Michael Peyron’s working papers IIb : « Le tourisme de montagne en question

Posté par Michael Peyron le 1 octobre 2010

Le tourisme de montagne en question :

les Tour Operators (TO) dans l’Atlas

marocain      

Papiers rédigés par Michael Peyron sur ce sujet entre 1979 et 2006 

(avec remise à jour en 2010)

Nous espérons que le lecteur appréciera ces articles qui démontent impitoyablement le discours publicitaire des TO, tout en dénonçant leurs agissement néfastes (tourisme de masse, voyeurisme, choc des cultures, etc.) dans l’Atlas marocain. Plus encore ils marquent le combat acharné, rarement démenti, que l’auteur livre depuis trois décennies aux limonadiers de l’aventure et leur logique mercantiliste !

 Sommaire

1/ « Un trek sans tracas dans l’Atlas, ça me va ! » (2006)  2/ « Petit randonneur tu seras mangé ! » (1979) 3/ « Tour Operators  dans le Haut Atlas : quelques recettes pour accommoder le pigeon » (1982) 

4/ « ‘Défonceurs’ de piste et mythes de conquête » (1999)

5/ « Le crédo du randonneur engagé » (2001)

6/ Recension d’ouvrage : Cahiers géographiques de Lahsen Jennan (2006)

                                                 ————— 

135tirghist.jpg

Tirghist & le Fazaz, sep 1998 (photo: M. Peyron)

1/ « Un trek sans tracas dans l’Atlas, ça me va ! » 

Phrase type, reflétant la mentalité d’assisté du voyageur moderne et qui pourrait être tirée de la pub d’un de ces « Tour Operators » (TO), spécialiste de l’Atlas marocain, dont il est question ci-après dans une série inédite d’articles traitant des retombées qu’ont ces voyagistes sur les populations locales. Travail critique attribuable à Michael Peyron qui, bourlingueur des sentiers de Taroudant à Taza et fervent défenseur du monde amazighe, n’a ménagé aucun effort pendant 27 ans pour dénoncer les agissements néfastes des limonadiers de l’aventure.

Action méconnue, incomprise par ses contemporains, ayant valu à son auteur d’être montré du doigt et tenu à l’écart, autant par des responsables du développement durable, des promoteurs de tourisme en 4×4, et des éminents chercheurs universitaires, qu’au sein même de l’association bénévole dont il faisait partie. Car sa démarche dérange, ne cadrant pas avec une pensée unique selon laquelle cette évolution touristique est normale, inéluctable.

De combien de noms d’oiseaux s’est-il vu affubler pour avoir voulu faire cavalier seul (« facho », « mégalo », « pourfendeur attitré des TO » ; « Don Quichotte de l’Atlas », etc.); pour avoir osé entraver l’avance inexorable et triomphante de l’économie de marché, grâce à laquelle aucune activité sportive, aussi modeste soit-elle, n’est censée échapper au contrôle des mercantis de ce Bas Monde.

Ses premiers articles (années 1979-1990) expriment l’indignation légitime d’un habitué de la randonnée pédestre, sport qu’il pratique dans le Haut Atlas en amateur éclairé depuis 1964. Il ne peut accepter ceux qui, avec leurs appareils photos et leurs gros sabots, viennent profaner le sanctuaire, exploiter les populations amazighes. Aussitôt, il fustige l’arrogance des TO, qui, à des fins commerciales, sans penser un instant aux fâcheuses conséquences de leur action, excitent chez leurs clients une soif du dépaysement et de l’authentique à travers le discours combien confus et factice de leurs brochures publicitaires. Qui n’hésitent pas à reprendre à leur compte les descriptions de courses contenues dans La Montagne & Alpinisme,  revue nationale du CAF, et véritable vivier potentiel de clients. Situation ambiguë où le club en question, tout en prônant le bénévolat et l’effort gratuit, ouvre largement ses pages à la pub des professionnels de l’évasion.

C’est ce qui a poussé Peyron à proposer une démarche plus authentique : une philosophie du voyage individuel basée sur l’humanisme et la disponibilité, sur une approche résolument respectueuse des populations de l’Atlas, à l’exclusion de tout misérabilisme ou voyeurisme, afin de « défolkloriser » la montagne berbère. En amenant ses collègues européens à se dessaisir de leur mentalité d’assistés, à se prendre en charge pour mieux tirer parti de leur expérience marocaine. Pour cela il leur fallait être autonomes.

C’est donc à leur intention qu’il a rédigé des topo-guides : d’abord en langue française, puis en langue anglaise, afin de susciter des vocations à parcourir ces belles montagnes. Pour qu’ils ne partent  pas au sein d’un lourd troupeau d’illustres inconnus avec soutien muletier, plus comportement moutonnier, chacun dans sa petite bulle. Pour qu’ils soient des randonneurs libérés, en compagnie de quelques ami(e)s triés sur le volet, évoluant harmonieusement le long de la « Grande Traversée de l’Atlas Marocain » (GTAM) – projet dont il fut un des initiateurs – dans l’axe de la chaîne, au contact des populations et ayant sur le milieu socio-culturel des retombées minimes. Non content d’animer de petits groupes de 3-4 participants dans le cadre des sorties montagne du CAF-Rabat, et des reconnaissances des tronçons de
la GTAM, il organisera, en outre, des voyages pour CAFistes de France (1981-1982), enlevant ainsi une part infime du marché des TO !

torecce1.jpg

   Pause sur le plateau des Ayt ‘Abdi, au fond le Jbel Tafraout, juillet 1980, (photo: M. Peyron)

 

La deuxième phase (années 1990-2001) marque, en quelque sorte, une accalmie. Peyron se rend bien compte qu’en définitive ses topo-guides, ses articles, ses conférences, restent essentiellement sans effets; seule une minorité d’usagers épouse ses thèses. La majorité, quant à elle, indécrottable, continue à frayer avec les TO ! Devant cet état de choses, il réfléchit, il observe la scène montagnarde marocaine, devient moins virulent dans sa critique, amorce quelques actions consensuelles.

Un examen attentif de la situation sur le terrain lui permet, par ailleurs, de constater qu’en définitive – maigre consolation – la contamination touristique est circonscrite à quelques régions ; de plus elle obéit à une logique saisonnière. Les TO, aidés en cela par la pub qu’ils font paraître dans les publications spécialisées, se livrent à une savante mise en condition de la clientèle ; programment le Toubkal, le Mgoun, ou les environs d’Imilchil en été, période qu’ils ont l’audace de qualifier d’idéale (!) ; le Siroua ou le Saghro à l’automne et au printemps. Par ce biais, les TO semblent se cantonner dans quelques circuits classiques ; pour des questions de rentabilité il est difficile d’intéresser le randonneur lambda à des variantes, à d’autres destinations marocaines. Encore mieux, certaines régions sont boudées par les trekkeurs; ainsi est-il de la région Tounfit-Imilchil qui ne figure plus à l’itinéraire de bon nombre d’agences pour des raisons sécuritaires, paraît-il.

Puis, en vertu du proverbe britannique, if you can’t beat them, join them, Peyron ira jusqu’à tenter un timide rapprochement avec un TO lyonnais, espérant pouvoir organiser une ou deux rotations auxquelles il aurait imprimé sa vision très personnelle du voyage culturel dans l’Atlas, histoire d’influencer les choses à sa façon. Toutefois, devant la tiédeur et le manque d’imagination du TO en question, l’expérience tournera court. Une nouvelle revue de voyage, Trek Magazine, voit le jour à Grenoble. Y voyant un moyen de faire entendre sa voix, il propose aussitôt ses services à la rédaction, écrit quelques papiers  pour une livraison spéciale sur l’Atlas marocain, expose sur leur site Web sa théorie de la rando. Encore mieux, Gilles Bordessoule, dont il avait critiqué en 1980 l’appartenance à la mouvance des TO, l’invite à publier une version remaniée de son topo-guide sur la GTAM. Bref, Peyron met de l’eau dans son vin, se laisse en apparence amadouer.

Quant à son activité sur les sentiers de l’Atlas, elle ne diminue pas ; elle suit désormais un axe différent – celui de la culture amazighe. Il organisera chaque année des balades de 4-8 jours avec des compagnons marocains issus du milieu montagnard, parfois aussi en compagnie d’amis européens. En se focalisant sur le Haut Atlas oriental, sur le Moyen Atlas.

De ses séjours printaniers à Ifrane, toutefois, de quelques voyages dans la région Midelt-Imilchil et dans le massif du Toubkal, il reviendra persuadé qu’en montagne la situation ne fait que dégénérer. L’ensemble des méfaits du trekking imputables aux TO, tels qu’il les avait prédits en 1979-1982, se réalisent : sur-fréquentation, pollution environnementale, choc culturel, apparition du syndrome du visité (gosses quémandeurs), appauvrissement du tissu social et du cadre bâti, désorganisation de la vie rurale classique, altération de l’hospitalité traditionnelle, paupérisation galopante de la montagne amazighe.

Il est évident que plus que jamais, par leurs voyages répétés, les TO travaillent à leur propre perte. À force d’être galvaudés, piétinés, les sites en perdent leur charme spécifique. Un argent apparemment facile et inégalement réparti détourne le berger de son troupeau. Le cultivateur n’attelle plus son bourriquot à la charrue ; il préférera se faire muletier chez un TO. Écroulés les igherman ; abandonnés les champs en bordure d’oued ; vendus les noyers, jaunis et empierrés les pâturages. En montagne, si l’on y prend garde, ça pourrait bien être le commencement de la fin…

De plus, l’action polluante des agences de trekking se trouve aggravée, dépassée, par la prolifération des raids en 4×4, des motos, des « quads », dont les ténors sont assez peu sensibles aux considérations environnementales ; bientôt, aucune vallée de l’Atlas ne sera à l’abri de leur encombrante présence ! Chaque année, dès la semana santa en Espana, c’est l’interminable défilé nord-sud des 4×4 ibériques ; suivis de leurs collègues britanniques, ainsi que gaulois. On peut les suivre à la trace ; retrouver des vestiges de leurs bivouacs aux sources de l’Oum Rbia’, à Agelmam Sidi Ali, autour des lacs d’Imilchil. Pour Peyron, c’est la fin du compromis ; il en revient dès 2001 au radicalisme.

Quatre papiers, pondus à Ifrane (2002-2005), dénoncent l’immobilisme, plaident en faveur de l’éco-tourisme, perçu comme moindre mal, seule solution à même d’écarter l’issue fatale. Il faut sensibiliser les jeunes marocains, favoriser chez eux dès le plus jeune âge une image positive de la nature. C’est leur pays, après tout ; à eux d’agir par la suite. Peyron participe, ainsi, dans le cadre des activités de l’Université Al-Akhawayn, à des journées d’action sur l’environnement, encadre des équipes de lycéens pour nettoyer le Val d’Ifrane ; organise des sorties « sensibilisation à la nature » avec professeurs et étudiants (2004- 2009).

Tardivement, certains TO, eux aussi, tirent la sonnette d’alarme : « Si l’on continue comme ça, on va dans le mur ! » Ils cherchent alors à se donner bonne conscience ; en évoquant un tourisme « diffus », « doux », « durable », « équitable », ou « responsable », lequel, d’un coup de baguette magique, deviendrait respectueux des populations et de l’environnement. Et chacun de vouloir responsabiliser sa démarche ; d’y aller de sa déontologie environnementale, de sa charte de la montagne, ou autre tartufferie. Faux-fuyants et bricolage que tout cela ! 

À vrai dire, tant que la logique marchande tiendra le haut du pavé, tant que les textes sur le respect de l’environnement ne seront pas appliqués sur le terrain, on n’en sortira pas. Tant qu’au Maroc un réel effort de sensibilisation écologique ne sera pas entrepris, dès l’éducation primaire, le milieu naturel continuera à subir des atteintes qui pourraient s’avérer irréversibles à moyen terme. Des conférenciers cravatés en complet veston auront beau étaler leurs idées bien intentionnées ; évoquer la mise en place d’un tourisme respectueux des populations et du milieu naturel ; dans l’absolu, rien ne se fera. 

État des choses qui risque de perdurer quelques temps encore. Chaque année on descendra du Toubkal des sacs poubelles regorgeant d’ordures. Les TO continueront aveuglément à creuser leur propre tombe. Les communautés montagnardes, éprises d’un léger mieux-être que leur procure la modernité, chercheront dans le béton, le butagaz, le burtabl, le goudron et le plastique un bien illusoire salut, en attendant d’abandonner leur haute vallée. Les touristes, quant à eux, ayant inconsciemment contribué au saccage d’une destination, rangeront sagement leur appareil de photo numérique dans le placard, oublieront égoïstement le Maroc, et, en attendant les prochaines vacances, fouilleront les brochures des TO à la recherche d’un nouveau site « vierge » à mettre à mal.

michael.peyron@voila.fr 

Grenoble, octobre 2010               

                                           

2/ « Petit randonneur tu seras mangé ! » 

68surlesartesdelerdouz.jpg

R. Proton sur les arêtes de l’Ouirzan, massif de l’Erdouz, jan 1969 (photo: M. Peyron)

Chers amis randonneurs, CAFistes qui quadrillez inlassablement l’Atlas, sachez-le une bonne fois pour toutes : vous n’êtes plus à la page ! Mais alors pas du tout. Il va falloir vous recycler… 

Que vous le veuillez ou non, il vous faut sacrifier au conventionnel. Désormais, chers amis, ce ne sont plus des randonnées que vous effectuez, mais des trekkings !! L’ordre en est venu de la plus haute autorité.

Réunis en conclave dans leurs bureaux de Paris, de Londres, ou ailleurs, tout à la joie de pondre leurs édits, de définir leurs produits, d’élaborer d’alléchantes brochures en couleur, les grand prêtres de l’aventure lointaine et exotique en ont ainsi décidé. Car ce sont eux maintenant qui donnent le ton.

Mais ne prenons pas ombrage de la désinvolture avec laquelle ces messieurs du voyage organisé ont statué sur notre sort, ont cherché à classer nos activités sous une autre dénomination. Sans nous consulter, bien sûr ! La dynamique du verbe, cependant, étant ce qu’elle est (l’influence anglo-saxonne, aussi) nous devrons nous y résigner(1).

Et pourquoi, au juste, qualifier la marche sportive de trekking ? Le vocable trek serait plus précis, trekking signifiant l’activité elle-même. Ainsi pourrait-on dire : « je pratique le trekking » (notion générale), mais, « je viens de faire un trek autour du Toubkal ».

Et pourquoi, après tout, délaisserait-on des mots appropriés tels que « randonnée », « raid », ou « balade » ? Ce dernier, que beaucoup écrivent « ballade » par nostalgie lyrique, sans doute, est délaissé au profit d’un mot bâtard emprunté par les Anglais aux Sud-Africains à l’époque coloniale et ramené au goût du jour au Népal depuis une vingtaine d’années. 

Peut-être doit-on expliquer ce refus d’employer le mot français par ce qu’il convient d’appeler le snobisme de l’emprunt linguistique. Justement, dans le cas précis du mot qui nous concerne, le phénomène fonctionne dans les deux sens. Karrimor, le fabricant anglais bien connu, n’a pas hésité à baptiser un de ses sacs à dos du nom de « Randonneur », alors son concurrent français Lafuma lançait le modèle « Trekking » ! Après quoi, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle…

Tout ceci pour vous dire, petits amis randonneurs reconvertis au trekking, qu’il va falloir vous pousser un peu. Ne permettez plus que l’on vous accuse d’exercer un monopole de l’Atlas ! Allons. Ne soyez pas égoïstes. Faites de la place à vos innombrables collègues qui ont déferlé, déferlent encore, ou vont continuer à déferler le long de sentiers de ces chères montagnes. Vous qui vous plaignez de la solitude, vous allez être comblés.

« Eh ! Vous là-bas ! Le spécialiste du bivouac en bergerie ! Il faudra se montrer plus sociable, n’est-ce pas ? Et ne plus vois baigner à poil dans les torrents. Surtout s’il y a des dames… » Au contraire, tâchons de faire bon ménage avec la clientèle de « baladeur Tours », ou de « Fab Treks » (2). Après tout, quelques part dans l’Europe des brumes et de la pluie ces assoiffés de soleil ont effectivement « acheté » l’Atlas. Il faut bien qu’ils en aient pour leur argent…

Cherchons, à présent, à y voir un peu plus clair. À qui avons-nous affaire ? Vers quelles régions, et à quelle époque devons-nous nous mettre en route si nous voulons rencontrer ces sympathiques visiteurs ?

Ce sont pour la plupart des marcheurs anglais, français, et suisses. Deux régions du haut Atlas semblent les préoccuper essentiellement :

 

107meldsen1.jpg

R. Mertz & J. Du Mazeau-Brun, Dayet n-Iferd, pied du Meldsen, fév 1969 (photo: M. Peyron)

            1/ Le massif du Toubkal ;

            2/ Le Haut Atlas « des expéditions » entre Zaouit Ahanal et
la Tessaout.

La région Ayyachi-Maasker avait bien été programmée une fois lors de l’hiver 1974-75, mais la tentative avait été avortée faute de neige. En revanche, cette année, un organisme récemment créé annonce du ski de randonnée en février dans cette région.

Autre innovation : un des TO les mieux connus inaugure des randonnées autour du Jbel Siroua pendant les premier mois de 1979.

Les saison privilégiées semblent demeurer le printemps et l’été, mais il est amusant de constater qu’aux moins deux des TO les plus en vue ont retardé jusqu’en juin les dates de leur rando en raison des caprices de la météo. Faute de neige, certains ont renoncé purement et simplement à prévoir des raids à ski.

Voyons maintenant où se portent les efforts principaux et dans quel esprit sont entrepris ces raids.

Nos amis helvétiques affectionnent tout particulièrement le Toubkal entre mars et avril ; ils semblent être partisans du plus grand nombre (groupes de 15-30 personnes) sous l’égide de trois organismes différents. Décidément, l’Oberland et la Bernina ont dû perdre bien de leur charme…

Et vous, Messieurs les Anglais ? Là aussi, c’est principalement le Toubkal et ses alentours qui vous attirent entre mars et octobre. Vous venez un peu moins nombreux pour vos Atlas Mountain treks (à partir de huit personnes) mais à une cadence bi-mensuelle et ce sont trois TO surtout qui interviennent. Cette année, un quatrième, émanant d’un organisme mondialement connu, vient de se mettre sur les rangs. Sans parler de bien d’autres circuits qui prévoient un petit détour par Imlil dans le cadre d’un three-week Morocco tour, ou d’un action holiday, que ce soit en Land-Rover ou en bus londonien . 

Le support publicitaire est intense, parfois inquiétant :

« Join us… you’ll never be the same again! » (« Joignez-vous à nous…  vous ne serez plus jamais le même ! »).Parfois le message est erronné :

« Our expedition crosses the Atlas mountains by the breath-taking Tizi n’Test pass in an area renowned for its surviving wild boars ! » (« Notre expédition franchit l’Atlas par l’impressionnant Tizi n’Test, région célèbre par ses sangliers rescapés! »).

Des sangliers, on en tue au Maroc, certes, mais tout de même pas à ce point-là, n’est-ce pas, messieurs les chasseurs ?!

On met l’accent sur les kasbahs, les palmiers et le désert tout proche avoisinant ces neiges un peu incongrues. La clientèle est plutôt jeune, variée : style minet/minette, bob, Tee-shirt publicitaire, short ou jean, ou bien le foulard enroulé autour de la tête à la Lawrence d’Arabie. L’organisation, quant à elle, se veut sérieuse. Journée de mise en train, mise en garde contre le mal des montagnes qui guette tout ascensionniste du Toubkal ! 

Mais c’est à nos compatriotes (faut-il s’en féliciter ?) que revient indiscutablement la palme pour le nombre des agences de trekking, ou autres organismes, qui interviennent tout au long de l’année dans l’Atlas. Huit d’entre eux s’adonnent  uniquement à la rando pédestre (pardon, au trekking !) ou au raid avec skis (3).

On fait découvrir au touriste un peu sportif « le vrai visage » des populations qui sont, à en croire les brochures des TO, encore intactes. L’insistance sur le mot encore étant lourd de sous-entendus. Le dépaysement, paraît-il, ne le céderait en rien aux montagnes du Hindu Kouch, ou au plateau tibétain.  Un autre organisme spécialisé se charge de promener tout l’été les sportifs du volant entre Marrakech et le Sud en passant par Ksiba, Imilchil et les gorges du Todrha : convois de huit véhicules, chacun monté par un équipage de trois, à la découverte des populations transhumantes des hauts-plateaux, des kasbahs de montagne. Un jour à retenir : le jeudi soir. C’est à ce moment-là que cette équipe fait relâche pour la nuit au café-hôtel des Fiancés à Imilchil. Si vous désirez être de la fête… 

Ou alors souhaitez-vous rejoindre sur le terrain des collègues plutôt marcheurs qu’automobilistes ? Tenez, les sites suivants sont particulièrement recommandés : 

1/ Zone Bouguemmez, Asif Mgoun, Zaouit Ahansal. À la fin-mai vous avez des chances de pouvoir échanger vos impressions de balade avec 20-30 personnes au total, émanant de trois caravanes différentes. 

2/ Zone Irhil Mgoun, gorges du Mgoun, Tessaout. Au cas où vous seriez égaré dans cette zone pendant la période juillet-août, entre 50 et 100 collègues appartenant à aux moins six groupes différents, pourront vous remettre dans le bon chemin.  3/ Le Toubkal. À tout seigneur tout honneur. Si vous êtes un amateur passionné des sympathiques veillées en refuge, d’une certaine camaraderie discrète, fréquentez donc cette région en juillet, août, et surtout septembre, car cinq voyages sont prévus en ce dernier mois.  En somme, cela finit par faire beaucoup de monde. Et je vous ai fait grâce des activités de divers groupes ibériques, basques, germaniques, ou de ceux venant de pays situés plus à l’est, chez qui la notion d’alpinisme collectif dépasse très largement celle des Suisses. Finalement, c’est à une véritable mise en coupe réglée de la montagne marocaine que nous assistons.  De toute manière, félicitons-nous de pouvoir partager avec tant d’autres montagnards les trésors cachés de l’Atlas. « Rares encore sont les étrangers qui se sont aventurés jusque dans ces vallées reculée », nous signale la brochure publicitaire d’un TO bien connu. « Rares », en effet (4)!

Réjouissons-nous également à la pensée des retombées heureuses qu’aura sur ces massifs une fréquentation touristique toujours plus importante, allant jusqu’à prendre des allures de mini-invasion en période d’affluence.

N’allez surtout pas croire que cela pourrait avoir une influence négative ! Plus de problèmes d’ordre matériel. Au moment de louer guides, porteurs et muletiers, on bénéficiera d’une organisation bien rôdée, déjà en place. Autre résultat positif : les tarifs seront plus élevés. Là où auparavant une poignée de propriétaires louaient parfois leurs montures à un prix raisonnable, aujourd’hui les muletiers auxquels ont fait régulièrement appel sont disposés à monnayer leurs services à des prix qui augmentent sans cesse. C’est ça la loi de l’offre et de la demande. Encore que, dans la mesure où cela profite à l’ensemble des populations…

On se consolera également à la pensée que les tour leaders et autres chefs de caravanes sont des types épatants, tout à fait désintéressés, ne cherchant qu’à couvrir leurs frais, animés par un rien de romantisme qui les pousse à vous faire partager la « découverte » se paysages hors du commun et de populations dorénavant à l’abri de toute atteinte. Populations dont l’accueil ne pourra que gagner en chaleur, en authenticité, devant une fréquentation toujours plus intense. C’est là aussi une loi bien connue.

Et toi, petit randonneur ? Que vas-tu devenir dans tout ça ? Qu’attends-tu pour en être ? Pour faire du trekking, pour partir en « expé » avec un TO ? Tu sais bien que pour être mieux ressentie toute aventure nouvelle doit être vécue en groupe et non pas individuellement !

Tu sais que de nos jours, plus que jamais, c’est la loi du plus grand, du plus fort qui prime. Dans notre monde actuel il n’y a pas de place pour les individualistes ; dans les affaires les petits se font manger par les grands.

Alors ?

                                                                                                                     Michael PEYRON

Pensée du jour (à méditer) :             

Sadly, we who trek are contributing to the change that is taking place in the people of those high valleys.”            (« Nous qui faisons du trekking, nous contribuons, triste constatation, au changement qui s’opère chez les populations de ces hautes vallées.(5) »

NOTES

(1) D’ailleurs, un peu à la manière de la gangrène, le trekking a atteint bien d’autres massifs dont on le croyait exclu à tout jamais, les Pyrénées, par exemple ! À croire que nos sympathiques Basco-Béarnais sont devenus des bêtes aussi curieuses que les Ladakhis. 

(2) La ressemblance avec des noms de TO connus est tout à fait voulue. 

(3) Deux nouveaux TO ont fait leur apparition dans l’Atlas en 1979. L’industrie devient florissante. 

(4) Au moins 300 par an entre 1965 et 1970, et plus de 600 par an depuis. C’est une estimation certainement en-dessous de la vérité. 

(5) Cri  du cœur d’un tour leader anglais. 

Publishing history :

Paru dans L’Écho d’Yquem, n°9 juin 1979, (pp. 37-42). Donnera lieu à une réponse cinglante de Gilles Bordessoule « Faut-il brûler les refuges ? », dans Montagnes Magazine été 1980.

                                                  —————

3/ « ‘Tour Operators’ dans le Haut Atlas : quelques recettes pour accommoder le pigeon » 

Michael Peyron, amoureux de l’Atlas, entre autres choses Président du Club Alpin section de Rabat, a le jarret d’acier et parfois la dent dure. 

Avec une verve cinglante et caustique qui perce sous le docte propos de l’épistémologue, il s’en prend aux marchands de voyages qui ont choisi pour cible le Haut-Atlas marocain. En fait, sous prétexte d’analyse de discours publicitaire, et cet art consommé qu’ont les britanniques pour dire le plus en disant le moins, il démantèle méthodiquement, il équarrit sans merci, il désosse avec entrain le jargon plein de poncifs et parfois de mensonges des proxénètes de la montagne.  Il en a le droit pace que nul autre que lui ne peut prétende à une meilleure connaissance de la montagne marocaine. Il en a le droit parce que ceux qu’il vitupère sont coupables. Ils sont coupables, non pas tellement d’abuser de la crédulité de leurs clients – ce qui relève d’une technique commerciale somme toute banale – mais de violer un milieu socio-géographique qui ne leur appartient pas, à la seule fin d’en retirer un profit pécuniaire. Osez dire que certains sites ne supportent pas la foule, et on vous montrera du doigt comme un vilain égoïste. Nous osons. Bien sûr, les ‘Tour Operators’ qui sont ici dénoncés sont les mauvais du genre, et nous ne rejetons pas l’hypothèse qu’il puisse en exister d’excellents.  N. de la R. La satisfaction des besoins créés par notre civilisation des loisirs a donné naissance à de multiples industries. Une des plus curieuses est certainement celle des fabricants de voyages exotiques et sportifs qui, en promenant leur clientèle aux quatre coins de la planète, ont connu un remarquable essor pendant la décennie 1970. Notre propos sera de cerner leur rôle au sein des montagnes de l’Atlas tout en démontant le mécanisme de mise en condition de la clientèle, en ayant recours à l’analyses de discours. Une fois les thèmes de base établis, le lecteur ne manquera pas d’être frappé par l’apparition d’une véritable mythologie du trekking. Quant à l’examen des retombées sur les populations, ainsi que l’esquisse d’une stratégie pour l’avenir, ces considérations seront reprises lors d’une étude ultérieure. 

90awlimtinergwet3.jpg

Au fond l’Awlim-Tinergwet, mars 1967 (photo: M. Peyron)

1.1. La création d’un besoin 

Il n’est pas toujours nécessaire au ‘Tour Operator’ (TO) de créer le besoin d’évasion, de « retour aux sources », celui-ci étant pré-existant dans le système. Tout au plus doit-il être à même de déclencher le processus chez le client. Les hebdomadaires à grand tirage, ainsi que les revues spécialisées, vont l’aider en lui fournissant matière à inspiration sous la forme d’articles, émanant parfois de « clients satisfaits », vantant le caractère « sauvage » ou « intact » de telle ou telle région. Il suffit alors au vendeur d’évasion de se enseigner, d’effectuer un rapide repérage de façon à prendre de vitesse la concurrence, et, aussitôt, une nouvelle destination aura été « inventée ». Pour agrémenter l’encart publicitaire ainsi que la brochure illustrée qui vont suivre, les termes même de l’article de revue, catalyseur  de cette réaction enchaîne, seront repris, à peine retouchés, de façon à ce que l’apprenti-trekkeur (lui aussi lecteur de cette revue) puisse reconnaître le dialogue initial. C’est un scénario classique.  C’est par là que va débuter la mise en condition. Celle-ci devra convaincre le candidat au voyage de la valeur inestimable du périple envisagé (Haut Atlas, l’Afrique sous la neige, Anti-Atlas, randonnée au pays des amandiers, etc.), tant du point de vue organisationnel (qualité, sérieux de l’encadrement, déroulement prévu) que sur le plan de la vibration interne, et ceci au moyen d’un savant dosage se paroles sécurisantes, de mises en garde, d’informations où les conseils valables avoisinent demi-vérités et inexactitudes. Enfin, une fois le message enregistré, ce sera dans un état second que notre trekkeur se préparera au grand départ. Il devra être conscient des règles, des signifiants, des interdits, des obligations allant de pair avec cette tranche de mythologie qu’il s’apprête à consommer. C’est le voyage insolite. 

