.« Les chutes de neige dans l’Atlas marocain », revue de géographie alpine, 3/1980 : 237-254.

« A pas feutrés dans le Haut Atlas », La montagne & alpinisme, 1/1981: 78-85.

« Contribution à l’histoire du Haut Atlas oriental: les Ayt Yafelman », R.O.M.M., 38/1984-2: 117-135.

« Une forme dynamique de poésie orale: les izlan & timawayin du Moyen-Atlas (Maroc) », Langues & Littératures, Fac. des Lettres, Rabat, IV/1985: 161-185.

« D’Aghbala à Bab Bou Idir: la traversée du Moyen Atlas », La montagne & alpinisme, 4/1985: 38-41.

« An unusual case of bride quest: the Maghrebian ‘Lunja’ tale and its place in universal folklore », Langues & Littératures, Fac. des Lettres, Rabat, V/1986: 49-66. « Le rapports ville-campagne au Maroc: le cas des massifs orientaux de l’Atlas », L’évolution des rapports villes-campagnes au Maghreb, Rabat: Fac. des Lettres, Colloques & séminaires, n°10/1988: 157-163.« Poésie lyrique du Moyen-Atlas marocain », Petit Florilège du Moyen et Grand Atlas, (J.-F. Pierrier & Jenifer Payne, eds.), UIAA, 1988 : 9-12/40-42.« La poésies orales du Moyen-Atlas, fruste ou courtoise? », Actes du colloque du Grand Meknes, Meknes: Faculty of Letters, 1988: 413-419.« Un regard nouveau sur le combat du Msedrid (1er mai 1933) », Hespéris-Tamuda, Rabat: Faculty of Letters, vol.XXVI-XXVII, 1988-89: 197-206.« Spatialité et lexicologie dans la poésie amazigh », Langue et société au Maghreb, Rabat: Faculty of Letters, Colloques & séminaires n°13/1989: 71-81.« Chronique orale sur la vie des Ayt Merghad (1920-40), L.O.A.B., 21/1990: 93-102.« Procédés de mémorisation dans la poésie lyrique du Moyen-Atlas marocain », Les Etudes Littéraires Universitaires au Maroc, Rabat: Faculty of Letters, Colloques & séminaires n°18/1991: 9-16.« Deux contes berbères dans le parler des Ayt Ali ou Brahim de Tounfit (Haut Atlas marocain) », E.D.B., n°8/1991: 53-62.« Proverbes de l’Atlas marocain de Taza à Azilal », E.D.B., n°9/1992: 73-92.« Mutation en cours dans le mode de vie des Ayt Yafelman (Haut Atlas marocain) », Les cahiers d’URBAMA, n°7/1992: 81-98.« Une version berbère d’un conte des 1001 Nuits: 3emmi Lemerrakci », Langues & Littératures, Rabat: Faculty of Letters, vol. XI/1993:

« Continuité et changement dans une zone de transition au Maroc: la Haute-Moulouya et le Haut Atlas de Midelt », Les régions de piémont au Maghreb: ressources & aménagement, Tours: Les cahiers d’URBAMA, 18/1994: 71-79.

« Tradition orale et résistance armée: la bataille des Ayt Yâqoub (Haut-Atlas, 1929) », E.D.B., 12/1994: 5-16.

« Notes concernant l’agencement des timawayin (strophes) du Moyen-Atlas marocain », L.O.A.B., 1995/22-23: 53-60.

« Middle Atlas Berber poetry », The Alpine Journal, London, vol.10/n°344, 1995: 96-99.

« En marge de la GTAM : réflexions sur certains aspects du tourisme sportif dans l’Atlas marocain », Actes du colloque international : Quel avenir pour le tourisme en montagne au Maroc, Marrakech, 18-21 November 1995, Royal Air Maroc :107-114.

« La poésie tamazight du Moyen-Atlas marocain. Discours identitaire ou identité affirmée », Sociétés et cultures musulmanes d’hier et d’aujourd’hui, Paris: AFEMAM, 1996: 29-32.

« Les bardes berbères face à la pénétration militaire française: Maroc central (1914-1933), AWAL, 14/1996: 47-73.

« L’école Roi Fahd de traduction », Tanger au miroir d’elle-même, Toulouse: Horizons maghrébins, 31/32, printemps 1996: 218-221.

« Ernest Gellner and the studies on Berber societies », L’Astrolabe: le semestre de l’AFEMAM, Aix-en-Provence, 1996: 60-62.

« La saga des Aït Bou Slama », E.D.B., n°14/1996: 75-95.

« La mujer tamazight del Marruecos central », El Vigia de Tierra, Melilla, 1996/97 : 139-151.

« Further research on ‘timawayin’ from Central Morocco », J.N.A.S., n°1 (Summer 1997) pp.72-80.

« Combattants du Maroc central: une résistance morcelée (1912-33) », AWAL, 16/1997: 25-41.

« Les montagnards de l’Atlas marocain et leur perception du milieu naturel », Montagnes Méditerranéennes, 7/1998: 139-142.

« Entre haine & amour: officiers des A.I. et tribus dissidentes (Atlas marocain, 1914-56) », in AWAL, 19/1999: 9-18. « Le mariage chez les Ayt Yafelman du Haut Atlas marocain », E.D.B., n°17/1999: 165-173.« Poésies de résistance (Maroc central, 1908-1933) », in La Revue des Deux Rives, n°2/2001 : 139-154.« Les inadéquations entre savoir & développement: le cas du Moyen-Atlas marocain », Montagnes Méditeranéennes, 12/2000: 49-52.« Les couleurs dans l’oralité des Imazighen du Maroc central », Horizons Maghrébins, Toulouse, 42/2000 : 118-124.« Amazigh poetry of the resistance period (Central Morocco), J.N.A.S., n°1(Spring 2000) pp.109-120. « Qala’at al-Mahdi: place-forte des hérétiques Barghawata dans le Moyen-Atlas marocain (XIe siècle) », AWAL, 25/2002: 105-110.« Qala’at al-Mahdi : a pre-Almoravid fortress in the Moroccan Middle-Atlas », J.N.A.S., Summer 2003. « French actions in the Algerian revolution were necessary as part of a wider crusade against Communism « ,(16a) History in Dispute series, (David Lesch ed., in the press). “Classifying North Africa as primarily Arab tends to ignore the cultural, social and political influence of the Berbers”, (67b) History in Dispute series (David Lesch ed., in the press).  

 c) Book reviews

 D. M. Hart, Dadda ‘Atta & his forty grandsons, in R.O.M.M., 1982-2: 149-150. M. Taifi, Dictionnaire tamazight-français & E. Laoust, Noces berbères (C. Lefébure, éd.), in Prologues, n°3/1994 : 52-54. J. Borgé & N. Viasnoff, Archives du Maroc + M. Williams & G. Watterson, An anthology of Moroccan short stories, in Annuaire de l’Afrique du Nord, XXXIV, 1995: 1013,1140. A. Bounfour, Le noeud de la langue, Edisud: Aix-en-Provence, 1994, in AWAL, 14/1996: 147-150. D.M. Hart, Emilio Blanco Izaga, Coronel en el Rif, Melilla, 1995, in AWAL, 14/1996: 150-163. « Graphie berbère: Pour qui? Pour quoi faire? », in AWAL, 14/1996: 156. U.K. Hart, Behind the Courtyard Door, & M. Williams & G. Waterson, An Anthology of Moroccan Short Stories, in J.N.A.S., vol.1, n°3, Winter 1996: 312-313. J. Podeur, Textes berbères des Aït Souab: Anti-Atlas, Maroc, (N. Van Boogert & H. Stroomer eds.), in AWAL, 15/1997: 108-110. H. Jouad, Le calcul de l’inconscient de l’improvisation: poésie berbère, rythme, nombre et sens, Paris & Louvain, Peeters, 1995 in AWAL, 15/1997: 110-112. M. Courtney-Clarke & G. Brooks, Imazighen: the vanishing traditions of Berber women, in Morocco: the Journal of the Society for Moroccan studies, London, n°2/1997: 92-93.

M.R. Olsen, Chants & danses de l’Atlas (Maroc), in AWAL, 17/1998 : 140-142.

D.M. Hart, Estructuras tribales precoloniales en Marruecos bereber, 1860-1933 : une reconstruccion etnografica en perspectiva historica ; M. Quitout, Grammaire berbère (rifain, tamazight, chleuh, kabyle) ; N. Van den Boogert, « La révélation des énigmes ». Lexiques arabo-berbères des XVIIe & XVIIIe siècles ; AWAL, 19/1999 : 151-157.

M. Gershovich, French Military Rule in Morocco : Colonialism & its consequences, London: Frank Cass, 2000, in AWAL, 24/2001: 122-123. D.M. Hart, Tribe & Society in Rural Morocco, London: Frank Cass, 2000, in AWAL , 24/2001: 124-125.

P. Galand-Pernet, Littérature berbère : des voix et des lettres, Paris: P.U.F., 1998, + M.P. Rauzier ; C. Tréal, J-M. Ruiz, Tableaux du Haut Atlas marocain, Paris: Arthaud, 1998, in La Revue des Deux Rives, n°2/2001: 169-172 & 173-176.

D. Rivet, Le Maroc de Lyautey à Mohammed V: le double visage du Protectorat, Paris: Denöel, 1999, in AWAL, 25/2002: 122-129. 

 d) Entries in Encyclopédie berbère (Aix-en-Provence):-

 A182. Amazan, IV/1987: 561-562.

 A335. ‘Ayyachi, Jbel (Aari n-ou ‘Ayyach), VIII/1990: 1200-1204.

 B55. Belgassem Ngadi, IX/1991: 1434-1435.

 B56. Ben Barakat, ‘Ali (Ou-Barka ‘Ali), IX/1991: 1435-1436.

 B96. Bou Zert (Bni, Ayt Warayn – aperçu linguistique), X/1991: 1579-1584.

 C42. Chants – Chants berbères du Maroc, XII/1993: 1862-1869.

 D10. Danse – domaine berbère marocain, XIV/1994: 2204-2213.

 D36. Derkaoua, XV/1995: 2279-2283.

 D39. Devinettes du domaine berbère marocain, XV/1995: 2287-2289.

 D50. Dila’, XV/1995: 2340-2345.D57.

 Djalut, XVI/1995: 2375-2376.D57.

 Djich, XVI/1995: 2466-2468.

 D93. Dromadaire (domaine montagnard marocain), XVII/1996: 2547-2550.

 F4. Fantasia, XVIII/1997: 2721-2727.F10. Fazaz (Jbel), XVIII: 2745-2747. G56. Glaoui/Glaoua, XXI/1999: 3151-3160 ; + Greniers de falaise, XXI/1999: 3219-3220.H6. Hadiddou (Ayt), XXI/1999: 3278-3283.H42. Hérisson – dans la littérature orale du Maroc, XXII/2000: 3448-3451.H48. Hibou (Atlas marocain), XXII/2000: 3458-3459. I 15. Ichqern, XXIII/2000: 3612-3617.

I 48. Imhiwach, XXIV/2001: 3694-3703.

Izli, XXV, (in the press)  

                                                   

 PART II     2003-2010


This updates that part of the present CV that appears above on my website (which was valid up to and including early 2003), and includes some late-published material.  


 Publications : 

 a) Books :

H. Stroomer & M. Peyron, Catalogue des Archives berbères du « Fonds Arsène Roux », Köln, Rüdiger Köppe Verlag, 2003.
 
 

 Amazigh Days at Al Akhawayn University : paving the way for Tifinagh, (Michael Peyron ed.), Ifrane AUI Press, 2004.
 

The Amazigh Studies Reader, (Michael Peyron, ed.), Ifrane, AUI Press, 2006.
 

Journée amazighe à l’Université Al-Akhawayn, Colloque : « Sites de mémoire et tradition orale amazighe », M. Peyron (éd.), Ifrane, AUI Press, 2007.
 

Tassawt Voices, M. n-Ayt Attiq & R. Euloge, (M. Peyron, trans.), Ifrane, AUI Press, 2008. 

Birds at Al Akhawayn, Ifrane : Al Akhawayn University Press, 2010. 

Berber Odes: Poetry from the Mountains of Morocco, London, Eland Books, 2010.

b) Articles :


“Le mariage chez les Ayt Yafelman de l’Atlas marocain”, E.D.B., n°17/1999 : 153-174.
 “Amdyaz, the wandering bard of Berber poetry”, E.D.B., n°18/2000: 104-110.
“Izli”, Encyclopédie Berbère, (S. Chaker éd.), Aix-en-P., Édisud, XXV, 2003 : 3828-3832.

“From Tazizgzaout battle to Green March”, Amazigh Days at AUI, Ifrane, AUI Press, 2004: 103-112.

“Langue poétique littéraire : enjeux et mutations chez les poètes du Maroc central”, La littérature amazighe : oralité et écriture, spécificités et perspectives, Rabat, I.R.C.A.M., 2004 : 191-199.

“L’éco-tourisme comme levier de développement des ressources territoriales: le cas des massifs orientaux de l’Atlas marocain”, Montagnes Méditerranéennes, 2004, n°20 : 187-194.

 “Bringing Berber literature out of the academic wilderness”, Expressions maghrébines, Universistat de Barcelona & Florida State University, (Marta Segarra, ed.), Vol.4, n°1, summer 2005: 15-33.

“Khénifra”, Encylcopédie Berbère, (S. Chaker éd.), Aix-en-P., Édisud, XXVII, 2005 : 4236-4239.

“Le paysage imaginaire de la poésie amazighe du Moyen-Atlas”, Linguistique amazighe : les nouveaux horizons, (A. Allati, éd.), Tétouan, Fac. des Lettres, 2006 : 224-236.

“Barghawata et résistance”, La résistance marocaine à travers l’histoire, ou le Maroc des résistances, Rabat, I.R.C.A.M., 2005 : 165-181.


“Oralité et résistance: dits poétiques et non poétiques ayant pour thème le siège du Tazizaout (Haut Atlas marocain, 1932)”, E.D.B., n°25-26/2007 : 307-316.


“Women and water management and water-related issues in the Atlas mountains”, Proceedings of the International Workshop on Women in Water management, Ifrane, AUI, 2007.


“From Jbel Fazaz to Middle Atlas: from boondocks to boom towns; the past as key to the present”, North African Mosaic: a cultural reappraisal of ethnic and religious minorities, (N. Boudraa & J. Krause, eds.), Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2007: 258-268.


“Kousser”, Encyclopédie Berbère (S. Chaker éd.), XXVIII (2008). 

 « Tazizaout : une bataille oubliée », La bataille de Tazizaout – 1932 – entre écrits et oralité, OCADD, Cahier n°1/2008 : 3-8  

« Emprunts, manipulations et confusion des genres izli, tamawayt, tayffart, et tamdyazt dans la poésie tamazighte épique : le cas de Tazizaout », Les types poétiques amazighes traditionnels, Rabat : IRCAM, 2009 : 75-86. 

« Hostilités académiques: approches conflictuelles à propos de Imazighen du Maroc central », IRCAM conference proceedings, Fès, May 2009 (in the press).

« Recent cases of incomplete academic research on Morocco’s Berbers », JNAS, vol.  15, issue 2, June 2010: 157-171.

«Wild life conservation in Morocco’s Eastern Atlas ranges », Maroc: tourisme et développement local,(M. G. Luica & H. Ramou, éds.), Paris & Torino : L’Harmattan, 2010 : 270-286.

c) Book reviews :


Chantal de la Véronne, Yaghmurasen. Premier souverain de la dynastie berbère des Abd-el-Wadides de Tlemcen, Saint-Denis, Bouchène, 2002.Abdelaziz Allati, Diachronie tamazighte ou berbère, Tétouan, Université Abdelmalek Essaâdi, 2002. Fatima Sadiqi and Moha Ennaji, A Grammar of Amazigh, Fès, Dhar El Mehraz, 2004, in AWAL, Cahier d’Études berbères, n°31/2005: 139-148.
Salima Naji, Greniers collectives de l’Atlas: patrimoines du Sud marocain, Casablanca, La Croisée des Chemins/Édisud, 2006, in AWAL, Cahier d’Études berbères (sous presse).
  

                    

 d) Presentations:


“Issues which Middle Atlas women have to face”, Dr. J. Shoup’s social anthropology class, AUI, April 19, 2006.
 
 “Les femmes du Moyen-Atlas”, Atlas Tiwtmin’s Day, AUI, 05/03/2007.
“Poésie amazighe”, Atlas Tiwtmin’s Day, AUI, 05/03/2008. 

  »Amazigh history and culture », AUI, for students visiting from Harvard University (USA), 22/03/2010.

Lectures on « Amazigh History & Culture » to US students at AMIDEAST, Rabat, spring semester 2009 - 

      

e)

Conference participation:


Colloque sur la poésie amazighe, I.R.C.A.M., Rabat, 23-25 octobre 2003.
Colloque sur la résistance amazighe, I.R.C.A.M., Rabat, novembre 2003.
Colloque « la notion de ressource territoriale », CERMOSEM, Le Pradel, 14-15 octobre 2004.
Linguistique amazighe : les nouveaux horizons, colloque à la Faculté des Lettres de Tétouan, 17-19 février 2005.
“Le rôle politico-social des imdyazn du Haut Atlas oriental”, Atelier sur le Patrimoine National Oral, sous la direction de Mostafa El-Chadli, Marrakech, 25 février, 2005.
 
  Popular Cultures Conference, jointly organised by Oxford University and AUI,
April, 2006.

 

 “Amazigh Day” conference, Ifrane AUI, April 2006.

 “Journée sur la bataille de Tazizaout”, Faculté des Lettres, Beni Mellal, 19 mars,
2007.

Mountain tourism workshop, Al-Akhawayn University, Ifrane, April 17, 2007.

“Les almu-s et agdal-s de l’Atlas oriental: état des lieux”, Conférence International, mai 2007, Marrakech.
 

 Instructor at Berber Summer Institute, Corwallis, Oregon State University, USA, June  24-July 10, 2007.  

 “Choreography in MiddleAtlas aḥidus dancing”, Amazigh Day 2008, Ifrane, AUI, April 2008.   

 Two lectures on Amazigh culture, at Middle East Studies centre, St. Anthony’s, Oxford, UK, Oct. 2008.

Symposium Sport/Nature :  »Colloqe sur  les pratiques innovantes dans le tourisme », CERMOSEM, Le Pradel,  Ardèche, Nov. 2008.
 

Amazigh Day , AUI, March 25, 2009. « Atlas Mountains: Space and Spciety ».  Conference in honor of Professor Michael Peyron, jointly organised by the SHSS/AUI & IRCAM at Al Akhawayn University, Ifrane, April 8-9, 2010.

michael.peyron@voila.fr

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Tour Operator Watch N° 11: 22-day Great Atlas Traverse

Posté par Michael Peyron le 7 décembre 2010

Tour Operator Watch N° 11: 22-day Great Atlas Traverse

by Michael PEYRON

Up to now most information under the « Tour Operator Watch » heading has been in English. However, as some readers have pointed out that there is a slight imbalance on this website in favour of English, for a change, we thought we might resort to the French language.

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Imilchil, ssuq es-sebt, oct. 1997 (photo : M. Peyron)

 Cette rubrique, qui compte déjà 10 parutions, s’est donnée comme but d’éclairer d’un coup de projecteur ce qui se passe sur la planète Tour-Operators/Atlas-marocain ; de suivre les tendances du marché, de façon à informer là clientèle montagnarde ; de la mettre en garde, le cas échéant, contre les supercheries toujours possibles. Chercher aussi, à démonter le discours des TO, à en exposer les failles, les demi-vérités et les pittoresques approximations de façon à amener le randonneur à y voir claire dans cette approche mercantiliste du Haut Atlas ;  à disséquer le produit qui lui est proposé.  En fin de compte, si ce n’est pas trop présomptueux de notre part, l’amener à faire son choix en toute équité. Eventuellement, à se prendre en charge lui-même, de monter son affaire avec quelques amis triés sur le volet, de recourir le cas échéant à un accompagnateur ou gîteur local, afin de mieux vivre son aventure marocaine en harmonie avec les populations amazighes de ces montagnes.

Si tel est notre souhait c’est que nous constatons, au fil des années, une dégradation progressive des sites de l’Atlas marocain qui subissent des atteintes répétées, du fait du tourisme de masse auxquels ils se trouvent exposés, processus auto-destructeur qui est en passe de gâcher irrémédiablement certaines destinations ayant jusque-là fait le bonheur des visiteurs. En effet,  le pasage répété de « petits » groupes de 12-16 touristes provoque de la pollution environnementale (Tizlit), des graffiti (Toubkal), l’éffondrement de l’architecture traditionnelle (Imilchil, Telouet, Aremd), l’abandon de certains champs et chemins de traverse (Zat-Ourika), un phénomène de masse (Toubkal), joint à  l’acculturation et l’ altération de l’hospitalité traditionnelle (quasiment toutes les régions),  enlève son charme aux bourgs et contrées, décourage les visiteurs.

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   Tafrawt n-Ayt  ’Abdi, avr. 1984 (photo : M. Peyron)

 On peut, sans se tromper, prétendre que le Haut Atlas est devenu un produit commercial à multiples facettes. Les agences ont puisé sans vergogne dans divers ouvrages publiés sur les montagnes du Maroc, dont la Grande Traversée de l’Atlas Marocain (GTAM) de Michael Peyron (éditions 1984 & 1988). Elles se sont inspirées largement les unes des autres, et, au terme d’une trentaine d’années, ont mis au point les destinations phares qui ornent leurs catalogues. Parmi celles-ci, une tendance très nette se dessine depuis deux ou trois ans : la « Grande Traversée du Haut Atlas » (GTHA) des Bouguemez à Imlil en 22 jours. Un numéro hors série de Trek Magazine (2009) y a puissamment contribué ; dans une moindre mesure, sans doute, une lettre circulaire des années 1980, ébauchant le parcours en question, précisément en 22 jours, que l’auteur avait rédigé en réponse à des demandes d’information alors qu’il était Président du CAF de Rabat.

 

 Une étude approfondie du dossier nous a permis de constater qu’au moins 24 agences visent ce créneau des 22 jours pour une traversée axiale de l’Atlas. Il s’agit, pour une écrasante majorité, de TO français (Visages, Grand Angle, etc.), à côté de quelques britanniques (Kendal Adventure, Classic Journeys, etc.), ainsi que d’une poignée d’agences locales (Azul Travel, Maroc-Vert, etc.), qui, quant à elles, prévoient 21 jours. Constatation qui appelle quelques remarques. 

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 Aghembo n-Chinzar (massif du Kousser) vu depuis Anergui, fév. 2002 (photo : M. Peyron)

  1)    Il s’agit, à proprement parler d’un phénomène de saturation, liée à une banalisation pure et simple du produit GTHA, surtout lorsqu’on sait que les voyages ainsi programmés sont censés connaître plusieurs rotations par saison. Avec autant d’agences sur les rangs, chacune soucieuse de préserver sa part du marché, on va trouver un peu de tout dans le lot : de bons prestataires de service ; des moins bons, aussi. C’est dire que la médiocrité risque de faire son apparition, si ce n’est pas déjà le cas. Faire preuve de manque de professionnalisme, c’est bien là l’ultime tare pour un voyagiste. En effet à force de relever les bourdes, voire les attrape-nigauds qui émaillent les catalogues des agences on peut valablement s’interroger quant à leur sérieux sur le terrain. Quelques exemples : illustrer l’Ayyachi par une photo d’Oul Ghazi, dans l’Asif Melloul (!), ou le damier de champs des Ayt Bougemmaz par une vue des gorges du Haut Dadès (!) ; l’orthographe fantaisiste (Yagourt pour Yagour) ; les coquilles (Mgnou pour Mgoun/ Armed pour Aremd) ; les inexactitudes (situer Zawit Ahansal dans le Moyen Atlas) ;  ainsi que d’autres lacunes (parler de Megdaz sans évoquer les Chants de la Tassaout). Certains catalogues et/ou sites web, c’est du « n’importe-quoi » !