1.2. Perception du message publicitaire initial.Celle-ci doit être déterminante. L’intérêt du client ayant été éveillé, il s’agit de le faire basculer en ayant cours à des formules percutantes et accrocheuses. C’est d’ailleurs un signe des temps. Vu le rétrécissement du marché et l’acharnement grandissant de la concurrence, les opérateurs sont condamnés à l’agressivité dans ce domaine.  La saison estivale étant, par la force des choses, la période privilégié pour le trekking dans l’Atlas, les interventions publicitaires commencent dès l’automne précédent par l’envoi de brochures. La crescendo va se situer vers avril/mai. Il suffit alors de parcourir les pages des principales revues touristiques et montagnardes pour constater l’intensité du matraquage publicitaire auquel se livrent les agences rivales. Leurs conseils en publicité, qui savent quel langage le client désire entende, puisent dans l’arsenal classique des arguments chocs et des stéréotypes usés, en jouant sur les mots clefs :  « Une expérience dont vous vous souviendrez le restant de votre vie ! » (organisme anglais) ;  « Pics enneigés du désert (sic)… villages berbères » (agence américaine) ;  « Fantasia dans l’Atlas… l’éclatement de tout notre être » (agence suisse A) Message suffisant pour faire rêver l’amateur d’évasion. Il peut, cependant, hésiter. Un voyage lointain risque de coûter cher. Mais ce n’est pas le cas :  « Un trek dans le Haut Atlas ne grèvera pas outre mesure votre budget ! » (agence londonienne A)  Voilà une parole rassurante ! Il ne s’agit pas, non plus, de confier son voyage à des gens inexpérimentés, d’autant plus que sévit actuellement le snobisme du recours au professionnel et que, en bon assisté, l’on se déclare incapable d’organiser son propre voyage en amateur. C’est la démission :  « La montagne c’est sérieux ! … choisissez la qualité et l’expérience d’une équipe de professionnels » (agence parisienne A) ; « Refusant la médiocrité nous nous sommes décidés à offrir au voyageur des expéditions sérieusement organisées » (agence anglaise) C’est aussi du bon marketing. Si le client se fait « tirer l’oreille » on a recours à des arguments plus galvaudés :  « Nous recherchons un type particulier de voyageur, intelligent, averti, qui pourra prétendre à une réduction sur tout voyage ultérieur chez nous ! » (agence londonienne B) ; « Trekking dans le Haut Atlas marocain ? Nous vous y emmenons ! » (agence parisienne C)     Le document accompagnant ce dernier message alléchant représente une caravane chamelière cheminant à travers les dunes du Sahara. Comme dans toue publicité, l’écart entre signifiant et signifié est parfois important ! 

1.3.  Définition du produit 

Aux yeux de l’utilisateur éventuel le voyage doit être perçu comme correspondant à un créneau déterminé, aisément identifiable. En outre, malgré la saturation de l’info par les médias, le consommateur est mal renseigné sur l’Atlas marocain. Aussi les programmeurs de l’aventure ont beau jeu d’affiner leur produit en suivant les étapes d’une véritable stratégie. 

1.3.1. Le voyage culturel :  « Il s’agit de marches, mais avant tout, de rencontres (…) la découverte d’une culture, au-delà de son attrait exotique » (agence parisienne C). 

1.3.2. Le voyage d’agrément :  « Nous vous proposons, à une époque où le climat y est agréable, une randonnée-promenade à pied » (agence parisienne B). 

1.3.3. Le voyage inhabituel :  « Une balade saharienne excitante et pleine de soleil dans l’époustouflante lumière du Sud » (agence suisse) ;  « Cette randonnée exceptionnelle vous permettra de découvrir la variété de la montagne marocaine » (agence parisienne A).    1.3.4. Le voyage sportif  « Ascension de six 4.000 m avec de magnifiques descentes à ski » (agence suisse B) ; «  Pour ceux qui sont épris d’aventure, voici l’occasion d’explorer le Haut Atlas ! » (agence londonienne)

  98taskanzat1jpg.jpg

Sommets du haut Zat depuis le Tizi n-Tilst, mai 1967 (photo: M. Peyron)

1.4. Valorisation du produit     Le voyageur désire consommer de grande doses d’exotisme ; il est assoiffé de grands espaces, de temps « forts ». L’énoncé de cette partie du discours va répondre à son attente. Il s’agit de vanter l’inaccessibilité relative de la région visitée, en enveloppant dans un fatras de phrases parfois contradictoires une panoplie de signes, symboles et messages susceptibles d’appâter le chaland. 

1.4.1. Thème de l’isolement et de l’exotisme : L’emploi du mot encore peut être perçu comme argument de vente supplémentaire : hâtez-vous de consommer tel ou tel lambeau de culture montagnarde avant qu’il ne soit pollué par le tourisme. « Région restée à l’abri du modernisme (…) épargnée par le tourisme car difficile d’accès » (agence parisienne A) ;

« Un pays à l’abri de notre civilisation, dont les montagnes sauvages protègent encore les traditions » (guide alpin C) ;

« Un massif volcanique encore préservé », le Jbel Siroua (agence parisienne A).

sirwa31may196612.jpg

Jbel Siroua, mai 1966 (photo: M. Peyron)

                                         TABLEAU I    (Isolement & exotisme)

                                         Pourcentage d’apparition des adjectifs

                                                   (employés plus de trois fois)

___________________________________________________________________________

berbère            25%     ensoleillé          7%       pittoresque       4%

isolé                 10%     inoubliable        5%       verdoyant         4%

splendide         9%       inconnu            4%       étonnant           3%

fascinant           8%       enneigé 4%       farouche           3%

magnifique        7%       exotique           4%       extraordinaire   3%

___________________________________________________________________________

                             TABLEAU II     (Isolement & exotisme)

                             Pourcentage d’apparition des substantifs

                                               (employés plus de trois fois)

___________________________________________________________________________

                        gorges              25%                oasis                7%

                        kasbahs           17,5%             palmiers           7%

                        plateaux           11%                cascades          5,5%

                        lacs                  11%                désert              5%

                        nomades          8,5%               cèdres              3,5%

___________________________________________________________________________

1.4.2. Thème d’une Asie au rabais :

Sans doute dans le but de consoler les trekkeurs disposant de moyens trop faibles pour s’offrir l’Asie, on leur tient le langage suivant :

« Le dépaysement est aussi fort que dans le Haut-Tibet » (guide pyrénéen A) ;

« Les culture en terrasse donnent au paysage un petit air asiatique étonnant » (agence parisienne C).

1.4.3. Thème des gorges :

rando42831mai1985bouiblaneskietgorgesmeskeddal1jpg.jpg

R. Proton dans les gorges du Meskeddal, mai 1984 (photo: M. Peyron) 

C’est le déchaînement de la dynamique verbale au service du discours publicitaire :

« Remontée à pied des merveilleuses gorges de l’Akka n-Tarhia » (guide alpin A) ;

« Nous traversons les fabuleuses gorges du Mgoun » (agence parisienne A).

                                        TABLEAU III  (Gorges & temps forts)

                                        Pourcentage d’apparition des adjectifs

                                         (employés plus de trois fois )

___________________________________________________________________________                        

grandioses     23%                merveilleuses    7%         spectaculaires   17%                profondes        6%   sauvages          13%                secrètes           6%               fabuleuses        11%                vertigineuses    6%                                fantastiques     11% 

___________________________________________________________________________    1.4.4. Thème des temps forts : 

64azourkimay1983.jpg

 L’auteur descendant l’Azourki à ski, mai 1983 (photo: D. Dourron)

 

« La descente de l’Azourki (3.677 m) l’une des plus belles du Maroc » (guide alpin A) ;« fantastiques descentes à ski sur neige transformée sous le soleil d’Afrique (agence suisse B) ; 

« Les veillées autour du feu (…) des méchoui faits pour vous » (agence parisienne C). 

1.4.5. Thème de la personnalisation du produit : 

Ce thème est essentiel. Le futur trekkeur doit être frappé par la valeur technique des accompagnateurs qui se sont donné tant de peine pour découvrir et mettre au point un voyage devant être perçu par le touriste comme le sien.     

   torecce.jpg    

« Vos guides sont allés pour vous…! » repérage préalable d’itinéraire, (photo: M. Peyron) 

« Vos guides sont allés pour vous reconnaître et inventer les destinations qu’ils vous proposent » (consortium de guides B, Hautes Alpes) ;  « Nous employons le temps libre durant les vacances pour rechercher ces modes de vie qui subsistent encore » (guide transalpin) ; « Il y a seulement quelques années j’étais le premier étranger à séjourner parmi eux » (opérateur parisien). 

En somme, la prestation de l’accompagnateur doit être ressentie comme étant plus personnelle, sa « découverte » des populations présupposant des liens privilégiés avec le pays. Depuis quelques années les brochures de luxe des grands opérateurs comportent les photos de leurs principaux collaborateurs – que l’on veut le plus souvent de style marginal (barbu, chevelu, « écolo », moustachu) – allant parfois jusqu’à dévoiler tous les charmes de leur anatomie (agence américaine).

Le guide, accompagnateur, ou tour leader, se doit d’apparaître sous un jour très décontracté, « dans le vent », sans, toutefois, que ses qualités techniques puissent être mises en doute. Vision idéalisée d’un paladin de l’aventure moderne, meneur d’hommes tout à fait indiqué pour initier le néophyte aux joies du trekking

« Nos chefs de groupe contribuent au succès de votre voyage » (agence américaine) ; 

« Le succès d’une expédition dépend avant tout des connaissances de la compétence de son chef » (agence londonienne B) ;  « Un guide de haute montagne restera toujours le compagnon idéal du voyageur en pays lointain. » Ce discours tend à sécuriser le client qui, tout en admettant l’aventure, la souhaite programmée sur mesure et sans défaillance, le droit à l’erreur n’étant plus reconnu au professionnel. Voilà où aboutit la mentalité d’« assistés » qui caractérise la clientèle actuelle. Certains TO s’attacheront donc à préciser le pedigree de leurs « spécialistes de l’Atlas » : 1 « Un voyage réussi nous a donné envie de recommence ce raid en compagnie de notre spécialiste du Maroc, AB » (guide alpin A) ;  2 « BC, écossais, 42 ans, écrivain et montagnard professionnel est le spécialiste par définition du Haut Atlas marocain où il a passé plusieurs hivers » (agence américaine) ; 3  «CD, 30 ans, spécialiste de l’Atlas marocain, organise des raids à skis (…) à travers le haut Atlas » (consortium des Hautes Alpes). 

24fromaubegejaafartotaarbatridgemay2002.jpg

  Randonneurs dans le piedmont de l’Ayyachi, mai 2002 (photo: M. Peyron)

1.5. Paroles sécurisantes 

Pour nos emprisonnés des grands ensembles citadins quoi de mieux que cette invitation au rêve réalisable sous le signe de la décompression, du confort relatif, et de la sécurité absolue ? le client appréhende, toutefois et d’une manière confuse quelques inconvénients ; la nourriture étrangère, la chaleur oppressante, les efforts à fournir. Ce dernier point, notamment, obsède quantité de voyageurs chez qui la notion de vacances exclut le moindre désagrément. Ces appréhensions sont vite calmées. 

1.5.1. Thème de la facilité et de la sécurité  Par une occultation volontaire de toute idée de risque ce discours souhaite éveiller un écho favorable chez les milliers d’assistés constituant le marché potentiel. « Pourquoi partir en groupe ? Parce que vous bénéficiez (…) d’une sécurité totale » (agence parisienne C) ; « L’itinéraire ne présente aucun caractère de danger et ne quitte pas les pistes muletières » (agence parisienne C) ; « Vacances absolument pas fatigantes, tout se fait dans la bonne humeur, très relax ! » (agence suisse A). 

1.5.2. Thème de la relativité de l’effort  Dans un discours d’une grande homogénéité tout est mis en œuvre pour tranquilliser le client, en particulier par l’évocation de l’utilisation des mulets qui caractère tout trekking digne du nom. À travers la récurrence du mot mulet on devine le soulagement de l’apprenti-trekkeur ; au mieux ce sera le refus d’un certain effort ; au pire, il y aura une bouée de sauvetage.  « Porteurs et muletiers accompagneront parfois notre groupe » (agence américaine) ; « Expérience à la portée de tous, transport du matériel sur des mulets » (guide           transalpin) ; « Il est possible de monter sur les mulets (…) lorsque leur charge diminue » (guide alpin C).                                   

                                            TABLEAU IV                           

                         (la dichotomie effort-repos                                   Pourcentage d’apparition des substantifs                                                (employés plus de trois fois) ___________________________________________________________________________                           L’effort                                               Le repos  ___________________________________________________________________________    randonnée                    15%                village                          24%    découverte                   9,5%               mulets                          20%  

trekking                       7%                  repos                            6%    

aventure                       5%                  bain                             6% 

bivouac                        5%                  camp                           2,5%

___________________________________________________________________________

1.5.3. Thème du cadre horaire

Lors d’un premier voyage, le trekkeur peut avoir de légitimes craintes quant à l’allure de marche de la caravane. Là aussi, donc, il y a lieu de se montrer rassurant :  « Randonnées (…) pour des marcheurs seulement (même débutants) » (agence parisienne A) ;

« L’allure est suffisamment lente » (agence parisienne B) ;

« À allure normale – la nôtre est plutôt lente ! » (guide alpin B).

1.5.4. Thème du rapport chaleur/altitude

À croire que ces trois TO ont consulté la même agence publicitaire ! Jugez plutôt :

« La chaleur du Sud sera tempérée par l’altitude » (agence parisienne C) ;

« L’altitude n’est pas excessive et la chaleur très supportable » (agence parisienne B) ;

« L’altitude moyenne (2.000m) vous met à l’abri des grandes chaleurs de la plaine » (agence parisienne A).

1.5.5 Thème du confort

Les agences s’évertuent à présenter l’inconfort relatif des camps et bivouacs comme tout à fait acceptable :

 

11camp2saghrophotodourron.jpg

 « Petit déj » au bivouac des trekkeurs, Saghro, mars 2008 (photo: D. Dourron)

« Nous prendrons notre repas du soir dans une confortable tente mess » (TO parisien) ;

«  Les cuisiniers marocains préparent le repas, du vin sera servi au repas du soir » (agence parisienne B) ;

«  Prévoir in matelas pneumatique ou une plaque de mousse pour isoler votre sac de couchage » (agence londonienne B)  Après huit jours de ce régime spartiate les participants auront sérieusement besoin de se refaire. Aussi, tous les TO ont-ils prévu des nuits de récupération à l’hôtel : 

1 TO programme                     5 nuits à l’hôtel

(agence suisse B)

7 TO programment                  3 «  – «  – «  – « 

3 TO programment                  2 «  – «  – «  – «  

2 TO programment                  1 nuit «  – «  – « 

1.6. Mises en garde 

Malgré le manque de contraintes ou de difficulté qui semble le caractériser, un trekking ne saurait être entrepris à la légère.  L’opérateur doit, par conséquent, exiger du futur trekkeur le respect de certaines convenances.Le premier discours prend pour cible le comportement du trekkeur dont l’attitude envers les populations est trop souvent inspiré du schéma « eux-nous », avec tout ce que cela suppose de condescendance et/ou de misérabilisme.

1.6.1. À propos des populations

« Attention ! une rencontre ne s’achète pas (1)! » (agence parisienne C) ;

«  Soyez prêts à accepter et comprendre sans préjugés des cultures qui sont étrangères à la nôtre » (agence britannique) ;

«  Pas de photographie sans autorisation préalable (…) respecter l’intimité des populations (…) discrétion, politesse, décence d’habillement (opérateur parisien).

1.6.2. À propos de la vie en groupe

Il est certain que la réussite de tout trekking dépend de l’esprit d’équipe de ses membres. Quelles que soient les corvées qu’impose la vie quotidienne, quels que soient les avatars qui puissent surgir, l’amitié et la bonne humeur sont de mise. On cherche visiblement à écarter une certaine clientèle grincheuse, parasitaire, peu motivée, et aimant trop se faire dorloter.

« Vous aurez à vivre pendant 14 jours en groupe avec tout ce que cela comporte de tolérance réciproque ; râleurs s’abstenir ! » (agence parisienne C) ;

« Tous les trekkings doivent être fait à l’enseigne de l’amitié et de l’adaptation » (guide transalpin).

1.6.3. À propos de l’option sportive

Certains organisateurs prévoient le portage du sac à dos dans le cadre d’itinéraires à vocation sportive, donc réservés aux bons marcheurs. Tout malentendu doit donc être évité :  « Raid d’une grand rusticité (…) il faut savoir sacrifier son confort à la recherche d’une aventure exceptionnelle » (guide pyrénéen A) ; 

« Chacun doit être prêt à porter son sac (…) les conditions sont parfois rudes » (agence londonienne A) ;

«  Bien que non-technique, notre marche sera parfois ardue et comportera un peu d’escalade facile ainsi que des pentes de neige peu redressées » (agence américaine).

1.6.4. À propos du choix de l’itinéraire

Aussi parfaite que soit l’organisation du voyage il est impossible de se garantir contre d’éventuels changements d’itinéraire. De ce fait, la souplesse sera de rigueur :

« L’itinéraire n’est pas d’une rigidité absolue et il sera tenu compte des exigences du groupe » (agence londonienne A » ;

«  L’agence se réserve le droit de modifier des détails de l’itinéraire en cas de problèmes » (agence parisienne A). 

1.6.5. À propos des conditions météo 

Il est impossible de commander le beau temps ; on le savait déjà. Certains clients, toutefois, cherchent à rendre responsables les organisateurs en cas d’intempéries, d’où quelques précautions verbales : 

« Nous avons déterminé nos départs en fonction des meilleures conditions climatiques. « Nous ne pouvons, cependant, vous garantir, une temps parfait ! » (agence londonienne B) ; 

« Des pluies et des orages peuvent survenir en toute saison » (guide alpin B) ; 

« Protégez-vous du soleil, très fort en été » (agence parisienne C). 

On relèvera, à cet effet, que le soleil est perçu comme ennemi, plutôt que comme moyen de bronzage. Dans la liste du matériel à emporter tous les TO, d’ailleurs, préconisent lunettes de soleil, crème, ainsi que chapeaux à larges bords. 

1.6.6. À propos des risques et responsabilités  Sans procéder à un examen détaillé des conditions d’inscription des différentes agences, on constate qu’elles prennent de solides précautions. De plus, cette parie du discours abordant l’aspect désagréable de l’opération (accidents, blessures, décès éventuel) figure en dernière page en caractères d’imprimerie minuscules. En tout état de cause, la plupart des opérateurs français se conforment aux prescriptions de la loi du 11 juillet 1975 et du décret du 28 mars 1977 quant à la responsabilité civile. D’une façon générale on conseille diverses vaccinations au trekkeur et l’on exige qu’il souscrive une assurance accident et/ou maladie-rapatriement. Si auparavant on a pu lui vanter le côté facile et peu hasardeux des choses, on lui rappelle qu’une randonnée n’est pas forcément exempte de tout risque, d’où contradiction ! « Toute expédition comporte un élément de risque (…) nous dégageons toute responsabilité quant aux pertes, dégâts, blessures qui pourraient s’en suivre » (agence britannique) ; « Aucune responsabilité n’incombera à la compagnie au cas où le participant viendrait à mourir » (agence londonienne B). 

Quant à une agence américaine, elle joint tout simplement une décharge complète de responsabilité au formulaire d’inscription figurant dans sa brochure. 

1.7. Participation 

Le trekkeur fuit les voyages organisés sur les circuits classiques, c’est une affaire entendue. Il ne veut pas pour autant partir seul. De l’avis même d’un organisateur parisien il existerait un seuil inférieur à ne pas dépasser : « Il est certain que la forme de voyage qui plait aux Occidentaux c’est le groupe de 10-15 personnes. (2)» Qui plait aux organisateurs, aussi, car il est difficile d’assurer la rentabilité de l’opération si l’on « tourne » à moins de 10 participants. Certains prestataires de service se réservent d’ailleurs le droit d’annuler un départ si le chiffre minimum (8-10 participants) n’est pas atteint. D’un autre côté, c’est souvent aussi le nombre minimum de passagers qu’exigent les compagnies aériennes pour justifier l’octroi de la réduction de groupe.

 

1.7.1. Nombre moyen des participants 

La moyenne générale est de 12 participants par groupe. Cela varie entre les 9 « anti-touristes » de l’agence suisse A et les 2O, personnes maximum de l’agence suisse B, en passant par 8-15 personnes de l’agence parisienne B, ceci sur un ensemble de 16 TO consultés. Ces chiffres, cependant, ne donnent qu’une idée imparfaite de l’effectif total de chaque caravane. À la douzaine de touristes il convient d’ajouter l’accompagnateur européen, le guide marocain et entre 8 et 12 muletiers, dont certains feront office de cuisiniers (3).  En définitive cela fera une bonne trentaine de personnes évoluant sur le terrain ; présence ô combien discrète !

1.7.2. Restrictions d’âge et de sexe Certains TO britanniques semblent vouloir imposer une sorte de sélection par l’âge :« âge moyen 18-40 ans (pas de limite d’âge) » (agence britannique) ;

« Participation féminine à 45% ; âge moyen 28 ans (entre 18 et 35) » (agence du Wiltshire).

Par contre, chez ce dernier TO on relève une phrase qui dénote l’existence d’une véritable discrimination : « Si vous avez plus de 40 ans, veuillez nous contacter avant de vous inscrire ». En clair, « vieilles badernes s’abstenir ! » Inversement, les organisateurs cherchent avant tout à s’attacher une clientèle jeune, plus apte sà faire face aux inconvénients du voyage ; ceci surtout dans les périples comprenant de longues étapes en véhicule tout-terrain.

Chez l’agence londonienne B la répartition des sexes privilégie les femmes (60% des participants) et « nous aimons imposer une limite supérieure d’âge de 40 ans ».

Ces voyages seraient-ils prévus sur mesure pour célibataires en mal d’affection ?

Le discours de l’agence suisse A ne semble guère laisser planer d’équivoque à ce sujet. Mieux, il viserait le créneau « époux harassés ». Il n’y est question que de douches en tenue d’Eve ou d’Adam, (avec photos à l’appui), de « charges érotiques » (sic) et d’autres subtils sous-entendus évocateurs de coucheries extra-maritales.

Les organisateurs sont, dans l’ensemble, assez larges en matière de limite d’âge : limite inférieur 17 ans environ, mais pas de limite supérieure. Tout au plus peut-on exiger un  certificat médical de tout participant ayant dépassé les 65 ans ; autre ment, on s’en remet au bon sens de chacun, ou à l’avis de son médecin.

2.
LA MYTHOLOGIE DU TREKKING

2.1. La préparation du voyage

On a souvent tendance à projeter directement les touristes dans un milieu aussi inhabituel que nouveau. La mise dans le bain est fort brutale, la préparation quasiment nulle. À cet effet, on ne saurait trop souligner combien la préparation, autant psychologique que physique, revêt une importance capitale dans une entreprise de ce genre.

Ce point semble avoir échappé à certains opérateurs encore trop avares d’informations sur le voyage, ou de conseils quant aux lectures appropriées. Dans bien des cas, ils évitent de faire allusion à l’existence de documents (topos, articles, etc.) ou de cartes ayant trait çà la région visitée, car cela risquerait de rendre le client autonome. Et pourtant, de l’aveu même d’une agence parisienne : « un voyageur informé en vaut dix ! »

2.1.1. La préparation physique

La perspective de jouer les nourrices auprès d’une caravane d’éclopés constitue le cauchemar du chef de groupe. Dans la réalité, il aura parfois à rameuter e,n douceur les inévitables traînards ou autres ambitieux ayant présumé de leurs forces. Les avis, cependant, sont assez nuancés quant au degré de préparation voulu :

« Être en bonne forme physique » (guide alpin A + agence parisienne A) ;

« Pour éviter d’avoir à les trimbaler par monts et vaux, débarrassez-vous de vos kilos supplémentaires avant le départ ! » (agence londonienne B) ;

« Si vous n’avez pas encore fait de randonnée, il faut vous y mettre ! Sortez chaque fin de semaine et faite une demi-heure de marche par jour pendant un mois avant le départ » (agence américaine).

2.1.2. La panoplie du parfait trekkeur

Le trekkeur, en tant que produit d’exportation de la société des loisirs, est de mieux en mieux connu des habitants du Tiers Monde. Il est plutôt aisé d’en dessiner le portrait-robot. le bon goût ( ?) actuel semble exiger du trekkeur qu’il ait la démarche facile et décontractée ; qu’il affecte un léger débraillé : short, T-shirt publicitaire, foulard bigarré. Le sac, de préférence d’un coloris vif, sera solidement calé sur le dos (à moins qu’un mulet ne le porte !) ; l’indispensable appareil photo sera porté en bandoulière, tandis que les lunettes sombres et le couvre-chef fantaisie viendront couronner l’édifice.  En revanche, une certaine confusion semble règner au niveau des chaussures :« Chaussures genre ‘super-guide’ qui maintiennent bien la cheville (pas de pataugas) » (association touristique française) ;

« Nous vous conseillons des chaussures de marche du genre ‘pédule’ à semelle vibram, ou des pataugas ( !) » (agence parisienne B) ;

« Prenez de bonnes chaussures (adidas ou pataugas) » (agence suisse A) ;

« Chaussures de marche en cuir déjà portées » (agence parisienne A).

Ce dernier conseil, bien entendu, doit éviter au trekkeur en herbe le calvaire de marcher avec ampoules. On peut d’ailleurs juger de l’importance des chaussures dans l’équipement, vu que c’est souvent par cet achat – premier signe-objet par lequel il va participer à la mythologie du trekking – qu’il commence ses démarches.

D’autres articles indispensables vont apporter leur contribution au vécu de la période préparatoire : le chapeau de soleil, les lunettes foncées, la crème solaire, la tenue dite saharienne, la gourde. Sans oublier le réconfort que représentent les boissons alcoolisées, et ce au risque de choquer les habitants musulmans de l’Atlas. À ce propos, le discours devient confus :

« Pensez à acheter dans les aéroports en partant une bouteille d’alcool en free-tax très appréciée le soir » (agence parisienne A) ;

« L’eau de la région traversée est parfaitement saine (…) en aucun cas de l’alcool, sauf à Marrakech où toutes les boissons sont disponibles » (agence parisienne C) ;

« Au free-shop du départ, pourquoi ne pas prendre une bouteille de cognac ou autre ? Si, si, c’est une très bonne idée… » (agence suisse B).

L’appareil photo, nous l’avons vu, occupe une place de choix dans la panoplie du trekkeur (pour mieux violer l’intimité des populations, n’est-ce pas ?), au point de figurer chez certains sur la liste du matériel obligatoire (guide alpin C). Pour d’autres, la boîte à images n’est qu’accessoire facultatif.

Alors qu’un des TO les plus en vue semble cautionner chez ses randonneurs le port du blue-jeans effrangé, quelques-uns insistent tout de même sur une tenue correcte (guide alpin B, agence parisienne C). Et dans tout cela, bien entendu, les considérations commerciales ne perdant jamais leur droit, on en profite pour promouvoir tel ou tel article : sac de couchage suisse parce que de meilleure qualité (agence suisse B), ou alors la ceinture porte-feuille anti-vol de marque « Trekking » (noblesse oblige !), parfait gadget par définition, dont l’apprenti- trekkeur ne saurait se passer.

2.2. La philosophie du trekking

Le dernier exemple cité est révélateur de tout un état d’esprit, aux contours flous, qui entoure le concept du trekking. En effet, au fur et à mesure que s’est perfectionnée l’industrie du voyage exotico-sportif, on a pu assister à la lente éclosion d’une véritable mythologie.

Si d’une côté elle se traduit par la consommation d’articles appropriés et perçus dans un contexte donné, par ailleurs elle se manifeste par le biais d’un discours traduisant une véritable pensée. Pensée qui n’a, du reste, rien de spontané, vu qu’elle est fabriquée de toutes pièces par les inventeurs de destinations avec la complicité tacite des marchands d’articles de sport. Disons sans cynisme que les publicistes ont cru cerner les limites d’un besoin réel, celui de l’évasion hors du béton et des embouteillages vers une terre de rêve, et qu’ils ont fort bien compris le langage qu’ils devaient tenir afin de convaincre leurs futurs pigeons.

2.2.1. La note passionnelle du voyage

L’exemple suivant représente, à n’en point douter, l’archétype du genre :

 

164dadsskasbahs.jpg

La « magie du Grand Sud » basée sur kasbahs & palmiers, Skoura, mai 1967 (photo: M. Peyron)

« Le décor unique et grandiose de l’Atlas. Des ‘ksour-oasis’ oublies et splendides d’architecture. Et puis la magie du Grand Sud : le Tafilalet et son faire-rêver (…) Les nomades (…) les chameaux et le couscous et le méchoui. Sans parler du caractère unique de la nuit saharienne où l’on croit entendre Saint-Exupéry » (agence suisse A).

Discours concis, percutant et réunissant tous les supports d’une certaine mythologie, au risque de tomber dans le cliché ou de frôler le délire ! 

 2.2.2. La profession de foi du trekkeur

S’il y a mythologie, cela suppose une mystique. Voici un exemple qui résonne tel un véritable credo. On y remarquera, toutefois, un discours sous-jacent légèrement teinté de discrimination, le trekkeur étant une bête supérieure qui mérite son droit à la différence : « Je suis jeune, j’ai le goût de l’aventure, je suis prêt pour le grand départ vers l’inconnu, vers des lieux dont le touriste moyen n’a jamais entendu parler, et que selon toute probabilité il ne souhaiterait pas visiter » (agence londonienne B). 

2.2.3. Découverte et disponibilité  D’autres messages nous parviennent qui traduisent une philosophie du voyage où la découverte, la disponibilité et le sens de l’aventure occupent une place prépondérante. Découverte, non seulement de paysages , mais aussi des populations, le folklore n’étant jamais perdu de vue. C’est la recherche du « contact » ou de la « rencontre », thème galvaudé par les brochures des TO, mais rarement réalisé façon satisfaisante. 

« La réussite de votre voyage sera à la mesure de votre envie de découverte, de votre disponibilité, de votre amour de la marche » (guide alpin A) ;  « Ces voyages sont réservés à ceux pour qui le mot découvrir a encore un sens (…) j’ai tenté de mettre ce pays à votre protée sans supprimer l’aventure » (guide alpin A) ; « Le trekking (…) c’est avant tout connaître les peuples portant en eux les mystères d’antiques civilisations » (guide italien).  2.2.4. La justification du trekking  Pourquoi, au juste, les gens font-ils du trekking ? Les raisons invoquées sont parfois plutôt prosaïques ; dans d’autres cas elles ressemblent fort à des arguments commerciaux exprimant le besoin de fuir l’environnement urbain:  « Les gens veulent s’évader et vivre très simplement, se contentant de manger, de marcher, de dormir. À la fin du trek, la plupart des participants éprouvent une satisfaction approfondie devant l’effort accompli » (agence londonienne B) ; 

« Si vous cherchez à échapper quelques temps à la frénésie de la vie moderne, rien de tel pour vous détendre qu’un tek en montagne » (agence londonienne A) ; 

«  Nous espérons que cette année vous saurez quitter boulot, télé, dodo pour vous joindre à nous, les pourvoyeurs de l’aventure, à l’occasion d’un voyage plein de sensations fortes » (agence américaine).  Le message suivant, par contre, précise bien de quelles « sensations fortes » il s’agit, et nous fait pénétrer de plain-pied dans le domaine du mythe, ou, plutôt de la mythologie qui entoure le trekking dans l’Atlas marocain : 

« Notre trek en lui-même, ainsi que l’approche du monde berbère qu’il suppose, vous procure des sensations d’une grande intensité, avec comme apothéose l’ascension du Mont Toubkal, 3ème sommet d’Afrique ( !) avec ses 13.883 pieds » (agence londonienne B). 

2.3. Le mythe du Toubkal  Le Jbel Toubkal (4.167m) occupe une place de choix dans  cette mythologie étant donné qu’il s’agit du point culminant du Maroc et de l’Afrique du Nord, ainsi que nous le font remarquer huit TO. Celui qui le qualifie, un peu hâtivement, de « 3ème sommet d’Afrique » oublie simplement une demi-douzaine d’autre sommets africains qui pourraient mériter ce titre. Petite inexactitude bien commode qui ne vise qu’à valoriser le produit afin de mieux appâter le pigeon. Fort élégamment d’ailleurs, l’agence en question décline « toute responsabilité quant aux éventuelles imprécisions » que pourrait contenir sa brochure ! Ceci en dernier page et en petits caractères, comme il se doit.  Ce qui en dit long sur le sérieux de l’agence en question…

00toubkalseenfromasni.jpg

Massif du Toubkal vu d’Asni (photo: M. Peyron)

2.3.1. L’approche du Toubkal  Le Toubkal étant perçu comme l’apothéose d’un tek, on sent très nettement que les organisateurs dosent l’effort du groupe pour mieux préparer leurs clients en vue de cette ascension suprême. C’est avec un mélange de crainte et de respect que le trekkeur doit aborder ce sommet.  Les premiers jours, des « randonnées passionnantes » permettent de rompre les ponts avec la civilisation en proposant aux participants de l’aventure avec un A majuscule.

Puis c’est l’arrivée à pied d’œuvre au Refuge Neltner (3.207m), l’anti-chambre du Toubkal, « cabane non exploitée » et « d’une grand simplicité » (agence suisse B), ce qui est inexact, ce refuge étant régulièrement fréquenté et gardé c’est donc volontairement que s’installe une ambiance « expé » avec son langage approprié (4): 

« La cabane, qui nous servira de camp de base, offre de bonnes conditions d’acclimatation » (agence suisse B) ; 

« Nos préparatifs achevés au Refuge Neltner, nous ferons une tentative en direction du sommet du Toubkal » (agence londonienne). 

Enfin l’heure fatidique va sonner, on va pénétrer chez les Dieux de la montagne. Un air d’épopée himalayenne plane sur la caravane. On sent l’issue incertaine, l’entreprise non-dépourvue du parfum de l’aventure. Le Toubkal, il faut « se le gagner » ! 

02toubkalfromn.jpg

Afekhoï et Toubkal, versant N, oct. 1965 (photo: M. Peyron)

2.3.2. L’ascension du Toubkal  Une fois acclimaté et en bonne forme physique, le trekkeur affronte une ascension d’un niveau technique assez bas, en fin de compte. Certains TO démythifient purement et simplement et s’envolent alors les dernières illusions quant au côté aventure de cette grimpette sur un banal tas de cailloux : « Cotation B 3 = randonnée à une altitude inférieure à 5.000m, d’un caractère assez éprouvant » agence américaine) ; « Le vertigineux Toubkal » (agence suisse B) ; « Le Toubkal reste le plus accessible des grands massifs de l’Atlas » (agence parisienne A) ; « L’ascension du Toubkal (4.150m) est facile et elle est facultative puisque le groupe repassera au refuge après l’association (association touristique française). 

2.4. Le mythe berbère : ambiguïtés et incohérences 

Comme définition de mythe, celle que donne le Petit Robert s’applique parfaitement à notre propos : « représentation de faits ou de personnages réels déformés ou amplifiés par l’imagination collective, la tradition ». Dans le cas des Berbères de l’Atlas, et de tout ce que l’on trouve à leur sujet dans les dépliants touristiques, c’est bien le mot qui convient. On puise volontiers dans le réservoir des formules faciles et des demi-vérités, quand ce ne sont pas les inexactitudes qui foisonnent. 

24glawawomanbououghiwl3.jpg 

Femmes glaoua, Bou Oughywl, juillet 1968 (photo: M. Peyron) 

 

2.4.1. Le « farouche » Berbère (!!)

L’énoncé devient ambigu et donne dans l’amalgame, au point d’éveiller l’inquiétude du futur client. Considérés dans l’absolu et sans le moindre correctif, ces propos peuvent sinon faire peur, au moins amener le candidat au trekking à se poser des questions – ou à se documenter, ce qui ne serait pas une si mauvaise chose : 

« Montagnards les plus fidèles à leur légende (…) protégés par l’indépendance farouche du pays berbère » (guide alpin A) ; 

« Les Berbères sont aussi farouches que les montagnards afghans des hautes vallées » (guide pyrénéen) ; 

« Il n’y a pas si longtemps que ces rudes montagnards donnaient du fil à retordre aux colonisateurs (…) et leur chef légendaire, le Glaoui, était l’un des personnages les plus redoutables du pays » (agence londonienne). 

108qsarimelwanasifmellouldec1987.jpg

Ksar d’Imelwan, Asif Melloul, au coucher du soleil, déc. 1987 (photo: M. Peyron)

D’autres discours chercheraient plutôt à calmer d’éventuelles craintes, au point de friser l’incohérence : 

« Mais de nos jours les Berbères vivent en paix dans leurs villages (…) et la sympathie qu’ils témoignent envers le visiteur fait oublier leur passé tourmenté » (agence londonienne B) ; 

« Villages de pierre qui s’accrochent sur des pitons, témoins d’une époque récente où régnait l’insécurité » (agence parisienne A) ; 

« Les ruines d’un village, détruit par les gens du bas de la vallée à une époque lointaine où régnait l’insécurité » (même TO) ; 

« Le village, couronné par son agadir, témoigne de la persistance de cette tradition lointaine d’insécurité chez les Berbères » (agence parisienne B).  Alors, qu’en est-il exactement ? L’insécurité, avec ses igudar, date-t-elle d’hier ou remonte-t-elle à un passé obscur ? 

2.4.2. Le folklore 

Naturellement, le côté pittoresque ou typique des Berbères ne pouvait être laissé de côté dans la stratégie des TO. Cela constitue, à vrai dire, un de leurs principaux arguments de vente – l’entité berbère étant perçu en tant que produit folklorique de grande consommation, pendant marocain du Valdotain, du Basco-Béarnais, ou de l’Écossais en kilt. On cultive soigneusement les aspects idéalisés d’une vie fruste, intemporelle, rude et pure au contact de la nature, où le fier montagnard, qu’il soit sédentaire ou nomade, occupe une place de choix. Vu l’actuel engouement pour l’écologie, cette image d’Épinal du monde berbère en peut que plaire au visiteur occidental :

 

 30aythadiddugirlsandwomen1.jpg

       Une Oult-Hediddou, Ou-Deddi, mars 1976 (photo: M. Peyron)

  « Les extraordinaires Aït Hadiddou (…) beauté des femmes fardées et parées de bijoux » (Club de vacances) ; « Une civilisation de la, pierre et de laine méconnue, celles des berbères du Haut-Atlas » (agence parisienne C) ; « Un mode de vie spartiate, tout à fait différent du nôtre » (agence londonienne B) ; « Chez eux la vie semble ne pas avoir changé depuis des siècles » (agence parisienne A & B) ; « Au bord de l’Aguelman Sidi Ali, ce lac superbe, des nomades seront au rendez-vous, peut-être » (agence suisse A). Dans le dernier cas, les organisateurs n’auront guère de mal à trouver des tentes de transhumants. Au printemps, il existe une tente à la sortie du Foum Kheneg faisant office de « khaïma de service », à en juger d’après les cars de touristes que l’on voit stationner à proximité. C’est un folklore dont l’authenticité ne tien qu’à un fil. Il en est de même des « soirées berbères », ou autres manifestations du « folklore authentique » prévues par certains TO. 

dansedescheveuximilchil.jpg

2.4.3. L’hospitalité Par-delà le mythe, cependant, les discours des TO parvient à évoquer une des principales vertus de ces populations – la qualité de l’accueil et de l’hospitalité :  « Villageois accueillants et hospitaliers » (agence américaine) ; « Ce peuple toujours de bonne humeur » (guide alpin B) ;  « Leur hospitalité et leur esprit fin en font des hôtes exceptionnels » (agence parisienne C) ;  « Une hospitalité pleine de fraîcheur et de franchise » (guide alpin C).   Certains accompagnateurs semblent s’être liés d’amitié avec les Berbères des vallées qu’ils visitent :  « Le formidable accueil de nos amis berbères (…) nos amis muletiers » (guide alpin A) ; « Nos amis berbères, Saïd, Mohammed, Lassen, qui nous accompagnent, vous surprendront par leur gentillesse et leur dévouement » (guide alpin C) ;  « Touda, Fatma, Lhoucine (…) il y a quelques années j’étais le premier étranger à séjourner parmi eux. Aujourd’hui ce sont des amis » (accompagnateur parisien).  Ce qui suscite une interrogation : amitié désintéressée, ou amitié mercantile ? En effet, la citation suivante semble poser le problème sous un angle nouveau :  « Au cours des fêtes nocturnes auxquelles nous serons invités les habitants ont demandé à ce qu’aucune photographie ne soit prise. Cette clause du contrat passé entre notre accompagnateur et les habitants de la Tessaout respectée » (accompagnateur parisien).  En fait, ce sera difficile à faire respecter, le client estimant que le droit de « mitrailler » fait partie du forfait !  On peut, néanmoins, en déduire que chaque chef de groupe, à force de se faire héberger dans les mêmes villages d’une année sur l’autre, finit par disposer de muletiers attitrés ravis de l’aubaine. C’est normal, pour des raisons matérielles que l’on comprendra aisément, et ce dans l’intérêt mutuel.

 

  153bbougemmazaguramsidimusa1.jpg

   agurram Sidi Moussa, Ayt Bouguemmez, sep. 1966 (photo: M. Peyron)

 

« Si je choisis les muletiers d’Imelghas, c’est que je travaille avec eux depuis plus de dix ans » (accompagnateur de l’agence parisienne A).     

Les Chleuhs aussi, s’y retrouvent. Il suffit, pour en être persuadé, de considérer le discours émanant d’un autre TO :  Les Berbères du Haut-Atlas ont souhaité votre venue pace qu’ils ont senti qu’il y avait là un moyen de gagner cette aisance matérielle que leur fils vont chercher en ville » (agence parisienne C).  Nous y voilà enfin ! Si d’un côté on parvient à se justifier, à se donner bonne conscience, le fait de ne pas cacher au voyageur qu’il est perçu comme source de richesse va remettre en cause tout ce qui a été dit quant au côté « spontané », « sincère » ou « désintéressé » de l’accueil ; va démolir toute la stratégie de vente.  Ne nous leurrons pas ! De toutes façons, les rapports entre les TO et leurs hôtes berbères ont beau être masqués par un voile pudique de folklore, d’amitié, de recherche de contacts « culturels », de « rencontre », il n’en émane pas moins des relents d’argent. Il faut bien vivre, ou survivre, selon le cas.  Et puis on aimerait au moins se consoler à l’idée que les « visités » s’en tirent à bon compte, mais cela n’est certainement pas le cas, pour peu que l’on sache faire ses calculs. Les prestations fournies par les hôtes montagnards marocains se limitant à des « journées » de mulets, parfois à des achats de légumes frais ; on devine que pour eux le bilan doit être largement déficitaire, vu qu’au départ chaque trekkeur verse la totalité du forfait à l’agence de voyage de son pays d’origine. En retranchant de ce total la somme des faux frais, des fais généraux et du prix du voyage en avion, plus la prise en charge hôtelière de chaque participant, il est évident que les agences doivent réalise de coquets bénéfices, n’en déplaise à ceux qui nous feraient presque pleurer en affirmant, « parmi les Tour Operators, ceux qui obtiennent 0,8% de bénéfice net avant impôt réussissent bien ! » 

 

2.5. Le mythe de Marrekech ; ville-symbole   C’est avant tout le point de convergence, le traquenard tendu au naïf trekke, le pivot autour duquel vont se déployer les TO (5). Pour la plupart des trekkeurs, l’aéroport de Marrakech constitue leur entrée en matière dans la vie marocaine. Même si le mini-bus ou la « Land » les attend à la sortie de l’aérogare pour les entraîner sur les sentiers de l’aventure, il est fort probable qu’au retour de leur randonnée, ils bénéficieront d’une ou deux journées « en quartier libre » dans la capitale du Sud. Bien normal d’ailleurs, car le besoin de décompresser se fera rudement sentir. Rassasié de poussière, de kasbahs, de journées de mulet et de thé à la menthe, le randonneur voudra participer, sans effort aucun, au mythe vivant de cette ville. De là naîtra l’envie d’aller flâner à sa guise dans les ruelles ombragées. Aussi, le discours des TO se fait-il plus alléchant, plus persuasif : 

 

2.5.1. Thème de Djemâa el Fna  La place célèbre incarne le cœur du mythe. Un important organisme de vacances y a d’ailleurs pignon sur rue. Selon son discours, la place est tout à tour « extraordinaire », « fabuleuse » et « folle » ; elle captive par ses amuseurs publics. Qu’en pensent les TO ? 

« Un carnaval permanent en plein air » (agence américaine) ; 

« Vous resterez fascinés par les conteurs, les charmeurs de serpent, les danseurs » (agence parisienne C) ;  « incroyable marché – acrobates, conteurs, musiciens danseurs, groupes qui, chaque soir, y mènent un tapage fou » (agence parisienne A).  

 

2.5.2. Thème d’ensemble  « Le dépaysement total au sein d’une cité royale, carrefour des civilisations arabe et berbère » (organisme de vacances) ; « Ville enivrante et débordante de vie » (agence parisienne C) ; « Ses souks peu connu ( !) avec possibilité de shopping : tapisseries berbères (le marchandage est de rigueur) » (agence parisienne D) ; 

« Possibilité d’assister au célèbre festival touristique » (guide alpin C). 

 

2.5.3. Les prolongements du mythe 

La campagne environnante participe également au mythe dans un rayon de plus de 100 kilomètres, pour « clubistes » et autres : 

« Coup d’aile au Sud avec le Piper Cheroker du Club vous fera survoler la merveilleuse palmeraie du Drâa » (Club de vacances) ; 

« Asni et Ouirgane, le « Sanglier qui fume », ambiance décontractée, cuisine renommée, ramenez des améthystes » (idem) ;  « l’Oukaïmedden, petite station sympathique où vous pourrez bronzer, ou skier » (idem). Aux abords de la grande ville on sent un changement de style très net chez la clientèle, le droit à la « brunitude » notamment, revenant en force, alors qu’auparavant les trekkeurs devaient se protéger du soleil ! On touche également du doigt le phénomène « Ouka » qui résume en lui-même les proportions d’un mythe et qui mériterait un article à part. L’étude de ce sanctum sanctorum mettrait sans doute en relief le rôle des skieurs-héros ou « seigneurs de l’Atlas » qui ont lancé la station à la fin des années 1940. 

 

Conclusion  Le procédé discursif auquel ont recours les TO est remarquable, tant par l’homogénéité de son énoncé que par la rigueur de son invariant propositionnel. Il y a, en effet, récurrence du scénario suivant : impact publicitaire > création d’un besoin > définition du produit > valorisation du produit > personnalisation du produit > paroles sécurisantes > mises en garde. Ensemble touffu qui doit inéluctablement mettre le client en possession des éléments devant déterminer son choix. Les artifices mis en œuvre, la stratégie descriptif qui en découle, et par-là même la façon dont le touriste appréhende le trekking, tant comme recouvrant une notion de spatialité que comme mot-concept, sont les facteurs primordiaux contribuant à l’élaboration d’une mythologie. Peu importe si, en cours de route, la vérité s’égare sur des chemins de traverse ; seul le résultat compte, comme dans tout discours publicitaire. Le présent discours doit, toutefois, dépenser des trésors d’ingéniosité afin de présenter ses activités sous un jour favorable, sans toujours y parvenir, d’ailleurs ! Ceci explique les différentes incohérences ou irréductibilités relevées. Ce n’est pas une mince affaire que de camoufler le côté mercantiliste un discours sous-jacent, tout en cherchant à idéaliser le voyage, à le considérer sous son aspect le plus noble. Surtout à notre époque. C’est pourtant bien vers je ne sais quelle satisfaction spirituelle que l’on tend, par-delà la simple notion de détente du citadin harassé, et amené par le jeu des contraintes socio-éco,nomiques, à consommer du trekking. Il s’agit, en quelque sorte, de sublimer l’idée du voyage, celui-ci pouvant alors être perçu dans sa finalité comme moyen d’entrer en grâce !                                                                                                                        Michael PEYRON 

 NOTES

(1)  Phrase hautement discutable, vu que précisément, cette « rencontre » avec une autre culture s’achète, ou est considérée comme l’ayant été, par le consommateur de folklore. 

(2)  Correspondance avec l’intéressé (30/12/1980). 

(3)  Le rapport touriste : mulet s’établirait entre 1 : 1 et 1 : 1,5 (observation sur le terrain, Tizi n-Ayt Imi, juillet 1979). 

(4)  Du reste, la capacité du refuge a été portée à plus de 80 places en 2000 lors d’une refonte totale du bâtiment. (5) La ville a été gratifiée depuis peu d’un nom nouveau : « Arnakech » ! 

Publishing history :

1ère parution dans le bulletin du CAF-Rabat, l’Écho d’Yquem, n°12, décembre 1982, (pp.63-71) & n°13, janvier 1984, (pp.67-74). Proposé en 1983 à la R.G.A , Grenoble, l’article fut rejeté par le comité de lecture car jugé « de style trop littéraire »( très amusant !), privant ainsi l’auditoire universitaire local de la première étude approfondie sur la problématique des TO dans l’Atlas marocain. 2e parution dans le Bulletin de l’Association Familiale Française de Casablanca, n°95, hiver 1984, (pp.18-22 & n°96, printemps 1985, (pp.23-28).

                                                          —————                                   

4/ « ‘Défonceurs’ de pistes et mythes de conquête » 

En ces journées trépidantes du Grenade-Dakar, il est sans doute opportun de se pencher sur ce phénomène de notre temps, sur la soif d ‘évasion en 4×4 à la recherche de mythiques « Hommes bleus », sans parler d’inavoués rêves de conquête qu’éveillent en nos chaumières les fougueux cavaliers du désert.

C’est ainsi que scotchés à l’écran de leur téléviseur, d’innombrables « bidochons » échappés des embouteillages banlieusards en viennent à rêver d’éphémères épopées sahariennes. Et pourquoi pas, après tout ? Pas si simple en vérité ! Car on connaît la suite. Notre nostalgique du Dakar risque sans tarder de se rendre acquéreur d’un monstre clinquant, made in Japan de préférence, et payé à tempérament sur 60 mois ! Big deal ! Sa bourgeoise s’en servira pour chercher des hot-dogs au fast-food du coin, car le 4×4 ça sécurise ! Quant à lui, il va se rendre impopulaire dans nos campagnes en cherchant quelque lande ou chemin paisible à défoncer. Difficile à trouver dans l’Hexagone… Le rêve s’estomperait-il ?

Pas forcément, car l’exutoire est tout trouvé : on s’inscrit dans un « rallye vert » – qui n’a de vert que le nom. Destination : le Maroc (prononcé ‘Ma roque’, à la parisienne). L’exotisme et le dépaysement le plus proche ; les grands espaces du Sud, où la nuit, « on croit entendre Saint-Exupéry » ; la griserie des bivouacs au petit matin, pourquoi s’en priver ? C’est ainsi que, juché sur son destrier, fantasmant à mort, le portable dans une main, le GPS dans l’autre, déguisé en pseudo « Homme bleu » afin de mieux vivre son trip, notre Tartarin du XXIème siècle s’en va conquérir l’Atlas. À défaut du « Camel Trophy », à nous le «  Thé au Sahara » ! Voilà pour le rêve.

La réalité est toute autre et parfois plus terre-à-terre. Chaleur, chameaux et poussière sont au rendez-vous ; les palmiers et les austères monts du Grand Sud marocain aussi. Ah, le chèche à la saharienne, ça a quand même du bon quand tape le soleil !) sans parler des gamins. Eh, oui ! Il aurait fallu songer avant à soigner son comportement, à prendre des allures moins conquérantes, à ne pas distribuer à tout bout de champ stylos et sucreries pour se donner bonne conscience ! À force d’étaler avec arrogance des signes de richesse, de foncer impunément comme des seigneurs sur les pistes de l’Atlas, à bousculer la piétaille que sont les muletier, les faisant parfois chuter ; à écraser poules et chiens, quand ce n’est pas un pauvre gosse*, nos ‘défonceurs’ de piste ont réussi à se mettre les populations à dos. Résultat : de nombreux cas de harcèlement véhiculaire, de jets de pierre, de vols d’objets arrimés sur les toits des véhicules. C’est arrivé au Mali mendant le Dakar. C’est arrivé dans l’Atlas, aussi, essentiellement entre Midelt et Imilchil. 

Pourtant, il fut un temps où le 4×4 était bien considéré. C’était l’époque bénie de la Land-Rover (la « Land » pour les initiés), un véhicule plutôt cool et clean, véritable roi des pistes ; sans ‘m’as-tu-vuisme’, sans frime. Puis, à la fin des années ’70 on a vu apparaître les premières Range-Rover et alors on a passé la vitesse supérieure. La pub de lancement : « Time for a wild week-end » (‘vivement le week-end  qu’on se défonce !’), annonçait déjà la couleur sans faire dans la dentelle. Aussitôt contré par « My Toyota is fantastic », hymne à la modestie qui inspirera de nombreux champions.Ainsi, devons-nous apprendre à vivre avec ce phénomène. On a, après tout, que les comportements que l’on mérite, tant il est vrai que la pratique du 4×4, poussée jusqu’à son paroxysme dans « le Dakar », est un reflet fidèle des supposées valeurs de notre société. On le sait, réussir dans le business exige de l’entregent ; savant dosage d’épate, d’esbroufe, et de tape-à-l’œil. Alors, pourquoi s’en étonner ?

                                                                                                                   Michael PEYRON

_______

* C’est arrivé lors du dernier « Rallye de l’Atlas », très exactement en mai 1998, à Bou Ouzemou, près d’Imilchil. Version entendue à la radio : « Un concurrent a fait une sortie de pise sur tonneau. Heureusement, il est indemne. Un spectateur a été tué ». Cette dernière info ayant été annoncée sur un ton  laconique. Sans commentaire.

Publishing history :

Version très légèrement remaniée d’un article paru dans Le Petit Journal de Grenoble, janvier 1999.

                                                    ——————

            5/  « Le crédo du randonneur  engagé» 

Enseignant-chercheur, Docteur en Géographie, à la fois angliciste et berbérisant, Michael Peyron est aujourd’hui un éminent spécialiste du Maroc. Au fil de ses trente années de cheminement au cœur de l’Atlas marocain, son terrain d’étude s’est transformé en véritable terre d’accueil. Histoire, culture, littérature orale, des sujets de prédilection pour rencontrer les cimes et côtoyer les hommes. (N. de la R.)

11leavingasakamarch20011.jpg

« Longue vie à tous les sportifs-contemplatifs au, long cours qui daigneront lire ce quelques lignes ! Ma carrière de randonneur (de marcheur, de trekkeur – peu importe la dénomination exacte), limitée en Europe à quelques massifs alpins et pyrénéens, s’est essentiellement déroutée dans l’Atlas marocain ces quelques trente dernières années, au contact des populations « imazighen » (berbères) de ces contrées. Populations dont j’ai toujours cherché à gagner la sympathie, voire l’amitié, et dont j’ai appris la langue et la poésie.

Il a toujours été question chez moi d’excursions (le terme « expéditions » serait prétentieux) fondées sur une logistique légère, diamétralement opposée à la formule dite « lourde », mettant en œuvre un train muletier imposant, une intendance importante avec glaciaire, vins fins, tente-mess, tentes individuelles, matelas-mousse, cornac-chef et consorts, qui semble avoir le vent en poupe à l’heure actuelle.

Il existe, tout de même d’autres approches. Pour le genre de sortie atlasienne envisagée, sur 8 à 10 jours en moyenne, l’équipe idéale sera formée de trois ou quatre participants partageant des affinités communes, portant chacun son sac de 10 kg maximum. Ce choix résolu en faveur de l’autonomie s’appuyant sur une alimentation frugale, le bivouac léger et /ou le logement chez l’habitant, vise à conserver une certaine liberté de manœuvre, qui n’exclue pas le concours d’un porteur, ou accompagnateur, ni l’éventuel recours à l’option muletière.

L’expérience tend à prouver, cependant, que le/les muletiers – auxiliaires précieux, certes – peuvent influencer négativement sur le choix de l’itinéraire en arguant des prétextes pas toujours aisément vérifiables.

Sauf là où existe un gîte officiel, un seul villageois ne peut matériellement recevoir un groupe de 10-16 personnes. D’où le recours au camping. Mais, que ce soit en gîte ou sous la toile, les visiteurs se trouveront partiellement, voire totalement, coupés de tout contact valable avec l’habitant. Bien au contraire, qui dit faible nombre de participants présuppose des rapports privilégiés avec la population locale.

À condition de se préparer correctement au voyage, mentalement et physiquement, afin de ne sombrer ni dans une recherche à la fois « nunuche » et effrénée du « noble sauvage » cher à Rousseau. D’être pré-disposé à une rencontre avec « l’autre », fondée sur le respect et le partage, notions – hélas ! – galvaudées, mais relevant du domaine du possible, et ce sans misérabilisme ni tartarinades.

Voilà, en quelques mots, la philosophie du voyage montagnard marocain que je me suis toujours efforcé de défendre, de pratiquer dans le cadre de cette GTAM que nous avons été nombreux, entre chemineaux de l’Atlas, à, reconnaître, à promouvoir. »

Publishing history :

Cf. « Regards croisés, tribune libre aux voyageurs », sur le site web de Trek Magazine, en ligne N°01 – Décembre 2001 ; disponible sur http://www.trekmag.com/mag_01_regard.asp 

                                  ——————

6/ Recension d’ouvrage : 

Cahiers Géographiques, (sous la direction de Lahsen Jennan), n°2/ décembre 2005, Faculté des lettres & des Sciences Humaines, Dhar El Mehraz, Fès. 

C’est au grand géographe marocain Lahsen Jennan, qui vient récemment de signer sa thèse monumentale sur le Moyen-Atlas, que nous devons cette livraison de qualité, ciblée dans son ensemble sur le problème du développement touristique au Maroc, principalement dans les secteurs du tourisme de montagne, du désert et de l’écotourisme. Ce sont, du reste, les articles et notes de recherche traitant de ces matières qui vont faire l’objet de l’aperçu critique suivant.

Exception faite pour le premier article, il est réjouissant de constater à quel point, au Maroc, des chercheurs nationaux, préoccupés à juste titre par l’avenir de leurs région montagneuses respectives, ainsi que par les mutations qu’elles connaissent actuellement, se penchent sur le dossier du développement durable, perçu comme unique bouée de sauvetage face à une situation socio-économique parfois critique.