 2)    Si les agences semblent être d’accord sur la pointure de 22 jours pour la GTHA, on distingue des nuances quant aux parcours. Heureusement qu’elles ne suivent pas toutes le même itinéraire ! Cinq d’entre elles programment Imilchil-Telouet ; une Toufghyn-Telouet en 15 jours; 17 prévoient Bouguemmez-Imlil en y ajoutant l’ascension des sommets du Mgoun et du Toubkal (parfois aussi l’Inghomar), périple souvent annoncé comme « combiné Mgoun-Toubkal », ou « Raid Mgoun-Toubkal ».

3)    En revanche, à prévoir grosso modo le même itinéraire, le système garantit une certaine uniformité mêlée de souplesse. En cas d’entente entres agences (la solidarité inter-TO semble exister), si tel voyage ne compte que peu d’inscrits chez l’agence A, on va les faire basculer chez des collègues plus chanceux en partance pour la même destination. Ainsi chacun y trouvera son compte. Ce serait le cas, notamment, de certaines agences lyonnaises et savoyardes qui, à la lecture de leurs programmes, semblent assurer une forme d’interchangeabilité.

4)    Du point de vue du seuil de rentabilité, il existe parfois un minimum exigé, disons 8-10 participants.  Les clients souhaitant partir en sous-nombre peuvent se voir pénalisés à hauteur de € 150 environ par tête. Du reste, certaines agences proposent d’emblée un forfait pour petit groupe d’amis, car tout le monde n’aime pas forcément se promener en compagnie d’inconnus à la fois illustres et nombreux. D’autres voyagistes, flairant là un créneau porteur, se mettent en quatre pour ces petits groupes, allant jusqu’à les inviter à formuler leur propre budget. Ou alors, on annoncera que les groupes seront limités à 10 participants. Signe révélateur d’un marché hautement concurrentiel, voire en crise.

5)    On retiendra qu’en fin d’exercice la part du gâteau revient très nettement aux TO, alors que les locaux (accompagnateurs, gîteurs, et muletiers) sont les grands perdants dans cette affaire. Une étude toute récente par deux géographes marocains, en poste à l’IRCAM, ne laisse aucun doute à ce sujet. [cf. M. Ait Hamza, & H. Ramou, « Le tourisme en milieu rural et le développement local », Marocco : turismo e sviluppo locale, (M. G. Lucia & H. Ramou, éds.), Paris, L’Harmattan, 2010 : 177-196]. En somme, les locaux continuent à se faire exploiter à distance par des acteurs étrangers, situation déjà dénoncée par l’auteur il y a 30 ans.

6)    Il ne faut pas croire, non plus, que tous les voyages programmés aboutissent sur le terrain. Assurer le remplissage sur une destination n’est pas toujours aussi évident qu’il y paraît ; l’Atlas marocain est une destination privilégiée, mais il suffit d’une menace d’attentat pour tout remettre en cause, si ce n’est la baisse du pouvoir d’achat lié à la crise économique. Le déchet serait même assez élevé, bien que nous ne disposons d’aucune donnée chiffrée là-dessus.

7) Une minorité d’agences se distingue, par rapport à cette GTHA en 22 jours, en introduisant des formules différenciées, et c’est tout en leur honneur. La Balaguère, par example, prévoit 15 jours pour sa « mosaïque berbère » sur Imilchil-Bouguemmez ; pour la même durée elle programme un Toubkal-Essaouira via Tinmel, l’Aghbar, le Tichka, et le Seksawa. Le voyagiste Club Aventure, quant à lui, annonce un Imilchil-Bouguemmez en 15 jours.

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 Ras Moulay ‘Ali et village d’Ighilmellen, Haut Seksawa, avr. 1987 (photo : M. Peyron)

Autre tendance que nous observons actuellement : certaines agences font le forcing publicitaire sur des créneaux de 8 jours : les quatre 4.000 du Toubkal ; traversée N-S du Mgoun ; séjour multi-activités dans l’Atlas de Marrakech avec notamment de l’accroc-branche chez un gîteur local. Ou alors c’est la rando océane qui est proposée, si ce n’est le très alléchant binôme dunes-dromadaires dans le Grand Sud…

A scruter la liste des voyagistes on constate que certains, autrefois présents sur ces créneaux, manquent à l’appel ; sans doute en raison de la crise ont-ils dû « boire le bouillon ». Dure loi de l’offre et de la demande sur un marché hautement compétitif à la déontologie impitoyable. D’autres encore, et c’est le cas des britanniques Sherpa Travel et Exodus, semblent abandonner cette GTHA sans doute jugée hyper-fréquentée, banalisée, préférant se déployer sur des créneaux plus porteurs comme le Toubkal en hiver, le tourisme côtier ou oasien. 

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  Couple chez les Igliwa, région de Telouet, oct. 1975 (photo : M. Peyron)

Car, à lire les blogs d’usagers, il apparaît que l’on repproche aux TO de faire preuve de manque de créativité et d’imagination. Surtout dans leur façon de suivre d’une année sur l’autre des itinéraires identiques. Si tout le monde fréquente les mêmes sentiers en même temps la saturation risque, à la longue, de dégoûter les usagers. On sait que le randonneur grenoblois ou savoisien n’aime pas se retrouver seul, mais, tout de même, de là à jouer des coudes avec une foultitude de ses semblables en des bivouacs collectifs comme les Neltner ou le camp de base du Mgoun, c’est une autre paire de manches. A ce moment-là pourquoi chercher à tout prix le dépaysement au Maroc si c’est pour y retrouver la même ambiance qu’un Dimanche de Pentecôte en haut du Taillefer ou de la Tournette ?

Les TO, sensibles à ce genre de critique, répondent par une mesure de souplesse : à l’intérieur d’un trek comptant une quinzaine de participants, on créé deux, voire trois sous-groupes selon des critères d’affinité. Chaque composante du groupe va désormais progresser à un rythme qui lui est propre ; emprunter éventuellement des variantes d’itinéraire, quitte à se retrouver en un campement commun un jour sur deux.

Autre tendance relevée, les limonadiers de l’aventure qui proposent la GTHA en 22 jours se targuent de pratiquer une forme de « Tourisme responsable », voire « durable » : formule floue, fourre-tout qui sert à donner à ces agences bonne conscience, à rassurer leurs clients, sans que l’on sache vraiment de quoi il s’agit. Esbroufe et faux-fuyants; nous pensons que tout cela flaire l’effet d’annonce plutôt qu’autre chose ! Cela va surtout permettre aux voyagistes de continuer impunément à mettre à mal les dernières destinations encore intactes, ou ayant conservé un résiduel brin de charme.

Donc, en définitive, si vous voulez randonner en paix dans les monts de l’Atlas marocain, préparez sérieusement votre affaire, documentez-vous à fond, impregnez-vous du Maroc par la lecture, car ce genre de voyage se mérite. Munissez-vous de la carte Michelin du Maroc, fort utile pour toute planification de périple ; éventuellement du Routard (du Rough Guide ou LPG si vous êtes anglophone). Puis allez-y en voyage individuel avec 2-3 amis de votre choix ; sur place faites-vous accompagner par quelqu’un du pays, et à l’étape essayer de loger chez l’habitant. Adoptez une attitude ouverte, sympa, sans misérabilisme aucun. C’est la meilleure formule pour aborder le monde amazighe (berbère). L’auteur de ces lignes ne fait pas autrement depuis 45 ans.

Lone Backpacker

michael.peyron@voila.fr

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Varappes modestes et courses de neige faciles dans le Haut Atlas Atlas marocain

Posté par Michael Peyron le 6 décembre 2010

Varappes modestes et courses de neige

faciles dans le Haut Atlas marocain

de Michael Peyron

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    Vue générale depuis Tizi n-Tebgourt, Haut Seksawa, Awlim/Tinergwet (à dr) mars 1967 (photo prise dans le scrapbook de M. Peyron)

   Plusieurs chapitres rédigés pour la plupart en langue anglaise et concernant l’histoire et la culture berbère, ainsi que certains aspects du tourisme de montagne dans l’ Atlas marocain, figurent déjà dans ce site web. Dans le cas présent il s’agit d’ascensions effectuées principalement dans les années 1960 et 1970. Les sommets de l’Atlas se prêtent, en effet assez bien à des courses de neige peu techniques en hiver, à des escalades faciles en période sèche.  Que l’on n’y cherche point, par conséquent, des descriptifs de grimpettes pointues dans les gorges du Todgha ou les environs de Zawit Ahansal, actuels « spots » à la mode attirant tout ce que le pays compte comme visiteurs motivés par le VI+, sinon rien !

Le Toubkal et ses environs immédiats

 A tout seigneur, tout honneur ; une bonne partie de ces courses se situe dans le massif du Toubkal, reprenant là de nombreuses classiques consignées naguère par Dresch et Lépiney dans leur premier guide des années 1930. La roche, mélange de rhyolite et d’andésite, offre rarement des faces en bon rocher, exception faite pour les Clochetons de l’Wanoukrim et l’Angour. Le plus souvent c’est du rocher pourri – l’une des raisons pour lesquelles le massif n’a jamais eu vraiment bonne presse auprès des grimpeurs internationaux.

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RProton au pied du couloir NE du Ras n-Wankrim; au fond, le Toubkal, avr. 1969 (photo : M. Peyron)

  Troisième sommet du Maroc avec ses 4.083 mètres, le Ras n-Wanoukrim se remarque de fort loin alors que l’on gravit le vallon du Neltner, surtout son couloir NE, profonde zébrure qui barre toute la face et conserve la neige jusque tard en saison. Fin-avril/ début-mai les conditions sont bonnes, du moment que le gel nocturne aura fait son travail pour assurer une surface dans laquelle crampons et piolets vont mordre correctement. Le couloir se redresse à mi-parcours jusqu’à 40° ; c’est un bon exercice, même assez grisant, permettant au débutant de dominer la pente, de vaincre une légère appréhension. Cependant, il s’agit d’une course totalement dépassée à l’époque actuelle ; le couloir NE du Ras se descend désormais à ski !

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    Toubkal vu du sommet du Ras n-Wanoukrim, avec Lahcen Tenzing, avr. 1969 (photo: M. Peyron)

   L’ascension du couloir étant terminée, c’est la pause au sommet. A gauche on discerne à peine le bob blanc de René Proton, fidèle compagnon de courses innombrables, avec, debout à côté de lui, le célèbre Lahcen « Tenzing », une grande figure parmi les montagnards d’Imlil. Au fond, le sommet du Toubkal, pyramide applatie que cerne déjà la mer de nuages montée du nord. Il va falloir, du reste, se hâter car la pluie sera au rendez-vous à la descente, dès Sidi Chamharouch…

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Zam, L. Villard & Labattut (« Parpaing ») au démarrage de l’arête OSO du Toubkal, au fond : le Ras n-Wanoukrim avec son couloir NE, oct. 1968 (photo : M. Peyron)

   Scène de fin de saison, les sommets sont largement dénudés, exception faite pour quelques rares névés. Au départ de cette grande classique du Toubkal, l’arête OSO, côtée PD, trois ascensionnistes s’apprêtent à s’encorder. On remarquera l’habillement d’époque, parfaitement en phase avec les pages du catalogue du « Vieux Campeur » : knickers en velour, sacs à dos « Millet », mi-bas « Makalu », stoppe-touts, « godasses » de montagne « Gaston Rebuffat » à semelles en vibram, etc. Deux cordes en nylon de 40 mètres ; ni marteau, ni pitons, ceux-ci n’étant pas nécessaire pour cette course - pas de casque d’escalade, non plus. Le « tout sécuritaire », avec sa recherche du risque zéro, ne fera son apparition que plus tard…

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  L. Villard attaque le 1er ressaut, arête OSO, Toubkal, oct. 1968 (photo : M. Peyron)

  Pas de baudrier, non plus, l’encordement se faisant autour de la taille, à la manière ancienne. Car nous sommes en 1968, année fatidique où il est devenu interdit d’interdire, et où bien d’autres certitudes ont été battues en brèche ! Pour l’heure, l’escalade, tout en restant aérienne, est facile, rassurante, de généreuses « baignoires » offrant d’excellentes prises.

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L. Villard s’apprête à assurer du haut du 2ème ressaut, arête OSO, Toubkal, oct. 1968 (photo : M. Peyron)

  Ce deuxième ressaut, légèrement exposé, est sans doute la seule difficulté du parcours, mais à escalader cela en second, « ça passe » comme une lettre à la poste. On retiendra que cette course est plus intéressante en avril/mai, car en sortant au Tizi n-Toubkal on peut y retrouver des porteurs ayant monté vos planches, avec à la clef une bonne descente dans l’Ikhibi Sud.

 En face du Toubkal se situent les Clochetons de l’Wanoukrim, une série de petits pics entre l’Afella et le Biguinoussen. On les atteint au prix d’une saine « bavante » directement depuis les refuges Neltner en prenant directement à l’ouest par un raide couloir d’éboulis. L’approche est plus longue que l’escalade proprement dite (rien que pour ça la course ne plairait pas aux fainéants parmi les grimpeurs modernes), celle-ci ne comptant qu’une demi-douzaine de longueurs de corde sur de belles dalles se terminant par une cheminée pour accèder au Clocheton central.

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 H. Villard à l’attaque du Clocheton central de Wanoukrim, août 1966 (photo : M. Peyron)

  A défaut de chaussons, Louis Villard a mis ses chaussures légères  d’escalade pour être à même de « gratonner » correctement sur le genre de petites prises que l’on trouve sur les Clochetons. Il s’agit de ne pas s’en priver, car c’est un des rares endroits dans le massif du Toubkal où le rocher est « potable ».

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    R. Proton, Clocheton central Wanoukrim, août 1966 (photo : M. Peyron)   

 Assuré par le haut, René Proton, chaussé de « Gaston Rebuffat » classiques, s’élance à son tour dans l’escalade des Clochetons. Il porte également un magnifique knicker en drap de Bonneval et un sac à dos de marque « Millet » que l’on avait tous à l’époque, d’un modèle inusable, car fait en toile, avec un fond protégé, en cuir. De nos jours, selon nos impitoyables critères de marketing privilégiant le jetable, un tel produit ne serait plus commercialement valable !    

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 R. Proton descend en rappel l’Aiguille du Biguinoussen, juil. 1965 (photo : M. Peyron) 

 Un peu plus loin sur la même arête se trouve le Buiguinousen (4.002 mètres), sommet aux formes lourdes, rehaussé d’un clocheton – l’Aiguille. Celle-ci se livre au terme d’une escalade PD ; la petite face sous le sommet permet de re-descendre par un court rappel assez élégant (voir ci-dessus).   Toujours dans le vallon d’Ait Mizan qui dessert le Neltner, dominant Sidi Chamharouch et la combe qui livre accès au Tizi n-Taghrat, se dresse un sommet secondaire totalement délaissé du grand public : le Taksout n-Ouarout. Plutôt qu’une face continue, il s’agit d’un étagement de ressauts abrupts discontinus, mais renfermant quelques bons passages d’escalade.

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     H. Villard & R. Proton au départ de la face S du Taksout n-Ouarout ; au fond, de g. à dr. : l’Afella,  le Biguinoussen, l’Agelzim, nov. 1966 (photo : M. Peyron)     

 Un Dimanche matin au tout début de novembre 1966 Villard, Proton et l’auteur de ces lignes se sont donnés rendez-vous à Imlil. Partis dès l’aube, nous étions à l’attaque 1 heure 30 plus tard. C’est le grand beau ; l’air est vif, les sommets environnants sont plâtrés de neige fraîche. Nous commencons à grimper…

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  H. Villard en tête vers le milieu de la face S du Taksout n-Ouarout, nov. 1966 (photo : M. Peyron)   

 La course étant peu engagée, nous avons pris deux sacs pour trois grimpeurs de façon à ce que l’homme de tête soit parfaitement libre de ses mouvements, comme pour négocier cette intéressante fissure ci-dessus. L’altitude de départ étant relativement basse (2.400m) on notera la présence de buissons (phénomène par ailleurs peu courant dans le Toubkal) à proximité directe de la voie. Pour une course relativement modeste, nous avons été surpris par sa longueur, n’ayant pas regagné Imil avant 16h30.  Du reste, au retour, Lachen « Tenzing » nous confirmera que le Taksout est une affaire plus sérieuse qu’elle n’y paraît de prime abord.  

Sauvages solitudes du Tazaghart  

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    Mulets au refuge Lépiney, au fond névé du Couloir de Neige, juil. 1965 (photo : M. Peyron)    

 La combe du Lépiney, immense cirque désolé, sauvage, dominé par l’envolée des arêtes rocheuses du Tazaghart, constitue la partie la plus alpine, la plus pittoresque du massif. Cela n’est pas sans rappeler le sud de l’Oisans. De plus, jugé peu à la mode, le coin est nettement moins fréquenté que le Neltner, point de passage obligatoire pour tous les obnubilés du Toubkal. Donc, tranquilité assurée. Avec en prime, loin des foules, un coquet refuge du style maison de poupées.   

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   Tazaghart, Couloir de Neige, avec névé proéminent, au centre ; Couloir en Diagonal à dr., juil. 1965 (photo : M. Peyron)    

 

 Mais surtout, au creux d’un ravin encaissé, se cache un véritable joyau : le Couloir de Neige. C’est pratiquement le seul endroit dans le Haut Atlas où, sur près de  500 mètres de dénivelée, l’on retrouve de la neige en toute saison. Aussi, à l’époque de l’alpinisme classique d’après-1945, c’était LA course à faire dans le secteur, un peu comme le Couloir de Gaube au Vignemale (Pyrénées). Les conditions, toutefois, y ont toujours été très changeantes, selon l’enneigement de l’année en cours.   

 

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    G. Lecler, Couzy, L. Villard & R. Proton à l’attaque du ressaut, Couloir de Neige, juin 1966 (photo : M. Peyron)  

 Par exemple, en 1966, année à faible précipitation, le ressaut qui barre le bas du couloir était presque entièrement dégarni de neige ; seul un pauvre morceau de glace isolé nous narguait du fond du ravin à gauche. Le passage du ressaut a nécessité de l’escalade délicate sur une roche délitée, et la pose d’un piton d’assurance par Guy Lercler, que l’on voit en tête de cordée sur notre photo, le marteau à la ceinture. Alors que Villard, en serre-tête, à l’air perplexe, Proton, de dos, les mains dans les poches, semble dire : « Alors, ça vient, oui ou non?! »

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       Le Couloir de Neige au-dessus du ressaut, Tazaghart, juin 1966 (photo : M. Peyron)  

 Au-delà du ressaut l’ascension re-devient facile ; il s’agit simplement de poser un pied devant l’autre jusqu’en haut du couloir, en prenant garde aux crampons qui peuvent « botter » à ce moment-là en raison du soleil qui ramollit la neige. En plein été ceci peut provoquer sur le plateau sommital du Tazaghart le phénomène spectaculaire des nieves penitentes.  

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     R. Proton franchit le ressaut vers le haut du Couloir en Diagonal, Tazaghart, août 1970 (photo : M. Peyron)  

Le Couloir en Diagonal, autre course classique du Tazaghart, présente une partie en neige moins redressée, et moins importante que dans le Couloir de Neige,  n’offrant guère d’obstacle. Vers le milieu une partie facile : on remonte une pente de cailloutis. Ici, René Proton est en tête lors du franchissement du ressaut, marqué par un pas de III, qui ferme le couloir vers le haut.

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   Tazaghart, Couloir en Diagonal, sortie du ressaut, août 1970 (photo : M. Peyron)

    Le ressaut franchi, nous nous attardons juste le temps de récupérer un anneau de rappel abandonné sur place la semaine précédente par des grimpeurs espagnols. Un simple pierrier reste à parcourir afin d’atteindre le plateau sommital, perché sous le ciel à près de 4.000 mètres. De nos jours, ces deux couloirs du Tazaghart (et d’autres encore) se parcourent plutôt du haut vers le bas, et à ski, comme il se doit ! Avec ou sans pose de rappel, selon la forme, le « mathos », les conditions.

 Sous-groupe de l’Akswal

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       Akswal, face N, vue de Tacheddirt ; a) Ighzer n-Oukswal ; b) Ighzer n-Temda ; c) col de l’Aghzan, juin 1971 (photo : M. Peyron)

 Imposante et très alpine montagne, l’Akswal domine Tacheddirt de ses 3.910 mètres. Deux couloirs  sur son versant N retiendront l’attention des ascensionnistes : l’Ighzer n-Oukswal, contenant un important névé semi-permanent dans sa partie inférieure, où, par année de bon enneigement, le CAF venait autrefois pratiquer de l’école de glace en plein été; et l’Ighzer n-Temda menant jusqu’à la brèche de l’Aghzan.

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 B. Pagès, école de glace, bas de l’Ighzer n-Temda, fév. 1970 (photo : M. Peyron)

   En plein hiver la neige d’avalanche s’entasse au pied du couloir fournissant à Bernard Pagès l’occasion d’étrenner son casque d’escalade, ses crampons Salewa à 12-pointes, ainsi que son très classique piolet Simmond au manche en bois. Par la suite nous avons tenté l’ascension du couloir mais avons dû rebrousser chemin pour des raisons liées à l’horaire ainsi qu’à la qualité de la neige.

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Loubiès traverse des débris d’avalanche, Ighzer n-Temda, juin 1971, (photo : M. Peryron)

   Tard en saison de l’année suivante nous avons profité d’un enneigement record pour retourner à l’Ighzer n-Temda. Ayant tranquillement bivouaqué au pied nous disposons du temps nécessaire pour mener à bien notre entreprise. Nous sommes accompagnés cette fois du jeune Loubiès, et de Michel Morgenthaler, qui grimpe torse nu. Les conditions soint parfaites : bons compagnons, bon « mathos » (tous équipés de crampons avec pointes avants), temps ensoleillé, neige de printemps, pente assez soutenue ; la course se déroulera sans problème aucun.

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M. Morgenthaler & R. Proton abordent la partie supérieure de l’Ighzer n-Temda, juin 1971 (photo : M. Peyron)

  Ayant coiffé le col de l’Aghzan nous bénéficions de vues en direction de l’Azrou n-Tamadot, les Wanoukrim, le Tazaghart. Pour regagner Imlil nous prenons droit devant nous par un long couloir encaissé. En cours de route, de gros blocs se détachent sous l’effet du rayonnement solaire ; nous les évitons sans difficulté.  

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  Adossé contre l’Akswal, le Col de l’Aghzan, haut de l’Ighzer n-Temda, juin 1971 (photo : M. Peyron)    

 En 1972, nous y sommes retournés à deux. Le document ci-dessous, pris au départ de la descente, montre clairement la raideur relative de la pente. Inutile de le préciser. Vous l’avez deviné : à l’heure actuelle ce couloir est fréquenté essentiellement par des skieurs à la recherche du frisson  ! 

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    R. Proton, haut de l’Ighzer n-Temda, début de la descente, juin 1972 (photo : M. Peyron)     

 

Un sommet emblématique : l’Angour     

   Tout visiteur au plateau de l’Oukaimedden, surtout s’il y pratique le ski, connaît bien la masse imposante de l’Angour (3.615 mètres) qui ferme l’horizon au Sud.  C’est une haute barrière apparemment infranchissable, régulièrement blanchie par les neiges hivernales, agrémentée en son extrémité E de deux tours rocheuses. Tout grimpeur digne de ce nom, l’apercevant pour la permière fois doit ressentir l’irrésistible envie de la gravir, de la couronner. D’autant plus qu’elle renferme plusieurs voies d’escalade, aussi bien sur sa face N que sa face S. 