                                   ————

Introduction 

Dans son préambule, Lahsen Jennan évoque le caractère multidimensionnel de « la problématique du tourisme au Maroc », ainsi que l’importance qu’il y a à maîtriser le développement touristique dans un milieu hautement fragilisé par la sécheresse et l’appauvrissement des ressources naturelles.  L’éditeur fait allusion à l’interaction entre la politique touristique et la stratégie des acteurs sur le terrain, ainsi que les interrogations suscitées par les formes et pratiques d’un tourisme, lesquelles s’avèrent, dans certains cas, facteurs d’auto-dégradation de l’environnement touristique. Un double effort est nécessaire, par conséquent, a) pour réhabiliter ces formes de tourisme ; b) pour répartir équitablement auprès des populations les recettes qui en résultent.Nécessité, également, par souci d’harmonisation et d’efficacité, d’affiner la co-ordination entre l’État et les autorités locales, celle-ci étant quasiment non-existante à l’heure actuelle, alors que l’objectif annoncé de 10 millions de touristes en 2010, supposerait une « synergie réelle » entre les différents acteurs afin d’assurer la réussite de ce pari ambitieux. Synergie qui pourrait résulter d’un partenariat cohérent en vue d’un développement durable.

                                  ————

1er article : « Ressources, produits et développement des lieux touristiques et sportifs marocains », de Jean Corneloup, Pascal Mao & Nicolas Senil, CERMOSEM, Le Pradel, Mirabel (Univ. Joseph Fourier – Grenoble), pp. 1-8.

Papier important pondu par de jeunes et brillants théoriciens dont l’expérience du terrain marocain se résume à cinq voyages d’étude (2002-2005). Démarche qui s’inscrit dans le cadre d’un possible transfert vers le Maroc des enseignements tirés d’une étude théorique sur la « sportivisation des lieux touristiques en France ».

C’est le sujet des quatre premières pages, illustrées de schémas très « parlants ». Tout au plus y note-t-on la discutable apparition du Franglais. Au lieu de « wilddoor » par exemple, s’appliquant aux « grandes profondeurs de la nature » (p. 4), « wilderness » serait plus approprié. Quant à « Outdoor », lié à la notion du great outdoors en anglais, on dit « plein air » en français ; autrement, l’UCPA (Union des centres de Plein-Air) serait obligée de se rebaptiser UCOD (Union des centres Out-Door).

Les paragraphes qui suivent contiennent ample matière à discussion. Prétendre, par exemple, que la logique marchande « reste largement à la périphérie de la montagne marocaine » (p. 4), est inexact. Il suffit d’étudier les brochures des TO spécialisés dans le trekking depuis trente ans, d’en analyser le discours, comme je l’ai fait par ailleurs (Peyron 1984 & 1985), pour être convaincu du contraire. Je serais le premier à me réjouir du fait que cette montagne « échappe à la culture du marketing » (p. 5), si je ne savais à quel point cette idée est erronée. À la noria des TO spécialisés dans le trekking est venue s’ajouter, depuis 1990 environ, celle des raids 4×4 commercialisés avec bivouac à la belle étoile, qui constituent des agressions culturelles et environnementales répétées. Ce qui faisait le charme de ces régions – dont cette énigmatique « rencontre des populations berbères » (p. 6), souvent évoquée, rarement pleinement réalisée – subit des atteintes irréversibles. À terme, d’ailleurs, par le biais de l’érosion qualitative qu’elles infligent aux cultures visitées, ces formes de tourisme contribuent, à terme, à leur propre perte ; tendance auto-destructrice que j’avais dénoncé en son temps (Peyron 1984 & 1985 ).

L’approche de la montagne marocaine, telle que la perçoivent les auteurs, nous révèle un monde ésotérique, peuplé de « marqueurs culturels », « d’objets-signes », et d’adeptes du « tourisme territoire flottant en réseau ». Cependant, peu de précisions sur cet univers complexe, pas plus que sur les pratiques culturelles qui le caractérisent. On se contente d’apposer de nouveaux labels sur des pratiques déjà répertoriées : ethnotourisme, tourisme des mœurs, escalade de voyage, etc. Aussi, suis-je amusé d’apprendre que la randonnée pédestre, à laquelle je m’adonne depuis quarante ans dans l’Atlas marocain en créant « mon propre univers », recevrait la qualification équivoque de « libertine » (p. 7) !

Dans le tableau qu’ils dressent des pratiques sportives en montagne marocaine, les auteurs saluent « l’émergence de lieux emblématiques comme Ifrane, les cascades d’Ouzoud, les gorges du Todhra, le parc du Toubkal ou encore Merzouga » (p. 7), comme s’il s’agissait d’un phénomène récent. Cela fait belle lurette, on le sait, que les sites en question font l’objet d’une fréquentation importante. En revanche, que certains aspects de l’évolution récente de sites comme Ouzoud, Todrah, ou Merzouga soient de nature à retenir l’attention de l’analyste averti, personne ne le contestera. 

Sans remettre en cause la « sur-représentation des français » (p. 5) parmi les pratiquants du tourisme d’aventure, on occulte la forte participation britannique et hispanique ; au prix de se voir taxé d’insularisme on oublie de citer le Rough Guide et le Lonely Planet Guide, comme si le Guide de Routard faisait seul autorité. Pareillement, attribuer la dynamisation du site d’escalade du Todrha prioritairement aux français et suisses (p. 7), c’est négliger la contribution britannique (idem, pour l’escalade dans le Lkest, Anti-Atlas, avec, du reste, publication d’un topo). Dans leur « synthèse conclusive » (p. 7) les auteurs ne font pas allusion à l’existence de murs d’escalade situés dans l’enceinte de lycées français (« Lyautey » à Casablanca, ou « Descartes » à Rabat). Quant à la supposée absence de moyens pour encourager un tourisme montagnard individuel, c’est oublier un peu vite l’existence de refuges et de gîtes dans certains massifs de l’Atlas ; c’est faire l’impasse sur des ouvrages spécialisés (Collomb 1980, Cominelli 1984, Fabri & Gros 1980, Fougerolles 1991, Galley 2004, Knight 2001, Millet 2003, Peyron 1984, Smith 1989, etc.), ainsi que des revues style « grand public » (Alpirando, Montagnes magazine, Montagnes Marocaines, Trek magazine, etc.), lesquelles consacrent périodiquement des articles au voyage marocain. D’ailleurs, le seul fait que ces topo-guides et articles de revue ne figurent pas dans la bibliographie (p. 8) des auteurs, fixe clairement la limite de leur démarche. En rupture avec une certaine réalité du terrain, ceux-ci restent en vase clos, passant sous silence toute source bibliographique ne relevant pas de la mouvance universitaire. On passe également à côté d’articles récents consacrés à la problématique montagnarde marocaine parus dans le RGA et Montagnes méditerranéennes, publications émanant de structures proches des chercheurs en question. Reflet d’un blocage au niveau de l’information ; ou cloisonnement exacerbé de la recherche ? Les auteurs évoquent l’effritement, voire la disparition de certains raids quasi-mythiques, si ceux-ci « ne sont pas entretenus et dynamisés » (p. 7).

Pourtant, ils existaient déjà avant la montée en puissance du tourisme de montagne au Maroc, et peuvent perdurer encore longtemps, étant porteurs de leur propre dynamique (Toubkal à skis, Azourki/Mgoun à skis, gorges du Mgoun, Sirwa, traversée linéaire du Haut Atlas, etc).  Tout au plus observe-t-on des modifications locales de pratique pour cause d’effet de mode. Ainsi, dans le Haut Atlas Oriental, massif desservi par un réseau de pistes de pénétration et de liaison, la randonnée pédestre et le ski-alpinisme (auxquels j’avais contribué en son temps : Peyron & Dourron 1977) sont en perte de vitesse depuis une dizaine d’années devant la prolifération des raids en 4×4.Loin de chercher à développer par tous les moyens, et parfois n’importe comment, le tourisme de montagne au Maroc, il me semble qu’il serait grand temps d’y mettre un bémol. La fréquentation sportive, bien qu’importante dans deux ou trois zones, n’aurait pas encore dépassé le seuil critique, du seul fait de la dispersion des raids proposés, jointe à l’immensité des Atlas ; ce que j’avais déjà signalé (Peyron 1995). Les structures d’accueil en place sont de nature à satisfaire la demande actuelle et d’assurer des revenus aux riverains concernés ; c’est très bien ainsi. Il serait, cependant, utile de consolider les acquis et d’en assurer la continuité harmonieuse autant que qualitative. De toutes façons, et quoique l’on entreprenne, en s’entourant d’un luxe de précautions oratoires, en qualifiant son approche de « respectueuse de la nature », de « responsable », de « tourisme diffus » ou « durable », l’implacable logique marchande étant ce qu’elle est, on aboutira tout de même à la sur-fréquentation. L’expérience du terrain tend à démontrer qu’un site laissé en l’état, faisant l’objet d’une publicité minimale, d’une exploitation confiée aux locaux avec juste ce qu’il faut comme d’infrastructures (cf. massif du Bou Iblane, Maroc ; massif d’Allevard, Isère ; pays de Bramans, Savoie), conservera plus longtemps sa supposée pureté culturelle et écologique, que celui que l’on développera à outrance, et autour duquel se fera un tapage médiatique, aussi bien intentionné soit-il.S’agissant de l’article de Corneloup, Mao et Senil, malgré les quelques réserves ci-dessus émises, malgré la jargonisation parfois excessive du propos, et si l’on peu également regretter la part dévolue à la théorie, il s’agit incontestablement d’un papier fort stimulant et bien documenté. Il pourrait s’avérer utile de compte de ses conclusions provisoires.

                                  ——————

2ème article : Zoubir Chattou, Karim Yahya, « Effets socio-économiques et culturels du tourisme sur les communautés rurales du Haut Atlas, cas d’Armed à Imlil », pp.9-16.

D’emblée, et afin d’éviter toute ambiguïté, on retiendra l’orthographe Armed (nouvelle version du toponyme Aremd, voire Aroumd), sans doute plus proche de la prononciation en langue amazighe.

Article fort intéressant signé par deux chercheurs de l’ENA de Meknès, et qui traite d’une commune au pied du Toubkal ayant pleinement bénéficié de la manne touristique, résultat auquel les auteurs décernent un satisfecit nuancé.

D’un côté, les recettes contribuent au mieux-être des familles des acteurs concernés ; à une certaine émancipation de la femme ; à de nouveaux investissements dans l’arboriculture, ainsi qu’à une fixation de jeunes pouvant par ailleurs être tentés d’émigrer. Enfin, une infrastructure routière améliorée a abouti au désenclavement des douars d’Imlil.

De l’autre, on assiste à une répartition inégale de ces nouvelles richesses ; au renforcement des élites traditionnelles joint à l’émergence de nouvelles élites ; à une perception dévalorisante des travaux agro-pastoraux chez les locaux (provoquant l’arrivée dans la vallée d’ouvriers allogènes – constat identique dans le Moyen-Atlas occidental, 2006) ; à une évolution résolument « bétonnante » de l’architecture classique ; à des frictions entre gîteurs et guides officiels d’une part, et « logeurs » et faux guides d’autre part ; à une participation relativement faible des femmes dans cette nouvelle dynamique pour cause de survivance d’a priori traditionnels. Tout ceci est clair.

La perception de l’environnement par les populations (Peyron, 1998) l’est beaucoup moins. C’est pourtant une question primordiale pouvant déterminer l’aspect qualitatif d’un site, et par conséquent son avenir, même sur le plan touristique. Si l’engouement pour le béton satisfait une légitime aspiration à la modernité, il met les riverains en porte-à-faux vis-à-vis de visiteurs soucieux de « la préservation du caractère rustique des douars d’Imlil. ». (p. 11) Constat rassurant toutefois : « les habitants (…) sont conscients que la préservation de leur activité touristique dépend de leur capacité à préserver leur e,nvironnement. » (p. 12) Il reste donc à harmoniser ces paramètres conflictuels.

Du reste, on ne perçoit pas très bien si par le terme « environnement » on doit comprendre le cadre bâti des villages et de leurs alentours (pelouses de bord d’asif, banquettes cultivées, vergers, etc.) ; ou bien s’il s’agit de l’environnement naturel au sens le plus large – cours d’eau, matériaux rocheux, couverture nivale, couvert végétal, faune animalière et aviaire. Du reste, à aucun moment cette notion n’est-elle précisée, mis à part le souhait de « retrouver un équilibre lui permettant de se re-générer, si un accompagnement durable des pratiques des populations est instauré par les acteurs institutionnels et civils. » (p. 12)

Effectivement, en ce qui la faune, il est malaisé de faire changer de vieilles habitudes de chasse et de braconnage. Un ami de Casablanca qui fréquentait régulièrement le massif, m’avait raconté de quelle manière, vers 1960, un certain Boujemaa X, du douar de Tizi Oussem, n’avait connu de repos avant d’abattu les derniers mouflons du Tazaghart ! Depuis lors ces fleurons de la faune atlasique se sont remis des hécatombes antérieures – c’est un fait attesté (réserves d’Ouirgane et du Tachaokt) – et leur présence donne enfin quelque crédibilité à la notion de « Parc du Toubkal ». Une surveillance anti-braconnage effectivement appliquée serait néanmoins indispensable, jointe à une scolarisation plus efficace des enfants, comportant un volet « respect de la nature », à l’image de certaines pages du nouveau manuel de l’IRCAM, Tifawin, a Tamazight !. Ce à quoi il est permis d’ajouter que le rêve de voir leurs enfants scolarisés est un des soucis majeurs des femmes amazighes de l’Atlas.

Un autre aspect délétère du tourisme de montagne hyper-organisé mérite commentaire : la réglementation en vigueur fait obligation aux visiteurs de recourir aux services d’une gîteur officiel, mettant ainsi fin (dans le Toubkal tout au moins) à l’époque heureuse où le randonneur « libertin » n’avait d’autre choix que de s’en remettre à l’hospitalité amazighe traditionnelle. Époque révolue ; à l’heure actuelle, nous dit-on, « les villageois qui ouvrent leurs portes aux touristes (…) s’exposent à des risques importants. » (p. 14) Triste et navrant constat ; développement que j’avais d’ailleurs prédit en son temps (Peyron, 1990). Et pourtant, sur le plan des rapports inter-culturels, l’expérience s’avérait souvent sympathique, les riverains ayant des étrangers une vision positive, bien que tempérée par des considérations matérialistes compréhensibles, étant donné le rude milieu où ils vivent :  « Ils sont bénéfiques pour nous parce qu’ils ont un pouvoir d’achat important et paient mieux nos services. » (p. 14) Ceci rejoint l’opinion d’une montagnard rencontré en mars 1968, dans le haut Aghbar, qui me disait (en parlant d’un célèbre voyageur européen de l’époque, spécialiste de l’Atlas marocain) : « Monsieur Y, lui, est un homme bien, parce qu’il donne des bons fabor-s (pourboires). » On aurait pu, enfin, signaler d’autres initiatives touristiques de la zone Armed/Imlil. Celle, par exemple, de la « Kasbah du Toubkal », créée par une équipe irlandaise. Unité hôtelière de luxe, dominant Imlil, et qui se déclare impliquée dans le tourisme responsable avec, notamment, des actions environnementales pour le bien-être des riverains (création d’un hammam).  Quoi qu’il en soit, l’article de Zoubir Chatou et Karim Yahya a le mérite de fournir une lecture cohérente et objective de la problématique de terrain qui règne actuellement autour des douars d’Imlil, articulée autour d’une activité touristique accrue et devenue quelque peu victime de son propre succès. Les auteurs ont parfaitement mis en exergue les contradictions qu’elle fait naître, tout en proposant des solutions adéquates.                                                            —————— 

3ème article : « Le tourisme de montagne dans la vallée des Aït Bouguemmez (Haut Atlas central) et son impact sur l’espace et le patrimoine », Mohamed El Bouchhati, ISTHT, Marrakech ; pp. 17-21.

On ne peut que se trouver en phase avec cet chercheur qui semble avoir à cœur la sauvegarde des sites naturels et architecturaux des Aït Bouguemmez, tout en s’annonçant partisan d’un tourisme responsable auquel participeraient les locaux.

Quelques remarques s’imposent :

1/ On relève l’apparition classique des nuisances urbaines qu’accompagnent le désenclavement de la vallée : sacs en plastique et évacuation d’eaux usées qui contaminent direct le lit d’asif.

2/ Aspect qualitatif de l’hébergement ; à côté des gîtes classés fonctionnent avec plus ou moins d’efficacité des gîtes en attente d’agrément. Pour l’heure, ce sont techniquement des « logeurs », phénomène déjà signalé à Imlil.

3/ Danger d’un tourisme frisant la saturation et devenu potentiellement auto-destructeur. De trop nombreuses familles vivant exclusivement d’un tourisme au risque de faire perdre à la vallée « son originalité à l’échelle d’un patrimoine historique, culturel, etc. » (p. 19). Par ailleurs, à l’instar d’Imlil, la tendance « bétonnante » est dénoncée comme facteur aggravant.

4/ Toujours à propos du patrimoine architectural, on constate le non-respect flagrant des dispositions de l’ICOMOS (p. 20) : construction de gîtes et /ou de maisons particulières sur des sites occupés jadis par les célèbres et caractéristiques igherman (greniers-citadelles) qui contribuaient à la renommée de la vallée. Ceci ne fait qu’illustrer l’écart classique entre d’excellents textes théoriques et leur application sur le terrain.

Du fait de cette auto-dégradation constatée, et si le milieu naturel n’est pas mieux respecté, l’auteur émet des réserves quant à la validité à terme du tourisme durable, tel qu’il se pratique actuellement, en Aït Bouguemmez.

Il signale, cependant, l’aspect bénéfique de certains projets visant à améliorer l’irrigation et l’agriculture ; il évoque, également, l’Atelier de Réflexion d’Azilal de 1990, dont les enseignements en matière de développement touristique, plus de quinze en aval, demeurent toujours d’actualité.

                                                           ——————

4ème article : « Pour un développement du tourisme et des loisirs dans la province de Sefrou », Lahsen Jennan, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès, pp. 23-32.

Lahsen Jennan consacre cet article au développement touristique de la province de Sefrou, dont il est originaire, et où beaucoup reste à faire. Le potentiel provincial, dont des fêtes et des moussems (objet d’un tableau détaillé, pp. 25-26), pourtant prometteur, reste à l’écart des activités classiques du style tournée des « villes impériales », avec en apothéose Fès, dont la proximité écrase Sefrou. Selon Jennan, la province souffre de carences en matière d’infrastructures (hôtels, auberges, campings), d’accès goudronnés aussi.

Propos qu’il conviendrait de nuancer car, dans le Moyen Atlas oriental bien des pistes sont en passe de devenir des routes (axe Talzemt-Tamjilt-Berkine ; desserte d’Azinous et d’Almis Marmoucha, etc.), alors qu’on note l’apparition de gîtes dans le Moyen Atlas, quoique de façon plus générale, il est vrai, dans la province voisine d’Ifrane.

Un paradoxe, également ; tout en étant le massif marocain le plus parcouru, le plus traversé, le moyen Atlas demeure méconnu et sous-exploité.

Quant aux moyens de la valoriser, ceux-ci ne font pas l’unanimité ; les uns souhaitent l’intégrer dans le tourisme classique pour qu’il devienne zone de séjour, plutôt que zone de passage. Les autres préfèrent avoir recours à au tourisme rural diffus, ce qui ne serait pas incompatible avec le fait de « conforter l’existant » (p. 24). Toutefois, fixer les populations locales, objectif perçu comme susceptible d’enrayer l’exode rural, peut, en cas de paupérisation inchangée, contribuer à la dégradation de ressources naturelles déjà largement entamées ; donc, résultat contre-productif.

Au chapitre des animations possibles on pourrait ajouter l’ornithologie, créneau très porteur (officiellement sous-exploité dans l’Atlas), bien que composante d’un écotourisme en pleine expansion à l’échelon mondial. Ceci à la rubrique « gîtes de lac » (p. 28), semblables à des structures d’accueil telles que Tislit Bride (Imilchil) et du Lakeside Inn d’Agelmam Sidi ‘Ali (proximité du col du Zad, RP 21). Les oiseaux de passage qui fréquentent ces lieux représentent, en eux-mêmes, une ressource non-négligeable. Toutefois, de telles implantations devraient s’accompagner d’un minimum de déontologie, environnementale si l’on souhaite éviter l’effet opposé : sur-fréquentation, nuisances sonores, déchets plastiques, disparition à terme de la faune aviaire.

L’auteur se dit partisan d’une station de ski au Bou Iblane (p. 28), et (ayant participé personnellement à ce projet, période 1973-1977) je l’approuve dans une certaine mesure, bien que sa réalisation demeure guère envisageable dans un avenir prévisible pour une foule de raisons d’ordre conjoncturelles. Encore faudrait-il que cela se fasse selon une approche qui soit déontologique, saine, et respectueuse de l’environnement.

Il se déclare, par ailleurs, en faveur de la création de gîtes ruraux plutôt que de « complexes touristiques », à la finalité mal-définie, du genre de ceux qui fleurissent ne bordures des grands axes marocains.

Il a également le mérite de dénoncer certains citadins saccageurs de sites champêtres :

« Une importante clientèle nationale (qui) pratique régulièrement ce que l’on pourrait appeler un ‘tourisme vert’ – et qui n’en est pas tout à fait un – en consommant à l’air libre des repas cuisinés sur place (au prix d’un encombrement des moyens et au risque d’incendier la forêt et les champs !) » (p. 29).

Notons, cependant, que s’il épingle à juste titre cette clientèle, identique à celle qui fréquente l’Asif Tizguit (val d’Ifrane), ce n’est que pour mieux faire ressortir le manque criant de « petits restaurants » campagnards qui pourraient parfaitement convenir. Restaurants où, selon Jennan, moyennant un brin de bonne volonté, l’on pourrai servir de l’agneau de lait, des poissons d’eau douce et autres produits du terroir.

En revanche, je ne partage pas entièrement les vues de Jennan à propos de l’élaboration des circuits, notamment pour la région Tichoukt/Bou Iblane (Peyron 1984), ainsi que pour les réserves de chasse. S’il est exact que les sentiers des temps anciens (convenant parfaitement aux randonneurs) tendent à disparaître pour cause de mutations dans l’utilisation des axes de communication, la finalité de leur « remise en fonction » (p. 29) doit être soigneusement étudiée. Par ailleurs, si cavaliers et marcheurs peuvent co-habiter sur le même itinéraire, l’expérience du terrain prouve que le fait d’y ajouter VTTistes et motards (sans parler des 4×4) serait facteur de frictions et autres désagréments.

Pareillement, que l’on développe l’amodiation des réserves de pêche et autres oueds à truites passe encore. C’est du reste, un secteur qui se porte encore assez bien, bon an mal an. Par contre, développer la chasse (activité réservée à une minorité « argentée »), serait difficilement compatible avec la tendance écologiste adverse (dont il y a lieu de tenir compte dans le contexte actuel) favorisant la protection d’une nature déjà sérieusement mise à mal. N’oublions pas que la chasse débridée au petit gibier (perdrix, caille, canard sauvage, lièvre, etc.), largement pratiquée par les nationaux, a contribué au dépeuplement faunistique de nombreux sites de l’Atlas marocain. Y admettre « le plus grand nombre » (p. 30), serait annonciateur de l’extinction proche des espèces chassées. Ce qui met exergue, une fois de plus, le caractère auto-destructeur de certaines activités liées au tourisme.

En contre-partie, Jennan propose comme mesure d’accompagnement créatrice d’emplois, l’élevage du gibier à destination des Nemrod de  tout acabit. En cela pourrait résider la solution ; à condition de réaliser un effort d’infirmation et d’éducation auprès des populations locales, doublé de mesures draconiennes pour éviter tout abus. Ce qui supposerait une implication plus efficace des Eaux et Forêts, démissionnaires dans certains secteurs. Pour éviter que ne sévissent impunément certains « tontons flingueurs », à l’image de ceux que l’on a pu surprendre en plein délit de braconnage au mondialement célèbre lac d’Afennourir, pourtant protégé, et déclaré site Ramses (province d’Ifrane, 2004).

Jennan envisage également un certain nombre de mesures positives, facilement réalisables : aires de repos avec sanitaires, restauration, panneaux d’information, distribution de « plaquettes documentaires sur (le) pays » (p. 32) ; mise en valeur de l’histoire de la région (vie du grand penseur Si Lahcen Lyoussi du XVIème siècle ; résistance au colonialisme, XXème siècle) ; sauvegarde du patrimoine par l’aménagement d’une cave-témoin à Bahlil et création à Sefrou d’un « musée des outils traditionnels de la région » (p ; 31) – identique à celui existant à l’état embryonnaire au centre Tariq ibn Zyad de Midelt (2006).

En somme, article très complet, richement documenté et qui pose les vrais problèmes touristiques de la province de Sefrou, tout en proposant quelques pistes en vue de solutions possibles dans le cadre d’une approche globale.

                                                           —————

5ème article : « Le tourisme de montagne, un levier du développement durable : cas de Bouyablane et Taffert (Moyen Atlas oriental) », Ali Guiri, Chercheur aménagiste urbaniste ; pp. 33-41.

Fait intéressant, on notera la toute nouvelle orthographe > Bouyablane, au lieu de Bou Iblane (< bu iblawn, ‘celui aux cils’, en Tamazight ?), qu’il conviendra, sans doute, de respecter à l’avenir. On peut, cependant, s’étonner d’autres mutations toponymiques : ainsi Aïn Allaz (Llaz, ‘faim’) ; Meskidal (Meskedal) ; Bouzaâbal (Bou Zaâbl) ; Moussa ou Saleh (Moussa ou Salah ?), etc. Hormis ces quelques réserves, je suis tout à fait d’accord, dans l’ensemble, avec l’article d’Ali Guiri.

Son introduction fait ressortir une vérité première : le Bou Iblane, à l’exemple des autres montagnes du Maroc, souffre d’un manque de concertation, de cohérence et/ou de co-ordination dès qu’il s’agit de mener à bien une action de développement, touristique ou autre ; les aléas du découpage administratif n’y étant pas étranger. À cela peuvent s’ajouter le manque de volonté politique et le non déblocage des fonds de développement nécessaires.

La fréquentation du Bou Iblane pendant les trente dernières années, essentiellement le fait de touristes individuels ou en petits groupes, s’est fait au coup par coup ; résultat de la marginalisation socio-politique du massif ainsi que du vide déontologique qui y règne, le tout aggravé par l’éloignement des grands centres. De plus, d’incertaines modalités d’accès au refuge de Taffert, pendant longtemps l’unique structure d’accueil dans le massif, n’ont guère facilité la venue de visiteurs. Alors qu’à l’heure actuelle le massif s’ouvre timidement à des groupes organisés, le manque de possibilités d’hébergement fait que l’hospitalité demeure l’apanage des autorités locales (chioukh, muqqadimin), et pour leur seul profit, celles-ci n’hésitant pas à dissuader les villageois de recevoir chez eux les touristes de passage (2006). Ainsi, comme à Imlil, mais malgré l’absence de gîteurs agrémentés, décourage-t-on d’éventuels « logeurs » à assurer l’hospitalité (alors que celle des Marocains est renommée !) ; situation abusive que l’on ne peut que déplorer.

Quant au projet de station de ski, mis en route du temps du Protectorat, ré-activé en 1973-1977 à l’issue d’une longue période de sommeil, il a été avorté pour des raisons institutionnelles et économico-politiques clairement explicitées par l’auteur (p. 36). Raisons que j’avais déjà signalé (Peyron 2000), ayant pris part à l’époque au dit projet. Notons que j’avais, par ailleurs, été sollicité peu après pour un projet identique (1977-1978), le PHAO, (dans le Haut Atlas oriental), qui avait capoté, lui aussi, pour des raisons similaires. En outre, un  troisième projet lui avait été ultérieurement préféré, le PHAC (intéressant le Haut Atlas central), qui avait trouvé en la personne d’un certain expert du moment un défenseur éloquent, efficace.

Ainsi a-t-on pu assister depuis le début des années 1980 au navrant et progressif délabrement de l’embryon de « station » au Bled Tisserwine (qui ne devait être, selon le projet initial, qu’un simple « stade de neige », en attendant l’élaboration de la station définitive dans la combe d’Aïn Tarhialla), ceci sans qu’un rayon d’espoir ne soit venue éclaircir la scène locale. Ne subsistaient en mai 2003 que des lambeaux : un alignement tristounet de cyprès desséchés, un point d’eau, un vague parking en bout de goudron, un gîte touristique transformé en « maison communale du Bou Iblane » – constat d’échec quasiment sans appel.

Quant à la cédraie du Bou Iblane, une des plus belles du pays, et sont la sauvegarde s’annonce indispensable si le massif doit continue à attirer les férus d’écotourisme, elle continue à faire l’objet de mesures de protection insuffisantes et de coupes abusives (Peyron 2005).

L’article d’Ali Guiri, toutefois, fait correctement le point des potentialités du massif, et, sur le plan du développement touristique, apporte une nécessaire bouffée d’oxygène. L’argument vantant un enneigement de qualité au Bou Iblane, en comparaison avec celui du Haut Atlas central, y figure en bonne place (p. 40) ; j’y souscris sans réserves ! D’autant plus que cela conforte des études comparées sur les deux massifs auxquelles j’avais procédé in situ en 1986.

Les potentialités thermales, scientifiques, et halieutiques sont également évoquées. J’émettrais, cependant, des réserves quant à toute intensification (apparemment souhaitée ?) « de battues de sangliers et de perdreaux. » (p. 40) Si la « bête noire » survit en assez grand nombre, les légendaires « colonies » de perdreaux appartiennent au passé – seuls quelques isolés se manifestent de loin en loin !

                                                           ——————

6ème article : « Le tourisme de montagne : un acteur méconnu du développement local (le centre d’Igherm, Anti-Atlas occidental) », Ahmed Zarguef, FLSH, El-Jadida, pp. 51-55.