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    Sommet de l’Angour depuis le Tizi n-Ou’Attar, au fond à dr. : l’Akswal, mai 1975 (photo : M. Peyron)

 

L’auteur de ces lignes a eu le privilège de rencontrer un montagnard l’ayant grimpé soixante-seize fois. Il s’agissait de Louis Villard, baptisé affectueusement « Louis Soixante-seize » (!), ceci afin de le distinguer d’un certain monarque malheureux. Dans les années 1960-70, cet industriel casablancais venait en 36 heures gravir son pic préféré, en appliquant ce qu’il appelait « la productivité en montagne ». Partant Samedi à midi, il fallait franchir la distance séparant Casa de l’Ouka, « faire » son sommet préféré, histoire de se défouler, puis se retrouver dans son bureau Lundi matin, frais et dispos, afin d’affronter une nouvelle semaine de boulot.

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      Au sommet de l’Angour, Akswal au fond à g., mai 1964 (photo : M. Peyron)     

   Nous sommes (R. Proton, L. & R. Villard, L. Baude), au sommet de l’Angour, par un radieux Dimanche de fin-mai sous le ciel bleu d’Afrique, à ranger notre « mathos », contents d’avoir gravi la voie classique de l’arête N (PD). En toile de fond le Haut Atlas, « toit du monde » des anciens, aux couloirs encore bien garnis de neige, reste agréable à contempler.   

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   L. Villard abordant l’Angour par le N, jan. 1965 (photo : M. Peyron)     

Ici, harnaché de son sac, du piolet et d’indispensables pitons, Louis Villard monte d’un pas décidé depuis le Tizi n-Itbir vers « La Vire » de l’Angour. Nous étions venus en weekend à deux depuis Casa pour aborder la montagne en conditions hivernales. Les conditions sont prometteuses : grand beau temps de janvier, air sec et froid, une neige dure qui crisse sous les bottes, et bientôt sous les crampons – dès que la pente se redresse.    

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   Voie de « La Vire » & face NE de l’Angour, jan. 1965 (photo : M. Peyron)  

  « La Vire » est un cheminement étroit, suspendu au-dessus du vide, permettant de contourner la Face NE de l’Angour, jusqu’à sa facile arête E. D’un parcours aisé en été, en hiver le passage est tout autre, nécessitant une traversée délicate, en équilibre sur les crampons. Quant à la Face NE, c’est une tranquille bien qu’aérienne course en AD (l’été surtout), sans doute la plus prisée de l’Angour.   

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   H. Villard au sommet de l’Angour, jan. 1965 (photo : M. Peyron)   

  Villard est satisfait ; en 70 fois ou plus qu’il y vient, c’est la première fois qu’il gravit l’Angour en plein hiver. Ce sera l’un des dernières sorties pour ses vieux crampons à 10-pointes ; peu après il va passer aux pointes en avant. La descente s’effectuera via le raide couloir situé entre les deux tours sommitales. Au retour de la course, Villard s’offre un Fernet-Branca à l’hôtel – « Chez Juju » - car il prétend souffrir d’indigestion, mais un peu aussi pour fêter l’occasion !   

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    Angour, Voie 41bis, H. Villard à l’attaque, août 1966 (photo : M. Peyron)   

 

Occasion tout à fait différente : la 41bis, escalade classique de la Face S de l’Angour. Ce sera un de nos meilleurs rendez-vous estivaux de la saison 1966. Toujours dans le cadre d’un weekend de 36 heures, Villard, Proton, Baude, Monier et l’auteur, se retrouvent au diner le Samedi soir « Chez Juju ». Le lendemain, après un petit déj. matinal, le groupe gagne la face S par un itinéraire détourné. Comme il se doit, Villard attaque en tête par une belle fissure.

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   Baude prête main forte à Monier, R. Proton admire ;Voie 41bis, août 1966 (photo : M. Peyron)

    Puis c’est le tour de Monier. Comme on le voit, il semble avoir des problèmes d’adhérence au départ ; heureusement que Louis Baude est là !

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   Vers la fin de la 41bis, R. Proton se fait assurer part Monier, août 1966 (photo : M. Peyron)

   De facette en couloir, de couloir en terrace, la 41bis prend lentement de la hauteur,  la difficulté moyenne restant de l’ordre de PD. Ragaillardi, Monier à son tour peut assurer son collègue Proton. Débouchant sur le plateau sommital vers midi, nous y trouvons un athlétique chleuh muni d’un fusil, qui nous avoue être à l’affut des mouflons. En effet, des mouflons il n’y en avait guère dans les années 1960 ; grâce à des mesures de protection la situation a depuis changé.

  Le Haut Atlas occidental

   Il était parfois agréable, histoire de changer un peu de terrain de jeu, de prendre la direction d’autres massifs. Le Haut Atlas occidental, entre Amzmiz et Taroudant, était de ceux-là. L’accès est relativement aisé par la route de Talat n-Ya’qoub, desservant le Tizi n-Test. 

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   Idoudan, R. Proton s’amuse sur des rochers, l’Igdet au fond, oct. 1969 (photo : M. Peyron)   

  Cette photo a été prise sur l’arête N de l’Idoudan (idudan, ‘les doigts’), sommet dominant la vallée de l’Ogdemt entre l’Erdouz et l’Igdet. Nous avions logé dans le pittoresque village d’Arg, ceint de noyers, principal bourg de ce haut pays. René Proton, en manque d’escalade cette saison-là, s’amuse sur quelques rognons rocheux qui dominent le col, mais ne peut s’employer à fond, étant chaussé de « Trappeurs » de marche, insuffisament rigides pour tenir sur les petites prises. Les conditions sont typiquement automnales : plafond assez bas, saupoudrement de neige sur l’Igdet au fond. 

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    Ecole d’escalade improvisée, Idoudan, oct. 1969 (photo : M. Peyron)  

Plus à l’ouest se situe une contrée semi-mythique, jadis cher à Jacques Berque, le Seksawa avec ses roitelets médiévaux et sa grande sainte, Lalla ‘Aziza. Ses montagnes abruptes, aussi, décrites par Ibn Khaldoun – chroniqueur médiéval célèbre – comme « flirtant avec les étoiles ». De bonne heure, le Jbel Ikkis (Timezgidda Tindri) avaity attiré nos regards. Après la facile face S en 1967, nous étions revenus à l’automne de 1973 faire l’ascension de sa face N, de toute évidence plus escarpée.

 

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      Face N de l’Ikkis, voie de nov. 1973 (dessin D. Dourron)   

 En fait la course se traduisit par une escalade que l’on peut à peine côter PDinf., même si nous nous sommes encordés par prudence. Cependant, c’est un sommet panoramique ; il s’agit d’un superbe belvédère.  

 

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     M. Morgenthaler & E. Hatt se reposent au pied du Jbel Ikkis, jan. 2009 (photo : M. Peyron)      

    Nous n’y sommes retournés qu’une trentaine d’années plus tard lors d’une rando dans le secteur dont le déroulement a été sérieusement perturbé par l’arrivée du mauvais temps.   

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   Sans vouloir rivaliser avec Google Earth, croquis de M. Peyron montrant le Haut Seksawa, Haut Atlas occidental   

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      A la descente de l’Ikkis M. Forseilles regagne Ighilmellen, au fond: le Ras Moulay ‘Ali, mars 1967 (photo : M. Peyron)     

Le cliché ci-dessus a été pris lors de notre première reconnaissance dans le Seksawa en mars 1967. Si nous avons pu escalader l’Ikkis, en revanche, il faudra attendre plus longtemps pour ajouter le Ras Mouylay ‘Ali à notre liste de sommets.   

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   M. Forseilles admire une coulée d’avalanche, Jbel Tabgourt, mars 1967 (photo : M. Peyron)    

 Lors de notre retour vers Lalla ‘Aziza, après le passage du Tizi n-Tebgourt avec assistance muletière, nous avons repris nos sacs. Ici, nous sommes en train de longer le bas de cette coulée d’avalanche. Rude journée d’une dizaine d’heures passée sur les sentiers.    

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    Avec notre guide chleuh, Ras Moulay ‘Ali, août 1969 (photo : M. Peyron)    

Il aura fallu, pour gravir le Ras Moulay ‘Ali, attendre le coeur de l’été 1969. Avec René Proton et Maurice Forseilles nous avons abordé le Haut Selsawa depuis Lalla ‘Aziza en suivant le fond d’oued sous un soleil ardent, échappant de peu d’être emportés, suite à un orage, par une vague de fond qui a tout balayé sur son passage jusqu’en plaine. Nous avons trouvé gîte et couvert chez notre vieille connaissance Si Brahim Lamin, à Imi n-Wasif.

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      R. Proton & un vieux berger chleuh sympa, Ras Moulay ‘Ali, août 1969 (photo : M. Peyron)

   Le lendemain, partis à la fraïche, nous gagnons l’antique bourg d’Asif Lahlou, et de là, un vallon étroit livrant accès au cirque N du Ras Moulay ‘Ali. Chemin faisant, nous recrutons un jeune montagnard qui accepte, pour une somme modique, de nous guider.  Ayant gagné une large brèche sur l’arête W, de là nous rejoignons le sommet : platteforme rocheuse haut perchée sous le ciel. Nous redescendons en traversée vers le ravin d’Asif Lahlou, admirant en chemin des flammes de pierre qui nous rappellent un dessin dans Le Maroc Inconnu de Jacques Felze, un des premiers pionniers à avoir parcouru les hauteurs de ce massif.

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Arête N et face O du Tagerselt, massif du Tichka, depuis le Ras Moulay ‘Ali, août 1969 (photo : M. Peyron)

    Photo prise lors de notre traversée du Ras Moulay ‘Ali en août 1969 et laissant entrevoir des possibilités escalade fort alléchantes sur ce sommet formant partie intégrante de l’imposante  barre rocheuse nord du plateau du Tichka.

    Autres massifs

  

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L’auteur dans le couloir sous le sommet de l’Isk n-Yahya, juin 1971 (photo: M. Morgenthaler)

     Depuis le village de Tidsi, ascension d’un sommet secondaire, satellite du Bou Oughiwl : l’Isk n-Yahya (3.450m). Celui-ci présentait d’excellentes conditions d’enneigement tardif en juin 1971. Heureusement les pentes terminales, légèrement plus raides, étaient en neige molle (cf. ci-dessus).

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M. Forseilles, Jbel Tistwit, mars 1970 (photo : scrapbook de M. Peyron)

Le Tistwit, un des sommets les plus remarquables du massif de Telwat, domine le paysage entre Toufliaht et Zereqten lorsqu’on vient de Marrakech. D’une topographie complexe, il n’oppose guère de résistance au randonneur alpin décidé qui l’aborde au départ de Titoula, accessible depuis Taddert (route du Tizi n-Tichka). Seul point délicat : l’assez raide couloir de Sardyl (en neige au printemps), emprunté pour descendre du plateau sommital, nécessite un brin de prudence, sa surface pouvant être molle l’après-midi.

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Taoujdat, ou « Petite Cathédrale », cirque de Taghia, juil. 1970 (photo : M. Peyron)

   Cliché pris tout près de la source de l’Asif n-ou Hansal, qui sort du pied de l’Aoujdad, Cirque de Taghia, à deux heures en amont de Zawit Ahansal. Nous y étions venus en un weekend depuis Casablanca, en simple reconnaissance. A l’époque le coin était pour ainsi inconnu, mais on subodorait un potentiel en ecalade quasi-insondable ; d’après Louis Villard un ensemble de falaises  était connu chez les grimpeurs locaux des années 1950 sous la dénomination de  »barrière infranchissable ». Un accès fort difficile – par la Cathédrale ou par l’Azourki, la piste était tout aussi mauvaise - jouait un rôle des plus dissuasifs. Par la suite des grimpeurs polonais sont venus en exploration ; enfin Bernard Domenech, surtout, en a lançé la prospection. L’Aoujdad, la Taoujdat, l’immense face de Tagoujjimt n-Tsiwant sont devenus célèbres. A l’heure actuelle le Cirque de Taghia, avec son gîte, constitue la Mecque des grimpeurs de haut niveau au Maroc.

   L’Ighil ou Ahbari

   Nombreux sont ceux qui connaissent l’arrière-pays de Tounfit, et son maître-sommet, le Ma’asker, montagne anodine en apparence car perçue comme simple prolongement à l’Ouest de l’Ayyachi; bien rares, par contre, ceux qui se doutent qu’en son extrémité occidentale il cache quelques belles escalades calcaires.

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Face N de l’Ighil ou Ahbari (3063m) Lmerri, mars 1972 (photo : M. Peyron)

Modeste 3.000, sommet très peu à la mode, l’Ighil ou Ahbari présente sur une longueur d’un kilomètre ou plus, dominant de belles cédraies, une série de facettes fort redressées renfermant d’intéressantes escalades. La prospection du massif, l’oeuvre de résidents français au Maroc, dont Claude Aulard, Denis Dourron et Bernard Domenech, ne remonte qu’au début de la décennie 1970. Une première ascension par M. Forseilles et l’auteur, entreprise au départ du village d’Assaka à son pied, a été effectuée en mai 1970. La voie empruntée remonte le couloir par une langue de neige entre les deux donjons rocheux où un bloc coincé offre l’unique difficulté du parcours. C’est devenu la voie normale.

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R. Proton, C. Aulard, à l’approche du bivouac, Ighil ou Ahbari, sep. 1971 (photo : M. Peyron)

     Une équipe plus étoffée, comprenant l’auteur, R. Proton, C. Aulard et B. Soulier est revenue à la charge en septembre 1971. Après installation (avec assistance muletière recrutée à Assaka) d’un bivouac just sous la face, et une nuit reposante, le donjon de droite a été gravi par deux cordées, suivant deux voies sensiblement voisines, cotation de l’ensemble : AD. Les chutes de parpaings furent rares pendant l’ascension, la roche s’avérant solide dans l’ensemble.

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Installation du bivouac ; C. Aulard dans la face ; croquis de la voie Proton-Aulard, face N, Ighil ou Ahbari, sep. 1971 (photo & croquis : scrap-book de M. Peyron)

Près de deux années plus tard, à l’automne, deux co-opérants français basés à Fès, Denis Dourron et Christian Avrain gravirent la face sous le sommet-3042 par une variante de la même voie, comportant un ensemble de III, avec deux pas de IV (cf. croquis ci-dessous).

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    Ighil ou Ahbari, Voie Dourron-Avrain, oct. 1973 (croquis D. Dourron)

 

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Face N, Ighil ou Ahbari: 1) Voie Normale ; 2) voies Proton-Aulard & Dourron-Avrain; 3) voie Domenech (croquis D. Dourron)

A la fin du printemps 1973, l’auteur y retourna en compagnie de J. Vautier et D. Dourron pour une simple ascension par la VN, suivie d’une courte traversée de l’arête vers l’E, puis d’une descente par le versant N par une succession de couloirs. Ce fut l’occasion d’une légère déception sur le plan de l’observation faunistique : ayant aperçu au loin ce que nous avions pris pour des mouflons, nous fumes déçus de constater, de près, qu’il s’agissait de simples moutons !

 

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Face N, Ighil ou Ahbari, mai 1973 (photo : M. Peyron)

   On voit bien à droite, le couloir qu’emprunte la VN ; à gauche l’arête traversée, ainsi que le versant parsemé de couloirs enneigés par lequel s’effectua notre descente.

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J. Vautier dans la VN, Ighil ou Ahbari, mai 1973 (photo : D.Dourron)

    Ce névé persiste assez tard en saison (août certaines années) ; on devine le bloc coincé au-dessus du resserrement du couloir . 

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      L’Ighil ou Ahbari vu du Tizi n-Tiboulkheyrin, mai 1993 (photo : M. Peyron)

      Cliché pris depuis le Tizi n-Tiboulkheyrin sur le sentier direct de Tounfit à Lmerri ; enneigement de fin-mai.

   Montagnes de Tirghist

    Derrière le Ma’asker, en direction d’Imilchil, se situe une guirlande complexe de chaînes avoisinant les 3.000 mètres. A l’époque, depuis Tounfit on suivait la piste automobile qui, via Agoudim et l’Aqqa n-Ouyyid, rejoignait la Maison Forestière de Tirghist. Base de départ commode en un joli coin de cascades, d’herbages et de forêt. On retiendra que depuis, les temps ont changé. La piste est actuellement goudronnée, l’hébergement du montagnard lambda n’est plus possible  à la MF de Tirghist, celle-ci ayant été convertie en loge de chasse (?) pour hôtes de marque.   

 

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English translation of traditional Berber poetry

Posté par Michael Peyron le 3 décembre 2010

English translation of traditional Berber poetry

by Michael PEYRON

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  The present writer is pleased to announce the forthcoming release on the market of his translations from traditional Amazigh verse – Berber Odes:  Poetry from the Atlas Mountains of Morocco, Poetry of Place series.

ISBN 978-190601 128-4      Price £ 6.99        May be ordered from:-

Eland Books, 61 Exmouth Market  Clerkenwell, London EC1R 4CL

Further information available from Rose Baring at rose@travelbooks.couk

 

 

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Aloof and lofty ‘Ayyachi – a queen among Morocco’s mountains

Posté par Michael Peyron le 12 novembre 2010

Aloof and lofty ‘Ayyachi – a queen among Morocco’s mountains

by Michael Peyron

 

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  General view of ‘Ayyachi from Tadamout, one of the Midelt kasbahs, Jan 1975 (photo: M. Peyron)

Introduction

 There is little doubt that of all Moroccan summits, ‘Ayyachi (also Ayachi) is the one that makes the greatest visual impression on the traveller and leaves the most enduring memory. Rising in one gigantic sweep above the High Moulouya plain, where time and space almost blend into one, it irresistibly draws the eye from a distance. If mist enshrouds the foothills, the main range, snow-capped some seven or eight months a year, will appear quite remote, even disembodied. Hence may the mountain be admired in immaculate winter raiment from as far away as gara Mrirt, North of Khenifra, or from the Bou Hayati pass on the Agelmous road.

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  ’Ayyachi from ‘Arid plateau, Boumia-Tounfit road, Jan 1975 (photo: M. Peyron)

 Its semi-permanent snow-cover nurtures life-giving waters that provide sustenance for local Berber village communities (to whom it is known as 3ari n-ou-3ayyash), from the Ayt Merghad of Tattiwin to the Ayt ‘Ayyach of Ta’ara’art. ‘Ayyachi has became famous, too, for its grazing-grounds that have for centuries attracted the region’s pastoralists. Its very presence influences the lifestyle of the surrounding populations and has also had repercussions on their history. Its austere reaches have attracted Muslim mystics down the centuries, the Zawiya Sidi Hamza having enjoyed periods of repute (especially during the XVIIIth-XIXth centuries) as one of the main centres of Moroccan Sufism. Its wandering bards (imdyazn) were famous over a vast Tamazight-speaking area.

 Approaching and climbing the mountain

 A mountain to be admired from afar, for sure. But also worth climbing, if alone for the 360° view  from the top.  However, for long ‘Ayyachi remained relatively inaccessible to mountaineeers with its bumpy, wickedly rutted tracks, exposed to rock-slide – especially near Ja’afar – a situation that only changed after 2010 with the surfacing of the new road to the Tamalout dam. This  brought Imtchimen within easy striking distance of all and sundry (via Ayt Oumghar) .

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 Amkaidou and main ‘Ayyachi ridge from N, Ayt Oumghar-Imtchimen track, May 1972 (photo: M. Peyron)

 For weekend skiing enthusiasts, it was usually a toss-up between the various tracks: Tattiwin, Tagouilelt-Ja’afar, Ayt Oumghhar-Imtchimen, or Tounfit-Tizi n-Zou. The last-named, even if it involved making a long detour, was usually the safest bet.

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 Western end of ‘Ayyachi range (Aqqa n-Bou Ghaba) from track between Tounfit and Tizi n-Zou, Summit-3737 at far L, Jan 1978 (photo: M. Peyron)

 Receiving the most precipitation, the western end of ‘Ayyachi boasts fine snowfields – rarely visited since situated far from the relatively attractive main summit – and magnificent cedar groves, principally near Aqqa n-Bou Ghaba. Once at the foot of the mountain, it takes a thirsty, 4 to 5-hour grind to reach the summit ridge, an important factor being the lack of springs above the 2200m contour; a well-filled water-bottle thus remains essential for a successful ascent.

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 Cirque of Ja’afar from Tizi n-Tmerwit, pyramid-like Summit-3737 R background, end May 1969 (photo: M. Peyron)

April/May is arguably the most suitable time of the year for attempting ‘Ayyachi, though October also has its merits. After enduring a bone-jarring 4-WD drive over an atrocious track, most visitors tackle ‘Ayyachi from the Ja’afar side. This approach guarantees challenging vistas of the main ridge from Tizi n-Tmerwit, undoubtedly one of the finest mountain landscapes in Morocco. Much-abused, residual cedar forests add an extra touch of natural finery. Usually wise to continue on foot as section down into cirque can be pretty hairy due to fierce erosion; descending there in Peter Hardcastle’s Land-Rover in April 1998 we nearly « lost it »!

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Combination of scree and snow on N slopes beneath summit-3698, May 1965 (photo: M. Peyron)

 From the bottom of the cirque of Ja’afar, a swift-flowing torrent (Asif Ijimi, which dries up at summer’s end) is followed through a narrow gorge and into a vast inner sanctuary hemmed in by mournful, seemingly unending slopes. The easiest ascent line angles SW along the valley-floor, till the NE ridge of Summit-3737 (Saïd ou Hadi) is reached.

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  Summit-3737 (Saïd ou Hadi) seen from N, May 1965 (photo: M. Peyron)

 By ascending easy slopes, then a steep couloir, one emerges on top of the NE ridge, within striking distance of the summit pyramid (Saïd ou Hadi). The finishing stages up the N face involve a little scrambling and some mixed, grade III climbing. Depending on conditions, a rope and/or ice-axe may prove useful for the penultimate stages of the climb.

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 M. Morgenthaler, G. Artigarrède and J. Frieh topping out on summit-3737, N ridge, May 1st, 1970 (photo: M. Peyron)

 A short traverse along the base of the pyramid over relatively easy ground so as to complete the ascent via the N ridge allows a less exacting finale. Once on top, ‘Ayyachi proves something of a disappointement; the climber is confronted with a huge whale-back ridge of shattered shingle. While southerly prospects shimmer in the heat haze, views of the Middle Atlas to the N, or towards Mgoun and Azourki in the SW are more rewarding. A wind-proof jacket will come in handy for the piercingly cold wind that blows up here at most times.

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  N slope of Saïd ou Hadi (3.737m), June 1975 (photo: M. Peyron

 

 ‘Ayyachi as a ski-mountain

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 ’Ayyachi ridge above Imtchimen, showing challenging ski runs, Apr 1974:  a) Agouni Bou Ikherban & Imi n-Tkhamt; b) Agouni n-W’arfa (photo: M. Peyron) 

 The above picture depicts the northern slopes of ‘Ayyachi with the two main ski runs converging on Imtchimen. Ideal conditions occur April/May after at least a fortnight of continuous sunny weather will have allowed snow to avalanche before developing a fine, hard-packed surface. Skiing should not be attempted after recent heavy snow, however, as ‘Ayyachi has a sinister reputation for avalanches – in the early 1960s there occurred a much-publicised fatality in Agouni n-W’arfa.

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  Moha ou Lhoussein at cedar bivouac, Imi n-Tkhamt, May 1972 (photo:M. Peyron)

Taking advantage of mule-hire available in Imtchimen, ski-mountaineers usually establish a bivouac in the cedars of Imi n-Tkhamt, near the last spring, thus saving at least an hour’s effort. A pleasant site, it usually affords a convivial, after-dinner camp-fire.

 

 

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 R. Proton with Moha in avalanche debris, Agouni Bou Ikherban, May 1972 (photo: M. Peyron)

  On this May 1972 occasion we hired Moha ou Lhoussein from Ayt Ouchen so his mule could transport our gear up to cedar bivouac. Next morning he acted as HAP, escorting us well into Agouni Bou Ikherban where we found a vivid reminder of ‘Ayyachi’s lethal potential in the shape of avalanche debris on a scale rarely seen in the Atlas Mountains.

 

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  R. Proton ascending slopes of Agouni Bou Ikherban, May 1972 (photo: M. Peyron)

 Agouni Bou Ikherban is a glacial cirque enclosed by steep slopes, sometimes in the shape of small cliffs and rock-bands, insterspersed with avalanche couloirs. The route to Summit-3737 follows moderately difficult snow-slopes to the E up which René Proton is seen making his way.

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  Whoops! R. Proton gingerly tests the snow, Agouni Bou Ikherban, May 1972 (photo: M. Peyron)

 On this occasion the avalanche hazard in the shape of cornices high up on the rim of the mountain precluded a serious attempt on the summit. Proton accordingly started his ski-run from about half-way up. An experienced ski-mountaineer, he made the most of a trouble-free descent, prioritizing safety over style, as can be seen in the above photo.

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  Author near Tagouilelt on Day 1 of a 3-day circuit, Jbel ‘Ayyachi, end-May 1976 (photo: D. Dourron)

Determined to take advantage of the above-average snow-cover in the High Atlas, during the last week of May 1976, this writer teamed up with an old companion of his, Denis Dourron from Fez. Driving past Midelt they reached the Bou Admam Forestry Hut, where they left their car. Donning light-weight hiking boots they loaded up their backpacks with sleeping-bags, skis, sealskins, ski-boots, ice-axes and food for two days. Thus equipped they left the Hut after lunch and made it to the Asif Ijimi gorge by sundown. Here a bivvy was established in the lee of a huge rock and a firewell to the lit. In spite of intermittent rain, the fire kept going all evening, generating so much heat that it actually split in two a neighbouring boulder!

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  Summmit-3737 top L, from Agouni Bou Ikherban, end-May 1976 (photo: M. Peyron)

Having grabbed minimal sleep, the pair headed on up into the sanctuary and topped Tizi n-Tirecht (3134m), well below and to the N of Summit-3737. Given the visible avalanche danger, there was no way they were going to attempt the steep main slopes. So from here they skied gently down over a potentially leg-breaking, slushy surface across the mouth of Agouni Bou Ikherban, and into Imi n-Tkhamt till the snow ran out. Then, stowing skis and other gear onto their backpacks, they marched NE to the sanctuary of the Mitqan Forestry Hut, where the Forester entertained them with tea, bread and butter. On the third day, they hired a mule and without further ado returned to Bou Admam via the Tila’win n-Ja’afar gorge.

 

 

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   J-Y. Raffin ascending upper slopes, Agouni Bou Ikherban, June 6,1976 (photo: M. Peyron)

 Barely a fortnight later the author returned with Jean-Yves Raffin for an attempt on Summit-3737. By now we were in June and, although there was residual avalanche danger from summit cornices, the snow had had time to settle down. Using Moha’s mule we pitched our camp among the cedars.

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J-Y. Raffin below summit-3737, June 6, 1976 (photo: M. Peyron)

 Next morning we climbed into Agouni Bou Ikherban and reached Summit-3737 via the N ridge after ascending steep slopes of frozen snow. As can be seen in above illustation, Jean-Yves used couteaux and sealskins; this writer felt safer wearing crampons. On the right of the photograph are unmistakable signs that a whole slice of mountain-side has recently avalanched!  The ski-run back down the mountain was A1.

 

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Author with M. Morgenthaler starting up Agouni Tiduggwa, May 1979 (photo: D. Dourron)

In 1979, as we approached ‘Ayyachi for our usual end-May fling on the mountain, Morgenthaler observed that the snow-cover appeared disappointing when seen from the High Moulouyya plain, prompting doubts as to whether we should unload our skis.  We nevertheless motored on via Tounfit to Imtchimen, where we met up with Moha.

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    M. Morgenthaler, Agouni Tiduggwa, Amkaidou in background,May 1979 (photo: M. Peyron)

After pitching the usual camp in the cedars and spending a restful night, we climbed up into the entrance of Agouni Tiduggwa, a R-hand side-valley.  Here, to our delight, we found abundant snow, hidden from view the previous day by an intervening ridge.

 

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  Author near head of Agouni Tiduggwa, May 1979 (photo: D. Dourron)

 There ensued a satisfying plod over firm snow till a point high up in the Agouni was reached. It was time to turn our thoughts to serious skiing, as the surface was becoming slushy. Donning our skis we enjoyed a terrific run, though as he made his first turn Michel Morgenthaler spoiled things somewhat when he half-buried his near-side ski; the subsequent cartwheel was spectacularly funny, though luckily resulting in no broken bones!

 

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   D. Dourron near head of Agouni Tiduggwa, May 1979, (photo: M. Peyron)

   The above picture, taken shortly before Morgenthaler came a cropper (with Denis Dourron in the foreground) vividly illustrates the wild, high mountain conditions obtaining on ‘Ayyachi in late spring. It was to become a regular fixture, year in, year out.

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   M. Suzor & M. Putz skinning up Agouni Tiduggwa, May 1980 (photo: M. Peyron)

   So much so that barely a year later this writer indulged in a repeat performance with Marc Suzor and Michel Putz. The only difference was that participants took advantage of seal-skins to gain a start-off point for their run much higher up the mountain.

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Author terminating his ski-run, Agouni Tiduggwa, May 1980 (photo: M. Suzor)

  This particular outing proved event-free, apart from a thunder-storm that struck as we left Tounfit. On the road to Boumia the ford at Asif Oudghes proved impassable and we watched tree-trunks and other flotsam swirling past for half an hour until the waters subsided and we were able to resume our homeward journey.

 

 

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Henry, R. Bovis & author’s daughter Margaret, Agouni n-W’arfa, March 1986 (photo: M. Peyron)

   This picture illustrates a visit to ‘Ayyachi in April 1986, a postcript to a multi-day expedition when we took our skis into the Eastern High Atlas for a week with Henrys, Bovis and daughter Margaret.

 More recent ‘Ayyachi outings

  Once we started our series of visits to Al-Akhawayn, Ifrane, in 1998, ‘Ayyachi proved a fairly frequent destination. In April of that year, after an approach via Ayt Oumghar and Cirque of Ja’afar, with Peter Hardcastle, Marvin Zimmer, Paul Knott and Paul Hosken, we bivvied at the cirque and made an attempt on Saïd ou-Hadi that failed due to unexpectedly icy conditions (for which we did not have the right equipment) at the base of the summit pyramid.

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   P. Hosken, P. Hardcastle & P. Knott at start-off of ascent, Agouni n-W’arfa, May 1999 (photo: M. Peyron)

   Not to be thwarted, the following year we came in via Tounfit (following a first-class bivvy before Tizi n-Zou) and Imtchimen with Peter Hardcastle’s Land-Rover. This enabled us to scrabble our way through scree and scrub well up Agouni n-W’arfa, where we parked the vehicle. From there the main ridge was easily topped, in the vicinity of Summit-3691.

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  3/4 of the way up Agouni n-W’arfa route, Summit-3737 in background, May 1999 (photo: M. Peyron)

  After the gentle descent we started off on the homeward run but simply could not resist the temptation of a celebratory bivvy between Tizi n-Zou and Tounfit. It was well worth it. Swilling coke and usquebea around the camp-fire, we managed to polish off Paul Knott’s litre-bottle during the proceedings. A night to remember!

 

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  « De Segonzac Centenary Climb », Upper part of Agouni Bou Ikherban corrie, June 2001 (photo: M. Peyron)

  The first week of June 2001 had arrived, and this writer suddenly realised it was exactly a hundred years since the Marquis de Sezgonzac, a French explorer travelling disguised as a Tripolitanian merchant, had made the first ascent of ‘Ayyachi. Fortunately, Peter Hardcastle was still in Ifrane and willing to return to ‘Ayyachi for an occasion like this. In his Land-Rover we arrived in Imtchimen around mid-afternoon. Unfortunately, Moha had departed, but, after tea at his place, we found another likely house-holder to accompany us as camp-guard up to a bivvy in Imi n-Tkhamt.

 

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    « De Segonzac Centenary Climb », P. Hardcastle on top of Summit-3737 (Said ou Hadi), ‘Ayyachi, June 2001 (photo: M.Peyron)

Rising at crack of dawn, we made rapid progress up Agouni Bou Ikherban, then up the E slopes of that cirque, over tiresome, treadmill scree till the N ridge of Summit-3737 was reached. It ended with a gentle scree plod up the N ridge to the actual summit, where we spared a thought for the Marquis, our adventurous predecessor of a century before.

On returning to camp we met a wood-cutter and this writer told him that if they went on chopping down cedars at the present rate, within a very short period they would have an environmental disaster (tunant) on their hands. The wood-cutter appeared unimpressed.

  ‘Ayyachi: the human element

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     Roof-tops of Tazrouft (Za Si Hamza) and Jbel Mawtfoud, S side of ‘Ayyachi, Mar 1974 (photo: M. Peyron)

   The most significant settlement of the ‘Ayyachi area is undoubtedly Zawiya Sidi Hamza, seat of the Hamzawin line of saints for the past 500 years, the most famous of whom was a remarkable traveller, holy man and poet, author of a rihla, fluent in Arabic and Berber: Bu Salim al-’Ayyachi, who lived in the late 17th century. Actually, it is his name that the entire mountain massif now bears. Such was the renown of the zawiya that in the 18th century famous people used to reside, study and pray there including at least one reigning Moroccan sultan, Sidi Muhammad. Besides acting as a seat of learning, and religion, the zawiya, much like medieval monasteries in Europe, guaranteed board and lodging for pilgrims and passing travellers (inejda). Historically, the local saints (igurramn) also acted as mediators in the event of inter-tribal strife.

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   Berber family at Ayt Ouchen, Imtchimen, Apr 1986 (photo: M. Peyron)   

While homo sapiens is widely represented along the S slopes of ‘Ayyachi (Ennd, Tazrouft, Tannghrift, Idalliwn, Ayt Ya’qoub, Afraskou, etc. ), on the N side he is pretty thin on the ground until one reaches the valley of Imtchimen (inhabited by an Ayt Yahya segment) where numerous springs and land suitable for farming have given rise to human habitation on a fairly large scale. The architectural style is of Saharan inspiration employing a stone base, adobe for the walls, cedar and poplar for the roofs. A widespread implement is the wooden ladder, much used to access roof-tops.

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    Dispersed hamlets of Imtchimen, Ayt Yahya,  ’Ayyachi Summit-3737 top L, March 2010 (photo: M. Peyron)  

 A view of poplars, irrigated fields, flat-roofed houses in a choice foothill location typical of a region that acts as a half-way house between the Middle Atlas and High Atlas proper. Imtchimen is relatively blessed by nature, the nearby snows of ‘Ayyachi guaranteeing water all year round, while nearby forests (now seriously depleted) provide construction material and firewood.  

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 Typical mountain house (taddart) at Ayt Chrad, Aug. 1976 (photo: M. Peyron)

 A typical dwelling will be cube-shaped, flat-roofed, often two-storied, with relatively small windows and a large, ground-floor door to allow mules to enter the house. On the upper Ansegmir, too, there are similar villages: Ayt Chrad and Ayt ‘Abdelfadir.   

 

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  Muleteer at qsar of Mendayyur, Nov 1974 (photo: M. Peyron)  

  Further upstream, on emerging from the Ayt Bou ‘Arbi gorge, one discovers the Ta’ara’art valley, wedged between ‘Ayyachi to the N and Mawtfoud to the S. Here the river changes names; from Toura n-Ayt Bou ‘Arbi it becomes Asif Tasfelalayt (‘sparkling torrent’). This valley is peopled by the Ayt Sliman who dwell in three villages: Tighermin, Louggagh and Massou.   

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  qsar of Mendayyur, S side of ‘Ayyachi, Nov 1974 (photo, author’s scrapbook: M. Peyron)

  Yet  further up-valley an isolated segment of the Ayt ‘Ayyach, formerly the dominant tribe in the area and connected by alliance to the saints of nearby Zawiya Sidi Hamza, inhabit two qsur: Mendayyur and Ta’ara’art. These are among the most remote human settlements in the High Atlas.  

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   Ayt Hadiddou transhumants in upper Ta’ara’art valley, May 31, 1975 (photo, author’s scrapbook, by D. Dourron) 

 A reminder of the predominantly pastoral local lifestyle: by the end of May, Ayt Hadiddou herdsmen from S-slope villages such as Ayt Ya’qoub pitch their tents in upper Ta’ara’art valley according to age-old treaties with the local Ayt ‘Ayyach. In return, the latter will be able to send their flocks on winter migration to pastures belonging to the southerners.  

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      Oult-’Ayyach woman from Mendayyur at Tizi n-Mawtfoud, Nov 1974 (photo: M. Peyron)  

 The qsur-dwelling Ayt ‘Ayyach maintain their own herds of sheep in the valley from the end of spring till early autumn. The threat of winter snows then urges them to send their livestock south to sunnier climes, triggering a small-scale migration. The woman in the above photograph was thus in transit with her family when we met her at Tizi n-Mawtfoud.  

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  Oult-’Ayyach woman, ksar of Ta’ara’art, end May 1974 (photo: M. Peyron)

  This unveiled Oult-’Ayyach of Ta’ara’art wears what used to be the typical traditional garb of Tamazight-speaking tribeswomen of the Eastern High Atlas: a woollen necklace, ear-rings, a head-scarf (akenbush) and retaining head-band (tasebniyt) decorated with sequins (timuzunin).

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  Men and women beating maize-cobs, Louggagh village, Ta’ara’art valley, Nov 1974 (photo: M. Peyron)

  Maize, a staple component of the local diet, is harvested end-September or early-October, then allowed to dry on roof-tops for a fortnight till, one fine morning, the cobs are ready to be beaten with flails. This energetic communal occupation involves the cheerful participation of all villagers: men, women, and children.

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  Oult-Sliman woman, Louggagh village, Ta’ara’art valley, end May 1974 (photo: M. Peyron)

  The above lady is wearing a light cotton dress, a head-band, bead necklace and ear-rings. Observe her tribal tattoos: the tmart (‘beard’) worn on her chin; dar tbirt (from adar n-tatbirt, ‘pigeon’s foot’) between her eye-brows. She is busy washing wool in the stream at Louggagh village. With warmer weather heralding the approach of summer, sheep-shearing will have produced large quantities of wool, a basic, almost hallowed material much used for traditional clothes, sandals, carpets, mats, tents, etc.

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Oult-Yahya woman, Ayt Ouchen village, Imtchimen, end March 1974 (photo: M. Peyron)

  Another traditionally attired mountain woman, draped in a handsome white, sheet-like cloak and sporting composite headgear of  akenbush and tasebniyt, together with sequins and necklace. The akenbush in question, coloured a vivid yellow and red, used to be available on ssuq-s throughout the region. It is comparatively rare nowadays to find similarly dressed women: nylon dressing-gowns and even the all-pervading hijab, imported from the East, have penetrated Atlas valleys.

 From what we have seen above it is clear that ‘Ayyachi, its snowfields, valleys, gorges, forests and torrents constitute a privileged environment that has attracted human settlement since far distant times. Has acted as something of a lodestone for human endeavour, both peaceful and warlike. By and large, however, throughout history and despite episodes of anarchy, wiser counsels have prevailed, thanks largely to peace agreements brokered by Atlas saints, preserving the pastoral balance and guaranteeing continuity and ultimate harmony. Despite on-going change the local Amazigh communities remain greatly attached to their traditional lifestyle and customs. As a result, culturally speaking this remote backwater has remained a sanctuary for oral tradition, especially bardic poetry. As such, it deserves to be preserved. Accordingly, i3ari n-ou-’ayyash has in recent years become a happy stamping-ground for foreign skiers and backpackers, in return perhaps the latter can find ways of contributing to the area’s environmental protection, by creating awareness as to the enduring value to the Moroccan community at large of such a rich variety of mountain villages and eco-systems.

    Lone Backpacker

    michael.peyron@voila.fr

N.B. Unless otherwise stated, text and photographs copyright by Michael Peyron; material from same may be quoted in compliance with current academic practice.

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Vintage ski-mountaineering, Atlas Mountains Morocco (1965-1988)

Posté par Michael Peyron le 15 octobre 2010

Vintage ski-mountaineering,

Atlas Mountains,

Morocco (1964-1988)

by Michael PEYRON

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Mr & Mrs Baude + L. Villard prepare for action, Tizi Ouaggan, Jan 1966 (photo: M. Peyron)

 

The following is a short record of this writer’s experience on ski in the Moroccan High Atlas during the period 1964-1985, which witnessed meaningful change both in the approach to ski-mountaineering and in the increased commercialisation of the sport at the hands of Tour Operators. Initial weekend outings to the Toubkal massif with Casablanca-based friends were conducted along stylish lines with muleteers and Berber HAPs (High-Altitude Porters) to convey baggage and skis uphill. Later excursions to outlying ranges,  especially after the author’s move to Rabat, while remaining heavily mule-dependent, saw a reduction in the use of HAPs, exponents usually humping outsize packs and resorting to skis equipped with seal-skins and up-to-date touring-bindings. By the close of this period, with the 1990s in the offing, and the ski de couloir craze in full swing, skiers were tackling 35-40° slopes without batting an eye-lid! The present writer does not purport to be an extreme ski specialist – far from it – in fact as one of his friends told him one fine spring morning as they were coming down the Selle de l’Albaron, in Haute Maurienne, that he probably qualifies as « the worst frigging skier in the whole frigging French Alps »! However, this brief account gives some idea of  Atlas skiing during a period marked by changing trends both in equipment and in the rationale behind the sport.

Toubkal Massif

Thanks to friend René Proton, at the close of 1964 this writer was able to meet Louis Villard, one of the leading local skiers and mountaineers of the day. Thus was he introduced to the joys of the Igenwan run above Tacheddirt, a standard, mule- and porter-assisted 36-hour weekend outing from Casablanca, through Imlil at the foot of Toubkal. It was considered wise to wait till mid-March when snow conditions, given the proper combination of precipitation and sunshine, were usually just right. By then, too, any snow that was going to avalanche, would have done so!

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 R. Proton nearly comes unstuck, Tacheddirt trail, heading for Igenwan, March 1965

After overnighting at the Tacheddirt Hut (perhaps rubbing shoulders with famous people like Hamish Brown!) an early start was called for on the Sunday morning. Mules were used as far as  Tizi n-Tacheddirt, after which the HAPs shouldered participants’ skiers up Tigourzatin and onto Adrar n-Ouayyour, start of the Igenwan run.

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 Freedom of the slopes: L. Villard, Bouchet & R. Proton, start of Igenwan run, March 1965 (photo: M. Peyron)

The above picture (March 1965) is typical of the pre-Tour Operator period: apart from a couple of Berber HAPs, our three enthusiasts are alone on the mountain, poised for an exhilarating run on firm, spring snow. We see our skiers adjusting their cable-operated bindings prior to the long zigzag descent below Igenwan proper and down to Amazzer Imeqqorn. From there the idea was to choose the most promising lick of snow, calculated to take our jet-turning sportsmen as low as possible opposite Tacheddirt.

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Tour Operators take over: start of Igenwan run by swanky savoyard skiers, March 1986 (photo: M. Peyron)

Another photograph, taken some twenty years later. Times have changed. A grizzled Proton and his companions now share the Igenwan slope with a bunch of show-offs in Gore-Tex jackets from the Alps, belonging to some Frog TO outfit. The snow and blue sky haven’t changed one jot, but the atmosphere is irretrievably spoiled by the presence of commercial caravans.

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L. Villard & daughter, L. Baude, R. Proton outside old Neltner Hut, Jan 1966, (photo: M. Peyron)

This January 1966 shot, typical of a 48-hour outing to the Toubkal massif, depicts the old Neltner Hut in its heyday (with an overload capacity of 30-40 persons), as Villard’s party get ready to scale the slopes preparatory to their morning ski run. Note period equipment: ancient Rossignol ‘Strato’ and Dynamic VR 7 skis with cable-bindings, plus-twos and ankle-gaiters worn with lace-up leather boots. The Berber hut custodian, warm in his woollen cloak, looks on.

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L. Villard & R. Proton with Berber HAPs, Tizi Ouaggan, Jan. 1966 (photo: M. Peyron)

One hour later, braced against gusts of icy wind from the col, our two skiers are more than grateful for the paid help provided by HAPs. This kind of ski run usually ended some 500 metres below the Neltner at a place named « la Source« , where the mules would be waiting. Equipment and kit stowed on mule-back, the party would then descend to Imlil for the 4-hour drive back to Casablanca (usually including a brief stop at the « Renaissance » café in Marrakech). 

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Biguinoussen (L) and Tazaghart, March 1972  (photo: M. Peyron)

After exceptionally heavy snow-fall, actually getting to the Lépiney Hut can prove quite an outing in its own right. This picture shows the NE slopes of Tazaghart in full winter glory with their successive buttresses (formerly frequented by rock-climbers), each one divided from its neighbour by a steep couloir nowadays calculated to attract the crème de la crème among extreme skiers and free-riders. In fact, today, Tazaghart has become the prime ski venue in the High Atlas, with visits by the likes of US back-country skier Andrew Mclean.

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 R. Proton skinning up towards Lépiney Hut, Tazaghart, March 1972 (photo: M. Peyron)

As an HAP had accompanied us, Proton was able to get in his fair share of seal-skinning. However, we were limited to 48 hours on this particular occasion (March 1972), so very wisely there was no foolishness involving ski de couloir. A brief stint took us up to the Lépiney Hut and a sandwich, after which we had to face the serious business of getting back to Imlil; then to Asni (track blocked by a land-slide); eventually by bus to Marrakech and hitch-hiking back to Casablanca.

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A. Jourdan & party of ski-tourers beyond Cascade, above Lépiney Hut, Apr 1979 (photo: M. Peyron)

In this end-1970s shot, while on the Lépiney-Neltner traverse, with the steep Cascade section behind them, Alain Jourdan leads his companions up from the Lépiney Hut (where they have overnighted) towards Tazaghart.  Note central skier using early model Marker ski-touring bindings with limited travel in uphill mode, while his companions have state-of-the-art hinged-plate bindings. Shortly after, having tied their skis to their packs, they donned crampons for the rather steeper section, known as La Cascade, leading up into the Aghzan cwm.

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  A. Jourdan topping out at Tizi n-Oumgharass n-Igliwa, Apr 1979 (photo: M. Peyron)

Around 3 pm, Dynastar ‘Yeti’ touring skis lashed to his backpack as the slopes are a little too steep and slushy for skins, Alain Jourdan in shorts emerges onto Tizi n-Oumghrass n-Igliwa. For a few minutes he enjoys the warm afternoon sunshine. From here a most satisfying run will shortly take the party down to the Neltner, followed by a post-sunset arrival in Imlil and a long, dodgy drive back to Rabat to round off yet another action-packed 48-hour weekend.