Ahmed Zarguef évoque, de façon judicieuse, l’implantation d’une tourisme de montagne digne du nom dans l’Anti-Atlas occidental, « les recettes du tourisme (étant) devenues une source principale de revenus pour de nombreuses communautés montagnardes. » (p. 51)  Si le modèle en place dans le haut Atlas lui paraît applicable à la région d’Igherm, cela ne doit pas s’effectuer à n’importe quel prix, de façon à éviter « les effets pervers du développement, notamment le risque de déséquilibre socio-économique et écologique. » (p. 52)

Cependant, l’auteur fait remarquer qu’un tourisme durable « entre les mains d’intérêts extérieurs » (p. 53) et qui n’impliquerait pas les locaux dans le cadre d’une approche intégrée, serait contre-productif, en particulier sur le plan environnemental, conclusion assez semblable à celle j’avais moi-même tirée en son temps (Peyron 1984). Ainsi l’auteur affirme-t-il non sans raison, « les habitants sont les gardiens des écosystèmes de montagne. » (p. 53)

Dans un même ordre d’idées, Zarguef souhaiterait que soient revalorisés les igudar, témoins d’un roche patrimoine local délaissé  et menacé à terme de disparition ; il en profite pour adresser aux autorités locales « conscientes de l’intérêt de ces monuments » (p. 54), un discret appel du pied afin qu’elles s’impliquent davantage. Autorités « (qui) ne ménagent aucun effort pour améliorer le sort des populations locales » (p. 53), et dont l’auteur semble attendre beaucoup.

Considérations valables, appelant, toutefois quelques remarques :-

1/ Si le développement durable apparaît à l’auteur comme susceptible de retenir les populations sur leurs terroirs, ne pas oublier qu’il peut induire l’effet inverse, accélérer l’exode rural. On a pu en constater quelques cas dans les Aït Bouguemmez, ainsi qu’à Tounfit. La démarche « bétonnante », corollaire infaillible du « tout goudron », peut provoquer une foule de retombées socio-économiques, les unes souhaitables, les autres beaucoup moins, notamment dans le domaine du bâti, ainsi que dans son utilisation (cf. régions de Ribat al-Khaïr, et d’Imilchil).

2/ Dans son exposé, Zarguef emploie le terme « environnement » (pp. 51-52) ; si le patrimoine architectural, ainsi que le domaine « oasien » sont mentionnés, sans doute y aurait-il lieu de définir plus clairement cette notion, la flore, ma végétation arbustive, la faune aviaire et/ou animalière n’étant pas explicitement citées.

3/ Souhaiter une plus large implication des élus (p. 52) dans le développement local peut s’avérer une gageure, leurs propres intérêts ne coïncidant pas toujours – tant s’en faut – avec ceux des riverains.

4/ Lors de la mise en place d’unités pour promouvoir la production artisanale (p. 55) – excellente initiative au demeurant, dans la mesure où elle doit profiter aux seuls habitants des douars de la région – se méfier d’éventuels maquignons toujours prêts à jouer les intermédiaires.

5/ « Faciliter l’arrivée des touristes » (p. 55). C’est, certes, une bonne idée en soi, sauf dans la mesure où l’on souhaite protéger un site, lequel, ne l’oublions pas, constitue une ressource touristique ayant son caractère propre. Il s’agit d’être très clair quant à la finalité de la démarche ! Le fait d’intervenir, de promouvoir, de rendre plus accessible, s’avère souvent le meilleur moyen de dégrader, de galvauder un lieu, entamant ainsi irrémédiablement ce qui en fait le charme.

Question : cherche-t-on à faire donner « la grosse cavalerie », avec passage répété de mini-bus, de cars bondés de touristes, grands consommateurs de brochette-couscous-tajine  sous tente caïdale; ou vise-t-on un tourisme culturel plus diffus, mais non moins commercial et durable, se contentant de déguster chez l’habitant quelques mets rustiques style askif, bu shiyyar, ibawn, ou tagulla wsengar, etc. ?

                                                           ——————

Note de recherche : « Tourisme et environnement en milieu aride. Remarques sur les régions d’Errachidia et Ouarzazate », Yazid Hamdouni-Alami, FLSH, DM-Fès, pp. 91-92. 

L’auteur examine les incidences sur les populations d’un tourisme saisonnier, « conjoncturellement » fragile, et grand utilisateur d’eau dans un pré-Sahara marocain exposé au stress hydrique. Il expose les graves problèmes environnementaux qui caractérisent cette situation, dont la baisse catastrophique de la nappe phréatique, l’inadaptation des techniques d’irrigation, les abus de jouissance de toutes sortes, la paupérisation des populations, le surpâturage et la désertification accélérée. De plus, la priorité systématiquement accordée aux visiteurs étrangers , porteurs de devises et premier destinataires et utilisateurs de l’eau (piscines, prises de bains et de douches), peut paraître abusive aux yeux des locaux.

Il st vrai que dans certains gîtes de la Tessaout (Haut Atlas central), des touristes assistés et épris de confort, pratiquant le adventure trekking, sont incapables de se passer de leur douche de fin de journée, condamnant l’épouse et /ou les filles du gîteur à faire plusieurs voyages vers le fond d’oued afin de remplir bidons et jerrycans d’eau – situation difficilement admissible, digne d’un autre temps !

En somme la note de recherche de Hamdouni-Alami, fort intéressante, expose clairement les composantes du problème de l’eau dans les régions arides d’Ouarzazat et d’Errachidia, ne faisant ressortir les besoins conflictuels nés de cette fréquentation touristique, laquelle doit en premier lieu, bénéficier aux populations locales.

                                                     —————

Conclusion 

Série d’articles bien documentés sur le tourisme de montagne au Maroc, et dont nous sommes redevables aux efforts de Lahsen Jennan.

À la lecture des différents papiers apparaissent en filigrane les éléments d’un débat. Plutôt qu’un désaccord profond sur les dossiers, tout au plus navigue-t-on légèrement à contre-courant. Les uns, par exemple, optent pour une commercialisation plus poussée du tourisme de montagne ; d’autres sont partisans d’une écotourisme rural, diffus.

On est frappé, néanmoins, par la richesse des informations fournies par les divers chercheurs, par le souhait quasi général d’œuvrer en faveur d’un développement touristique durable, équilibré, intégré, respectueux de l’environnement, et impliquant les populations locales.

Rares, cependant (je me répète), sont ceux qui paraissent véritablement conscients du fait que le développement – à défaut de s’entourer de garde-fous solides – peut être porteur des germes auto-destructeurs de la ressource touristique que l’on entend promouvoir.

D’autres intervenants ont encore du mot « environnement » des idées floues. Notion parfois confondue avec la conservation du patrimoine architectural et des coutumes locales, la véritable protection de la nature (faune, couverture végétale, etc.) n’étant pas valablement abordée. Certains, au contraire, sont partisans de promouvoir la chasse, activité difficilement compatible avec l’écotourisme ; incompatibilité qui devrait, sans conteste, faire l’objet d’études plus poussées. J’ai, du reste, évoqué ce problème dans un article récent (Peyron 2005).

En définitive, idées parfois conflictuelles, parfois excellentes, en théorie tout au moins ; dans toute entreprise de tourisme, de développement durable, il appartient aux acteurs d’être conscients que rien n’est parfait ; que tout est contradiction, négociation et compromis ! Le but consiste à déboucher sur la moins mauvaise solution, d’où il y aurait leu d’écarter tout ce qui relève du « y-a qu’à ».

Les autres solutions de développement et de sauvegarde proposées seraient-elles viables sur le terrain ? Toute naïveté mise à part, et à condition que les maîtres d’œuvres nationaux soient issus du monde rural, il est permis de faire montre en la matière d’un optimisme prudent.

michael.peyron@voila.fr

Références bibliographiques

COLLOMB, R., 1980, Atlas Mountains Morocco, West Col Productions, Goring, Reading, UK. 

COMINELLI, C., 1984, Ski dans le Haut Atlas de Marrakech, auteur-éditeur, Grafinter, Andorra la Vella.

FABRI, B. & GROS, C., 1980, Guide du Globe-Trotter : Maroc, Arthaud, Paris.

FOUGEROLLES, A., 1991, La Haut-Atlas : la montagne des montagnes, Glénat, Grenoble.

GALLEY, H., 2004, Trekking et ski de randonnée :  Montagnes du Maroc, Olizane, Genève.

KNIGHT, R.,  2001, Trekking in the Moroccan Atlas, Trailblazer Publications, Hindhead, Surrey. 

MILLET, E., 2003, Guide des merveilles de la nature : les plus sites naturels du Maroc, Arthaud, Paris.

PEYRON, M., & DOURRON, D., 1977, De l’Ayachi au Koucer : randonnées dans le Haut Atlas, Club Alpin Français, Rabat.

PEYRON, M., 1981, « À pas feutrés dans le Haut Atlas », La montagne & alpinisme, n° 1 :78-85.

PEYRON, M., 1984, La Grande Traversée de l’Atlas Marocain (G.T.A.M.), Imprimatlas, Rabat.

PEYRON, M., 1984-1985, « Tour-Operators dans le Haut-Atlas : quelques recettes pour accommoder le pigeon, Bulletin de l’Association Familiale Française de Casablanca, n° 95 : 18-22/n° 96 :23-28.

PEYRON, M., 1990, Great Atlas Traverse, Vol. 2 : Ayt Bougemmaz to Midelt,  West Col Productions, Goring, Reading. 

PEYRON, M., 1995, « En marge de la G.T.A.M. : réflexions sur certains aspects du tourisme sportif dans l’Atlas marocain », Actes du Colloque international : « Quel avenir pour le tourisme en montagne au Maroc », Ministère de l’Intérieur & du Tourisme, Marrakech :107-114.

PEYRON, M., 1998, « Les montagnards de l’Atlas marocain et leur perception du milieu naturel », Montagnes Méditerranéennes, n° 7: 139-142. 

PEYRON, M., 2000, « Les inadéquations entre savoir & développement : le cas du Moyen-Atlas marocain », Montagnes Méditerranéennes, n°12 : 49-52. 

PEYRON, M., 2003, « Promotion and protection: eco-tourism in the Moroccan Middle Atlas », Workshop on Sustainable Mountain Tourism, Al-Akhawayn University in Ifrane, Dec. 1-3. 

PEYRON, M., 2004, « L’éco-tourisme comme levier de développement des ressources territoriales : le cas des massifs orientaux de l’Atlas marocain », Montagnes Méditerranéennes, n° 20 : 187-194. 

SMITH, K., 1989, The Atlas Mountains : a walkers’ guide, Cicerone, Milnthorpe, Cumbria. Atelier de réflexion d’Azilal : promotion des économies montagnardes et protection de l’environnement dans le Haut Atlas, mars 13-16, 1991. 

Publié dans General | Pas de Commentaire »

Tour Operator Watch n° 10 Atlas Mountains

Posté par Michael Peyron le 1 octobre 2010

Tour Operator Watch n° 10 Atlas mountains
Morocco : October 2010 
  

by Michael PEYRON

01toubkalseenfromasni1.jpg   

   Toubkal massif seen from Saturday ssuq at Asni (photo: M. Peyron)  

  The world economic downturn has certainly had an adverse effect on some outside Tour Operators who target Morocco. “Hommes et Montagnes”, for one, the successful Bernezat-founded agency from Voiron (France), formerly active in the Hoggar and Atlas Mountains, went under in the spring of 2010 – not that were shedding any tears. If anything, in terms of mass consumer impact, this is good news; any current indication of a lessening of tourist attention becomes a positive factor.  In fact, even TOs have observed that the remotest Atlas valleys are beginning to feel the wear and tear from regular package tourist visits. This is evident from their sales talk containing ominous references to “les dernières terres sauvages de l’Atlas”, or “une region encore préservée”, as if fully aware that the pressure is on and, as it were, encouraging consumers to sample these areas’ pristine charms before it is too late. We had already detected this hypocritical attitude among TOs some thirty years ago (cf. Working Papers IIa). 

megdaz1.jpg 

    Megdaz village, Tassaout valley, February 1983, (photo: M. Peyron)

  Current trends  TOs are increasingly aware that, to break even, flexibility is the watchword. More than ever, they’re sub-contracting out to other agencies, pooling customer lists when a particular trip is under-written, or customizing their product to suit clients’ taste and initiative. Nothing new here; in fact, we’d commented on this trend a year or two back.  One new development, however, has been noted: hybridisation. Instead of sticking to one speciality, say, rafting, walking, mountain-biking, two or more of these activities are jointly offered. This becomes a hybrid tour. Actually, Club Med in the Atlas has been a pioneer in this field for some years, combining 4×4 tours with mild walking, Imilchil and points beyond being typical destinations. Recently luxury holiday camps near Marrakech have been going in for this: multiple activities on offer include parapente, accroc-branche, trekking and quads. Another discernible trend is that more and more Moroccan agencies are taking over, which is a good thing in the case of regional firms more likely to plough back funds into the local economy, than selfishly motivated big-city operators. 

The GTAM – now you see it, now you don’t! 

For reasons unknown the powers that be appear to have reneged on the idea of a grand traverse of the Moroccan Atlas (GTAM). End-to-ending has gone out of fashion. Even the Ministry of Tourism booklet containing practical information for visitors no longer mentions the GTAM, not even the palm-tree mountain logo, present focus being on “Mountain and Desert”. On their websites, however, the TOs continue to refer to the GTAM, the GTA, or even (ludicrously) to the “Great Crossing of the Atlas”!

  gtam3circuitjoursbasseresolution.jpg 

Route of GTAM n° 3, June 2010 (www.martinpierre.fr/rubrique-maroc-gtam-3,731986.html)

A certain Pierre Martin would appear to belong to a slightly different category. This freelance trekker, loosely connected with the Grenoble-based magazine, Trek, has been diligently mapping out a “traditional” or “official” GTAM, basically Mgoun to Toubkal in 20 odd days. There have been two variants: one being GTAM n°2 (Imilchil-Hadida in 18 days); the most recently reconnoitred route is GTAM n°3 (Midelt-Bou Taghar). Fully illustrated descriptions of these have been appearing on the web.

01tilouwinenjaafarsep19981.jpg

Author’s daughter Caroline Mackenzie at foot of ‘Ayyachi during 6-day Midelt-Asif Melloul backpacking traverse, Sep 1998 (photo: M. Peyron)

Although the last-named itinerary is presented as totally innovative, virgin and un-trodden, as if no previous backpackers had ever ventured along these well-worn trails (perish the thought!), at least it provides free info for all and sundry. And, significantly, shows that somebody out there is trying to keep the GTAM alive. For which he must receive all due credit!

 88amuletrekmaaskerdusk.jpg

 Jbel Ma’asker at dusk seen from Ayt Ouchen (photo: M. Peyron)

Such disinterested openness with information, far from any mercantile considerations, also encourages individual trekkers to do their own thing, thereby taking away some of the TO’s business. Which is all for the good.

 12oulghazimay19982.jpg

Oul-Ghazi village, Asif Melloul, June 1998 (photo: M. Peyron)

However, given the immediacy of life in the global vbillage, when they don’t give the impression they’re operating within a time warp or personal bubble, GTAM newcomers may be totally oblivious to developments past or present on the Atlas Mountain scene. Furthermore, contrary to Morocco-based walkers, outsiders like Pierre Martin arriving through Marrakech airport appear to lack the time and/or the inclination to include the Middle Atlas or Western High Atlas in their versions of the GTAM.

 120tousefseddidec1987.jpgTousefseddi, Asif Melloul, during 6-day Tounfit-Tillougit hike, Dec 1987 (photo: M. Peyron)

On the other hand, some Atlas exponents may wax boastful. This is very much the case with a well-known British North Country TO, who, in setting up a reasonably orthodox Mgoun-Toubkal mountain bike traverse, claims that it is “going where others don’t dare”! Almost as a rejoinder, a rival Brit outfit announces that it is staging the « definitive » Atlas biking traverse, whatever that means! One-upmanship such as this is now unfortunately commonplace in the game.

One individual, however, who seems to be concentrating on doing his own thing and extending a helping hand to Atlas trekkers, deserves a mention right here. Matthew Low, a British mountain instructor and tour leader settled in Imlil a few years ago and seems genuinely fond of the local mountains and their inhabitants. Visit him on www.imlil.org

To conclude, while 2010 apparently failed to witness the arrival of 10,000,000 tourists in Morocco, some 80,000-100,000 of whom would probably have made for the hills, only a minimal decline in mountain tourism activity has been observed. However, it remains to be seen whether the downward trend will be maintained in the foreseeable future.

  Lone Backpacker

michael.peyron@voila.fr

October 2010

Text copyright by Michael Peyron; material from same may be quoted in compliance with current academic practice.

Publié dans Tour Operator Watch | Pas de Commentaire »

Rubrique littéraire – livres récents sur l’Atlas marocain

Posté par Michael Peyron le 24 septembre 2010

Rubrique littéraire – livres récents sur l’Atlas marocain 

Frédéric Jullien, La traversée du Haut-Atlas en solitaire, Éditions du Fournel, L’Argentière la Bessée (2005). 

jullientraversehtatlas2005.jpg

Nous sommes dans l’habituel récit du montagnard qui parcourt en solo une chaîne peu connue et nous livre ses impressions (consignées dans son carnet de route) au fur et à mesure de ses étapes ; ensemble agrémenté d’un portefeuille de photographies en couleurs assez jolies. Un brin rêveur et poète, l’auteur a la plume suffisamment alerte pour nous faire part de sa philosophie du voyage fraternelle au contact de la merveilleuse hospitalité berbère. Démarche empreinte de modestie, il ne cherche nullement à étaler un exploit, simplement décrire à sa façon un suivi automnal atypique et (admettons-le) incomplet de l’ancienne GTAM de Taliwine à Imilchil en 31 jours. Le tout se lit plutôt agréablement. 

Cependant le lecteur reste sur sa faim. Le narrateur se dit guide de montagne se réclamant de la Provence, avec à son actif une traversée des Pyrénées. Toutefois, hormis une allusion à un voyage antérieur au Toubkal, on ne sait peu ou rien des motivations de notre homme, de ses antécédents marocains. Certes, il fait preuve d’un respect de bon aloi envers les Berbères et leur culture. N’empêche que tout cela flaire la démarche de débutant. On se serait attendu, il est vrai, à une préparation moins légère en vue d’une expédition éprouvante à la fois sur le plan physique et mental. À une initiation plus sérieuse à la langue amazighe.

Or, exception faite pour certains items lexicaux de base qu’il maîtrise sans peine, il est clair qu’il mélange tout. En remontant l’Oued Afra il pense sérieusement quitter l’aire de la tamajirt (sic) pour pénétrer dans le pays où se parle tachelhait (p. 58), alors que ce serait plutôt l’inverse ! Basculant entre féminin incomplet et masculin, il appelle l’ânesse qu’il a loué tantôt Tamazir, tantôt Amazir (animal de bât et de compagnie que l’ingrat sans cœur revendra sans sourciller le 17ème jour).

Il confond en outre les noms des villages : Timichi avec Tacheddirt (p. 36), Mazwad avec Magdaz, Imlil avec Imilchil. Sans compter les coquilles : plateau du Yagourt (p. 47) pour Yagour; Imilchi (Imilchil), lac de Téli (Tislit) ; Djebel Saharo (Saghro) ; Tournfite pour Tounfit, Mgoum pour Mgoun, etc.  Approche somme toute approximative, et c’est ce qui lui vaudra, sans doute, de sur-estimer sa résistance à la soif en milieu montagnard aride, de se fourvoyer dans les gorges de la Haute Tassaout et, surtout, entre Taghia et l’Izoughar, lac asséché en fin de saison sur lequel il comptait cependant pour réapprovisionner sa gourde. 

De plus sa brève épopée atlasienne se déroule dans une bulle intemporelle – il n’y a pas d’avant, encore moins d’après – bien que l’on puisse situer cela sans doute en octobre 2004. Principal reproche : le récit se termine abruptement, de façon peu satisfaisante. Tout devient vague et inachevé; pays et protagonistes s’estompent dans un flou peu artistique, laissant bon nombre de questions en suspens. Mariam l’institutrice d’Imilchil s’en va en weekend. Bien. Et notre chemineau de l’Atlas, où ira-t-il ensuite ? Vers Tounfit et le Sud ? Et après ? Envisage-t-il seulement un retour ? Une traversée revisitée, plus complète et peut-être mieux préparée, afin d’aller retrouver sa « fiancée » promise en haute Tassaout ? C’est le mieux que l’on puisse lui souhaiter. 

Vincent Geus, Maroc treks randonnées balades culture nature, Éd. De
la Boussole, Grenoble (2007). 

vgeusmaroc.jpg

Il s’agit là d’un travail plus sérieux, fruit de deux années (2005-2006) de travail sur le terrain, produit tout à fait représentatif de son époque, présentant de nombreux descriptifs d’itinéraire assortis de croquis, de fiches techniques et d’excellentes photographies en couleurs. Vincent Geus aura été servi par son travail d’accompagnateur pour l’agence Allibert, détail qui a son importance. En effet, bien que ce topoguide soit suffisamment complet pour permettre au randonneur individuel de s’en sortir sur place, il reflète tout de même la démarche des Tour Operators (TO), largement mentionnés aux pages 44-45 (discret appel du pied envers le lecteur !), faisant ainsi le jeu des assistés amateurs de sorties en troupeau, comme ceux que l’on voit au Mgoun (cf. p. 102). 

Soit dit en passant que nous ne sommes pas entièrement d’accord avec sa façon d’enfoncer les « faux guides », ayant constaté que ceux-ci sont souvent des prestataires sérieux, issus du milieu montagnard, contrairement à bon nombre de guides citadins ayant négocié leur diplôme au CFAMM ! 

Cependant, il ne s’agit pas là d’un guide vraiment complet des chaînes marocaines. Rif et Moyen-Atlas sont sommairement expédiés ; le massif de l’Ayyachi ne fait l’objet d’aucune mention ; quant au haut Atlas, enfin, tout s’arrête au Toubkal. Le haut Atlas occidental, lui, reste très largement laissé pour compte. En revanche, répondant en cela à de nouvelles modes lancées par les TO, la côte atlantique et le Grand Sud (‘homme bleus’ et Merzouga obligent) sont présents à l’appel. 

Par ailleurs, cet ouvrage vient confirmer la disparition officielle de la GTAM en tant qu’entité tangible sur le terrain. Aucune mention dans le texte, pas même le logo GTAM avec sa montagne coiffée d’un palmier, ainsi que je l’avais déjà constaté sous une autre rubrique du présent site. Geus se contente de citer les grandes lignes de ce qu’il nomme la « Grande Traversée du Haut Atlas central » (p. 76).  Nous n’allons pas énumérer certaines inexactitudes historiques et/ou géographiques que nous avons en son temps signalées à l’auteur, ni les imperfections du lexique arabo-berbère (pp. 50-53), témoignant de connaissances encore fragiles en langue amazighe.

Mais ceci n’a pas une très grande importance ; tel qu’il existe le lexique permettra au visiteur de se débrouiller en situation, voire de s’améliorer par la suite.  En définitive, et en dépit des quelques réserves ci-dessus signalées, nous pensons pouvoir accorder à cet ouvrage un satisfécit nuancé. 

Hamish Brown, The mountains look on Marrakech, Whittles Publishing, Dunbeath (2007). 

mountainslookonmarrakechbrown.jpg 

Pour ceux d’entre vous qui lisent l’anglais voici un ouvrage véritablement accompli. Entreprise soigneusement préparée, l’épopée du légendaire Hamish Brown, qui a relié Taza à Tamri en 96 jours (du 4 mai au 10 juillet 1995), constitue un aboutissement. Cela faisait trente ans que notre Ecossais fréquentait les monts de l’Atlas qui ont toujours éveillé chez lui de touchantes ressemblances avec les Hautes-Terres de sa jeunesse; c’est dire qu’il avait eu amplement le temps de mûrir son projet.  Sans rechercher l’exploit – au contraire il s’imposera un train de sénateur de bout en bout – il prend le départ avec un compagnon britannique et deux marocains, chargés de s’occuper des deux mules achetées pour la durée de la traversée. En cours de route d’autres compagnons se joindront à eux afin de les accompagner sur des tronçons spécifiques. Pour des raisons administratives ils doivent interrompre leur périple quelques jours à la hauteur de Marrakech. Leur arrivée à Tamri sur l’Atlantique sera l’aboutissement d’un travail d’équipe ; d’une démarche inspirée par un attachement profond envers l’Atlas marocain et ses habitants. Tout au long du voyage, Brown s’appuiera sur l’habitant, souvent sur des amis de longue date, constituant un véritable réseau. Le récit circonstancié qui en résulte contient de nombreuses anecdotes historiques, comiques et autres, sans compter des notes ornithologiques. Très complet, il incorpore des faits survenus antérieurement dans les différents lieux traversés. Procédant ainsi par amoncellement il permet en quelque sorte à l’auteur d’assembler sur le papier un gigantesque puzzle géographique fait de réminiscences multiples. Il permet, aussi, de saisir l’infinie variété des paysages de l’Atlas, depuis les collines relativement humides du Moyen-Atlas, aux vallées sèches du haut Atlas de Marrakech. Pour le plaisir du lecteur de nombreuses photos en couleurs viennent égayer le texte. Le tout représente un ensemble éminemment intéressant, attrayant et satisfaisant dont nous recommandons vivement la lecture ; il deviendra assurément un classique de la littérature atlasienne. En refermant le livre on sent que l’auteur est allé jusqu’au bout de sa démarche. Qu’il peut en tirer à juste titre un sentiment de devoir bien rempli. Que de souvenirs, aussi, pour les années de vieillesse et de moins grande activité, celles qui nous guettent tous ! 

Jean Robichez et Bouazza Benachir, Paroles berbères de la résistance Maroc central, 1935-1940, L’Harmattan (2010). 

parolesberbrersistance.jpg 

Connu principalement pour son magnifique Maroc central (1946), livre d’images sur les Imazighen du haut Atlas oriental, Jean Robichez avait, grâce à sa formation de berbérisant, également recueilli un corpus de poèmes d’époque en bi-lingue tamazight-français, essentiellement chez les Ayt Sokhman après l’épopée du Tazizawt, dont un bref extrait était paru dans la revue Les Temps modernes (1949). Restait à publier le reliquat, à rendre justice aux travaux d’un chercheur méconnu,  laissé de côté par l’establishment berbérisant de l’époque. Tâche qui incombera, en fin de compte, à Bouazza Benachir, anthropologue et philosophe marocain apparemment aussi peu instruit en poésie amazighe qu’en histoire moderne, qui assure ici le rôle de simple copiste. 

Résultat : un ensemble globalement satisfaisant. Quoique… Le copiste brille, certes, dans une introduction (pp. 9-29) rédigée selon les canons du jargon universitaire français aux contours parfois flous, et farci de termes ésotériques (exemple: rhizome, p. 24; awalien, p. 25).

Chemin faisant Benachir semble surtout s’émerveiller de l’humanisme avant-gardiste de Robichez, seul, à ses yeux, a avoir trouvé les termes adéquats pour décrire le phénomène de l’ahidus – mieux, en tout cas, que Chottin (p. 19) dont, à l’époque, les travaux faisait autorité.  Le copiste se contente, ensuite, de publier le corpus de Robichez, fort respectable au demeurant et hautement intéressant, en respectant la notation (satisfaisante dans l’ensemble) employée par ce dernier.

Cependant, de son propre aveu, il considère « vain » (p. 31) d’ajouter à ce travail la moindre bibliographie (pourtant souhaitable dans un ouvrage de ce type), et se borne à publier les notes du chercheur, apparemment sans y apporter de changement. Or, ainsi que nous allons le démontrer, il y aurait eu de quoi faire… 

On peut sans conteste mettre à l’actif du copiste bon nombre d’inexactitudes, de coquilles et de lacunes. Toutefois parmi de celles-ci certaines sont imputables au chercheur. Essayons d’y voir plus clair. 

Inexactitudes 

Benachir fait terminer la « soumission forcée » de l’Atlas en 1943, alors que celle-ci s’est achevée dix ans plus tôt (p. 14 & p. 22).  On dit Sidi Ali Amhawch, mais Imhiwach (pl.) lorsqu’on désigne la famille dans sa globalité (p. 83). Confusion masculin/féminin au niveau de la traduction : a ult-hediddu = ‘ô femme Ayt Hadiddou’ ; ‘a u-hediddu = ‘ô homme Ayt Hadiddou’ ; cf. izlan n° 111 & 112 (p. 90). 

Tabouarbit n’est pas tant une montagne qu’un ksar sur le Haut Ziz (p. 105 ; tamdyazt n° 145 ; ligne 12). 

Lacunes

On manque de signaler des cas d’allongement syllabique dictés par la métrique : tamadyazt (p. 26), tahayut (p. 112). De plus, le terme amdyaz n’a pas de féminin (cf. M. Taifi, 1991, p. 405); la corporation demeure masculine ! 

L’unique carte peu fournie (p. 34) est nettement insuffisante, alors que les toponymes abondent dans le corpus. 

Traduction incomplète de l’izli n° 14 (p. 49), auquel il manque un hémistiche. 

On omet de signaler que l’izli n° 45 faisait partie du corpus de Tawgrat Oult-Sokhman, poètesse emblématique de la région, dont jusqu’à ce jour les vers restent ancrés dans les esprits, que l’on occulte complètement (cf. Reyniers, 1930). 

Les Ayt Sidi Yahya ou Youssef (p. 68) ; on passe sous silence cette fraction maraboutique autrefois influente dans la région de Tounfit.   

Note incomplète concernant la colline de tawrirt n-tiyni (p. 75, n. 4), site d’un affrontement célèbre entre tribus à l’époque héroïque, « parce qu’ils l’avaient voulu » (is-t-ran) ; cf. De la Chapelle, Le Sultan Moulay Ismaïl et les Berbères Sanhaja du Maroc central (1931).  Bula (izli 105, p. 88) ; c’est le nom « berbérisé » du Capitaine Paulin, longtemps en poste à Tinghir. Note insuffisante sur Ahmaroq (sic) >Amahroq ; on omet de signaler, fait important, qu’il est un des fils de Moha ou-Hammou Azayyi (p. 100 ; n.1).

Même indigence sur le plan de l’information concernant les Ayt Sidi Ali, Sidi El Mekki, etc. 

On aurait pu signaler que : l’izli n° 53, les izlan 118 & 119, ainsi que la  tamawayt, n° 166 p.116 sont des classiques parus dans d’autres publications récentes – ce qui méritait de figurer dans la bibliographie non-existante. 

Coquilles 

uswari pour ušwari,  izli n° 42 (p.56)    timawayn pour timawayin (p.43) iddjium pour iddjiun (p. 64)    iluġam pour iluġman (p. 74) 

tzyzawin pour tzyzawt  &   imyldulin pour imidulin (p. 84, tamdyazt n° 100) ; confusion sing/ plur. ; midul était l’ancêtre éponymique des Ayt Hadiddou de l’ouest  ; du reste, l’appellation tamidulit sert parfois pour désigner le sous-parler tamaziġt de cette partie du Maroc central. 

En définitive, et malgré les quelques réserves ci-dessus émises, nous estimons qu’il s’agit là d’un corpus inédit, fort riche qui, en venant compléter des travaux similaires, enrichit nos connaissances sur un épisode jusqu’alors peu documenté de l’histoire marocaine. Et c’est là le mérite principal de l’ouvrage. 

Michael Peyron, Birds at Al Akhawayn, Al Akhawayn University Press,  Ifrane (2010). 

 birdsatauijuly2010.jpg

Destiné aux amateurs d’Ifrane et de sa région qui lisent l’anglais cet ouvrage de référence recense environ 80 espèces d’oiseaux fréquentant le campus d’Al Akhawayn et ses abords immédiats. Le lecteur y trouvera un recensement aussi complet que possible de la faune aviaire du site, ainsi que quelques détails essentiels permettant de différencier les différents types d’oiseaux. 

Cette université comporte un atout unique : le fait d’être toute entière bâtie dans un biotope arbustif permet une cohabitation autant pacifique que permanente entre humains et oiseaux. De plus, la forêt environnante, représentant plusieurs hectares clôturés est devenue une gigantesque réserve naturelle où la nature s’épanouit librement, et surtout à l’abri de diverses nuisances extérieures. 

Les rebords de fenêtres des résidences peuvent devenir autant de perchoirs, de mangeoires même, pour autant que les locataires y disposent quelques miettes de pain, un récipient d’eau. Des relations intimes, privilégiées se développent ainsi avec la faune ailée. En hiver, lors des conditions extrêmes de climat, chacun peut ainsi contribuer utilement à la suivie de ces espèces : trois types de mésange, le pinson, le merle, le rouge-gorge, le pic épeiche et d’autres encore. 

En somme, ce petit livre doit permettre aux ornithologues amateurs de tirer un plus grand plaisir de leur séjour « ifranien ». 

michael.peyron@voila.fr 

Grenoble septembre 2010 

Text copyright by Michael Peyron; material from same may be quoted in compliance with current academic practice.

Publié dans General | Pas de Commentaire »

The GTAM lives on regardless: recent romps round Imilchil (2005-2008)

Posté par Michael Peyron le 1 septembre 2010

The GTAM lives on regardless: recent romps  round Imilchil (2005-2008)

by Michael PEYRON 

mountainmountaindeqserttourismbrochure.jpg

Since 1999 the GTAM brochure has been renamed as above (photo: Moroccan Ministry of Tourism)

Demise of the official GTAM 

These last few years the GTAM concept has declined further. Although the Moroccan Tourism Ministry’s GTAM palm-tree/mountain logo still appears outside approved guest-houses from the Saghro to Imilchil, it smacks somewhat of irrelevance. The yearly information brochure no longer refers to « la Grande Traverée des Atlas Marocains » (GTAM); instead, it is entitled « Morocco Mountain and Desert Tourism ». All notions of a grand Atlas traverse seem to have gone out of the window. Notwithstanding this perceived end-to-end apathy, the present writer, remaining faithful to a linear logic, has continued whenever possible to organise private excursions with friends along the backbone of the Atlas Mountains, chiefly in the eastern section of the range. 

2005 witnessed a re-run of the by-now classic Imilchil-Zaouit Ahansal “haute route”, and another joint Franco-Moroccan effort. The Lhatoutes came along with their niece Lamiae, while Yves Biville and his daughter Marion joined us from Annecy, France.

ouzaroujrestaurantmay222005.jpg

At Rich with Y. Biville, A. & K. Lhatoute, L. Moufid, Ouzarouj and M. Biville, May 23, 2005,(photo: A. Lhatoute)

After a rendez-vous at the famous Ouzarouj restaurant in Rich on May 23, our party wedged itself tightly inside the ramshackle van usually provided for the afternoon service to Imilchil. Despite a puncture and the driver’s persistent propensity to look most of the time anywhere but ahead, especially when negotiating tight turns, we finally made it to Moha ou Zayd’s inn by 6 pm. Arrangements were made for a mule next morning and the party retired to bed once dinner was over. 

A certain Hammou Aouan reported punctually for duty with his baggage-mule plus a couple of plastic jerry-cans. It later transpired that one of these had not been rinsed out after having previously been used for petrol! This interesting discovery was made half-way up to Tizi n–Oughroum as certain participants first felt the onset of thirst.

 imm02019.jpg

At Iboukhennan, Asif Melloul, with K & A. Lhatoute, M. Biville, May 24, 2005 (photo: M. Peyron)

Almou n-Wensa revisited 

Luckily, we reached Almou n-Wensa to find the spring still running freely, though not quite so generously as last year. Local hospitality again proved unbeatable, a pregnant Oult-Hediddou housewife vacating her whole tent and moving in with the neighbours so we could spend a relatively comfortable night, although sharp stones did their worst to keep us awake!  True, the fact that Lamiae is a doctor and provided timely medical advice, proved decidedly helpful.

imm03534.jpg

Lamiae & Khadija taking leave of hospitable Oult-Hediddou women, Almou n-Wensa, May 25, 2005 (photo: M. Peyron)

Late in the afternoon on May 25, in dry sunny weather, we reached Almou n-Selloult after an event-free stage, Biville handling the catering arrangements en route with consummate skill. The sheikh of the pastures was as hospitable as ever, but when the evening menu was being discussed the author did manage to save a chicken’s life, averting the knife at the last minute, and we had omelette for dinner instead. 

Khadija, who had slept badly the night before on the stones of Almou n-Wensa, took a sleeping-pill while the meal was being cooked. Almost at once she keeled over and had to be put to bed!

May 26 took us without further ado up and over the camel’s hump of Izelfen to Almou Amazzan for another Biville al fresco luncheon. The party were impressed by the greenness of the pastures and the way frisky mules were chasing sheep all over the place.

imm04212.jpg 

Skirting Almou Akhattar, Jbel Tafraout in background, May 26, 2005 (photo: M. Peyron)

That night in Tafraout we put up at Saïd’s house – although he was personally absent – and presented his son with an electric torch so that his father could in future work efficiently on his irrigation-channels at dead of night. Khadija’s sleeping-pill from the night before was still active and she had to retire early to bed.

As expected, May 27 brought us to Zaouit Ahansal where the caïd, warned by the provincial governor (an old friend of Assou’s), gave us tea. There hadn’t been as much melt-water from snow as last year, the Ifferd tarn having evaporated and conditions were generally much drier. Beyond Zaouit we made rapid progress in the governor’s chauffeur-driven car, several sections of the old piste now being properly surfaced. That night, we were in Azilal and on May 28 returned to Ifrane via Beni Mellal by the usual combination of taxi and bus. 

Back to old haunts

In 2006, as with friend Houssa Yakobi  we concentrated on our famous Amazigh « sites of memory » (Tazizaout and Baddou) programme and being still Ifrane-based, we tended to give GTAM itineraries a miss.

However, in 2007 this writer made a 3-day traverse from Imilchil to Tounfit with his faithful companion Michel Morgenthaler, taking in Aqqa n-Wanin, Taoujjaâout hill and Tazizaout en route. There was little to report, apart from the fact that the Lakes Plateau igudlan were wide open to all-comers, a distinctly negative development that bode little but evil for pasture conservation and environmental harmony in the area. Not to mention that cedars around Tazizaout had taken a serious bashing at the hands of timber-rustlers since last visited in 2005!

 imm0021.jpg

M. Morgenthaler on main High Atlas ridge near Tizi n-Ighil, May 2007 (photo: M. Peyron)

Continuing via Agheddou, Tizi n-Ighil and the Tatrout gorge, we stayed the night at Asaka with an old friend, Sidi Moh Azayyi, from whom we collected a few more epic poems in Tamazight.

 45.jpg

Author with Sidi Moh Azayyi, Asaka, May 2007 (photo: M. Morgenthaler)

An amusing episode at Tounfit clinched the outing when the unauthorized van we had found seats on was intercepted by the local Gendarmerie. The upshot of it was that we got far cheaper seats on a taxi – commandeered by the Gendarmes – which conveyed us direct to Auberge Ja’afar near Midelt! 

Asif Melloul 2008 

For end-May 2008 Biville returned with his wife Catherine and friend Thérèse Moreau. Only trouble was that the ladies, presuming we should be going for the mule option, had taken too much luggage. A detail that nearly nipped the trip in the bud by making us 100% mule-dependent. Worse still, when we arrived in Imilchil, it had rained and snowed down to 2500 metres. As a result none of the muleteers approached through Moha ou Zayd were any too keen to venture abroad; others quoted un-heard-of hire-prices. After negotiations had proved unfruitful with three successive muleteers, we finally took on a strapping young porter called Bassou, who helped hump our stuff to Oul-Ghazi where we would get a mule. There remains, however, a lingering suspicion in this writer’s mind that Moha ou Zayd had engineered the whole arrangement in Bassou’s favour!

55batricepeyronbiville2008dsc005251.jpg

Backpacking for ever! Blue sky, spring snow and sturdy companions:  author with Thérèse and Yves, Asif Melloul, May 19, 2008 (photo: C. Biville)

Our intention was to descend Asif Melloul by the left-bank path and push on beyond Anargui to Cathedral Mountain. Day 1 took us to Oul-Ghazi where we stopped at Semlali’s house. The next morning, Tuesday, May 20, as Asif Melloul was running high, we had to indulge in some wading and make an extended detour, via Aqqa n Bou Iyessan, before hitting the Timmicha trail up onto the escarpment.

dsc00567.jpg

Author showing Y. Biville his patented sock-drier, Timmicha, May 2008 (photo: C. Biville)

That was the place where we pioneered a new way of drying wet socks by simply pulling them down over the handles of our trekking poles!

dsc00574.jpg

With Thérèse and Yves, Tizi n-Tiddad between Imilchil and Anargui, May 20, 2008 (photo: C. Biville)

It was a long tiresome day, being badgered by inopportune shepherds near Taiddert and having to cope with a completely ruined, eroded, ankle-twisting path on the last section down to Batli, where we found relatively comfortable river-side accommodation for the night, not far from a TO camp. Day 3 was shortish, as it brought us over Tizi n-Dari to Anargui and Chrifi’s comfortable lodge. We also took the opportunity to look up Semlali’s sister in her typical Berber house.

dsc00599.jpg

Muleteer Semlali from Oul-Ghazi and his sister at Anargui, May 21, 2008 (photo: C. Biville)

Thursday, May 22 worked out as a murderous, 13-hour road-bash down Asif Melloul to the Imi n-Warg gîte. En route, it was obvious that « the times they were a-changing » in the Atlas Mountains. First, we passed a dozen French ladies unwisely hiking in various stages of undress; half a dozen motor-bikes with back-up vehicle carrying bottles of all-important pastis; a couple of unsupported French mountain-bikers, while at the Chrifi lodge there had been a group of Spanish mountain-bikers, also with vehicle support including vino.

52promiseofabrightfuturemultisportcentrecathdraletamga.jpg

Muleteer wading Asif n-Ouhansal at foot of  Cathedral Mountain, May 22, 2008 (photo: M. Peyron)

The fake kasbah that serves as gîte at Imi n-Warg proved an unpleasantly crowded, noisy place with lousy food, unwanted booze and song. No wonder! A Tour Operator trekking group, escorted by famous Moroccan guide Hafida, had stopped there, not to mention an assortment of bikers and 4-WD exponents. Thanks to the proximity of steep-sided Cathedral Mountain, the place has also become the local Base-jump capital.

dsc006211.jpg

Author leading Semlali’s mule over last bridge before Tillougit, May 2008 (photo: C. Biville)

Day 5 involved a gentle walk to Tillougit; a taxi drive to Wawizaght; another one to Beni Mellal bus station. Here we were victims of a weird little episode: just as we were bundling our stuff into a Petit Taxi the muezzin’s call to prayer resounded and our bearded Islamist driver prompty went on strike to say his prayers. The deal was off! Luckily, another taxi-driver (a Tamazigh-speaker) had witnessed the scene and gamely took us to the Hôtel de Paris for a long overdue shower and welcome beer.

Spring 2008 had proved a watershed as far as this writer is concerned. The Asif Melloul outing, plus an expedition up Toubkal two weeks later with the Lhatoutes, really removed any residual doubts he might have had about the negative impact of TO activities on the Atlas Mountains. He decided henceforth to devote the unflagging energy of his declining years to creating awareness by hook or by crook as to the catastrophic effects of mass tourism on the Moroccan Berber highlands. It is high time TOs acted in a more responsible manner if environmental fall-out from commercial caravans is to be meaningfully monitored in the future.

  Lone Backpacker

michael.peyron@voila.fr

September 2010

Unless otherwise specified all texts and illustrations are copyright by Michael Peyron. Material from same may be quoted in compliance with current academic practice.

Publié dans General | Pas de Commentaire »

Revisiting Morocco’s Great Atlas Traverse, or GTAM (1989-2004)

Posté par Michael Peyron le 24 août 2010

Revisiting Morocco’s Great Atlas Traverse, or

GTAM

(1989-2004) 

By Michael PEYRON 

33tanaregion.jpg

Midelt-Tinghir traverse, with guide and Yves on Jbel Harouch, Feb 1992 (photo: Y. Biville)

The GTAM goes international 

A first article on this website outlined the genesis of the Grande Traversée de l’Atlas Marocain through various reconnaissance trips and partial follow-throughs (1972-1988), expressing this writer’s grand design, and given his limited availability in the field, labouring as he did under certain professional and familial constraints. True, he was at a distinct disadvantage vis-à-vis free-wheeling bachelors and other would-be GTAM end-to-ending rivals with more time on their hands. This, more than anything else prevented him from ever end-to-ending at one fell swoop. However, go over the ground in detail, he did! A point that should be borne in mind.

His move from Rabat to Grenoble in the late 1980s coincided with two developments. One the one hand, Robin Collomb at West Col Productions having displayed interest in an English-language version of the GTAM, the present author found himself requested to produce a two-volume edition of his successful guide-book. Most of the work on this project was done in a beach hut at Témara, the finishing touches being applied between sessions on the ski slopes above Grenoble. The resultant volumes emerged respectively in 1989 and 1990. Twenty years down the road they are still variously acknowledged by different sources as “definitive”, “meaningful” or « most useful » with regards to hiking in the Moroccan Atlas.

 greatatlastraversetwovolumes.jpg

In the meantime, travel-wise Moroccans had been putting their house in order: DAI/BDTR, an off-shoot of the Moroccan Tourism Ministry, was thus founded under the aegis of François Chalumeau, a Frenchman well-known in local mountaineering circles, and he set about centralising information on trekking in the Atlas Mountains. This office brought out a yearly booklet, containing practical information on the GTAM, supposedly standing for “Grande Traversée des Atlas Marocains”. Not quite plagiarism, though dangerously close to our 1984 deposited trade mark !

 gtampalmtreelogo.jpg

Palm-tree mountain logo on back cover of the GTAM practical info guide-book that ran under that title till 1998 (Moroccan Ministry of Tourism)

However, as our French version of the GTAM guide-book was quoted in their bibliography, we didn’t feel that the matter justified a costly law-suit. This new GTAM went hand-in-glove with a palm-tree mountain logo that appeared at various points across Morocco’s mountains, chiefly outside government-approved lodges and guest-houses, from Imilchil in the north-east, to Jbel Saghro in the far south, though after Chalumeau withdrew from the project in the late 1990s, the notion of “Traversée” as such (the T in GTAM) appears to have been firmly put on the back-burner! By then the annual booklet lamely referred to mountain and desert tourism, overly denying any connection with the GTAM, past or present. 

 greatatlastraversetwovolumes1.jpg

This meant that, with the trekking market in Morocco so far more or less cornered by Terdav, Explorator and Allibert, non-French TOs (Brits for the most part like Sherpa and Exodus, Minitrek having disappeared from the scene) were entering the field. Guess where they fished for info? You got it right! Peyron’s GTAM guide-book is the answer. Amusingly, several agencies marketed a 22-day High Atlas traverse, the spitting image of the one we had suggested in writing a short while earlier. But then this was only the first time that TOs were living up to a new, copycat ethos. 

The 1990s then, were something of a bonanza for Atlas trekking. The GTAM, devised in its raw, no-nonsense form for backpacking, straight and honest, found itself being dubbed into the trekking mode; even for stalwarts on mountain-bikes and ponies! Practically each TO made a point of including it in their brochure. Bit of a come-down, that, though only to be expected. Simply a case of giving customers what they expect in keeping with market trends; that’s what the pundits will tell you. 

Putting the T back into GTAM 

For our part, we felt we had to return to the field whenever possible to keep the GTAM pot boiling. A noteworthy achievement: our uninterrupted 9-day Midelt-Tinghir backpacking traverse in February 1992, undertaken with former Chasseur alpin Yves Biville and his son, Yan. 

 30backpackingzasidihamzafeb19921.jpg

Shaded alley-ways of Tazrouft, Feb 1992 (photo: Y. Biville)

A restful night at the Hôtel Ayachi in Midelt, courtesy of Milouda and Ali, set us fairly on our way. By the end of the day we had scaled the Merziqti pass, strolled down through titanic Tabja canyon to emerge at the qsar of Ennd. On the morrow, a healthy day’s trail-bashing took us past Tazrouft and Tannghrift, not to mention the unlikely village of Idalliwn, peopled by blacks, and onto Ayt Yaqoub, site of a famous battle between Berbers and the Foreign Legion back in 1929. Here we were made truly welcome by a local bard, and our host’s daughter delighted us with a recital of timawayin.

There followed another ambitious day down to Mzizel, a grotty little hole on the Rich-Imilchil track boasting one or two run-down cafés, and then a prolonged road-bash well past Igli, that lasted till sundown, when we put up for the night in some trail-side huts. Luckily, friendly road-workers provided bread and tea that evening. Next morning the road-bash resumed as far as Tabratjout, where, after ritual mint tea, the village headman kindly placed a guide at our disposal for the next leg of our journey.

 32withbivillejbelharouchfeb1992.jpg 

Author with Ou-Hediddou guide and Yves, Jbel Harouch, Feb 1992 (photo: Y. Biville)

This entailed another gruelling day trudging wearily up to nearly 3000 metres, over the frosty brow of tree-wasted Jbel Harouch, till we could make out the rolling pre-Saharan hills overlooking Rachidia, and then down unendingly to the large village of Tana, which we reached by moonlight. Tana, with its walnut grove, was the last place with sizeable trees we saw on our walk. 

 33aighremntanafeb19921.jpg

Our party leaving Igherm n-Tana, Feb 1992 (photo: Y. Biville)

After that it was alfa steppe and barren hillsides all the way. What the landscape lacked in fertility, however, was more than made up for by the sheer good cheer of the inhabitants. At Ayt Sidi Mha an elderly shaikh regaled us with stories about local resistance fighters Ou-Skounti and Zayd ou-Hmad; at Assoul, Mohamed Sane the school-teacher, an acquaintance from a previous trip to the area, entertained us en famille. At Amdghous, where Lonely Planet tourists had once been beleaguered for days awaiting a problematic truck, the inn-keeper fed us oranges. Our last night in the mountains we spent among the Ayt Merghad at Tametettoucht. Then came a straightforward grind down the Todgha gorge. And it was all over bar the shouting. As we were by that time quite footsore we hitch-hiked the last few miles into Tinghir. Not really cheating, but understandable in the circumstances. At a disreputable little hotel with a decidedly kitsch air about it, we ate a rather second-rate cous-cous. As a result, the next day, most of us had the Khatmandu trots, but we managed to reach Marrakech and a well-deserved rest at the Mamounia Hôtel, via Ouarzazat, by a combination of bus and taxi.

Birth of the Al-Akhawayn connection 

For several years afterwards visits to Morocco were too short to allow much time in the Atlas Mountains. After 1997, however, thanks to a local version of the old-boy network, there developed a lasting connection with Al-Akhawayn University that was to provide plenty of opportunities to reach time and again for the heights.  

 12alemghouoct19972.jpg

On the Ayt Hadiddou plateau, Alemghou, Oct 1997 (photo: M. Peyron)

In October of that year this writer soloed from Tounfit to Alemghou and back over a week, via Imilchil and Taghighacht. It was a spiritual as much as a physical journey, devoted for the most part to collecting oral literature material for a book, and entering into closer communion with the Ayt Yahya and Ayt Hadiddou people. The weather stayed fine throughout and gave us a close look at the Tahgighacht community on a day marked by a collective circumcision ceremony. Though this kind of ceremony was still observed, traditional native garment tended to be discarded by young people, who preferred to wear jeans and cotton dresses.

08alemghouoct19973.jpg

Autumn evening, Alemghou, Oct 1997 (photo: M. Peyron) 

In May 1998, covering much of the same ground,  though without the Asif Melloul dog-leg, we made a 5-day Tounfit-Anargui backpacking traverse with daughter Caroline and her companion Hakim.

03withsidimohazayyiasakamay19982.jpg

Carline Mackenzie, Sidi Moh Azayyi & H. Daoudi, Asaka, May 1998 (photo: M. Peyron)

An early highlight was an evening spent at Asaka with old friend Sidi Moh Azayyi, while in Imilchil we bumped into another acquaintance, Ahmed Daghoghi, a local tour leader just out of the Tabant Mountain Training facility in Ayt Bougemmaz.

34semlalihouseoulghazimay19981.jpg

Loading up mule outside Semlali house, Oul-Ghazi May 1998, (photo: M. Peyron)

Beyond Imilchil we had the good fortune to meet up again with Saïd ou Haddou, but it was another Oul-Ghazi man, a certain Semlali, who accompanied us with his mule (plus sister) on the final day to Anargui. This gave us the opportunity to follow the right bank of Asif Melloul beyond Tousefseddi, climaxing in a memorable, ankle-twisting descent from Tizi n-Cheffart to Anargui. The return via Cathedral Mountain to Wawizaght in an over-crowded Land-Rover the following day provided  an unsavoury, bone-jarring anti-climax.

35tizincheffartaboveanerguiendmay19981.jpg

Start of descent from Tizi n-Cheffart to Anargui, May 1998 (photo: M. Peyron)

In September 1998, with daughter Caroline we travelled from Midelt to the Imilchil musem in five days, backpacking most of the way. The first day was a somewhat lacklustre experience as we took stock of the recent havoc caused by drought-stricken nomad shepherds on foothill stands of Mediterranean oak near Bou Admam Forstry Hut. That night a hospitable Ayt Merghad family at Tilawin n-Ja’afar raised their tent flaps to take us in.

02tilouwinenjaafarsep19982.jpg

Ayt Merghad bivouac, Tilawin n-Ja’afar, Sep. 1998 (photo: C. Mackenzie)

Day 2 took us to Ayt Bou Izgarn (Imtchimen), whence we hitchiked to Tounfit on a van that had been commandeered by a wedding party, complete with musicians! Friend Daghoghi put us up for the night at his place in qsar of Ichemhan. Couldn’t help noticing that Tounfit was developing, for sure, with tarmac and cafés, but getting noticeably grubbier in the process!  The absence of toilets, it seemed, had been instrumental in contributing to epidemics over the past few years. The next day we took things easy, only going as far as Asaka, where friend Azayyi and wife Ftima made us welcome. Day 4 was a classic footslog over Tizi n-Ayt Brahim, past Anefgou and onwards to the house of Aatrou at Tirghist. The 5th and final day brought us to Alemgho, via Tizi n-Inouzan, Taghihgacht and Sountat. At Alemgho we stayed with the hospitable moqqadam who had looked after the author the previous year.

11approachingimilchilmoussemsep19981.jpg

Author with moqqadam‘s family, Alemgho, Sep 1998 (photo: C. Mackenzie)

We then spent a couple of days at the bridal fair, or musem, getting nearly rained out of our tent on the second night. The quality of the folkdancing hadn’t really improved since our 1987 visit and the phony Touareg phenomenon appeared to be on the up-swing, not to mention the numbers of foreign visitors disguised as Saharans, or hommes bleus. To make things worse, this writer was floored by a vicious attack of the trots, so we hitchiked out of there as fast as we could go.

Zaouit Ahansal – Imilchil section of the GTAM

On May 19, 2000, we headed for Azilal, launch-pad for a 5-day traverse from Zaouit Ahansal to Imilchil via Zaouia Tamga, Anargui and Taghzout n-Ayt Abdi. My friend Ayad Kerouach was there, together with Assou and Khadija, their niece Lamiae and a cousin, Hmad, from Midelt.

04asifnouhansalmay2000.jpg

Members of our party doing muleteer’s work for him, Amezray, May 2000 (photo: M. Peyron)

The first three days to Anargui we were slowed down by a disastrously incompetent muleteer, who knew little of his trade, even less of path-finding. On certain occasions, my Berber companions actually had to take care of loading our baggage on the mule. Interestingly, the Tizi n-Hammadin path presented signs of being less used than in the past, pointing to changing patterns of mule traffic in the area, linked to new TO itineraries and the fact that market-going locals tended to employ Land-Rovers more than they did mules in the past.

12leavinghammouchrifisgteatanerguimay2000.jpg

Leaving Chrifi’s lodge, Anargui, May 2000 (photo: M. Peyron)

After Anargui we sent our muleteer home and hired two keen young fellows; things then improved marginally. While picnicking on the Tingarft pastures we met a singularly upbeat and congenial Ou-Sokhman shepherd with whom we swapped timawayin. His sheep had possibly the cleanest fleeces we had ever seen on the hoof. At Tingarft we observed yet another fresh phenomenon: locally made hammam-s, accounting for exaggerated wood-cutting in the area.

16tizzouggwatbelowijbertenpassmay20001.jpg

Our party in Tizouggwat valley, Ijberten on R, May 2000 (photo: M. Peyron)

Our onward leg over Ijberten to Tastaft and finally Imilchil proved uneventful, apart from a violent cloudburst that lashed us mercilessly as we were coming down off the escarpment into the Asif Melloul valley. Luckily, we received a warm welcome at Moha ou Zayd’s inn, especially from his sister Fadma. The downpour switched to snow overnight and next morning the hills were well plastered above 2500 metres – a common enough occurrence in the High Atlas at the end of May. 

22fordingouedzizrichmay20001.jpg

New bridge over Oued Ziz at Rich afer flooding, May 2000 (photo: M. Peyron)

The uncommon amount of precipitation concentrated on the Saharan slope of the Atlas had led to rising water levels so that when our local bus arrived in view of Rich, early in the afternoon, the swirling current of Oued Ziz left us in no doubt. We were stranded. Fortunately, the bridge actually under construction was only just awash and we finally paddled to safety through 6″ of water. Not before a furious argument, however, between Ayad and the local Public Road Works overseer about whether it would have been judicious or not to attempt the crossing by vehicle!

2001: an Atlas odyssey

The following May we brought together a sample of my French and Moroccan friends (E. Hatt, M. Morgenthaler, Y. Biville, A. and K. Lhatoute + author’s daughter Caroline) for an outing south-west from Tounfit to Imilchil and points beyond, that, echoing a famous block-buster title, was to be known as   »2001: an Atlas odyssey ». As a coincidence, after encountering light snow in the Middle Atlas, it was May 19th and we were foregathering in Tounfit.

402001tounfitimilchil2.jpg

Backpackers versus pro-mule exponents leaving Tounfit, May 19, 2001 (photo: M. Peyron)

The first two stages witnessed an amusing situation in which backpacking stalwarts humped their sacks alongside walkers with their hands in their pockets – the pro-mule brigade (our friend Assou!) who had hired a muleteer and steed.

42leavingasakamay20011.jpg

To backpack or not to backpack; Asaka, May 20, 2001 (photo: M. Peyron)

At Asaka we slept at the moqqadam‘s house. His wife, Labha, proved a perfect host. The good-natured confrontation between backpackers (see above) and pro-mule supporters continued unabated, Caroline actually humping her pack as far as Amandar. Conditions in Tatrout gorge were iffy but the party safely reached Tirghist that evening notwithstanding. While passing Lake Izly my French friends had a dip in its cool waters. Having caught cold after indulging in just such a prank some years earlier, however, the present writer refrained from joining them. Though staying at Moha ou Zayd’s we visited the Hôtel Izlane, now much used by the Club Méd and other TOs offering hybrid tours with Land-Rovers, combining off-roading with minimal walking. Managed to have a brief but satisfying slanging-match with the female tour leader of one of these TOs.