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Initially designed as an updated version of the 1938 Dresch and Lépiney Massif du Toubkal guide-book, Cominelli’s useful little effort eventually became the standard ski-mountaineering  guide-book to the Toubkal Massif (1984). Marrakech-based Cominelli had had endless weekends, each winter, to scour the Toubkal Massif from end to end. The result is an authoritative, invaluable and workmanlike reference tool still valid today. Well done, Claude!

Other Atlas Massifs

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  M. Morgenthaler & R.Proton climbing Erdouz-W, May 1, 1971 (photo: M. Peyron)

Attraction-wise, apart from the presence of Toubkal, Morocco’s highest peak, the area was also the most easily accessible for some 40 years. And yet there were many other suitable venues  throughout  the length and breadth of the Atlas ranges.

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M. Morgenthaler descending from Erdouz-W, May 1, 1971 (photo: M. Peyron)

One such site was the Erdouz Massif (Western High Atlas) that could be reached by a reasonable piste serving the Erdouz UMAO mines from Amzmiz. Sleeping accommodation was available either at the mines, or at a canteen near Azgour village which also did dinners. A fairly large ski-area was easily accessible from the main mine-shaft. The above picture shows an enthusiast enjoying excellent conditions just below the western summit, 1971 having been a year of exceptionally late snow-fall.

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Skinning up to Tizi Keb-keb, Bou Iblan, March 1978 (photo: M. Peyron)

Two early bird skiers make tracks for Tizi Keb-Keb after three days of continuous snowfall. Shortly, they will veer left along the ridge to the head of a pleasant little gulley, whence an exhilarating run will take them back to the Taffert Hut. Situated well beyond Fez, the Bou Iblan Massif is easily the most attractive ski venue in the Middle Atlas, guaranteeing plentiful spring snow any year almost as a matter of course. What with snow-drifts and mud-slides, until a road was built in the late 1970s access remained hazardous, providing plenty of opportunities of getting well and truly bogged down with one’s vehicle.

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B. Pinatelle on Tichchoukt S slope, March 3, 1979 (photo: M. Peyron)

A less promising, though more easily reached Middle-Atlas ski venue is Tichchoukt (2796m). Warmish air currents from the Recifa/Boulman gap usually preclude abundant snowcover, though the early spring of 1979 proved an unexpected exception. After a freezing bivvy near the Amekla plateau, over the March 3rd weekend, some excellent sport was had on the S slopes of Lalla Oum El Bent by the author, together with Yves Pinatelle, Denis Dourron and Jean-Pierre Bourguet.

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D. Dourron skiing below rock-band on Bou Ijellaben, Jan 1974 (photo: M. Peyron)

Pyreneean enthusiast Denis Dourron tackling crusty surface with his tried Villecamp skis featuring mixed downhill/touring cable-operated bindings. Bou Ijellaben (2742m), a modest summit in the Eastern High Atlas, accessible from Tounfit, is typical of those out-of-the-way ski destinations where a little effort will afford some genuine wilderness skiing for the enterprising backpacker. The presence of a rock-band makes a tumble on the initially steep slopes a bit of a gamble. Once in the cedar forest above Assaka village, however, conditions are somewhat safer!

 

 Between Tounfit and Imilchil

Dominating Tounfit, from which it is readily accessible, lies Jbel Ma’asker (3277m) a long, flat-topped ridge, its steep N slopes scarred by long licks of snow well into the spring and providing the ski-mountaineer with plenty of scope for indulging in his favourite sport. After extensive snowfall at the end of May 1976, with Fez-based companion Denis Dourron, we attempted an ascent on ski. After spending the night at Ardouz village a short approach brought us to the foot of the snow-slope.

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   D. Dourron ascending snow couloir through rock-band on Jbel Ma’asker, end-May 1976, (photo: M. Peyron)

Uphill progress proved easy until the rock-band was reached, when our access route narrowed into a narrow, steep couloir, beyond which slopes rose unrelentingly towards the skyline. We kept on upwards for some time, our skis stowed cross-wise on our backpacks, till the texture of the snow became distinctly soft and avalanche-prone. Deciding that discretion was the better part of valour we stepped into our bindings and set off downhill, gingerly at first, then acquiring confidence as the quality of the snow improved at lower levels.

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The photographer (D. Dourron) photographed, Ma’asker foothills, March 1977 (photo: M. Peyron)

One year later we were back at the foot of Ma’asker with our skis. Here, on Day 1 of a 12-day Tounfit-Imilchil traverse; Denis Dourron casually retains backpack (+skis) to photograph the author during the walk-in to bivvy in cedar forest, prior to next day’s ascent of Azgaw fore-peak, barely visible in background.

 

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Day 2 of 9-day  Tounfit-Imilchil ski traverse, March 1977 (photo: M. Peyron)

Another Eastern High Atlas venue: the above picture of Ma’asker-W shows Jean-Yves Raffin, Soto and Denis Dourron, fresh from freezing bivvy in the cedars, skinning up towards Tizi n-Ouzgaw on the second day of a strenuous traverse from Tounfit to Imilchil humping outsize, 25-kilo back-packs. On the way down through steep forested terrain this writer came unstuck in a big way and slithered some five yards, narrowly avoiding bumping into a mammoth cedar.

Day 3 took them through the Tatrout gorge to Mschitt, whence they had a go at a couloir on Jbel Baddou. Raffin, a ski-touring expert, made his way nearly to the top of this couloir on 40° slopes. The others cautiously stopped half-way up. After a restless bivvy in a chicken-coop at Mschitt, the party crossed Tizi n-Ayt Brahim in a blizzard, then followed Aqqa n-Ouyyad to Anefgou and the Tirghist Foresty Hut.

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 Soto climbing beneath Isswal summit cornices, March 1977 (photo: D. Dourron)

 Based on the Tirghist hut, the party spent Day 5 with their skis on Isswal, one of the Lakes-Plateau fringe peaks; then made short work of its challenging slopes as the snow melted rapidly. Further sport was had on nearby Afoud n-Awjjil and Akkiwn.

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 Author with J-Y Raffin on Msedrid, Ma’asker and ‘Ayyachi in background, March 1977 (photo: M. Peyron)

 Day 6, with mule-assistance, took them past Tighediwn to interesting ski slopes beneath Tizi n-Inouzan, then on to Tilmi n-Ayt Sidi, where they spent the night. Their arrival caused something of disturbance in the village, the children being frightened by the appearance of these strangers with skis that reminded them of helicopter rotor-blades! Day 7 was devoted to Mesdrid, another peak on the Lakes Plateau fringe. This proved a disappointing run, the snow petering out half-way down the N slope. The remainder of the day was spent marching to Imilchil, where the party got its first square meal in a week on reaching Boudrik’s inn!  Munching dates, figs and dried banana on the trail, or dining off bread dipped in rancid butter in some Berber house, had hitherto been their daily fare. They must have been hard men in those days. The next stage took them up to Tizi n-Oughroum, just below Tissekt Tamda, for a final afternoon run down a long snow-lick, when their high-speed snow sliding threw a nearby herd of sheep into total confusion! Then foul weather set in and it took them four days to struggle back to Tounfit, without enjoying the bonus of any extra ski runs.

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 Author’s daughter Margaret with  Bové  and Henry at Lmerri, foot of Ighil ou Ahbari, March 1986 (photo: M. Peyron)

Nine years later we had a shorter, repeat performance out of Tounfit, the author joining forces with Rémy Bové, Henry and his daughter Margaret. Some idea of the participants’ uncomplaining load-carying ability  may be gained from the above photograph. Note typical period equipment: Bové sports a pair of ‘Choucas’ – not really a success story in terms of touring skis; Henry has a pair of later model Rossignol ’Alpes 3000′ skis guaranteeing better bite on icy surface – a feature that the ‘Choucas’ lacked.

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    Margaret (load-carrying can be tough!) with Zinba’s daughter, Assaka, March 1968 (photo: M. Peyron)    

Picture taken as we were about to leave Assaka for a lengthy day’s hike up the Tatrout gorge, over Tizi n-Ayt Brahim, then on past Anefgou to the Tirghist Forestry Hut for a go at Isswal on the Lakes Plateau fringe.

 

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 Same party on Isswal at close of  5-day Tounfit-Lakes Plateau ski  traverse, March 1986 (photo: M. Peyron)

 On this occasion, there was a wee bit more walking and less skiing, though we got in some good runs on Ighil ou Ahbari, down through the cedar forest and a repeat of Isswal, with a magnificent panoramic view as far as Azourki (cf. above). This time, however, we did not venture west of Tirghist and made the bone-thumping return trip by truck to Tounfit. From there a taxi took us to Imtchimen for a ski ascent of Ayyachi.

 From Kousser to Imilchil

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    Author in full marching order, Asif Tamga, Cathedral Mountain in background, March 1979 (photo: D. Dourron) 

  In 1979, this writer was joined by D. Dourron, M. Suzor and H. Buissard, for a first ever foray on ski into the Kousser Massif (Central High Atlas). It was back to healthy 25-kilo packs complete with ice-axe, crampons, sealskins, gloves, duvet jackets, sleeping-bags and fish-rod, but we were in good shape. After an evening approach by truck from Wawizaght and uncomfortable digs  at Zawiya Tamga, we trudged up through the pine woods of Asif Tamga to establish our bivvy at a fork well up the valley.

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     Skinning up Jbel Taytriqt, 4-day Kousser traverse, March 1979 (photo: D. Dourron)    

   The next day we skinned our way to Jbel Taytriqt summit. The descent was moderately satisfying, the snow somewhat sticky as it had only fallen a couple of days before and the sun had been working at it. After another night out under the stars, we skinned up to Tizi n-Wanargi.  

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    Various Rossignol models on display as seal-skins dry in the breeze, Tizi n-Wanargi, March 1979 (photo: D. Dourron)

  The above picture gives a good idea of the miscellaneous hardware we were packing in those days: Rossignol ‘Saga’ and ’Futural’ piste skis adapted with touring bindings, and a pair of compact ‘Choucas’ touring skis fitted with the early-model ‘Marker’ binding. Each one of us was still using late-design leather lace-up boots either from ’Galibier’ or  ’Val d’Or’ (with hooks). With obsolete equipment such as this we were still managing to cut a respectable figure on North African snows, far from Europe’s ‘Hautes Routes’ with their fashion-conscious ski buffs decked out in the very latest  gear!

From Tizi n-Wanargi the abundant snow in near-avalanche conditions gave us another average sort of run towards Ayt Boulman. Half-way down the slope Marc Suzor performed the unlikely feat of turning a full sumersault on ski – by mistake on purpose, sort of thing! A restful night at Anargi outpost saw us hiring a mule next morning to convey our skis and rucksacks 3/4 of the way up onto Jbel Mouriq; the resultant run was slightly better than the previous day’s. The next morning saw us mule trekking (involving some unexpected wading) with al-Hansali, an old muleteer friend of ours, via the Asif n-Oukhashan gorge all the way to Tillougit to catch a truck back to Wawizaght and our hotel.

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 M. Suzor contemplating slope above Tasraft, on Day 3 of  9-day Boutferda-Imilchil ski traverse, March 1980 (photo: M. Peyron) 

End-March 1980. This was a relatively ambitious traverse with Marc Suzor, Michel Putz (a Commandant in the Chasseurs Alpins),  and four other companions from Rabat. Putz was an expert skier and taught us a trick or two. Equipped with standard-issue French Army skis fitted with cable-operated bindings, he spurned the compromise of mixed leather boots, settling for plastic downhill boots, even if it meant slithering around in tennis shoes when off the slopes! We ventured from Boutferda into the heart of  Ayt Sokhman country - probably never ever done before on ski. It was the only outing during which we actually had an official escort, a mokhazni, assigned to us by the qayd of Aghbala. This, of course, proved invaluable in obtaining board and lodging, or mule transport, as and when required.

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  Sheep-pens at Tasraft village, Ayt Sokhman, March 1982 (photo: M. Peyron)

An official Land-Rover actually helped us along the way as far as Imiferwan, where we started climbing in earnest to reach remote Tasraft village, in the face of the first snow flakes. The two following days the weather improved somewhat, enabling us to skin up two different cwms of Jbel Mouriq, which turned out to be quite an interesting ski summit. In between outings, we dined on roasted mutton at Tasraft and had the satisfaction of seeing our wet clothes actually steaming as they dried out near the wood stove.

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Instructor M. Putz and his ski-class on Msedrid, above lake Izly, Mar 1980 (photo: M. Peyron)

The high point of the trip came when we reached Ou-Deddi from Tasraft after a gruelling traverse up Tizouggwat and over Ijberten. It snowed practically all the way. The stark, Saharan-style ighrem, dimly seen through the snow flurries, was quite unforgettable. The next day, after lunching at Boudrik’s restautrant in Imilchil we pushed on to bivvy in a sheep-enclosure by lake Izly. The following morning we were in fine fettle to tackle the N slopes of Msedrid on seal-skins. Our reward was an almost perfect run under Putz’s expert guidance. By the end of the afternoon we had crossed Tizi n-Isswal and reached the Tirghist Foresty Hut. After a final ski descent of Jbel Isswal on the morrow, the following day we walked to Tilmi and caught a truck that deposited us in Imilchil for lunch. On the way, an Ou-Hediddou warned this writer that so long as we stayed on dirt roads we were safe from thieves and robbers; once on tarmac roads (gudrun) near Aghbala, however, we would be easy prey for bandits! The final day we caught a taxi to Boutferda to pick up our transportation; then came the usual, prolonged night-time drive back to Rabat via Rommani and its dangerous swerves.

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  Atlas traverses on foot and on ski between Wawizaght and Tounfit (1977-1980)

Azourki – the ideal ski mountain

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    Rough sketch-map showing Azourki-Waougoulzat ski-area (M. Peyron’s scrapbook)

When all is said and done, the most famous weekend ski summit in the Central High Atlas is undoubtedly Jbel Azourki (3690m), ideally situated in the front range near Ayt Bougemmaz, where it catches plenty of  precipitation coming in from the Atlantic. 1971 having been an excellent year for snow, several skiers from Rabat and Casa foregathered early on a Saturday afternoon (May 8) at Ayt Mhammd above Azilal. Despite lowlying cloud and drizzle they pushed off up the Ayt Bougemmaz track, hoping to bivvy at the foot of Azourki. They never made it beyond Tamda. This was a sort of half-way house where there used to be a makeshift shelter, a mokhazni and a telephone. They decided to camp there and see what conditions were like the next day.

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 C. Aulard helps manhandle Proton’s R 16 out of a mud-bath, Tamda, May 1971 (photo: M. Peyron)

Attempts to drive further had been curtailed by the muddy condition of the track and they even had a spot of trouble pushing some of the cars around (you had to be proficient at this sport to survive in the Atlas in those days!) so they’d be facing in the right direction for whatever awaited them on the morrow.

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Mme.  Suzon with A. Jourdan, Tamda Hut, Azourki in background, May 8, 1971 (photo: M. Peyron)

Sunday morning dawned bright and sunny, but one look at the track to Azourki warned them that it was going to be a no-go this time. In the end, they contented ourselves with squelching up to Tizi n-Tirghist, for a peep at Ayt Bougemmaz and the range beyond; that way, at least they got in some walking. Then back to the cars and the habitual arrival in Rabat well after dark. Yet weekends at Azourki didn’t always work out that way; there were some more successful ones, too!

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    Interesting late-season snow-licks on Azourki, May 1983 (photo from D. Dourron’s scrapbook)  

As in May 1983, when our pleasant descent of the right-hand couloir, to circumvent the Tasselloumt rock-band (contrefort nord on above photo),  became famous after some French Alpine Club bigwig from Casablanca had mistakenly claimed we’d attempted a suicidal gully further left (called Tifekhsiyt n-Ouzourki) and accused us of spreading tall stories. Amusingly, the ensuing misunderstanding led to a lot of idle talk up  at the Ouakaimedden ski resort CAF chalet, never mind bad blood in local ski-mountaineering circles!

 

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    The author enjoying the snow near the top of Azourki, May 1983 (photo : D. Dourron)  

For our May 1983 stint on the mountain, we joined forces with Hervé Buissard and Denis Dourron, together with some skiers from Casablanca, and spent a couple of days camping on the pastures at the foot of the mountain. We did the summit two days runing and enjoyed exhilarating runs on perfect snow. The couloir we skied down to avoid the Taselloumt rock-band proved such fun that Hervé went back for more after tea-time. Unfortunately, the snow surface hadn’t hardened up again and he came unstuck in a big way, crashing into some rocks that line the couloir, bruising a knee and actually ripping the back binding off one of his skis.

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 R. Proton & M. Morgenthaler on Azourki ski weekend, May 1984 (photo: M. Peyron)

We staged a repeat performance the following year with Atlas stalwarts R. Proton and M. Morgenthaler.  After bivouacking satisfactorily near a herd of dromadaries at the foot of the mountain, the two above skiers are in the opening stages of their Azourki run. Morgenthaler is already in full flight, while Proton pauses as he looks forward to taking full advantage of the ideal conditions: 500m of firm, friendly snow; developing a slightly slushy, though still « doable » surface down the final slopes of the mountain as the Moroccan sun gets to work on them.

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 Terminal phase of  Azourki run; M. Morgenthaler exercises cautions as the snow turns slushy, May 1984 (photo: M. Peyron)

 With these views recalling the carefree joys of a bygone age, we conclude this little survey of vintage ski-mountaineering in the Atlas Mountains. It serves to show that even with obsolescent equipment, given fine weather and hard-packed snow; even if, like the present writer, you are « the worst frigging skier » around, you can still have first-class fun on Morocco’s slopes. It is our fondest wish that it may provide enjoyment and inspiration for those who surf the net; who aspire to trample Atlas summits. That it may urge them to get out there and do their own thing; with basic maps, proper equipment, some orienteering experience, and perhaps a helpful local Berber, or two, to get by in the villages and during the walk-in. But have no truck with commercial caravans – leave that to the milksops.

  Lone Backpacker

michael.peyron@voila.fr

Grenoble, October 2010

Text copyright by Michael Peyron; material from same may be quoted in compliance with current academic practice.

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Hannibal crosses the Alps – 2: Queyras

Posté par Michael Peyron le 13 octobre 2010

Résumé – Avec nos fidèles compagnons Eric Hatt et Michel Morgenthaler nous avions déjà parcouru le val d’Ambin, le lac Savine, et le Clapier, sur les traces d’Hannibal, ses éléphants et ses cavalier numides, sans parler de nos excursions passées avec Fernand Beragner et Jo Pramotton au Mont Viso et, surtout, au Mont Cenis. Intéressé, mais guère convaincu, ni par le Clapier, ni par la Traversette comme étant le « col d’Hannibal », il paraissait opportun de voir de plus près certains cols du Queyras: Agnel, Col de Lacroix, Malaure. Visiter, également, l’ancienne voie suspendue, à mi-hauteur de la gorge du Guil. Déterminer la faisabilité des ces points de passage, autrefois à la mode, mais depuis en grande partie délaissés par les spécialistes du grand général carthaginois. Nos investigations queryrassiennes devaient s’avérer passionnantes ; mieux, elles démontraient clairement que bon nombre de points positifs militaient en faveur de ces trois cols. Une autre conclusion pouvait se défendre : Hannibal n’aurait-il pas emprunté deux cols différents, bien que voisins, pour des raisons de disperson stratégique ?

Tracking Hannibal over Queyras passes (October 4-7, 2010)

by Michael PEYRON  

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  E. Hatt on path between Col Lacroix and La Monta, Oct. 5 2010 (photo: M. Peyron)

An earlier article on this website sketched out the search for Hannibal’s col and summarized the author’s own endeavours in the field, chiefly around the Clapier and Traversette passes. The present entry is the fruit of four days spent in the Queyras at precisely the time of year when Hannibal carried out his historic crossing of the Alps. We had decided to concentrate our investigations there since various factors pointed to this region of the Alps as containing several likely cols, not to mention a slightly unscientific sort of intuition on our part pointing to a more southerly route, based on Hannibal’s understandable reluctance not to venture too far north on a time-consuming roundabout route, together with references in Polybius/Livy to the river Durance (Druentia), and to envoys bearing olive leaves (unknown in Tarentaise or Maurienne). Actually, a case can be made out for no fewer than four Queyras passes, all of which had been referred to as possible Hannibalic sites on earlier occasions by other researchers. First and foremost, the Traversette, (or Col du Viso) chief rival of the Clapier Pass for Hannibalic honours (cf. Guillaume, De Beer, Prevas & Mahaney), which we decided to ignore this time around, having been over it during a couple of previous tours of the Viso. 

The Guil gorge 

Once we had decided to limit our investigations to the purely Alpine part of the traverse, we considered the feasibility of the Guil gorge (or Combe du Queyras). There is little doubt that a follow-through of the Guil from near present-day Guillestre to Château-Queyras would have proved extremely arduous, natural obstacles alone making it an ideal venue for an ambush. This would have appeared to have tallied with the local tribes’ apparent game-plan: luring Hannibal off the easy Mont-Genevre route and up into the killing-ground of the treacherous Guil gorge. An episode richly documented by Mahaney (2008). Admittedly in early October the water-level is practically at its lowest, facilitating the passage of men and pack-animals along the river-banks, yet this is rendered awkward in places due to the presence of pebbles, rocks and large boulders. Up to the early XXth century, for their travels on foot, Queyrassians from the Upper Guil had three ways open for communications with Guillestre: 

1)      a right-bank high-level route for summer and early autumn, now used by a section of the GR 58 foot-path running via Château-Queyras,Villargaudin, Vale of Furfande and Col Garnier (an itinerary dating back to pre-Roman times and defended by Guillaume as Hannibal’s probable itinerary; 1967, pp. 67-69).); 

2)      the old, so-called  “Voie romaine”, a medium-altitude, right-bank path via Les Escoyers, La Lauze, Villeneuve, and Les Girards, maintained at the expense of much labour by locals and  used chiefly in winter; 

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  Our guide, M. Debrune, with author on voie romaine above Guil gorge, Oct 7, 2010, (photo: M. Morgenthaler)

3)      the deeply entrenched Guil gorge itself, impassable from November to March because of snow and ice, and in April-May due to flooding.  If he came through here at all, Hannibal obviously had the choice between top and bottom, the medium-altitude route being unsuitable for the passage of an army. On the morning of October 7, 2010, kindly guided by Marylène Debrune from the Chalet du Lonza (at Abriès, where we had stayed for three nights) we followed it for an hour or so from Les Escoyers to just below Le Chatelard and negotiated a footpath that sometimes developed into a ledge-trail, bolstered with logs, overlooking stupendous drops.

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  Medium-altitude R-bank ledge-trail below Le Châtelard, Guil gorge, Oct 7, 2010 (photo: M. Peyron)

In fact, it is so dangerous that it remains un-waymarked to this day, the local mayor being understandably reluctant to bear responsibility for any hiker who might care to risk life or limb along there. The existence of the more congenial Col Garnier/ Vale of Furfande route, however, enabling Hannibal to outflank the Guil gorge, quashes the argument, put forward by some experts, that an invading army would never have been enable to penetrate the Queyras region. 

Col d’Agnel 


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  The Rocher d’Hannibal & commemorative plaque,below Col d’Agnel (photo: M. Morgenthaler)         

Dismissed by many (including this writer in an earlier article) as a poor choice, on closer inspection the Col d’Agnel actually proves a fairly promising candidate. Relatively high at 2744m, it presents several favourable factors: a large, gently sloping expanse of ground at and below the top on which other armies have bivouacked; the Torrent d’Agnel valley would have provided water and firewood aplenty; the initially steep eastern (Italian) slope but not totally impassable, comparing favourably with other cols in the area. A plaque on “le Rocher d’Hannibal”, referring to the passing of Carthaginian troops is meagre enough proof, but it’s there! A recent researcher also believes that here we have “le col perdu d’Hannibal” (Morabito, 2003, p. 109). The nearby peak of Pin de Sucre is offered as Hannibal’s vantage-point for the pep-talk he gave his troops, Italy being plainly visible from the top.  