43carolinemackenzieandfriendsamerdulnawraghmay20011.jpg

Author’s daughter Caroline Mackenzie with friends, Amerdoul Awragh, May 22, 2001(photo: M. Peyron)

Beyond Imilchil we humped our packs as far as Amerdoul Awragh, where the pro-mule brigade insisted on our hiring a pack-animal. Thus encumbered we repaired to Aqqa n-Tissout n-Iysan for a well-earned picnic. After lunch, attracted by the surrounding verticality, we scaled the rock bands of Sidi Amandar to visit the saint’s tomb at the summit.

452001towardsalmounwansa1.jpg

Muleteer, C. Mackenzie & Y. Biville approaching Tagatemt (3037m), May 23, 2001 (photo: M. Peyron)

The nearby pasture of Almou n-Oumandar boasted several shepherds’ shelters, one of which provided acceptable accommodation for the night. The next day we pushed on past tabular peak of Tagatemt and its lone snow patch till we reached the remote meadows of Almou n-Wensa around lunch-time.

46beyondimilchil2001.jpg

Tussock-bearing Oult-Heddidou ladies,  Almou n-Wensa, May 23, 2001 (photo: M. Peyron)

There were a few Ayt Hadiddou tents in the vicinity. In fact we spotted a brace of tussock-bearing Oult-Hediddou ladies who, in terms of load-carrying, really put our backpackers to shame! That evening we doubled back towards Imilchil and eventually found lodgings at some sheep-pens, high up on the edge of a hill, where we had a large herd for company, including some charmingly bleating kids. Eric and Michel chose to sleep on a comfortable mattress of goat-crut! Next morning we followed the ridge to Tissekt Tamda and enjoyed the 360° view from its commanding heights. By early afternoon we were back in Imilchil. Next day came the usual long return via Rich, with kebab lunch at restaurant run by Ouzzarouj (mais il manquait le coup de rouge, according to Eric red wine was lacking!).

47withfrazercunninghametrekkingasifmelloulbypassmarch2002.jpg

F. Conynghame near Timmicha on Asif Melloul by-pass, Feb 2002 (photo: M. Peyron)

In February 2002 there came a short, 4-day winter traverse from Imilchil to Tillougit with Frazer Conynghame. Most of the ground covered was familiar, Day 2 taking us south of Asif Melloul via Taiddert and the Ayt ‘Abdi. Day 4, after a restful night in Anargui, was not a success, the muleteer we hired proving slow and inefficient, putting us in Tillougit well after dark after foolishly insisting on short cutting past Tizi n-Smetz! Can’t say we managed that stage really expertly, but then you live and learn!

The 2002 Coffret Nathan Maroc guide-book

During the summer of 2002 the author was approached by former TO tour leader Gilles Bordessoule who wanted him to co-author a three-volume package on the Moroccan Atlas Berbers: a guide-book, actually an updated, watered-down version of the GTAM (see cover-pic below); a general info volume, and a coffee-table picture album in which 95% of the illustrations were Bordessoule’s. 

latterdaygtammarocguidederandonathan.jpg

Peyron’s GTAM-based backpacking guide, part of the 2002 Nathan Coffret Maroc (photo: G. Bordessoule)

Although this writer got paid in full for his contribution to the package, overall the exercise proved something of a washout. Retailing at € 30,- the Nathan Coffret Maroc  2002 was definitely overpriced, most would-be purchasers being interested in the guide de randonnée section; less so in the coffee-table effort. As a result sales were sluggish; by 2005  copies of the Coffret were being given away for  € 8,- in discount shops!

50skirtinglakeislymay20022.jpg

Backpackers from Dauphiny skirting Lake Izly, May 2002 (photo: J. Bellet)

4-day Imilchil-Midelt traverse

End-May 2002 witnessed a successful 4-day Imilchil-Midelt traverse with  French friends who were visiting from Allevard in the Dauphiny Alps. This again proved a triumph for the backpacking ethos; participants humped their rucksacks all the way with no nonsense about mule support! Approach was direct from Ifrane by taxi with a change of vehicles in Rich and a night at Moha ou Zayd’s inn in Imilchil, after inspecting market-place where preparations were in full swing for morrow’s ssuq ssebt. Day 1 took party over Tizi n-Isswal to Tirghist after companions had shunned a plunge into Lake Izly’s cool waters.

10neartizinisswaltirghistregionmay2002.jpg

Backpacking between Tizi n-Isswal and Tirghist, May 2002 (photo: M. Peyron) 

Had several friendly encounters en route with neighbouring Berbers: some Ayt Atta shepherds detouring via the Lakes Plateau; a couple of girls near Tirghist.

51a20012002tounfitimilchiljbellet.jpg

 Our party chatting with a couple of friendly Berber girls, Tirghist, May 2002 (photo: J. Bellet)

Accommodation was obtained at the Forestry Hut annexe, where somewhat basic arrangements amused our Dauphiny companions: smell of goat-crut coming up thru floor-boards; a ram’s carcass hanging from the toilet wall! After watching Barbary Sheep on Fazaz slopes through binoculars, we dined at the Tirghist Forestry Hut, sampling génépi for a night-cap, just as if we were back in the Alps.

53backpackingoutofassakagorge1.jpg

R. Bertin crossing stream in full backpacking mode, Tatrout, May 2002 (photo: M. Peyron) 

Beyond Aqqa n-Ouyad and the Tatrout gorge on Day 2, we found Azayyi at home. Our Allevard friends were delighted with his warm welcome, remarking that conditions were similar to those obtaining in the Dauphiny some hundred years earlier! Arriving in Tounfit around lunch-time on Day 3 we decided to take up one of the local inn-keepers on a long-standing invitation to a kus-kus lunch.

22approachingtounfitmay20021.jpg

Backpackers making for Tounfit thru Tiboulkheirin forest, May 2002 (photo: M. Peyron)

As no such dish was forthcoming, Fernand Beranger amused us all by asking whether, failing kus-kus, could we not have a little saucisson-based snack. « Wrong country to be placing that kind of order! » observed Jean Bellet. Commandeering a taxi, and after a change of vehicles outside the Brasserie Excelsior in Midelt, we were at the Auberge Ja’afar by mid-afternoon. On Day 4 we walked up onto the Taarbat ridge (an Ayyachi outlier) with lightened packs; on the way back we enjoyed the privilege of drinking from a leach-infested spring! That night we rendez-voused with the back-up group, got the gut-bash we had been deprived of in Tounfit, preparatory to a return to Ifrane on the following day.

Tour du Bou Iblan, 2003 version

The following year (2003) the author re-enacted the Franco-Moroccan walking experience with Michel Putz and Yves Biville from France, Ayad and Brigitte Kerouach, Khadija and Assou Lhatoute, not to mention Hakim Daoudi and Caroline Peyron from Morocco. The venue this time was Bou Iblan for a second, 5-day circuit. 

Having arrived from Ifrane in the morning, we made a  disastrously late post-lunch start from Beni Aliham, after which we were drastically slowed by Birgitte who practically konked out after a few hundred yards and had to be helped along by her husband. Making our way across thuya and oak-studded hillsides at a snail’s pace we were eventually benighted well short of Tafadjight, our hoped-for destination.

54rando62etourdubouiblaneeladerjtafadjight1920mai20031jpg.jpg

Backpacking on 2nd Bou Iblan circuit: H. Daoudi, M. Putz, & A. Kerouach, May 2003 (photo: M. Peyron)

After a mirthless, improvised bivvy and no breakfast we pushed on the following morning and were at the moqqadam‘s house within a couple of hours. There, at least, we put matters right with a good tuck-in.

rando63cdraiedichntamghilt20mai2003.jpg

M. Putz, Y. Biville with C. Mackenzie in  Ich n-Temghilt oak forest, May 2003 (photo: M. Peyron)

By mid-morning we resumed our traverse of the Ich n-Temghilt, a pleasant oak- and cedar-covered ridge with Pied flycatchers and other birds everywhere, and grass growing beneath the trees. By late-afternoon we were abreast of Talzemt and a lengthy descent commenced down steep slopes. Had an introduction to a General, who owned one of the fine, flat-roofed, cedar-planked mansions, but found him away. Nonetheless the care-takers placed a room at our disposal, and which some of us used, others settling for a garden bivvy, with a hedgehog as unlikely bed-companion. Shades of Mrs. Tiggy Winkle

rando64arrivetalzemtmai20031jpg.jpg

Arriving at Talzemt, Bou Iblan circuit, May 2003 (photo: M. Peyron)

Next morning a couple of muleteers were hired to convey our baggage part of the way to Tamjilt, our next stop. After crossing the Meskeddal gorge we trudged across the flattish expanses of Laari Jerrah. Southwards we could see giant trucks bringing out trunks of dead cedars from flanks of Chegg el Aard – a sorry sight! Within 50 years the cedar will be probably wiped out from most Atlas locations…

rando64versantsmoussahautarrivetamjiltmai2003.jpg

Southward slope of Bou Iblan, near Tamjilt, May 2003 (photo: M. Peyron)

Arriving at Tamjilt party rather unwisely stopped at house of moqqadam, who, despite our request for a light meal and early to bed, insisted on slaughtering a goat, which meant a meal at midnight and corresponding lack of sleep. Not the ideal recipe for the impending big stage, involving a traverse of Bou Iblan itself and prolonged knee-jarring descent and traverse to reach the Taffert Hut.

rando65passagetizizirouch2122mai20031jpg.jpg

Y. Biville circumventing large névé, Tizi Zirouch, Bou Iblan, May 2003 (photo: M. Peyron)

Luckily, a Land-Rover was available to propel party a couple of miles to the very foot of the main slope, near a road construction site. From there on it was a typical Moroccan south slope grind – ideal for keeping participants focussed – with a large névé blocking the vital pass over the divide. The site of the planned ski resort was barely recognizable, the hotel having been converted into a Maison du Bou Iblane, outside which a score of locals were awaiting the arrival of the qayd from Meghraoua. By five we were at the Taffert Hut and making arrangements for dinner and accommodation. The meal was barely sufficient but the subsequent peaceful night’s sleep more than made up for earlier shortcomings. On the final day we trekked in bright sunshine across Bou Iblan’s NW outliers, down to Karia, rounding off the circuit with an unhealthy road-bash as far as Kerouach’s house near oued Zloul.

Imilchil-Zaouit Ahansal Haute Route 2004

For our end-May jaunt of 2004, old hands Michel Morgenthaler and Eric Hatt flew in from France intent on joining present writer on a follow-through of the Imilchil-Zaouit Ahansal, 4-day Haute Route. After a 7-hour taxi ride had put them in Imilchil, the party settled in for the night at Moha ou Zayd’s inn. Next morning, breakfast over, a muleteer with his steed, ordered the night before, were ready for the load-up.

06trekkingamandarportionofimilchilahansalhighaltituderoute1.jpg

M.Mogenthaler and E. Hatt between Tizi n-Oughroum and Taghighacht ridge, May 18, 2004 (photo: M. Peyron)

The first day took them beyond Tizi n-Oughroum along a ridge trail providing challenging views, what with the amount of snow that still lay on the peaks. By end of afternoon they reached the lush upland meadows of Almou n-Wensa. Attempts to obtain hospitality met with refusal from youngish Oult-Hediddou women – not surprising as the three of them looked raffishly disreputable! Still, this attitude was surprisingly at variance with previous visits to these parts, circa 1977. Luckily, their muleteer met with a friend who invited them into his tent, guarded by a particulalrly ferocious-looking dog with whom they became friends after they’d offered him some scraps from the evening meal.

 19almounouensamorningaftermay2004.jpg

Muleteer in tent after uncomfortable night, Almou n-Wensa, May 19, 2004 (photo: M. Peyron)

Before turning in several frogs were observed besporting themselves in the shallows. A largish unidentified bird-of-prey – probably a Short-toed eagle – was disturbed in its repast and flapped lazily away to alight on a nearby hillock. There ensued a  pretty uncomfortable night on stony ground. The muleteer, especially, appeared to have hardly slept because of a stone wedged into the small of his back. Breakfast firmly sealed our friendship with the watch-dog who displayed his feelings with much tail-wagging.

21almounouensamorningaftermay20042.jpg 

M. Morgenthaler enjoys morning sunshine, Almou n-Wensa, May 19, 2004 (photo: M. Peyron)

The mule was loaded up and we left Almou n-Wensa, pushing off across barren highlands and sparse grazing, such as at Timit, where the aridity was harrowing. Also Asfalou n-Timit where we found a well almost brimful, with a lone partridge in the vicinity. By lunch-time we were at Allen Ighboula where an Oult-Sokhman woman suggested that this writer settle down in that remote spot and take wife since he spoke Berber.  According to the season, buttermilk, barely bread and the fast of ramdan would be his to enjoy!

The party moved uphill due south along a grassy ravine which eventually brought them out at the Ayt Sokhman huts of Almou n-Selloult, one of the finest complex of pastures of the whole area with a resident amghar n-igudlan (‘shaikh of the pastures’). A pleasant evening followed, not to mention a restful night.

Next morning it was the parting of the ways with the Imilchil muleteer who, so it turned out, had never been this far from home before. We accordingly switched to full backpacking mode and followed the shaikh up Aqqa n-Timeqqit to see us on our way along the ridge trail of abrid n-tajmart.

32backpackinghighaltituderouteheadofaqqantimqqit1.jpg 

M. Morgenthaler tackling névé just short of 3000-metre col on NE side of Izelfen/ Taouya n-Talghemt ridge, May 20, 2004 (photo: M. Peyron)

This took us well past Izelfen and down to a large hill-girt Ayt Hadiddou pasture. After lunch we made a bee-line for Tafraout n-Ayt Abdi. This brought us over the next hill to yet another pasture – a large one as its name implied – Almou Akhattar. Trending west we eventually breasted the main pass over the divide, Tizi Melghas, with the snow-covered peaks of Jbel Tafraout opposite. A lengthy, complicated descent led down to Tafraout. While resting by a waterfall we met two fellow-travellers. One, a dour-looking, turbaned individual riding a mule (probably one of those mountain-roaming neo-Salafi imams) who rode on after pointedly ignored our greeting; the other, a loner on foot who, on hearing my Berber, took me for a Jew formerly resident in that area back from Israel for a short visit! At Tafraout we enjoyed a quiet evening resting our travel-sore feet.

46tarnofifferdbetweenazellaandjbeltafraoutmay20041.jpg

With E. Hatt at Ifferd tarn between Azella and Jbel Tafraout, May 21, 2004 (photo: M. Mogenthaler)

For the final day of the outing, May 21, 2004, our host introduced us to a cousin who, for a consideration, kindly acceptd to accompany us to Tizi n-Ifferd. This proved a most interesting stage; first up a steep, stony ravine to Tizi n-Oustiff. Down to to the unlikely tarn of Ifferd, across Almou n-Ifferd then, with a lot of Berbers around, up and over a large snow-field to Tizi n-Ifferd (Tizi n-Tefraout, for wayfarers coming  from Zaouit). Down again via a steep, twisting mule-path past gaunt juniper till opposite Toughd; right along a bafflingly complex system of wooded ridges and ravines, so that it was well past tea-time when we finally made it to Zaouit Ahansal.

56ahansalsmilingwelcomeatguesthousemay2004.jpg

Delightful smiling welcome at Zaouit Ahansal guest-house, May 21 2004 (photo: M. Peyron)

Any travel-weariness we might have felt peeled off us as we were confronted with the cheerful countenances of the inn-keeper’s wife, his daughter and daughter-in-law. After a good dinner and welcome night’s sleep we spent a lazy morning waiting for the transportation situation to sort itself out. And sort itself out it did after yet another substantial meal. By 3pm we had clambered into a battered Land-Rover and climbed towards Tizi n-Illisi to do battle with the Ayt Mhammed piste and its myriad bumps, ruts and curves. Shortly before Ayt Mhammed we made a discreet roadside transfer to a 1970s-model Mercedes. That night we slept at the Hôtel de Paris in Beni Mellal, famous for  its beer-bar, wine-serving restaurant and 3-course menu. The next day a local bus took us past Khenifra, up to Azrou, where Josiane was waiting with a car.

It had been a perfect outing, very much in the spirit of the GTAM, considered not so much as an end-to-end bash but as a selected multi-day section to be worked by a small band of backpackers. Preferably individual tourists unshackled by membership of some commercial caravan or another, and therefore free of any mercantile constraint. As such, Imilchil-Zaouit deserves to become a classic. As such, it will conclude this chapter devoted to fifteen years (1989-2004) revisiting portions of the GTAM itinerary by the person who first visualized, then actually implemented the project on the ground.

   Lone Backpacker

michael.peyron@voila.fr

 hautatlasdemidelt2002nathanguide.jpg

 GTAM maps from 2002 Nathan guide-book

 moyenatlas2002nathanguide.jpg

 NB. Unless otherwise specified texts and illustrations are copyright by Michael Peyron. Material from same may be quoted in compliance with current academic practice.  

Publié dans General | Pas de Commentaire »

Serious backpacking along Morocco’s Great Atlas Traverse, or GTAM (1972-1988)

Posté par Michael Peyron le 16 juillet 2010

Serious backpacking: reconnaissance trips and follow-throughs of Morocco’s Great Atlas Traverse, or GTAM (1972-1988)

by Michael Peyron

delayachiaukoucer1977.jpg

First Eastern High Atlas backpacking guide-book (1977) in French, with M. Morgenthaler on cover (photo: M. Peyron)

Introduction 

After half a dozen years of mundane mountaineering weekends in the Moroccan Atlas, many of them limited to the Toubkal massif, this writer felt irresistibly attracted to the remoter reaches of the Atlas. The idea of spending a whole week away from work, even two weeks, setting off down the main range, linking up on the ground the various beauty spots earlier visited (Imilchil, Anergui, Zawit Ahansal, Bougemmaz, Seksawa, etc.), and following paths used since time immemorial by local travellers, presented a tantalising challenge. Thus was born the notion of a Grande Traversée de l’Atlas marocain (GTAM), or « Great Atlas Traverse », as it came to be known in English, especially after Robin Collomb’s version appeared on the market.

 00aytmerzougavril1972.jpg

First steps along GTAM: M. Morgenthaler approaching Ayt Merzoug village, Jbel   Maasker circuit, Eastern High Atlas, March 1972 (photo: M. Peyron)

Admittedly, inspiration for such a venture was there for the taking. The idea in itself was hardly new; in fact had already materialised in other ranges. The Pacific Crest Trail, the West Highland Way, the Cambrian Way, La Grande Traversée des Alpes, immediately come to mind. However, as Morocco’s Atlas Mountains are ideal walking country the undertaking appeared both timely and appropriate. More to the point, and making the whole grand design a wee bit more worthwhile, many upland valleys remained out of reach of vehicle transport for months on end, hence inaccessible other than on foot or mule-back. Forty years down the road, of course, this situation has changed. But in those days the big-walk approach, encapsulating the sheer joy of unadulterated, unsupported backpacking, was the only viable option. And it is a well-known truism that the best way to discover a country, especially its hills, is on foot.

01sourcesduzataug1972.jpg

GTAM variant: with  C. Luya near Tizi n-Tilst on « Tour du Haut Zat », Marrakech High Atlas, Aug 1972 (photo: M. Peyron)

The big-walk ethos, as transplanted to the Moroccan Atlas in the 1970s, rested on the premise that the enthusiast should hump his own backpack, carry minimal edibles, basic maps, adequate gear and spare clothing to cope with changing weather patterns, only resorting to mule support as and when dictated by circumstance. Hence the notion of “serious back-packing” aired above; also lending credence to the motto: “the back-up is in the backpack”. A type of programme devised well before the GPS spoiled route-finders’ fun, and calculated to appeal more to the loner than the crowd-lover. 

02sourcesduzat3.jpg

C. Luya studying avalanche debris in upper Zat valley, Aug 1972 (photo: M. Peyron)  

Travelling with a chosen companion or two, our big-walk man should have adequate gear for a bivouac. Always be ready to rough it with fellow-wayfarers. Far better, in fact, to live off the land in an intelligent, sustainable way: putting up for the night in a Berber house and paying one’s host for board and lodging. Acquiring a modicum of Tamazight to establish friendly contact with the locals may also be visualized as a prerequisite. Travelling in style is what it’s all about, though some of the more obviously modern creature comforts such as foam-rubber mattresses and portable loos will have been dispensed with. Then, of course, Atlas Berber cuisine may take a bit of getting used to: barley bread dipped in rancid butter (also used to liven up kus-kus); really spicy vegetable stew with stringy mutton; a form of Berber polenta called tagulla n-usengar, or deliciously refreshing buttermilk. At any rate, healthy and wholesome food, quite adequate for the noble purpose of long-distance walking. 

Understandably, the reassuring tent-carrying option, all the rage with today’s commercial caravans of cossetted tourists, is firmly put on the back-burner, implying as it does near-total reliance on mule transport, and keeping participants well away from villages, thus minimising intercourse with the locals. Thus depriving themselves of half the fun involved in an Atlas trip. 

First steps along the way

So much for the philosophy behind the project. When it came down to the nitty-gritty, the Grande Traversée de l’Atlas Marocain (GTAM) gradually got off the ground in 1972, in the shape of disconnected three-day loop trails (the Maasker circuit and “Tour du Haut Zat”). Mere trial gallops. On each occasion, the twosome involved in the exercise carried everything on their backs. There was strictly no nonsense with mule-hire. It wasn’t as much as contemplated. 

lakesplateauanergiendmarch1975.jpg 

Lakes Plateau-Anergui traverse, March 1975 (pre-Google Earth period!)

Come 1975, however, the GTAM achieved form and substance in the shape of a 7-day stint between the Lakes Plateau and Anergui, with a return to jumping-off point at Tassent by a slightly different route. The initial plan was to push on towards the south-west, hopefully reaching Zawiya Tamga, so as to achieve something to write home about. Trouble was, the vehicles had been left at Tassent, north of Imilchil. A case of no-go.

Nonetheless, it proved a positive outing. Although the backpacking option had taken a bashing, with one muleteer accompanying us throughout, the man turned out to be an absolute gem in the person of a certain Saïd ou Haddou. What he couldn’t tell you about the ins and outs of the Asif Melloul region wasn’t worth knowing. He was to acompany us on many a subsequent trip.

lakeizlymarch1975.jpg

Descending on Lake Izly, Ou-Sokhman muleteer with M. Waeckel, March 1975 (photo: M. Peyron) 

The region itself was arguably one of the most remote and captivating in the entire Atlas range. Unperishable memories remain of the Lakes Plateau, a cold, high country, its Imazighen inhabitants – a proud, noble, hospitable people – leading a more or less self-sufficient existence as they had been doing for centuries. And whose sometimes stern faces light up as soon as they hear you speak Tamazight!  

51descendingfromtizincheffarttoanergui.jpg

Crossing a névé on descent from Tizi n-Cheffart to Anergui, March 1975 (photo: M. Peyron)

In terms of scenic beauty, too, the land of the Ayt Abdi and Ayt Hadiddou knows few equals. There is, above all, a certain, distinctive quality to the light, affording vast vistas, especially on calm, crisp mornings with fresh snow on the tops following a day of unsettled weather. 

 aytwanerguithundreheadsmarch1975.jpg

Thunderheads building up above Anergui, Central High Atlas, March 1975 (photo: M. Peyron)

Our failure to effect a traverse as far as Cathedral Mountian, however, rankled with this writer. He was unhappy about that. During the second half of May, he made a solo traverse, Tounfit-Zawit Sidi Hamza, via the Ta’ara’art valley and Tizi n-Mawtfoud, just to acquire a bit more experience at tackling Atlas cols and by-ways.

tounfitzasidihamzatraversemay17181975.jpg

 Tounfit-Za Si Hamza traverse, May 1975 (sketch map: M. Peyron)

Meanwhile, Fez-based colleague and close friend Denis Dourron had also been doing his stuff. At the end of May, accompanied by his wife Michou, in three days of mule-supported hiking, part of it in the company of Ayt Hadiddou came-driving semi-nomads from the southern slopes, he took the first steps along what was to become the « Tour de l’Ayyachi ». Thus paying fitting tribute to the eastern giant of the main range, that for long had passed as Morocco’s highest mountain.

07ayyachijourneymay1975photosddouron.jpg

« Tour de l’Ayyachi » reconaissance, Eastern High Atlas, May 1975 (photo: D. Dourron)

1976: a bumper year for the GTAM

But 1976 was to prove a bumper year in terms of putting the GTAM well and truly on the map and  promoting the small foot-hill town of Tounfit to Number One jumping-off place for the Great Atlas Traverse. Actually, it was a pioneering 14-day Tounfit-Demnat expedition (May 19-April 3) that really set the ball rolling.

 1stpagegtamarticle1977.jpg

First page of present author’s article on GTAM in La Montagne, 1977

After two harrowing stages, foot-slogging through slushy snow in near white-out conditions, the return of fine weather put the party firmly on course for Asif Melloul and points beyond. On this trip the serious back-packing option tended to alternate with periods of mule-hire, according to whim or fatigue.

gtamtounfitdemnatmarch19april021976sketchmap.jpg 

Putting the GTAM on the map: 2-week traverse Tounfit-Demnat, March 1976

Much of the ground covered in 1975 was thus re-visited, most of it with Saïd ou Haddou and his son, Moha, until Anergui was reached. After that, new ground was broken  during a circumvention of the Kousser massif, including the clear trout-stream of Aqqa n-Oukhashan and a magnificent view of Azourki from Tizi Hammadin.

 123mountainarchitectureanargimarch1976imilchil.jpg

    Anergui with shrine of Sidi ‘Ali Lhoussein in foreground, Kousser in background, March 1976 (photo: M. Peyron)

 The abiding impression, though, was one of wild, unspoiled scenery. Whole slopes of mountainside covered with thick oak and pine forest rolling upwards to green pastures around Talmest, with a foaming torrent cutting its way down through canyons, plunging over escarpments to join Asif n-Ouhansal. A welcome night at the Chambon saw-mill (Zawiya Tamga), complete with drinks, hot showers, clean sheets and beds, set the party up for the next stage to Zawit Ahansal. And all this before the first TO had had a go at the area!

gtamtizinhammadin.jpg

L. Lambert, J-Y Raffin & Peyre on Anergui-Tamga leg of 2-week Tounfit-Demnat traverse, March 1976 (photo: M. Peyron)

After sampling a roller-coaster mule-trail to Tifwina, then following the dirt road, on the evening of the 9th day the party reached Zawit Ahansal, made famous by Gellner’s book, Saints of the Atlas. The next morning our walkers had a brief lie-in and rest. Lunch over, they laboured along the very base of Jbel Ayoui’s murderous cliffs. Apparently, shortly before,  a couple of Polish women alpinists had come to grief here while roping down from the crags. By tea-time,  just as ominous grey clouds blotted out the surounding hillsides, the would-be end-to-enders had cleared Tizi n-Ilissi and traversed to some sheep-enclosures near Assemsouk at the foot of Azourki, where Saïd ou Ichou, a hospitable Ou-’Atta, took them in for the night.

Luckily, apart from a few snow-flakes, the weather held as the party skirted Azourki next morning and traversed to Tizi n-Tirghist with views into Ayt Bougemmaz. Actually, about half the able-bodied men of the tribe, under the shaikh of the local rural commune, were up there vigorously plying spades in an effort to clear away the snow-drifts that obstructed the col. At 17:30 at the end of a 10-hour hike, backpacking most of the way, the party stopped at Ikhf n-Ighir and were shown into a neatly whitewashed guest-chamber by the village dentist and his charmingly smiling young wife.

gtam1976.jpg

Ikhf n-Ighir village dentist and wife, Ayt Bouguemmaz, March 1976 (photo: M. Peyron)

The following day was at once bucolic and restful. With backpacks stowed on Moha ‘Addi’s mule, our GTAM walkers headed off down the Ayt Bougemmaz valley on which winter had not yet relinquished her grip. Peach and almond trees, however, were in blossom and made a pleasant picture against a backdrop of snow-capped peaks. At Igelwan, after paying off the muleteer, all concerned cheerfully reverted to the backpacking mode. Twenty-one kilometres had been covered when, at 17:30, the party stopped outside a rambling great mediaeval fortress of a place – the shaikh’s house in Abachkou n-Ayt Bou Wlli.

ighremnoumlil.jpg

« Castle of the snows », Ighrem n-Oumlil & Jbel Rat, March 1976  (photo: M. Peyron)

A lavish Berber breakfast is an unforgettable experience, but boy, can it screw up your day in terms of an early start! However, on the morning of the 13th day nobody was complaining. Substantially restored, our backpackers embarked on an easy stage past Ighboula and then Ighrem n-Oumil, a kind of derelict « castle of the snows » at the foot of Jbel Rat, while a lammergeier soared overhead; then up past the rock-carvings at Tizi n-Tighist, down to Tirsal, through the gorges to Imi n-Ouaqqa and on to road-head at Irouhan. For a final backpacking session, forsaking the winding piste, the party took a short-cut straight to Imi n-Ifri, whence an uninspiring  road-bash brought them to Demnat and the rather basic arrangements of the one hotel in town.

Further developments, summer 1976

 5daytichkatourjuly1976.jpg

  5-day Tichka tour, Western High Atlas, July 1976

That summer witnessed other noteworthy endeavours. First came an early-July, 5-day stint in the Western High Atlas, up the Nfis valley to its source, down into the Seksawa, round the Tichka plateau and back down the Nfis, adding a useful western leg to the GTAM. On this occasion, though, the author fell foul of companions committed to the baggage-mule option.