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 M. Morgenthaler & E. Hatt at abandoned Alpini hut, Col Lacroix, Oct 5, 2010 (photo: M. Peyron)     

   Col Lacroix     

A much lower pass, the Col Lacroix (2299m), would be the almost perfect choice, with initially passable slopes on the Italian side, were it not for a particularly steep section above the Jervis Hut. Defended as Hannibal’s pass as early as the 1830s by Imbert Desgranges, a Grenoble magistrate, it had already been disqualified for that very reason (Schaub, 1854, p. 9). However, such steepness is not necessarily incompatible with Hannibal’s crossing as Livy mentions a particularly steep section at one point on the descent, where the famous episode of the vinegar-fired rock could have been situated. A propos of this incident, it should be borne in mind that ancient armies used to stock vinegar for the troops, as a mild pick-me-up or pain-killer.   

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  Path through gold-tinted larch forest on climb to Col Lacroix, Oct 5, 2010 (photo: M. Peyron)  

Accessible in less than two hours from the valley-floor (La Monta or l’Echalp), it is approached up easy zigzags and gentle gradients through gold-tinted larch forest (in autumn), till the open valley-head immediately below the col is reached. 

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    On path from l’Echalp: possible camping area slightly below Col Lacroix (photo: M. Morgenthaler)  

 This strip of ground (used nowadays as a summer grazing-ground by local shepherds) would have constituted an ideal camping area, thanks to the proximity of fire-wood, abundant springs and plentiful fodder for animals. The Lacroix was historically much used as a link between the Queyras and Pellice valleys, being the only feasible supply route since medieval times for Queyrassians in need of fresh fruit and vegetables, or for Italians employed in the salt trade (according to Stéphane Simiand of Ristolas). Under Mussolini, and again more recently, a road project was briefly contemplated.  Nowadays there is an an abandoned Alpini hut at the col itself, with the former border post – « Refuge Napoléon« , dynamited by the Italians in World War II - just below on the French slope.

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 Potential Hannibalic country from Col Lacroix: Monte Granero (R), Oct 5, 2010 (photo: M. Peyron)

   Col de Malaure 

   With its steep slopes on both sides, the Col de Malaure (2522m) is possibly the most spectacular of the passes visited. An important point: the plains of Italy are readily visible from the summit (Bonus, 1925 & Torr, 1924), although on October 6, 2010, rather typically, lombarde conditions (known as nebbia in the Queyras dialect) prevailed, somewhat hampering visibility.

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  Author at Col de Malaure with nebbia conditions impeding view of plains of Italy, Oct 6, 2010 (photo: M. Morgenthaler)

This for the famous harangue to the troops, or more probably to Hannibal’s immediate entourage, perhaps his staff and OCs and 2-in-Cs of the Numidian, Gallic and Iberian troops, as it would have been difficult to get more than 50 or so people to stand up there – certainly not 26,000!

 

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  Author’s companions measuring slope on Italian side of Malaure pass  (photo: M. Peyron) 

However, over 50m on the E side, the slope is somewhat steep, though not impossible for Hannibal’s engineers to cope with, to have allowed the elephants to descend to a spur, after which a small alpage is seen, next to a former outpost of Italian Alpini troops.

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 Abdanoned Alpini outpost on Italian side of Col de Malaure (photo: M. Morgenthaler)

From there on, the path zigzags downward to gentler slopes, after which there is no visible difficulty till the green expanses of Alpa Crossenna are reached. Beyond that point the going is easy into the Pellice valley and much flatter ground, with the plains a few miles away. In terms of relative ease of access and speed, then, the Malaure pass scores handsomely. And yet it loses out in comparison to the Lacroix, in terms of suitable camping. There is, for sure, a sizeable area below the col on the west side with good grazing, and even a totally flat area measuring about an acre, with a small rain-water tarn.

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 Potential bivouac area below Malaure pass on French side (photo: M. Peyron).

Otherwise, in early October 2010 there was not a drop of spring water at this height. During their 2-day bivouac at altitude – allowing stragglers to catch up – the Carthaginians would have had to send frequent foraging parties some 300m down the W slope to fetch water and fire-wood. The Malaure is a wild spot, this impression enhanced by the immature Golden eagle that circled above our heads and the lone, big-horned male Ibex who surveyed us proudly from a spur above the col.

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 E. Hatt coming down off the Col de Malaure (top centre) on Valpreyvère path, Oct 6, 2010, (photo: M. Peyron)

Conclusion 

Our interest in the above passes may appear untimely.  For instance (apart from favourable forum opinions expressed on the web by Queyras-based bloggers), neither Col Lacroix nor the Malaure, have been fashionable in recent times in discussions surrounding Hannibal’s possible route, though the latter would appear to have acquired an influential backer in the person of John Prevas (Simiand, 2002). Even Col d’Agnel boasts relatively few supporters, one of whom, however, after painstaking scientific research, has recently selected it as the probable pass (Morabito, 2003).

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  Upper Guil valley with Malaure, Lacroix and Agnel passes, highlighting Traversette route (map by A. Guillaume, 1967)

Of the three cols we visited the Agnel certainly appeared the most suitable for elephants, while high (2744m) enough to retain late snow (this to suit classic descriptions of conditions on descent), despite the fact that there was only a dusting of fresh snow there when we visited on October 4, 2010.  Finally, to achieve strategic dispersal, we believe that Hannibal may have divided his task force into separate detachments and simultaneously crossed over two or three passes, a view already aired by Guillaume (1967, p. 112). In the light of the above in situ investigations, then, our contention is that the Queyras passes in question appear to have provided the most suitable combination for a successful crossing of the Alpine range, possibly over more than one col, with geographic proximity on the Italian side conducive to rapid reunion between the different components. 

michael.peyron@voila.fr 

Grenoble October 2010

Text copyright by Michael Peyron; material and illustrations from same may be quoted in compliance with current academic practice.

References 

Bonus, A.R., Where Hannibal passed, London: Methuen, 1925. 

 Beer (de), G., Alps and Elephants, London: 1955. 

Guillaume, A., Annibal franchit les Alpes, 218 av; J.-C., Grenoble: Imprim. de l’Allier, 1967.

Mahaney, W.S. & Tricart, P., “Hannibal’s debacle in the Combe de Queyras in 218 BC: The unknown Gallic Commander”, Military Geography and Geology: History and Technology, C.P. Nathanail & al, eds.), Nottingham (UK): Land Quality Press, 2008: 88-97. 

Morabito, J. S., Mais où est donc passé le fils d’Hamilcar ? ou sur la piste du col perdu d’Hannibal, Paris: La Bruyère, 2003.

Prevas, J., Hannibal crosses the Alps: the enigma re-examined, London: Sarpedon, 1998.

Schaub, C., Réfutation de l’ouvrage de M Jacques Relat, intitulé ‘Note sur le passage d’Annibal’ et défense de l’opinion de De Luc d’après lequel Annibal a franchi le Petit Saint-Bernard, Geneva: Imprim. Ch Gruaz, 1854.

Simiand, S., “Dossier: Hannibal crosses the Alps”, Le Transiton, n° 1, February 2002.   

Torr, C., Hannibal crosses the Alps, London: Cambridge University Press, 1924.

    Specimen book covers

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Useful addresses in Queyras valley

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   Lanza chalet-hotel situated in centre of Abriès contact@chaletdelanza.fr

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Michael Peyron’s working papers IIb : « Le tourisme de montagne en question

Posté par Michael Peyron le 1 octobre 2010

Le tourisme de montagne en question :

les Tour Operators (TO) dans l’Atlas

marocain      

Papiers rédigés par Michael Peyron sur ce sujet entre 1979 et 2006 

(avec remise à jour en 2010)

Nous espérons que le lecteur appréciera ces articles qui démontent impitoyablement le discours publicitaire des TO, tout en dénonçant leurs agissement néfastes (tourisme de masse, voyeurisme, choc des cultures, etc.) dans l’Atlas marocain. Plus encore ils marquent le combat acharné, rarement démenti, que l’auteur livre depuis trois décennies aux limonadiers de l’aventure et leur logique mercantiliste !

 Sommaire

1/ « Un trek sans tracas dans l’Atlas, ça me va ! » (2006)  2/ « Petit randonneur tu seras mangé ! » (1979) 3/ « Tour Operators  dans le Haut Atlas : quelques recettes pour accommoder le pigeon » (1982) 

4/ « ‘Défonceurs’ de piste et mythes de conquête » (1999)

5/ « Le crédo du randonneur engagé » (2001)

6/ Recension d’ouvrage : Cahiers géographiques de Lahsen Jennan (2006)

                                                 ————— 

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Tirghist & le Fazaz, sep 1998 (photo: M. Peyron)

1/ « Un trek sans tracas dans l’Atlas, ça me va ! » 

Phrase type, reflétant la mentalité d’assisté du voyageur moderne et qui pourrait être tirée de la pub d’un de ces « Tour Operators » (TO), spécialiste de l’Atlas marocain, dont il est question ci-après dans une série inédite d’articles traitant des retombées qu’ont ces voyagistes sur les populations locales. Travail critique attribuable à Michael Peyron qui, bourlingueur des sentiers de Taroudant à Taza et fervent défenseur du monde amazighe, n’a ménagé aucun effort pendant 27 ans pour dénoncer les agissements néfastes des limonadiers de l’aventure.

Action méconnue, incomprise par ses contemporains, ayant valu à son auteur d’être montré du doigt et tenu à l’écart, autant par des responsables du développement durable, des promoteurs de tourisme en 4×4, et des éminents chercheurs universitaires, qu’au sein même de l’association bénévole dont il faisait partie. Car sa démarche dérange, ne cadrant pas avec une pensée unique selon laquelle cette évolution touristique est normale, inéluctable.

De combien de noms d’oiseaux s’est-il vu affubler pour avoir voulu faire cavalier seul (« facho », « mégalo », « pourfendeur attitré des TO » ; « Don Quichotte de l’Atlas », etc.); pour avoir osé entraver l’avance inexorable et triomphante de l’économie de marché, grâce à laquelle aucune activité sportive, aussi modeste soit-elle, n’est censée échapper au contrôle des mercantis de ce Bas Monde.

Ses premiers articles (années 1979-1990) expriment l’indignation légitime d’un habitué de la randonnée pédestre, sport qu’il pratique dans le Haut Atlas en amateur éclairé depuis 1964. Il ne peut accepter ceux qui, avec leurs appareils photos et leurs gros sabots, viennent profaner le sanctuaire, exploiter les populations amazighes. Aussitôt, il fustige l’arrogance des TO, qui, à des fins commerciales, sans penser un instant aux fâcheuses conséquences de leur action, excitent chez leurs clients une soif du dépaysement et de l’authentique à travers le discours combien confus et factice de leurs brochures publicitaires. Qui n’hésitent pas à reprendre à leur compte les descriptions de courses contenues dans La Montagne & Alpinisme,  revue nationale du CAF, et véritable vivier potentiel de clients. Situation ambiguë où le club en question, tout en prônant le bénévolat et l’effort gratuit, ouvre largement ses pages à la pub des professionnels de l’évasion.

C’est ce qui a poussé Peyron à proposer une démarche plus authentique : une philosophie du voyage individuel basée sur l’humanisme et la disponibilité, sur une approche résolument respectueuse des populations de l’Atlas, à l’exclusion de tout misérabilisme ou voyeurisme, afin de « défolkloriser » la montagne berbère. En amenant ses collègues européens à se dessaisir de leur mentalité d’assistés, à se prendre en charge pour mieux tirer parti de leur expérience marocaine. Pour cela il leur fallait être autonomes.

C’est donc à leur intention qu’il a rédigé des topo-guides : d’abord en langue française, puis en langue anglaise, afin de susciter des vocations à parcourir ces belles montagnes. Pour qu’ils ne partent  pas au sein d’un lourd troupeau d’illustres inconnus avec soutien muletier, plus comportement moutonnier, chacun dans sa petite bulle. Pour qu’ils soient des randonneurs libérés, en compagnie de quelques ami(e)s triés sur le volet, évoluant harmonieusement le long de la « Grande Traversée de l’Atlas Marocain » (GTAM) – projet dont il fut un des initiateurs – dans l’axe de la chaîne, au contact des populations et ayant sur le milieu socio-culturel des retombées minimes. Non content d’animer de petits groupes de 3-4 participants dans le cadre des sorties montagne du CAF-Rabat, et des reconnaissances des tronçons de
la GTAM, il organisera, en outre, des voyages pour CAFistes de France (1981-1982), enlevant ainsi une part infime du marché des TO !

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   Pause sur le plateau des Ayt ‘Abdi, au fond le Jbel Tafraout, juillet 1980, (photo: M. Peyron)

 

La deuxième phase (années 1990-2001) marque, en quelque sorte, une accalmie. Peyron se rend bien compte qu’en définitive ses topo-guides, ses articles, ses conférences, restent essentiellement sans effets; seule une minorité d’usagers épouse ses thèses. La majorité, quant à elle, indécrottable, continue à frayer avec les TO ! Devant cet état de choses, il réfléchit, il observe la scène montagnarde marocaine, devient moins virulent dans sa critique, amorce quelques actions consensuelles.

Un examen attentif de la situation sur le terrain lui permet, par ailleurs, de constater qu’en définitive – maigre consolation – la contamination touristique est circonscrite à quelques régions ; de plus elle obéit à une logique saisonnière. Les TO, aidés en cela par la pub qu’ils font paraître dans les publications spécialisées, se livrent à une savante mise en condition de la clientèle ; programment le Toubkal, le Mgoun, ou les environs d’Imilchil en été, période qu’ils ont l’audace de qualifier d’idéale (!) ; le Siroua ou le Saghro à l’automne et au printemps. Par ce biais, les TO semblent se cantonner dans quelques circuits classiques ; pour des questions de rentabilité il est difficile d’intéresser le randonneur lambda à des variantes, à d’autres destinations marocaines. Encore mieux, certaines régions sont boudées par les trekkeurs; ainsi est-il de la région Tounfit-Imilchil qui ne figure plus à l’itinéraire de bon nombre d’agences pour des raisons sécuritaires, paraît-il.

Puis, en vertu du proverbe britannique, if you can’t beat them, join them, Peyron ira jusqu’à tenter un timide rapprochement avec un TO lyonnais, espérant pouvoir organiser une ou deux rotations auxquelles il aurait imprimé sa vision très personnelle du voyage culturel dans l’Atlas, histoire d’influencer les choses à sa façon. Toutefois, devant la tiédeur et le manque d’imagination du TO en question, l’expérience tournera court. Une nouvelle revue de voyage, Trek Magazine, voit le jour à Grenoble. Y voyant un moyen de faire entendre sa voix, il propose aussitôt ses services à la rédaction, écrit quelques papiers  pour une livraison spéciale sur l’Atlas marocain, expose sur leur site Web sa théorie de la rando. Encore mieux, Gilles Bordessoule, dont il avait critiqué en 1980 l’appartenance à la mouvance des TO, l’invite à publier une version remaniée de son topo-guide sur la GTAM. Bref, Peyron met de l’eau dans son vin, se laisse en apparence amadouer.

Quant à son activité sur les sentiers de l’Atlas, elle ne diminue pas ; elle suit désormais un axe différent – celui de la culture amazighe. Il organisera chaque année des balades de 4-8 jours avec des compagnons marocains issus du milieu montagnard, parfois aussi en compagnie d’amis européens. En se focalisant sur le Haut Atlas oriental, sur le Moyen Atlas.

De ses séjours printaniers à Ifrane, toutefois, de quelques voyages dans la région Midelt-Imilchil et dans le massif du Toubkal, il reviendra persuadé qu’en montagne la situation ne fait que dégénérer. L’ensemble des méfaits du trekking imputables aux TO, tels qu’il les avait prédits en 1979-1982, se réalisent : sur-fréquentation, pollution environnementale, choc culturel, apparition du syndrome du visité (gosses quémandeurs), appauvrissement du tissu social et du cadre bâti, désorganisation de la vie rurale classique, altération de l’hospitalité traditionnelle, paupérisation galopante de la montagne amazighe.

Il est évident que plus que jamais, par leurs voyages répétés, les TO travaillent à leur propre perte. À force d’être galvaudés, piétinés, les sites en perdent leur charme spécifique. Un argent apparemment facile et inégalement réparti détourne le berger de son troupeau. Le cultivateur n’attelle plus son bourriquot à la charrue ; il préférera se faire muletier chez un TO. Écroulés les igherman ; abandonnés les champs en bordure d’oued ; vendus les noyers, jaunis et empierrés les pâturages. En montagne, si l’on y prend garde, ça pourrait bien être le commencement de la fin…

De plus, l’action polluante des agences de trekking se trouve aggravée, dépassée, par la prolifération des raids en 4×4, des motos, des « quads », dont les ténors sont assez peu sensibles aux considérations environnementales ; bientôt, aucune vallée de l’Atlas ne sera à l’abri de leur encombrante présence ! Chaque année, dès la semana santa en Espana, c’est l’interminable défilé nord-sud des 4×4 ibériques ; suivis de leurs collègues britanniques, ainsi que gaulois. On peut les suivre à la trace ; retrouver des vestiges de leurs bivouacs aux sources de l’Oum Rbia’, à Agelmam Sidi Ali, autour des lacs d’Imilchil. Pour Peyron, c’est la fin du compromis ; il en revient dès 2001 au radicalisme.

Quatre papiers, pondus à Ifrane (2002-2005), dénoncent l’immobilisme, plaident en faveur de l’éco-tourisme, perçu comme moindre mal, seule solution à même d’écarter l’issue fatale. Il faut sensibiliser les jeunes marocains, favoriser chez eux dès le plus jeune âge une image positive de la nature. C’est leur pays, après tout ; à eux d’agir par la suite. Peyron participe, ainsi, dans le cadre des activités de l’Université Al-Akhawayn, à des journées d’action sur l’environnement, encadre des équipes de lycéens pour nettoyer le Val d’Ifrane ; organise des sorties « sensibilisation à la nature » avec professeurs et étudiants (2004- 2009).

Tardivement, certains TO, eux aussi, tirent la sonnette d’alarme : « Si l’on continue comme ça, on va dans le mur ! » Ils cherchent alors à se donner bonne conscience ; en évoquant un tourisme « diffus », « doux », « durable », « équitable », ou « responsable », lequel, d’un coup de baguette magique, deviendrait respectueux des populations et de l’environnement. Et chacun de vouloir responsabiliser sa démarche ; d’y aller de sa déontologie environnementale, de sa charte de la montagne, ou autre tartufferie. Faux-fuyants et bricolage que tout cela ! 

À vrai dire, tant que la logique marchande tiendra le haut du pavé, tant que les textes sur le respect de l’environnement ne seront pas appliqués sur le terrain, on n’en sortira pas. Tant qu’au Maroc un réel effort de sensibilisation écologique ne sera pas entrepris, dès l’éducation primaire, le milieu naturel continuera à subir des atteintes qui pourraient s’avérer irréversibles à moyen terme. Des conférenciers cravatés en complet veston auront beau étaler leurs idées bien intentionnées ; évoquer la mise en place d’un tourisme respectueux des populations et du milieu naturel ; dans l’absolu, rien ne se fera. 

État des choses qui risque de perdurer quelques temps encore. Chaque année on descendra du Toubkal des sacs poubelles regorgeant d’ordures. Les TO continueront aveuglément à creuser leur propre tombe. Les communautés montagnardes, éprises d’un léger mieux-être que leur procure la modernité, chercheront dans le béton, le butagaz, le burtabl, le goudron et le plastique un bien illusoire salut, en attendant d’abandonner leur haute vallée. Les touristes, quant à eux, ayant inconsciemment contribué au saccage d’une destination, rangeront sagement leur appareil de photo numérique dans le placard, oublieront égoïstement le Maroc, et, en attendant les prochaines vacances, fouilleront les brochures des TO à la recherche d’un nouveau site « vierge » à mettre à mal.

michael.peyron@voila.fr 

Grenoble, octobre 2010               

                                           

2/ « Petit randonneur tu seras mangé ! » 

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R. Proton sur les arêtes de l’Ouirzan, massif de l’Erdouz, jan 1969 (photo: M. Peyron)

Chers amis randonneurs, CAFistes qui quadrillez inlassablement l’Atlas, sachez-le une bonne fois pour toutes : vous n’êtes plus à la page ! Mais alors pas du tout. Il va falloir vous recycler… 

Que vous le veuillez ou non, il vous faut sacrifier au conventionnel. Désormais, chers amis, ce ne sont plus des randonnées que vous effectuez, mais des trekkings !! L’ordre en est venu de la plus haute autorité.

Réunis en conclave dans leurs bureaux de Paris, de Londres, ou ailleurs, tout à la joie de pondre leurs édits, de définir leurs produits, d’élaborer d’alléchantes brochures en couleur, les grand prêtres de l’aventure lointaine et exotique en ont ainsi décidé. Car ce sont eux maintenant qui donnent le ton.

Mais ne prenons pas ombrage de la désinvolture avec laquelle ces messieurs du voyage organisé ont statué sur notre sort, ont cherché à classer nos activités sous une autre dénomination. Sans nous consulter, bien sûr ! La dynamique du verbe, cependant, étant ce qu’elle est (l’influence anglo-saxonne, aussi) nous devrons nous y résigner(1).

Et pourquoi, au juste, qualifier la marche sportive de trekking ? Le vocable trek serait plus précis, trekking signifiant l’activité elle-même. Ainsi pourrait-on dire : « je pratique le trekking » (notion générale), mais, « je viens de faire un trek autour du Toubkal ».

Et pourquoi, après tout, délaisserait-on des mots appropriés tels que « randonnée », « raid », ou « balade » ? Ce dernier, que beaucoup écrivent « ballade » par nostalgie lyrique, sans doute, est délaissé au profit d’un mot bâtard emprunté par les Anglais aux Sud-Africains à l’époque coloniale et ramené au goût du jour au Népal depuis une vingtaine d’années. 

Peut-être doit-on expliquer ce refus d’employer le mot français par ce qu’il convient d’appeler le snobisme de l’emprunt linguistique. Justement, dans le cas précis du mot qui nous concerne, le phénomène fonctionne dans les deux sens. Karrimor, le fabricant anglais bien connu, n’a pas hésité à baptiser un de ses sacs à dos du nom de « Randonneur », alors son concurrent français Lafuma lançait le modèle « Trekking » ! Après quoi, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle…

Tout ceci pour vous dire, petits amis randonneurs reconvertis au trekking, qu’il va falloir vous pousser un peu. Ne permettez plus que l’on vous accuse d’exercer un monopole de l’Atlas ! Allons. Ne soyez pas égoïstes. Faites de la place à vos innombrables collègues qui ont déferlé, déferlent encore, ou vont continuer à déferler le long de sentiers de ces chères montagnes. Vous qui vous plaignez de la solitude, vous allez être comblés.

« Eh ! Vous là-bas ! Le spécialiste du bivouac en bergerie ! Il faudra se montrer plus sociable, n’est-ce pas ? Et ne plus vois baigner à poil dans les torrents. Surtout s’il y a des dames… » Au contraire, tâchons de faire bon ménage avec la clientèle de « baladeur Tours », ou de « Fab Treks » (2). Après tout, quelques part dans l’Europe des brumes et de la pluie ces assoiffés de soleil ont effectivement « acheté » l’Atlas. Il faut bien qu’ils en aient pour leur argent…

Cherchons, à présent, à y voir un peu plus clair. À qui avons-nous affaire ? Vers quelles régions, et à quelle époque devons-nous nous mettre en route si nous voulons rencontrer ces sympathiques visiteurs ?

Ce sont pour la plupart des marcheurs anglais, français, et suisses. Deux régions du haut Atlas semblent les préoccuper essentiellement :

 

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R. Mertz & J. Du Mazeau-Brun, Dayet n-Iferd, pied du Meldsen, fév 1969 (photo: M. Peyron)

            1/ Le massif du Toubkal ;

            2/ Le Haut Atlas « des expéditions » entre Zaouit Ahanal et
la Tessaout.

La région Ayyachi-Maasker avait bien été programmée une fois lors de l’hiver 1974-75, mais la tentative avait été avortée faute de neige. En revanche, cette année, un organisme récemment créé annonce du ski de randonnée en février dans cette région.

Autre innovation : un des TO les mieux connus inaugure des randonnées autour du Jbel Siroua pendant les premier mois de 1979.

Les saison privilégiées semblent demeurer le printemps et l’été, mais il est amusant de constater qu’aux moins deux des TO les plus en vue ont retardé jusqu’en juin les dates de leur rando en raison des caprices de la météo. Faute de neige, certains ont renoncé purement et simplement à prévoir des raids à ski.

Voyons maintenant où se portent les efforts principaux et dans quel esprit sont entrepris ces raids.

Nos amis helvétiques affectionnent tout particulièrement le Toubkal entre mars et avril ; ils semblent être partisans du plus grand nombre (groupes de 15-30 personnes) sous l’égide de trois organismes différents. Décidément, l’Oberland et la Bernina ont dû perdre bien de leur charme…

Et vous, Messieurs les Anglais ? Là aussi, c’est principalement le Toubkal et ses alentours qui vous attirent entre mars et octobre. Vous venez un peu moins nombreux pour vos Atlas Mountain treks (à partir de huit personnes) mais à une cadence bi-mensuelle et ce sont trois TO surtout qui interviennent. Cette année, un quatrième, émanant d’un organisme mondialement connu, vient de se mettre sur les rangs. Sans parler de bien d’autres circuits qui prévoient un petit détour par Imlil dans le cadre d’un three-week Morocco tour, ou d’un action holiday, que ce soit en Land-Rover ou en bus londonien . 

Le support publicitaire est intense, parfois inquiétant :

« Join us… you’ll never be the same again! » (« Joignez-vous à nous…  vous ne serez plus jamais le même ! »).Parfois le message est erronné :

« Our expedition crosses the Atlas mountains by the breath-taking Tizi n’Test pass in an area renowned for its surviving wild boars ! » (« Notre expédition franchit l’Atlas par l’impressionnant Tizi n’Test, région célèbre par ses sangliers rescapés! »).

Des sangliers, on en tue au Maroc, certes, mais tout de même pas à ce point-là, n’est-ce pas, messieurs les chasseurs ?!

On met l’accent sur les kasbahs, les palmiers et le désert tout proche avoisinant ces neiges un peu incongrues. La clientèle est plutôt jeune, variée : style minet/minette, bob, Tee-shirt publicitaire, short ou jean, ou bien le foulard enroulé autour de la tête à la Lawrence d’Arabie. L’organisation, quant à elle, se veut sérieuse. Journée de mise en train, mise en garde contre le mal des montagnes qui guette tout ascensionniste du Toubkal ! 

Mais c’est à nos compatriotes (faut-il s’en féliciter ?) que revient indiscutablement la palme pour le nombre des agences de trekking, ou autres organismes, qui interviennent tout au long de l’année dans l’Atlas. Huit d’entre eux s’adonnent  uniquement à la rando pédestre (pardon, au trekking !) ou au raid avec skis (3).

On fait découvrir au touriste un peu sportif « le vrai visage » des populations qui sont, à en croire les brochures des TO, encore intactes. L’insistance sur le mot encore étant lourd de sous-entendus. Le dépaysement, paraît-il, ne le céderait en rien aux montagnes du Hindu Kouch, ou au plateau tibétain.  Un autre organisme spécialisé se charge de promener tout l’été les sportifs du volant entre Marrakech et le Sud en passant par Ksiba, Imilchil et les gorges du Todrha : convois de huit véhicules, chacun monté par un équipage de trois, à la découverte des populations transhumantes des hauts-plateaux, des kasbahs de montagne. Un jour à retenir : le jeudi soir. C’est à ce moment-là que cette équipe fait relâche pour la nuit au café-hôtel des Fiancés à Imilchil. Si vous désirez être de la fête… 

Ou alors souhaitez-vous rejoindre sur le terrain des collègues plutôt marcheurs qu’automobilistes ? Tenez, les sites suivants sont particulièrement recommandés : 

1/ Zone Bouguemmez, Asif Mgoun, Zaouit Ahansal. À la fin-mai vous avez des chances de pouvoir échanger vos impressions de balade avec 20-30 personnes au total, émanant de trois caravanes différentes. 

2/ Zone Irhil Mgoun, gorges du Mgoun, Tessaout. Au cas où vous seriez égaré dans cette zone pendant la période juillet-août, entre 50 et 100 collègues appartenant à aux moins six groupes différents, pourront vous remettre dans le bon chemin.  3/ Le Toubkal. À tout seigneur tout honneur. Si vous êtes un amateur passionné des sympathiques veillées en refuge, d’une certaine camaraderie discrète, fréquentez donc cette région en juillet, août, et surtout septembre, car cinq voyages sont prévus en ce dernier mois.  En somme, cela finit par faire beaucoup de monde. Et je vous ai fait grâce des activités de divers groupes ibériques, basques, germaniques, ou de ceux venant de pays situés plus à l’est, chez qui la notion d’alpinisme collectif dépasse très largement celle des Suisses. Finalement, c’est à une véritable mise en coupe réglée de la montagne marocaine que nous assistons.  De toute manière, félicitons-nous de pouvoir partager avec tant d’autres montagnards les trésors cachés de l’Atlas. « Rares encore sont les étrangers qui se sont aventurés jusque dans ces vallées reculée », nous signale la brochure publicitaire d’un TO bien connu. « Rares », en effet (4)!

Réjouissons-nous également à la pensée des retombées heureuses qu’aura sur ces massifs une fréquentation touristique toujours plus importante, allant jusqu’à prendre des allures de mini-invasion en période d’affluence.

N’allez surtout pas croire que cela pourrait avoir une influence négative ! Plus de problèmes d’ordre matériel. Au moment de louer guides, porteurs et muletiers, on bénéficiera d’une organisation bien rôdée, déjà en place. Autre résultat positif : les tarifs seront plus élevés. Là où auparavant une poignée de propriétaires louaient parfois leurs montures à un prix raisonnable, aujourd’hui les muletiers auxquels ont fait régulièrement appel sont disposés à monnayer leurs services à des prix qui augmentent sans cesse. C’est ça la loi de l’offre et de la demande. Encore que, dans la mesure où cela profite à l’ensemble des populations…

On se consolera également à la pensée que les tour leaders et autres chefs de caravanes sont des types épatants, tout à fait désintéressés, ne cherchant qu’à couvrir leurs frais, animés par un rien de romantisme qui les pousse à vous faire partager la « découverte » se paysages hors du commun et de populations dorénavant à l’abri de toute atteinte. Populations dont l’accueil ne pourra que gagner en chaleur, en authenticité, devant une fréquentation toujours plus intense. C’est là aussi une loi bien connue.

Et toi, petit randonneur ? Que vas-tu devenir dans tout ça ? Qu’attends-tu pour en être ? Pour faire du trekking, pour partir en « expé » avec un TO ? Tu sais bien que pour être mieux ressentie toute aventure nouvelle doit être vécue en groupe et non pas individuellement !

Tu sais que de nos jours, plus que jamais, c’est la loi du plus grand, du plus fort qui prime. Dans notre monde actuel il n’y a pas de place pour les individualistes ; dans les affaires les petits se font manger par les grands.

Alors ?

                                                                                                                     Michael PEYRON

Pensée du jour (à méditer) :             

Sadly, we who trek are contributing to the change that is taking place in the people of those high valleys.”            (« Nous qui faisons du trekking, nous contribuons, triste constatation, au changement qui s’opère chez les populations de ces hautes vallées.(5) »

NOTES

(1) D’ailleurs, un peu à la manière de la gangrène, le trekking a atteint bien d’autres massifs dont on le croyait exclu à tout jamais, les Pyrénées, par exemple ! À croire que nos sympathiques Basco-Béarnais sont devenus des bêtes aussi curieuses que les Ladakhis. 

(2) La ressemblance avec des noms de TO connus est tout à fait voulue. 

(3) Deux nouveaux TO ont fait leur apparition dans l’Atlas en 1979. L’industrie devient florissante. 

(4) Au moins 300 par an entre 1965 et 1970, et plus de 600 par an depuis. C’est une estimation certainement en-dessous de la vérité. 

(5) Cri  du cœur d’un tour leader anglais. 

Publishing history :

Paru dans L’Écho d’Yquem, n°9 juin 1979, (pp. 37-42). Donnera lieu à une réponse cinglante de Gilles Bordessoule « Faut-il brûler les refuges ? », dans Montagnes Magazine été 1980.

                                                  —————

3/ « ‘Tour Operators’ dans le Haut Atlas : quelques recettes pour accommoder le pigeon » 

Michael Peyron, amoureux de l’Atlas, entre autres choses Président du Club Alpin section de Rabat, a le jarret d’acier et parfois la dent dure. 

Avec une verve cinglante et caustique qui perce sous le docte propos de l’épistémologue, il s’en prend aux marchands de voyages qui ont choisi pour cible le Haut-Atlas marocain. En fait, sous prétexte d’analyse de discours publicitaire, et cet art consommé qu’ont les britanniques pour dire le plus en disant le moins, il démantèle méthodiquement, il équarrit sans merci, il désosse avec entrain le jargon plein de poncifs et parfois de mensonges des proxénètes de la montagne.  Il en a le droit pace que nul autre que lui ne peut prétende à une meilleure connaissance de la montagne marocaine. Il en a le droit parce que ceux qu’il vitupère sont coupables. Ils sont coupables, non pas tellement d’abuser de la crédulité de leurs clients – ce qui relève d’une technique commerciale somme toute banale – mais de violer un milieu socio-géographique qui ne leur appartient pas, à la seule fin d’en retirer un profit pécuniaire. Osez dire que certains sites ne supportent pas la foule, et on vous montrera du doigt comme un vilain égoïste. Nous osons. Bien sûr, les ‘Tour Operators’ qui sont ici dénoncés sont les mauvais du genre, et nous ne rejetons pas l’hypothèse qu’il puisse en exister d’excellents.  N. de la R. La satisfaction des besoins créés par notre civilisation des loisirs a donné naissance à de multiples industries. Une des plus curieuses est certainement celle des fabricants de voyages exotiques et sportifs qui, en promenant leur clientèle aux quatre coins de la planète, ont connu un remarquable essor pendant la décennie 1970. Notre propos sera de cerner leur rôle au sein des montagnes de l’Atlas tout en démontant le mécanisme de mise en condition de la clientèle, en ayant recours à l’analyses de discours. Une fois les thèmes de base établis, le lecteur ne manquera pas d’être frappé par l’apparition d’une véritable mythologie du trekking. Quant à l’examen des retombées sur les populations, ainsi que l’esquisse d’une stratégie pour l’avenir, ces considérations seront reprises lors d’une étude ultérieure. 

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Au fond l’Awlim-Tinergwet, mars 1967 (photo: M. Peyron)

1.1. La création d’un besoin 

Il n’est pas toujours nécessaire au ‘Tour Operator’ (TO) de créer le besoin d’évasion, de « retour aux sources », celui-ci étant pré-existant dans le système. Tout au plus doit-il être à même de déclencher le processus chez le client. Les hebdomadaires à grand tirage, ainsi que les revues spécialisées, vont l’aider en lui fournissant matière à inspiration sous la forme d’articles, émanant parfois de « clients satisfaits », vantant le caractère « sauvage » ou « intact » de telle ou telle région. Il suffit alors au vendeur d’évasion de se enseigner, d’effectuer un rapide repérage de façon à prendre de vitesse la concurrence, et, aussitôt, une nouvelle destination aura été « inventée ». Pour agrémenter l’encart publicitaire ainsi que la brochure illustrée qui vont suivre, les termes même de l’article de revue, catalyseur  de cette réaction enchaîne, seront repris, à peine retouchés, de façon à ce que l’apprenti-trekkeur (lui aussi lecteur de cette revue) puisse reconnaître le dialogue initial. C’est un scénario classique.  C’est par là que va débuter la mise en condition. Celle-ci devra convaincre le candidat au voyage de la valeur inestimable du périple envisagé (Haut Atlas, l’Afrique sous la neige, Anti-Atlas, randonnée au pays des amandiers, etc.), tant du point de vue organisationnel (qualité, sérieux de l’encadrement, déroulement prévu) que sur le plan de la vibration interne, et ceci au moyen d’un savant dosage se paroles sécurisantes, de mises en garde, d’informations où les conseils valables avoisinent demi-vérités et inexactitudes. Enfin, une fois le message enregistré, ce sera dans un état second que notre trekkeur se préparera au grand départ. Il devra être conscient des règles, des signifiants, des interdits, des obligations allant de pair avec cette tranche de mythologie qu’il s’apprête à consommer. C’est le voyage insolite. 

1.2. Perception du message publicitaire initial.Celle-ci doit être déterminante. L’intérêt du client ayant été éveillé, il s’agit de le faire basculer en ayant cours à des formules percutantes et accrocheuses. C’est d’ailleurs un signe des temps. Vu le rétrécissement du marché et l’acharnement grandissant de la concurrence, les opérateurs sont condamnés à l’agressivité dans ce domaine.  La saison estivale étant, par la force des choses, la période privilégié pour le trekking dans l’Atlas, les interventions publicitaires commencent dès l’automne précédent par l’envoi de brochures. La crescendo va se situer vers avril/mai. Il suffit alors de parcourir les pages des principales revues touristiques et montagnardes pour constater l’intensité du matraquage publicitaire auquel se livrent les agences rivales. Leurs conseils en publicité, qui savent quel langage le client désire entende, puisent dans l’arsenal classique des arguments chocs et des stéréotypes usés, en jouant sur les mots clefs :  « Une expérience dont vous vous souviendrez le restant de votre vie ! » (organisme anglais) ;  « Pics enneigés du désert (sic)… villages berbères » (agence américaine) ;  « Fantasia dans l’Atlas… l’éclatement de tout notre être » (agence suisse A) Message suffisant pour faire rêver l’amateur d’évasion. Il peut, cependant, hésiter. Un voyage lointain risque de coûter cher. Mais ce n’est pas le cas :  « Un trek dans le Haut Atlas ne grèvera pas outre mesure votre budget ! » (agence londonienne A)  Voilà une parole rassurante ! Il ne s’agit pas, non plus, de confier son voyage à des gens inexpérimentés, d’autant plus que sévit actuellement le snobisme du recours au professionnel et que, en bon assisté, l’on se déclare incapable d’organiser son propre voyage en amateur. C’est la démission :  « La montagne c’est sérieux ! … choisissez la qualité et l’expérience d’une équipe de professionnels » (agence parisienne A) ; « Refusant la médiocrité nous nous sommes décidés à offrir au voyageur des expéditions sérieusement organisées » (agence anglaise) C’est aussi du bon marketing. Si le client se fait « tirer l’oreille » on a recours à des arguments plus galvaudés :  « Nous recherchons un type particulier de voyageur, intelligent, averti, qui pourra prétendre à une réduction sur tout voyage ultérieur chez nous ! » (agence londonienne B) ; « Trekking dans le Haut Atlas marocain ? Nous vous y emmenons ! » (agence parisienne C)     Le document accompagnant ce dernier message alléchant représente une caravane chamelière cheminant à travers les dunes du Sahara. Comme dans toue publicité, l’écart entre signifiant et signifié est parfois important ! 

1.3.  Définition du produit 

Aux yeux de l’utilisateur éventuel le voyage doit être perçu comme correspondant à un créneau déterminé, aisément identifiable. En outre, malgré la saturation de l’info par les médias, le consommateur est mal renseigné sur l’Atlas marocain. Aussi les programmeurs de l’aventure ont beau jeu d’affiner leur produit en suivant les étapes d’une véritable stratégie. 

1.3.1. Le voyage culturel :  « Il s’agit de marches, mais avant tout, de rencontres (…) la découverte d’une culture, au-delà de son attrait exotique » (agence parisienne C). 

1.3.2. Le voyage d’agrément :  « Nous vous proposons, à une époque où le climat y est agréable, une randonnée-promenade à pied » (agence parisienne B). 

1.3.3. Le voyage inhabituel :  « Une balade saharienne excitante et pleine de soleil dans l’époustouflante lumière du Sud » (agence suisse) ;  « Cette randonnée exceptionnelle vous permettra de découvrir la variété de la montagne marocaine » (agence parisienne A).    1.3.4. Le voyage sportif  « Ascension de six 4.000 m avec de magnifiques descentes à ski » (agence suisse B) ; «  Pour ceux qui sont épris d’aventure, voici l’occasion d’explorer le Haut Atlas ! » (agence londonienne)

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Sommets du haut Zat depuis le Tizi n-Tilst, mai 1967 (photo: M. Peyron)

1.4. Valorisation du produit     Le voyageur désire consommer de grande doses d’exotisme ; il est assoiffé de grands espaces, de temps « forts ». L’énoncé de cette partie du discours va répondre à son attente. Il s’agit de vanter l’inaccessibilité relative de la région visitée, en enveloppant dans un fatras de phrases parfois contradictoires une panoplie de signes, symboles et messages susceptibles d’appâter le chaland. 

1.4.1. Thème de l’isolement et de l’exotisme : L’emploi du mot encore peut être perçu comme argument de vente supplémentaire : hâtez-vous de consommer tel ou tel lambeau de culture montagnarde avant qu’il ne soit pollué par le tourisme. « Région restée à l’abri du modernisme (…) épargnée par le tourisme car difficile d’accès » (agence parisienne A) ;

« Un pays à l’abri de notre civilisation, dont les montagnes sauvages protègent encore les traditions » (guide alpin C) ;

« Un massif volcanique encore préservé », le Jbel Siroua (agence parisienne A).

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Jbel Siroua, mai 1966 (photo: M. Peyron)

                                         TABLEAU I    (Isolement & exotisme)

                                         Pourcentage d’apparition des adjectifs

                                                   (employés plus de trois fois)

___________________________________________________________________________

berbère            25%     ensoleillé          7%       pittoresque       4%

isolé                 10%     inoubliable        5%       verdoyant         4%

splendide         9%       inconnu            4%       étonnant           3%

fascinant           8%       enneigé 4%       farouche           3%

magnifique        7%       exotique           4%       extraordinaire   3%

___________________________________________________________________________

                             TABLEAU II     (Isolement & exotisme)

                             Pourcentage d’apparition des substantifs

                                               (employés plus de trois fois)

___________________________________________________________________________

                        gorges              25%                oasis                7%

                        kasbahs           17,5%             palmiers           7%

                        plateaux           11%                cascades          5,5%

                        lacs                  11%                désert              5%

                        nomades          8,5%               cèdres              3,5%

___________________________________________________________________________

1.4.2. Thème d’une Asie au rabais :

Sans doute dans le but de consoler les trekkeurs disposant de moyens trop faibles pour s’offrir l’Asie, on leur tient le langage suivant :

« Le dépaysement est aussi fort que dans le Haut-Tibet » (guide pyrénéen A) ;

« Les culture en terrasse donnent au paysage un petit air asiatique étonnant » (agence parisienne C).

1.4.3. Thème des gorges :

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R. Proton dans les gorges du Meskeddal, mai 1984 (photo: M. Peyron) 

C’est le déchaînement de la dynamique verbale au service du discours publicitaire :

« Remontée à pied des merveilleuses gorges de l’Akka n-Tarhia » (guide alpin A) ;

« Nous traversons les fabuleuses gorges du Mgoun » (agence parisienne A).

                                        TABLEAU III  (Gorges & temps forts)

                                        Pourcentage d’apparition des adjectifs

                                         (employés plus de trois fois )

___________________________________________________________________________                        

grandioses     23%                merveilleuses    7%         spectaculaires   17%                profondes        6%   sauvages          13%                secrètes           6%               fabuleuses        11%                vertigineuses    6%                                fantastiques     11% 

___________________________________________________________________________    1.4.4. Thème des temps forts : 

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 L’auteur descendant l’Azourki à ski, mai 1983 (photo: D. Dourron)

 

« La descente de l’Azourki (3.677 m) l’une des plus belles du Maroc » (guide alpin A) ;« fantastiques descentes à ski sur neige transformée sous le soleil d’Afrique (agence suisse B) ; 

« Les veillées autour du feu (…) des méchoui faits pour vous » (agence parisienne C). 

1.4.5. Thème de la personnalisation du produit : 

Ce thème est essentiel. Le futur trekkeur doit être frappé par la valeur technique des accompagnateurs qui se sont donné tant de peine pour découvrir et mettre au point un voyage devant être perçu par le touriste comme le sien.     

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« Vos guides sont allés pour vous…! » repérage préalable d’itinéraire, (photo: M. Peyron) 

« Vos guides sont allés pour vous reconnaître et inventer les destinations qu’ils vous proposent » (consortium de guides B, Hautes Alpes) ;  « Nous employons le temps libre durant les vacances pour rechercher ces modes de vie qui subsistent encore » (guide transalpin) ; « Il y a seulement quelques années j’étais le premier étranger à séjourner parmi eux » (opérateur parisien). 

En somme, la prestation de l’accompagnateur doit être ressentie comme étant plus personnelle, sa « découverte » des populations présupposant des liens privilégiés avec le pays. Depuis quelques années les brochures de luxe des grands opérateurs comportent les photos de leurs principaux collaborateurs – que l’on veut le plus souvent de style marginal (barbu, chevelu, « écolo », moustachu) – allant parfois jusqu’à dévoiler tous les charmes de leur anatomie (agence américaine).

Le guide, accompagnateur, ou tour leader, se doit d’apparaître sous un jour très décontracté, « dans le vent », sans, toutefois, que ses qualités techniques puissent être mises en doute. Vision idéalisée d’un paladin de l’aventure moderne, meneur d’hommes tout à fait indiqué pour initier le néophyte aux joies du trekking

« Nos chefs de groupe contribuent au succès de votre voyage » (agence américaine) ; 

« Le succès d’une expédition dépend avant tout des connaissances de la compétence de son chef » (agence londonienne B) ;  « Un guide de haute montagne restera toujours le compagnon idéal du voyageur en pays lointain. » Ce discours tend à sécuriser le client qui, tout en admettant l’aventure, la souhaite programmée sur mesure et sans défaillance, le droit à l’erreur n’étant plus reconnu au professionnel. Voilà où aboutit la mentalité d’« assistés » qui caractérise la clientèle actuelle. Certains TO s’attacheront donc à préciser le pedigree de leurs « spécialistes de l’Atlas » : 1 « Un voyage réussi nous a donné envie de recommence ce raid en compagnie de notre spécialiste du Maroc, AB » (guide alpin A) ;  2 « BC, écossais, 42 ans, écrivain et montagnard professionnel est le spécialiste par définition du Haut Atlas marocain où il a passé plusieurs hivers » (agence américaine) ; 3  «CD, 30 ans, spécialiste de l’Atlas marocain, organise des raids à skis (…) à travers le haut Atlas » (consortium des Hautes Alpes). 