08tichkatourtemtaden.jpg

Approaching Tizi n-Imedlawn on « Tour du Tichka« ; Temttaden (3366m) in background, Western High Atlas, July 1976 (photo: M. Peyron)

This gave rise to interesting situations: daily verbal punch-ups over morning departure times and choice of bivvi sites, not to mention hours wasted on picnics and re-loading the mules. Nevertheless, the outing was an unqualified success. Many years later certain Brit TOs more or less cribbed this route, working it into what they styled « Trek of the titans », or some suchlike hype denomination.

09tichkatour6.jpg

Tizi n-Imedlawn bivvy site, « Tour du Tichka« , Western High Atlas July 1976 (photo: M. Peyron)

Actually, in terms of nights spent beneath a starry canopy, fresh ground covered and group dynamics studied at first hand, much was achieved. Such was the amount of tinned food carried, not to mention other goodies, that no fewer than four baggage mules were necessary. Unsurprisingly, the disgruntled chief muleteer almost sparked a mutiny when he felt he was being asked to operate too far “out of area” for too low a wage. Anyhow, it confirmed the present writer in his opinion that mismanaged muleteers could easily jeopardize the successful outcome of an Atlas expedition. Better not to rely on them too much !   

A month later, with two companions (P. & F. Verny) the present narrator made an  unsupported 3-day tour of Jbel Ayyachi from Tattiwin to the Mitqan forestry hut via Aïn Taghighat, Taaraart and Ayt Chrad. Each participant was kitted out with a 7-8 kilo backpack, containing sleeping-bag, warm clothing and a few edibles. Luckily, the weather was fine but relatively cool at altitude. A good thing, as the first leg, Tattiwin-Taaraart (35 km), lasted 14 hours and proved something of a killer; especially the toe-stubbing descent from Tizi n-ou Adil to Taaraart. The second day was kinder on the party’s feet, however, and there was even a bathing interlude in the Ayt Bou Arbi gorges.That night was the highlight of the trip in the shaikh’s house at Ayt Chrad when a scrumptious chicken and olive tajine graced the dinner-table.

 aytchradaug19764.jpg

Ayyachi circuit: starting descent from Tizi n-Tifelghest to Ayt Ouchen, Aug 12, 1976 (photo: M. Peyron)

The final  day saw our backpackers swinging around ‘Ayyachi through oak and juniper, via Aqqa n-Bou Ghaba’s swift-flowing stream, across the Imtchimen hamlets and on to the Mitqan cedar forest where they were picked up by by Verny’s people from Midelt.

tourdelayachi1012aug1976.jpg 

Skech-map of Ayyachi circuit, Aug 10-12, 1976

This writer recuperated for a week or so. Enough anyway, to hype himself up for a solo effort (Aug. 21-27), from Bougemmaz to Oukaimedden, to bring the GTAM trail to the foot of Toubkal. His rucksack contained:- a) four sticks of nougat, four Mars bars, a handful of dates, some dehydrated soup, a few tea-bags and a billycan; b) an anorak, light sleeping-bag, three T-shirts, two pairs of under-pants; a spare shirt and gym-shoes (for river-wading; came in useful along the Tassawt). Not to mention an old SLR camera with 80 and 200 m/m telephoto lens.

  7daygtambougemmazoukasectionaug1976.jpg

7-day Bougemmaz-Ouka route of  GTAM, Aug 1976

Being alone among the Ichelhayn for a week proved a two-sided experience. While offering an unprecedented opportunity for practising Tamazight and meeting some highly likeable people, walking solo places you at the mercy, so to speak, of the inhabitants. In 1976, so the author discovered, certain stretches of country on this particular route had already been irrevocably contaminated by tourists: Bougemmaz, especially, not to mention Ichebaken village in the upper Tassawt valley and the Yagour plateau.

 50fordingtassawttagoulast.jpg

Fording the Tassawt river near Tagoulast (photo: M. Peyron)

Thus there were numerous cases of cigarette-cadging, begging in various guises, hassle from kids and dishonest muleteers on two occasions when their services were resorted to. A bad mark for non-standard behaviour goes to the village of Ayt Ouiksan, between the Rdat and Zat valleys, where despite having politely requested hospitality with the ritual anebgi rebbi, this writer had several doors closed in his face. Night was falling when finally a muleteer, homeward-bound from the ssuq, spontaneoulsy welcomed him with a merhba, ay anebgi rebbi! Luckily though, and that was what saved the trip, on many other occasions, the most heartfelt, disinterested kindness was shown to this traveller.

06ibourroudentissellifeb197552.jpg 

Tisselli from near Ibourrouden, Tassawt valley (photo: author’s scrap-book)

After some punishing stages, especially as soloing tends to make one walk longer than necessary, it all ended most fittingly. Late on the afternoon of August 27th, after a thirsty climb from the Ourika valley, he breasted Tizi n-Ou Attar in thick mist, with a bare half an hour between himself and the CAF-Hut, Oukaimmeden, where his wife and two daughters were waiting to greet him. Yet another chapter had been written in the development of the GTAM. The main route, together with several variants, had been successfully reconnoitred.

A first guide-book appears (1977) 

The project subsequently evolved in a somewhat haphazard manner, rhyme and reason being in scant supply at this early stage. The time factor also curtailed exploratory efforts, this writer rarely being able to get away for more than three or four days at one go. Unaccountably, too, reconnaissance trips tended to trend north-east/south-west. In fact, GTAM planning unwittingly built on that rationale for several years, to the point of listing the opening legs of a future Grande Traversée de l’Atlas Marocain in a first guide-book, De l’Ayachi au Koucer, co-authored with Denis Dourron in 1977 (see below). 

delayachiaukoucertitlepage.jpg

However, the trend was reversed when the project re-emerged in 1983-84. The main route was re-oriented along a south-westerly/north-easterly axis due to inclusion of the skiing option, given that most snow-retaining cwms face NE. Even though, to this day, the present writer tends to favour a NE/SW itinerary when working specific sections of the GTAM on foot. It’s probably got something to do with the fact that the range is usually approached from the north, when coming by car from, say, Rabat or Ifrane. For Agadir- or Marrakech-based parties, though, the south-west/north-east trend would make better sense. 

Filling in a few more gaps

tourduratoct15181978.jpg

Iger n-Wul, Ayt Mdiwal valley, Jbel Rat in background, Oct 15, 1978 (photo: R. Proton) 

Meanwhile, there had been some noteworthy reconnaissances: a 4-day loop with René Proton around castle-like Jbel Rat – which became « Tour du Rat » in the GTAM guide-book -  from the Tifni Forestry Hut, up the Ayt Mdiwal valley and over Tizi n-Ibolozn into the forgotten valley of Ait Mallalhl. Undertaken from October 15-18, 1978, this was a great backpacking enterprise, though with some mule support half-way through.

tiziniboloznoct19783.jpg

Looking from Tizi n-Ibolozn down Ayt Mallahl valley, Oct 16, 1978 (photo: R. Proton) 

Also a 6-day circuit with M. Suzor, mostly in the backpacking mode, from Cathedral Mountain to the Kousser plateau and Upper Dades with a return via Zerchan and Anergui, featuring a couple of punishing 13-hour stages (5-10 July, 1980). On the last day, during a fishing episode, Suzor caught several trout in Aqqa n-Oukhachan, but at least one trophy was recaptured by a huge black and yellow snake that dived back into the river immediately!

Another 6-day loop developed when the original 3-day « Tour de l’Ayyachi » underwent a thorough revisit (March 21-26, 1981). This time the author teamed up with former Chasseur alpin Y. Biville, both of them humping king-size backpacks.

10tourdelayyachimuletrektaaraartsunrisemarch1981.jpg

Sunrise departure from Ta’ara’art with Aomar and Y. Biville, « Tour de l’Ayyachi », March 1981 (photo: M. Peyron)

Apart from a couple of mornings when a Berber  accompanied them to the nearest col with his mule, the Biville-Peyron team wore their ruck-sacks in pure GTAM style. There were a couple of 9-hour stages to start off with, then came a 10-hour stint.

10atourdelayyachibackpackingtiziwamghasmawtfoudmarch1981.jpg

At Tizi n-Wamghas on « Tour de l’Ayaychi« , March 1981 (photo: Y. Biville)

As they were getting into their stride, the 4th day saw  a round-the-clock, dawn-to-dusk extravaganza from Taaraart to Tazrouft; the bone-jarring descent from Tizi n-Wamghas will long live in this writer’s memory. So will the evening peace and quiet of Tazruft, not to mention awaking to the twittering of myriad birds next morning. There followed a « rest day » – a few hours’ walk - which took them just beyond the brow of the next hill, to Enndt,  a rather warm location with sedate, bee-keeping inhabitants. The return to Midelt via Enndt and Tizi n-Merzitqi proved something of an anti-climax, once the pass had been crossed via a rather hot, toe-stubbing piste.

For ten days in early September of 1981 this writer escorted four CAF-ites (who had flown out from France) between Tounfit and Tamga, GTAM-style, fitting in the Imilchil bridal fair en route.

 taghbaloutntighnenoucht13sep19812.jpg 

Conversation with Berber ladies between Imilchil and Tasraft, Sep 1981 (photo: J. Dugas)

The trip had been arranged through correspondence with the parties concerned in an attempt, however small, to take some of the Tour Operators’ business away from them! And it was an unqualified success, the party alternating between backpacking and mule-supported mode.

A 1982-1983 winter interlude witnessed the N-S winter traverse with M. Barbaud from Tounfit to Agoudim – a welcome opportunity to don crampons on Jbel Ma’asker’s steep frosty slopes.

11winterbackpackingmaaskernstraversejan1983copie.jpg

Winter variant: N-S traverse of Jbel Ma’asker, Tounfit-Agoudim, with M. Barbaud, Jan 1983 (photo: M. Peyron)

Putting the « great » back into « traverse » 

In 1983 long-distance reconnaissance activity resumed along the GTAM in the shape of a 10-day Azilal-Midelt traverse via Upper Dadds and the Ayt Hadiddou plateau. The party of consisted of seasoned backpackers: former Chasseur alpin Yves Biville and the Dugas couple from Lyons (France), who had walked theTounfit-Tillougit « trade route » with us in September 1981.

graphshowingazilalmidelttraversemar1983.jpg

Graph showing Azilal-Midelt traverse, 19-28/03/1983

 Undertaken in indifferent weather, the traverse showed that participants were in fine fettle, the muleteer less so. On reaching Ayt Khouya in Ouzirimt the party had put behind them a day’s stage of 32 kilometres and scaled two passes for a total up-and-down of 3100 metres. Much to the disgust of their mule escort, Hmad of Sremt, who had been banking on a cushy ticket with easy stages. The party had hired him on the strength of his knowing the way to Oussikis; which he didn’t!

In the end, though, our backpackers’ map-reading efforts put him back on track. After a restful night on a mattress of sheep-dung in a cattle-pen came a longer stage (35 kilometres) on Day 4, across an expanse of high-altitude desert between Arj Amskan and Oussikis. Enlivened by a spot of drama. Once clear of Tizi n-Taghfist Hmad clambered onto his mule. Minutes later, as he jerked into a trot, the whole contraption suddenly came tumbling down: Hmad, load, mule and all. Lucky thing his animal didn’t bust a leg in the process, or the party would have been up the creek in a big way! At Tabwidamt the next morning, it was the parting of the ways as Hmad steeled himself for the long haul back to Bougemmaz and we shifted with relish into backpacking mode.

mapazilalmidelttraversemarch1983.jpg

Map of 10-day Azilal-Midelt traverse, March 1983 

Beneath a grey, drizzly sky, a gentle stage along Asif Imdghas took the party to the last Ayt Hadiddou village in the valley before the big jump over the very backbone of giant Atlas. Delightful hospitality: tasty kus-kus served as the rain came down in buckets outside. The following day brought bright blue skies and fresh snows on the tops. Ideal conditions for the protracted tramp (37 kilometres; 10 hours on the trail) over Tizi n-Ouerz, on across upland steppe and down to Agoudal n-Ayt Brahim. Here, villagers’ welcome rated as A1. As soon as they approached the party were invited to to come and warm their hands by a bonfire.

Day 7: more backpacking across unrelieved waste-land, rendered desolate by local women daily foraging for tussocks of tifsy, the only fuel available. After climbing down from Tizi n-Ousfel a profusion of blossoming peach trees announced Ou-Terbat, a sizeable settlement where qayd proved friendly and accommodation was available in an upstairs room looking out onto the main street.

12tizinousfelouterbatmar19831.jpg

Tizi n-Ousfel (near Ou-Terbat) on an Azilal-Midelt traverse with seasoned backpackers  S. & J. Dugas + Y. Biville, March 1983 (photo: M. Peyron)

Day 8 involved yet further, inspired backpacking and a 31-kilometre grind: first up and over Tizi n-Wiskuran with a grandstand view of superbly snow-capped Ayyachi; then pounding for hours down an unending dry valley, sparsely covered with ash and boxwood. Met timber-rustlers en route, each one of their mules dragging a cedar trunk.

12atizinwiskouranmar19831.jpg

Approach to Tizi n-Wiskuran above Ou-Terbat with S. Dugas, March 1983 (photo: Y. Biville)

That night our walkers put up for the night in Ayt Hattab, at the moqqadam‘s; this lowly official proved a mite suspicious regarding some hidden, sinister purpose behind our Atlas journey, but the atmosphere eventually cleared. Another fine day took the party over Tizi n-Lamsaf to a hospitable bothy where they had tea with the shepherds; then down hideously eroded slopes, past multilated cedars to Agouddim, where a warm welcome awaited them at the house of Moha ou ‘Ali.

It had clouded over during the night, so the party battled head-winds on the final stretch to Tounfit, which was reached as the first snow-flakes fell. No time was lost commandeering a clapped-out, unlicensed cattle-truck for the onward connection to Boumia, and then Midelt. A gendarme who checked the driver’s credentials en route was non-plussed that a party of four Europeans (including a full-colonel in the French army) should have spent ten days roughing it in the wilderness, only to end up in such a dilapidated contrivance on the Midelt road. And all of it for fun!

Middle Atlas GTAM: reaching up to Taza

That summer, the Dugas returned for a final push from the Zad Pass to Taza (June 27 – July 05, 1983), to conclude a series of recce trips and finally link up the GTAM with its planned terminal at the NE end of the range.

31middleatlastraversejuly1983.jpg

G. and S. Dugas on the Middle Atlas leg of the GTAM, June 28, 1983 (photo: M. Peyron)

Undertaken during Ramadan it was not an unqualified success in terms of group dynamics, personal relations emerging somewhat frayed from the experience, though the actual route was followed through as planned. Luckily, the weather remained fine throughout. The remote wooded valleys between Bou Iblan and Tamttroucht proved the most interesting stretch of country in the Middle Atlas.

gtammiddleatlasleg1.jpg

  Middle Atlas leg of GTAM

Tying up loose odds and ends

This traverse had highlighted the much neglected Middle Atlas, in which connection another shortcoming had been revealed: the gap between Aghbala in the High Atlas proper, and the Zad Pass whence the Middle Atlas leg of the GTAM snakes off towardsTaza. This particular piece of business was a heaven-sent excuse for a 3-day backpacking romp  concluded in fine  style with companion Yves Biville, a former Chasseur alpin.

 37yvesbivilleendmay1984kerrouchenforest.jpg

Y. Biville pulls up his socks in Kerrouchen forest, May 1984 (photo: M. Peyron)

These endeavours had emphasized the importance of the Middle Atlas as prime walking country, whereas it is sometimes unkindly dismissed by some observers as a range of little consequence. For a further stint we teamed up with Ayyad Kerouach, himself a native of the area, for a memorable 4-day tramp around Bou Iblan during the last week of May 1984.  

14rando32427mai1984kerouachetpeyrontourdubouiblanecopie.jpg

With A. Kerouach near Tizi ou-Mouch,  »Tour du Bou Iblan« , Eastern Middle Atlas, May 1984 (photo: M. Peyron)

This little venture afforded some first-class backpacking, especially over the first two days. The weather remained fine throughout. Day 1 took our hikers from Sidi ‘Ammar to Talzemt via Tizi ou-Mouch, through quaint Aghbal hamlet lost high up in the cedars, and over Tizi Widal. It worked out as a 10-hour + jaunt, yet without undue distress for toes and/or boot-soles.

The second day was marked by a crossing of the impressive Meskeddal gorge, with cedars jutting out from ledges half way up cliff faces. Quite a place; in fact, the last local resistance fighters in 1927 had holed up in this canyon. That evening, the party slept in the house of shaikh Abdallah ou Bni Bhar at Tamjilt.

bouiblantour.jpg

Eastern Midle Atlas showing Bou Iblan tour itinerary (2131-2134)

The following day our walkers put their backpacks onto a mule for the tough, arid climb to Tizi Tandadart where they said goodbye to their escort. A lengthy descent ensued, over pastures and then across impressivley steep, cedar-covered slopes below the cliffs of Ich Izedian.

rando32427mai1984kerouachetpeyrontourdubouiblane1jpg.jpg

With A. Kerouach below Ich Izedian on « Tour du Bou Iblan » May 1984 (photo: M. Peyron)

Arriving in Tanchraramt around tea-time, the party were kept waiting, somewhat boorishly un-entertained, until the moqqadam showed up, when traditional hospitality was finally forthcoming. The last day, fortunately with mule support till half-way stage, developed into a mammoth 11-hour walk past Tizi n-Hatran and its flower-carpeted meadows, followed by a plunge down through impenetrable oak forest  to Beni Suhan. From there a blistering bout on tarmac brought our backpacking pair to « Jerda », whence they hitched a ride on a van back to Ayyad’s house overlooking the Zloul plain.

The focus was to remain on the Middle Atlas that autumn during an outing with Michel Barbaud from Immouzzar-Marmoucha to Oulad ‘Ali and back, over the weekend of October 6-7, 1984. This was backpacking with a vengeance. Day 1: a gruelling 11-hour grind from Ayt Youb n-Temghilt Forestry Hut, to Tizi n-Rsas and over the Chegg el-Ard escarpment to Ayt Belqassem just above Oulad ‘Ali.

15southofbouiblaneoct1984.jpg

South of Bou Iblan with M. Barbaud, Oct 6, 1984 (photo: M. Peyron)

After overnighting in the house of Haddou Lahssen, crazily perched on a cliff-edge, the return took just 7 hours by the direct route: back across the plateau toTafercht n-Tammlalt, Tizi Amghan, the Tiferqwatin pastures and Wawlzamt village. Just before the last-named village a couple of foxes were spotted, a rare sight in broad daylight.

Tounfit back-country trails

A month later, it was back to the Tounfit area with daughter Caroline, Claude and Michel Barbaud,  and friend Béatrice Humbert. On November 4th, we reached the Tirghist  Forestry Hut in 10 hours via the usual Assaka-Anefgou route.

16batricehonoratcarolinepeyronnov1984.jpg

B. Humbert & C. Peyron, amid cedars of Tizi n-Ayt Brahim, Nov 4, 1984 (photo: M. Peyron)

The next day fresh ground was broken as the party pushed past Tirghist village to foot of Wilghissen, which was ascended by an unlikely, steep and winding path, known as sellum n-igenna (‘heavenly staircase’). Quite a grind, that! Then due E along the Wilghissen ridge as it started to snow; finally down to Tizrawlin village and great welcome in the house of moqqadam Boulman Ouzzeriy. An 11-hour grind in all.

The third day, as they had to return urgently to Rabat, the Barbauds braved a blizzard and-a-half (narrowly avoiding frost-bite in the process) as they clambered back due north over Tizi n-Oulmou Igri to Anemzi, while the rest of the party headed off down-valley to Tazzarin. Here they caught a lorry at 18:00 which put them in Rich by 21:00. After a light snack they boarded the night bus from Rachidiya at 22:00 and were in Meknes by 04:30 the next morning. They finally made it to Rabat by taxi at 06:45 on November 7, 1984.

17sidibouwounzaraytyahyadec1984.jpg

Serious backpacking: M. Barbaud & friends head past shrine of Sidi bou Wnzar, Dec 7, 1984 (photo: M. Peyron)

A month later exactly, the present writer was back again at the Tirghist Forstry Hut with Fournié, Michel Legras, Hélène Ripoll and Michel Barbaud. This time, however, on December 8th, the party turned right and made for Tizi n-Isswal, then to Enzar n-Oufounas on edge of Lakes Plateau, over Tizi Widammen and down to Asif n-Ougheddou. This was followed upstream, involving some wading, along foot of Jbel Tazigzaout to Agheddou village where, arriving after the by now standard 12-hour path-bash, accommodation was easily obtained. From there, on December 9th, the backpackers crossed Tizi n-Ighil, descended through the cedars and made it to the Sidi Yahya ou-Youssef Forestry Hut (where vehicles were waiting) before lunch .

The GTAM comes of age (1985)

In January 1985, after intense editorial efforts over the previous six months, the first edition of the GTAM guide-book in French was officially launched, backed by book-signing  and lecture evenings in Rabat. A 280-page volume, the Grande Traversée de l’Atlas Marocain (GTAM) represented the sum total of the various recce trips and traverses done up till then, with miscellaneous loop trails, variants, ascents of easy summits, together with some info on ski-touring, including the  classic Atlas off-piste ski-runs.

Its unavowed purpose was to provide the dedicated, independent backpacker with the necessary tools to do his own thing, to go it alone or with a fistful of hand-picked companions. Above all, to dispense with the services of a TO.

Actually, there weren’t awfully many of these outfits in the Atlas game at the time. It was a pretty exclusive club: Explorator, Sherpa,Terdav, Mountain Adventure, French guides Rey, Jaccoux, and « Bernouze »,  some of their Swiss and Italian counterparts, etc. But the very fact that they were out there, with their glossy catalogues and programmed trips every spring and summer, represented the thin end of the wedge. It was easy to visualize a rapidly expanding market, as other players jumped onto the band-wagon. Not to mention the saturation that was to follow, the unsavoury fall-out from regular visits by the big battalions, the abuse of Berber hospitality and culture shock, over-use of mules to the detriment of local agriculture, and other factors that would gradually destroy the undefinable appeal of these beautiful hills. That the guide-book was an anti-TO exercise was patently clear, for which reason the present writer came in for a fair share of flak from some quarters. In fact, to say that the Peyron volume caused quite a stir at the time would have been the under-statement of the year. The more so as certain parties that shall remain unnamed, feeling that somebody had stolen their thunder, chose to register disapproval. Anyway, deservedly or not, the offending volume sold out within a few months.

 gtamcover1984edition.jpg

Cover of the 1st GTAM guide-book, January 1985

The main dish on the menu, of course, was a blow-by-blow follow-through of the basic GTAM itinerary from Imi n-Tanout (SW of Marrakech) to Taza (a foothill town N of the Middle Atlas). As such it  became the first guide-book description to take in the entire Moroccan Atlas chain. As the author was at pains to point out, however, existence of the guide-book was not an end in itself. Allowance obviously had to be made for development; like a living entity the GTAM project was bound to undergo pruning and embellishment over the years to come.

Adding further bits and pieces

The spring holidays of end-March 1985 witnessed an interesting medium-altitude traverse from Imi n-Tanout to Amzmiz with daughter Caroline and four of her school-friends from the Rabat Lycée Descartes: two boys, two girls. The idea was to see how a group of teenagers would fare in the mountains on a backpacking trip, sleeping in Berber villages, eating simple but healthy food, and generally roughing it well away from Mum and Dad.

25imintanoutamzmizmar1985.jpg

G. Cressman, A. Desfaut & B. Steinger fording Seksawa torrent, March 24, 1985 (photo: M. Peyron)

The first day saw the party emerge somewhat cramped and stiff from a night in the Imi n-Tanout funduq. There ensued several hours following the lower reaches of the Seksawa river, sometimes wading (wow! the water was perishingly cold…). Slept at Tabratjout in house of Mohammed Chitithi, but decided, for the morrow, to hire a muleteer to convey the party’s baggage on the first leg to a col west of Addouz. Fom there, once more with packs on their backs, with challenging views of the Erdouz massif ahead, it would be plain sailing for the teenagers down to the Adassil administrative outpost and the completion of a gruelling 11-hour stage.

26imintanoutamzmizmar19852.jpg

With teenagers at Tizi n-Tazoult, Erdouz massif in background, Mar 25, 1985 (photo: M. Peyron)

This proved to be a sizeable village, with the qayd‘s building affording some makeshift lodgings for the night. The third day was spent on the track that climbs E from Adassil to Iberdaten, where a hospitable villagers entertained the party to lunch. They then worked round the base of Wirzan, crossed a low col and descended on Medint with its maze of walnut-trees.

27imintanoutamzmizmar19851.jpg

C. Peyron, A. Desfaut,  S. Alaban, G. Cressman & B. Steinger above Adassil, March 26, 1985 (photo: M. Peyron)  

No invitation at Medint so pushed on to Anerni where, after being 10h30 on the trail, we spent the night in the very friendly house of Ali Ayt Abbou. The final day saw the party cross a low ridge into Asif Anougal, which valley was then followed without further ado to Amzmiz. By a combination of taxi and electric train, Rabat was reached that night via Marrakech. The outing had proved that teenagers are quite apt to stand up to the rough-and-tumble of adventure backpacking in the Atlas Mountains. No cry-baby behaviour; no wanting to be back home with Mummy! Less so, in fact, than with certain grown-ups.

13izoughartafraoutapr1984.jpg

Approaching Tizi n-Tighboula with M. Barbaud between Izoughar and Tafrawt n-Ayt Abdi, April 1985 (photo: M. Peyron)

In keeping with the evolutive rationale of the GTAM, in April 19-22, 1985, a stimulating weekend recce trip was undertaken with Michel Barbaud to investigate the possibilities between Bougemmaz and Zawit Ahansal. Highlights included a bivvi at Lake Izoughar; a 12-hour stage to Tafraout n-Ayt Abdi; an almost equally long haul over Tizi n-Ifferd, with a peep at its exciting snow-melt lake, followed by the descent to Zawit Ahansal.

13atizinifferdapr1984.jpg

About to descend from Tizi n-Ifferd on Zawit Ahansal, April 1985 (photo: M. Peyron) 

Weekend of November 7th-9th, 1985: a great little outing to the Imilchil region in the by now well-established autumnal walking tradition, with Michel and Claude Barbaud, Michel Legras, Jacqueline and Lou-lou Audouin. Basic ingredients: bulging, body-hugging backpacks, tough trail-bashing, uncomfortable bivvi, hospitable mountain Berbers and photography. Reaching Imilchil in perfect weather on Friday, November 8th, we parked our cars near the Boudrik café-hôtel (Izlane) and lost no time making tracks for Oul-Deddi village, a few hours downstream.

oulghazi09nov1985.jpg 

Drinking tea with Saïd ou Haddou, C. Barbaud, Mme Audouin, J. Legras, at Ou-Lghazi, Nov 8th, 1985 (photo: L. Audouin)

Were away by 9am next morning, skirting Asif Melloul and following track to Oul-Ghazi, where we looked up our old companion Saïd ou-Haddou. After drinking mint tea outside his house, got him to show us the way up Aqqa n-Tissout n-Iysan thus putting us on the trail to Amandar, where we intended to bivvi. There ensued a bitter night in a roofless sheep-pen. Next morning, however, (November 9th) came the reward: a smooth ridge traverse of Amandar (3037m) mountain with superlative visibility: all-encompassing views rom Azourki at our backs to Ayyachi ahead of us.

amandar09nov19852.jpg

Very essence of serious backpacking; C. & M. Barbaud on Amandar ridge, Nov 9th, 1985 (photo: M. Peyron)

A brief descent took us past Aghbalou n-Inejda into the upper part of Aqqa n-Sountat; followed this along a R-bank path, recognizing scenes from photographs in classic book, Maroc central by J. Robichez, below distinctive peak of Amghid, and thus to Asif Melloul at Sountat village. From there all that remained was a straightforward road-bash to Imilchil.

Now was the time to return to the Marrakech High Atlas. Proved quite a lark, it did, that outing with Andrew Byatt along the far western leg of the GTAM, from Timezgadiwin to Ijoukak, April 24-28, 1986. This is how it went.

88iminwasifrasmoulayaliapr19863.jpg 

Imi n-Wasif village and Ras Moulay Ali, Apr 26, 1986 (photo: M. Peyron)

After an approach by rail and bus the twosome backpacked through the western hills, sleeping in Berber villages along the way, from the 511 road to the Aghbar Forestry hut just below the Tizi n-Test, whence they hitch-hiked down to Ijoukak.

andrewbyattapr1986whighatlas1.jpg 

On Western High Atlas traverse, Apr 24-28, 1986 (sketches by A. Byatt)

Andrew proved a superb walker, with plenty of Scotttish Highland experience to draw on. Berber polenta, however, gave him a bad attack of the trots, and he slowed dramatically on the climb to Tizi Azdim. Rallying bravely, he led on uncomplainingly down into the tangled Tiziatin forest and trout-filled Aghbar stream. For this writer it was a perfect treat to revisit those unspoiled Seksawa valleys and their beautiful peaks, « which reach to the sky » according to Ibn Khaldoun’s Histoire des Berbères. Little had changed in the past 20 years since he’d visited them for the firts time.

andrewbyattapr1986whighatlas2.jpg

The GTAM was to be re-visited just a couple of times before the present writer went into French exile for a decade. First, a winter stint: Tounfit-Tillougit December 23-28, 1987; followed by a final fling the following spring: Telwat-Tillougit March 1988.

It was a party of eight (including daughter Caroline as far as Imilchil) that swung off along the well-trodden track through Tiboulkheirin forest. Lodgings were obtained at house of local circumciser, Ou-Baâ, at Lmerri. Uneventful progress saw party reach Tirghist Forestry Hut before dusk.