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  Randonneurs dans le piedmont de l’Ayyachi, mai 2002 (photo: M. Peyron)

1.5. Paroles sécurisantes 

Pour nos emprisonnés des grands ensembles citadins quoi de mieux que cette invitation au rêve réalisable sous le signe de la décompression, du confort relatif, et de la sécurité absolue ? le client appréhende, toutefois et d’une manière confuse quelques inconvénients ; la nourriture étrangère, la chaleur oppressante, les efforts à fournir. Ce dernier point, notamment, obsède quantité de voyageurs chez qui la notion de vacances exclut le moindre désagrément. Ces appréhensions sont vite calmées. 

1.5.1. Thème de la facilité et de la sécurité  Par une occultation volontaire de toute idée de risque ce discours souhaite éveiller un écho favorable chez les milliers d’assistés constituant le marché potentiel. « Pourquoi partir en groupe ? Parce que vous bénéficiez (…) d’une sécurité totale » (agence parisienne C) ; « L’itinéraire ne présente aucun caractère de danger et ne quitte pas les pistes muletières » (agence parisienne C) ; « Vacances absolument pas fatigantes, tout se fait dans la bonne humeur, très relax ! » (agence suisse A). 

1.5.2. Thème de la relativité de l’effort  Dans un discours d’une grande homogénéité tout est mis en œuvre pour tranquilliser le client, en particulier par l’évocation de l’utilisation des mulets qui caractère tout trekking digne du nom. À travers la récurrence du mot mulet on devine le soulagement de l’apprenti-trekkeur ; au mieux ce sera le refus d’un certain effort ; au pire, il y aura une bouée de sauvetage.  « Porteurs et muletiers accompagneront parfois notre groupe » (agence américaine) ; « Expérience à la portée de tous, transport du matériel sur des mulets » (guide           transalpin) ; « Il est possible de monter sur les mulets (…) lorsque leur charge diminue » (guide alpin C).                                   

                                            TABLEAU IV                           

                         (la dichotomie effort-repos                                   Pourcentage d’apparition des substantifs                                                (employés plus de trois fois) ___________________________________________________________________________                           L’effort                                               Le repos  ___________________________________________________________________________    randonnée                    15%                village                          24%    découverte                   9,5%               mulets                          20%  

trekking                       7%                  repos                            6%    

aventure                       5%                  bain                             6% 

bivouac                        5%                  camp                           2,5%

___________________________________________________________________________

1.5.3. Thème du cadre horaire

Lors d’un premier voyage, le trekkeur peut avoir de légitimes craintes quant à l’allure de marche de la caravane. Là aussi, donc, il y a lieu de se montrer rassurant :  « Randonnées (…) pour des marcheurs seulement (même débutants) » (agence parisienne A) ;

« L’allure est suffisamment lente » (agence parisienne B) ;

« À allure normale – la nôtre est plutôt lente ! » (guide alpin B).

1.5.4. Thème du rapport chaleur/altitude

À croire que ces trois TO ont consulté la même agence publicitaire ! Jugez plutôt :

« La chaleur du Sud sera tempérée par l’altitude » (agence parisienne C) ;

« L’altitude n’est pas excessive et la chaleur très supportable » (agence parisienne B) ;

« L’altitude moyenne (2.000m) vous met à l’abri des grandes chaleurs de la plaine » (agence parisienne A).

1.5.5 Thème du confort

Les agences s’évertuent à présenter l’inconfort relatif des camps et bivouacs comme tout à fait acceptable :

 

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 « Petit déj » au bivouac des trekkeurs, Saghro, mars 2008 (photo: D. Dourron)

« Nous prendrons notre repas du soir dans une confortable tente mess » (TO parisien) ;

«  Les cuisiniers marocains préparent le repas, du vin sera servi au repas du soir » (agence parisienne B) ;

«  Prévoir in matelas pneumatique ou une plaque de mousse pour isoler votre sac de couchage » (agence londonienne B)  Après huit jours de ce régime spartiate les participants auront sérieusement besoin de se refaire. Aussi, tous les TO ont-ils prévu des nuits de récupération à l’hôtel : 

1 TO programme                     5 nuits à l’hôtel

(agence suisse B)

7 TO programment                  3 «  – «  – «  – « 

3 TO programment                  2 «  – «  – «  – «  

2 TO programment                  1 nuit «  – «  – « 

1.6. Mises en garde 

Malgré le manque de contraintes ou de difficulté qui semble le caractériser, un trekking ne saurait être entrepris à la légère.  L’opérateur doit, par conséquent, exiger du futur trekkeur le respect de certaines convenances.Le premier discours prend pour cible le comportement du trekkeur dont l’attitude envers les populations est trop souvent inspiré du schéma « eux-nous », avec tout ce que cela suppose de condescendance et/ou de misérabilisme.

1.6.1. À propos des populations

« Attention ! une rencontre ne s’achète pas (1)! » (agence parisienne C) ;

«  Soyez prêts à accepter et comprendre sans préjugés des cultures qui sont étrangères à la nôtre » (agence britannique) ;

«  Pas de photographie sans autorisation préalable (…) respecter l’intimité des populations (…) discrétion, politesse, décence d’habillement (opérateur parisien).

1.6.2. À propos de la vie en groupe

Il est certain que la réussite de tout trekking dépend de l’esprit d’équipe de ses membres. Quelles que soient les corvées qu’impose la vie quotidienne, quels que soient les avatars qui puissent surgir, l’amitié et la bonne humeur sont de mise. On cherche visiblement à écarter une certaine clientèle grincheuse, parasitaire, peu motivée, et aimant trop se faire dorloter.

« Vous aurez à vivre pendant 14 jours en groupe avec tout ce que cela comporte de tolérance réciproque ; râleurs s’abstenir ! » (agence parisienne C) ;

« Tous les trekkings doivent être fait à l’enseigne de l’amitié et de l’adaptation » (guide transalpin).

1.6.3. À propos de l’option sportive

Certains organisateurs prévoient le portage du sac à dos dans le cadre d’itinéraires à vocation sportive, donc réservés aux bons marcheurs. Tout malentendu doit donc être évité :  « Raid d’une grand rusticité (…) il faut savoir sacrifier son confort à la recherche d’une aventure exceptionnelle » (guide pyrénéen A) ; 

« Chacun doit être prêt à porter son sac (…) les conditions sont parfois rudes » (agence londonienne A) ;

«  Bien que non-technique, notre marche sera parfois ardue et comportera un peu d’escalade facile ainsi que des pentes de neige peu redressées » (agence américaine).

1.6.4. À propos du choix de l’itinéraire

Aussi parfaite que soit l’organisation du voyage il est impossible de se garantir contre d’éventuels changements d’itinéraire. De ce fait, la souplesse sera de rigueur :

« L’itinéraire n’est pas d’une rigidité absolue et il sera tenu compte des exigences du groupe » (agence londonienne A » ;

«  L’agence se réserve le droit de modifier des détails de l’itinéraire en cas de problèmes » (agence parisienne A). 

1.6.5. À propos des conditions météo 

Il est impossible de commander le beau temps ; on le savait déjà. Certains clients, toutefois, cherchent à rendre responsables les organisateurs en cas d’intempéries, d’où quelques précautions verbales : 

« Nous avons déterminé nos départs en fonction des meilleures conditions climatiques. « Nous ne pouvons, cependant, vous garantir, une temps parfait ! » (agence londonienne B) ; 

« Des pluies et des orages peuvent survenir en toute saison » (guide alpin B) ; 

« Protégez-vous du soleil, très fort en été » (agence parisienne C). 

On relèvera, à cet effet, que le soleil est perçu comme ennemi, plutôt que comme moyen de bronzage. Dans la liste du matériel à emporter tous les TO, d’ailleurs, préconisent lunettes de soleil, crème, ainsi que chapeaux à larges bords. 

1.6.6. À propos des risques et responsabilités  Sans procéder à un examen détaillé des conditions d’inscription des différentes agences, on constate qu’elles prennent de solides précautions. De plus, cette parie du discours abordant l’aspect désagréable de l’opération (accidents, blessures, décès éventuel) figure en dernière page en caractères d’imprimerie minuscules. En tout état de cause, la plupart des opérateurs français se conforment aux prescriptions de la loi du 11 juillet 1975 et du décret du 28 mars 1977 quant à la responsabilité civile. D’une façon générale on conseille diverses vaccinations au trekkeur et l’on exige qu’il souscrive une assurance accident et/ou maladie-rapatriement. Si auparavant on a pu lui vanter le côté facile et peu hasardeux des choses, on lui rappelle qu’une randonnée n’est pas forcément exempte de tout risque, d’où contradiction ! « Toute expédition comporte un élément de risque (…) nous dégageons toute responsabilité quant aux pertes, dégâts, blessures qui pourraient s’en suivre » (agence britannique) ; « Aucune responsabilité n’incombera à la compagnie au cas où le participant viendrait à mourir » (agence londonienne B). 

Quant à une agence américaine, elle joint tout simplement une décharge complète de responsabilité au formulaire d’inscription figurant dans sa brochure. 

1.7. Participation 

Le trekkeur fuit les voyages organisés sur les circuits classiques, c’est une affaire entendue. Il ne veut pas pour autant partir seul. De l’avis même d’un organisateur parisien il existerait un seuil inférieur à ne pas dépasser : « Il est certain que la forme de voyage qui plait aux Occidentaux c’est le groupe de 10-15 personnes. (2)» Qui plait aux organisateurs, aussi, car il est difficile d’assurer la rentabilité de l’opération si l’on « tourne » à moins de 10 participants. Certains prestataires de service se réservent d’ailleurs le droit d’annuler un départ si le chiffre minimum (8-10 participants) n’est pas atteint. D’un autre côté, c’est souvent aussi le nombre minimum de passagers qu’exigent les compagnies aériennes pour justifier l’octroi de la réduction de groupe.

 

1.7.1. Nombre moyen des participants 

La moyenne générale est de 12 participants par groupe. Cela varie entre les 9 « anti-touristes » de l’agence suisse A et les 2O, personnes maximum de l’agence suisse B, en passant par 8-15 personnes de l’agence parisienne B, ceci sur un ensemble de 16 TO consultés. Ces chiffres, cependant, ne donnent qu’une idée imparfaite de l’effectif total de chaque caravane. À la douzaine de touristes il convient d’ajouter l’accompagnateur européen, le guide marocain et entre 8 et 12 muletiers, dont certains feront office de cuisiniers (3).  En définitive cela fera une bonne trentaine de personnes évoluant sur le terrain ; présence ô combien discrète !

1.7.2. Restrictions d’âge et de sexe Certains TO britanniques semblent vouloir imposer une sorte de sélection par l’âge :« âge moyen 18-40 ans (pas de limite d’âge) » (agence britannique) ;

« Participation féminine à 45% ; âge moyen 28 ans (entre 18 et 35) » (agence du Wiltshire).

Par contre, chez ce dernier TO on relève une phrase qui dénote l’existence d’une véritable discrimination : « Si vous avez plus de 40 ans, veuillez nous contacter avant de vous inscrire ». En clair, « vieilles badernes s’abstenir ! » Inversement, les organisateurs cherchent avant tout à s’attacher une clientèle jeune, plus apte sà faire face aux inconvénients du voyage ; ceci surtout dans les périples comprenant de longues étapes en véhicule tout-terrain.

Chez l’agence londonienne B la répartition des sexes privilégie les femmes (60% des participants) et « nous aimons imposer une limite supérieure d’âge de 40 ans ».

Ces voyages seraient-ils prévus sur mesure pour célibataires en mal d’affection ?

Le discours de l’agence suisse A ne semble guère laisser planer d’équivoque à ce sujet. Mieux, il viserait le créneau « époux harassés ». Il n’y est question que de douches en tenue d’Eve ou d’Adam, (avec photos à l’appui), de « charges érotiques » (sic) et d’autres subtils sous-entendus évocateurs de coucheries extra-maritales.

Les organisateurs sont, dans l’ensemble, assez larges en matière de limite d’âge : limite inférieur 17 ans environ, mais pas de limite supérieure. Tout au plus peut-on exiger un  certificat médical de tout participant ayant dépassé les 65 ans ; autre ment, on s’en remet au bon sens de chacun, ou à l’avis de son médecin.

2.
LA MYTHOLOGIE DU TREKKING

2.1. La préparation du voyage

On a souvent tendance à projeter directement les touristes dans un milieu aussi inhabituel que nouveau. La mise dans le bain est fort brutale, la préparation quasiment nulle. À cet effet, on ne saurait trop souligner combien la préparation, autant psychologique que physique, revêt une importance capitale dans une entreprise de ce genre.

Ce point semble avoir échappé à certains opérateurs encore trop avares d’informations sur le voyage, ou de conseils quant aux lectures appropriées. Dans bien des cas, ils évitent de faire allusion à l’existence de documents (topos, articles, etc.) ou de cartes ayant trait çà la région visitée, car cela risquerait de rendre le client autonome. Et pourtant, de l’aveu même d’une agence parisienne : « un voyageur informé en vaut dix ! »

2.1.1. La préparation physique

La perspective de jouer les nourrices auprès d’une caravane d’éclopés constitue le cauchemar du chef de groupe. Dans la réalité, il aura parfois à rameuter e,n douceur les inévitables traînards ou autres ambitieux ayant présumé de leurs forces. Les avis, cependant, sont assez nuancés quant au degré de préparation voulu :

« Être en bonne forme physique » (guide alpin A + agence parisienne A) ;

« Pour éviter d’avoir à les trimbaler par monts et vaux, débarrassez-vous de vos kilos supplémentaires avant le départ ! » (agence londonienne B) ;

« Si vous n’avez pas encore fait de randonnée, il faut vous y mettre ! Sortez chaque fin de semaine et faite une demi-heure de marche par jour pendant un mois avant le départ » (agence américaine).

2.1.2. La panoplie du parfait trekkeur

Le trekkeur, en tant que produit d’exportation de la société des loisirs, est de mieux en mieux connu des habitants du Tiers Monde. Il est plutôt aisé d’en dessiner le portrait-robot. le bon goût ( ?) actuel semble exiger du trekkeur qu’il ait la démarche facile et décontractée ; qu’il affecte un léger débraillé : short, T-shirt publicitaire, foulard bigarré. Le sac, de préférence d’un coloris vif, sera solidement calé sur le dos (à moins qu’un mulet ne le porte !) ; l’indispensable appareil photo sera porté en bandoulière, tandis que les lunettes sombres et le couvre-chef fantaisie viendront couronner l’édifice.  En revanche, une certaine confusion semble règner au niveau des chaussures :« Chaussures genre ‘super-guide’ qui maintiennent bien la cheville (pas de pataugas) » (association touristique française) ;

« Nous vous conseillons des chaussures de marche du genre ‘pédule’ à semelle vibram, ou des pataugas ( !) » (agence parisienne B) ;

« Prenez de bonnes chaussures (adidas ou pataugas) » (agence suisse A) ;

« Chaussures de marche en cuir déjà portées » (agence parisienne A).

Ce dernier conseil, bien entendu, doit éviter au trekkeur en herbe le calvaire de marcher avec ampoules. On peut d’ailleurs juger de l’importance des chaussures dans l’équipement, vu que c’est souvent par cet achat – premier signe-objet par lequel il va participer à la mythologie du trekking – qu’il commence ses démarches.

D’autres articles indispensables vont apporter leur contribution au vécu de la période préparatoire : le chapeau de soleil, les lunettes foncées, la crème solaire, la tenue dite saharienne, la gourde. Sans oublier le réconfort que représentent les boissons alcoolisées, et ce au risque de choquer les habitants musulmans de l’Atlas. À ce propos, le discours devient confus :

« Pensez à acheter dans les aéroports en partant une bouteille d’alcool en free-tax très appréciée le soir » (agence parisienne A) ;

« L’eau de la région traversée est parfaitement saine (…) en aucun cas de l’alcool, sauf à Marrakech où toutes les boissons sont disponibles » (agence parisienne C) ;

« Au free-shop du départ, pourquoi ne pas prendre une bouteille de cognac ou autre ? Si, si, c’est une très bonne idée… » (agence suisse B).

L’appareil photo, nous l’avons vu, occupe une place de choix dans la panoplie du trekkeur (pour mieux violer l’intimité des populations, n’est-ce pas ?), au point de figurer chez certains sur la liste du matériel obligatoire (guide alpin C). Pour d’autres, la boîte à images n’est qu’accessoire facultatif.

Alors qu’un des TO les plus en vue semble cautionner chez ses randonneurs le port du blue-jeans effrangé, quelques-uns insistent tout de même sur une tenue correcte (guide alpin B, agence parisienne C). Et dans tout cela, bien entendu, les considérations commerciales ne perdant jamais leur droit, on en profite pour promouvoir tel ou tel article : sac de couchage suisse parce que de meilleure qualité (agence suisse B), ou alors la ceinture porte-feuille anti-vol de marque « Trekking » (noblesse oblige !), parfait gadget par définition, dont l’apprenti- trekkeur ne saurait se passer.

2.2. La philosophie du trekking

Le dernier exemple cité est révélateur de tout un état d’esprit, aux contours flous, qui entoure le concept du trekking. En effet, au fur et à mesure que s’est perfectionnée l’industrie du voyage exotico-sportif, on a pu assister à la lente éclosion d’une véritable mythologie.

Si d’une côté elle se traduit par la consommation d’articles appropriés et perçus dans un contexte donné, par ailleurs elle se manifeste par le biais d’un discours traduisant une véritable pensée. Pensée qui n’a, du reste, rien de spontané, vu qu’elle est fabriquée de toutes pièces par les inventeurs de destinations avec la complicité tacite des marchands d’articles de sport. Disons sans cynisme que les publicistes ont cru cerner les limites d’un besoin réel, celui de l’évasion hors du béton et des embouteillages vers une terre de rêve, et qu’ils ont fort bien compris le langage qu’ils devaient tenir afin de convaincre leurs futurs pigeons.

2.2.1. La note passionnelle du voyage

L’exemple suivant représente, à n’en point douter, l’archétype du genre :

 

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La « magie du Grand Sud » basée sur kasbahs & palmiers, Skoura, mai 1967 (photo: M. Peyron)

« Le décor unique et grandiose de l’Atlas. Des ‘ksour-oasis’ oublies et splendides d’architecture. Et puis la magie du Grand Sud : le Tafilalet et son faire-rêver (…) Les nomades (…) les chameaux et le couscous et le méchoui. Sans parler du caractère unique de la nuit saharienne où l’on croit entendre Saint-Exupéry » (agence suisse A).

Discours concis, percutant et réunissant tous les supports d’une certaine mythologie, au risque de tomber dans le cliché ou de frôler le délire ! 

 2.2.2. La profession de foi du trekkeur

S’il y a mythologie, cela suppose une mystique. Voici un exemple qui résonne tel un véritable credo. On y remarquera, toutefois, un discours sous-jacent légèrement teinté de discrimination, le trekkeur étant une bête supérieure qui mérite son droit à la différence : « Je suis jeune, j’ai le goût de l’aventure, je suis prêt pour le grand départ vers l’inconnu, vers des lieux dont le touriste moyen n’a jamais entendu parler, et que selon toute probabilité il ne souhaiterait pas visiter » (agence londonienne B). 

2.2.3. Découverte et disponibilité  D’autres messages nous parviennent qui traduisent une philosophie du voyage où la découverte, la disponibilité et le sens de l’aventure occupent une place prépondérante. Découverte, non seulement de paysages , mais aussi des populations, le folklore n’étant jamais perdu de vue. C’est la recherche du « contact » ou de la « rencontre », thème galvaudé par les brochures des TO, mais rarement réalisé façon satisfaisante. 

« La réussite de votre voyage sera à la mesure de votre envie de découverte, de votre disponibilité, de votre amour de la marche » (guide alpin A) ;  « Ces voyages sont réservés à ceux pour qui le mot découvrir a encore un sens (…) j’ai tenté de mettre ce pays à votre protée sans supprimer l’aventure » (guide alpin A) ; « Le trekking (…) c’est avant tout connaître les peuples portant en eux les mystères d’antiques civilisations » (guide italien).  2.2.4. La justification du trekking  Pourquoi, au juste, les gens font-ils du trekking ? Les raisons invoquées sont parfois plutôt prosaïques ; dans d’autres cas elles ressemblent fort à des arguments commerciaux exprimant le besoin de fuir l’environnement urbain:  « Les gens veulent s’évader et vivre très simplement, se contentant de manger, de marcher, de dormir. À la fin du trek, la plupart des participants éprouvent une satisfaction approfondie devant l’effort accompli » (agence londonienne B) ; 

« Si vous cherchez à échapper quelques temps à la frénésie de la vie moderne, rien de tel pour vous détendre qu’un tek en montagne » (agence londonienne A) ; 

«  Nous espérons que cette année vous saurez quitter boulot, télé, dodo pour vous joindre à nous, les pourvoyeurs de l’aventure, à l’occasion d’un voyage plein de sensations fortes » (agence américaine).  Le message suivant, par contre, précise bien de quelles « sensations fortes » il s’agit, et nous fait pénétrer de plain-pied dans le domaine du mythe, ou, plutôt de la mythologie qui entoure le trekking dans l’Atlas marocain : 

« Notre trek en lui-même, ainsi que l’approche du monde berbère qu’il suppose, vous procure des sensations d’une grande intensité, avec comme apothéose l’ascension du Mont Toubkal, 3ème sommet d’Afrique ( !) avec ses 13.883 pieds » (agence londonienne B). 

2.3. Le mythe du Toubkal  Le Jbel Toubkal (4.167m) occupe une place de choix dans  cette mythologie étant donné qu’il s’agit du point culminant du Maroc et de l’Afrique du Nord, ainsi que nous le font remarquer huit TO. Celui qui le qualifie, un peu hâtivement, de « 3ème sommet d’Afrique » oublie simplement une demi-douzaine d’autre sommets africains qui pourraient mériter ce titre. Petite inexactitude bien commode qui ne vise qu’à valoriser le produit afin de mieux appâter le pigeon. Fort élégamment d’ailleurs, l’agence en question décline « toute responsabilité quant aux éventuelles imprécisions » que pourrait contenir sa brochure ! Ceci en dernier page et en petits caractères, comme il se doit.  Ce qui en dit long sur le sérieux de l’agence en question…

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Massif du Toubkal vu d’Asni (photo: M. Peyron)

2.3.1. L’approche du Toubkal  Le Toubkal étant perçu comme l’apothéose d’un tek, on sent très nettement que les organisateurs dosent l’effort du groupe pour mieux préparer leurs clients en vue de cette ascension suprême. C’est avec un mélange de crainte et de respect que le trekkeur doit aborder ce sommet.  Les premiers jours, des « randonnées passionnantes » permettent de rompre les ponts avec la civilisation en proposant aux participants de l’aventure avec un A majuscule.

Puis c’est l’arrivée à pied d’œuvre au Refuge Neltner (3.207m), l’anti-chambre du Toubkal, « cabane non exploitée » et « d’une grand simplicité » (agence suisse B), ce qui est inexact, ce refuge étant régulièrement fréquenté et gardé c’est donc volontairement que s’installe une ambiance « expé » avec son langage approprié (4): 

« La cabane, qui nous servira de camp de base, offre de bonnes conditions d’acclimatation » (agence suisse B) ; 

« Nos préparatifs achevés au Refuge Neltner, nous ferons une tentative en direction du sommet du Toubkal » (agence londonienne). 

Enfin l’heure fatidique va sonner, on va pénétrer chez les Dieux de la montagne. Un air d’épopée himalayenne plane sur la caravane. On sent l’issue incertaine, l’entreprise non-dépourvue du parfum de l’aventure. Le Toubkal, il faut « se le gagner » !