S. Pouessel, Les identités amazighes au Maroc

Posté par Michael Peyron le 8 janvier 2012

Notes de lecture 

Stéphanie POUESSEL, Les identités amazighes au Maroc, Non Lieu, 2010.

Travail de doctorant rédigé en vue d’une soutenance de thèse sur le très complexe sujet de l’amazighité (timuzġa), dont voici la version grand public, d’entrée de jeu l’auteur souhaite se démarquer  des « coopérants chercheurs sous le Protectorat ». Catégorie du reste inexistante, les coopérants, pour autant, que je sache n’appartenant qu’à la période post-Protectorat. L’auteur, qui appartient à la jeune génération montante des chercheurs français tournés vers le Maghreb, nous prévient qu’elle s’est basée en partie sur des Amazighes de 3ème ou 4ème génération en France, faussant ainsi les données car, divorcés de leur cadre d’origine, les intéressés ne réagissent nullement comme s’ils étaient au pays (p. 6). De plus, certains ne connaissent plus la langue amazighe.

 

Pouessel tend de trouver des excuses pour une recherche majoritairement excentrée par rapport au terrain (l’Atlas et le Sud marocain). Chevauchant peut-être là le dada de son directeur de thèse, elle « envisage les différents champs d’inscriptions de l’ethnicité et d’opérer ainsi à sa démystification » (p. 8). Il est clair, cependant, qu’elle s’est rendue au Maroc à plusieurs reprises afin de mieux s’imprégner de la réalité amazighe. Démarche nécessaire pour une quasi-néophyte en questions ès-berbères.

 

Pour ce qu’il en est des dynasties du « groupe berbère », on notera que les  Almoravides sont venus avant (non pas après) les Almohades. Avancer une supposée absence d’écriture en ces temps-là comme obstacle à l’unité linguistique ne tient pas la route.  La majorité des ruraux habitant les plaines atlantiques entre le XIe et XIIIe siècle, amazighophones, parlaient une langue proche de la Tachelhit, nommée lisan al ġarbi. Celle-ci pouvait se rédiger en caractères arabes, à l’image des nombreux travaux écrits des ṭṭelba du Souss (p. 14) ; il existait par ailleurs des dictionnaires arabo-berbères afin de faciliter la tâche aux usagers (cf. N. van den Boogert, 1998). Largesse d’esprit médiévale contrastant positivement avec la période post-coliniale de la fin du 20ème siècle.

 

La thèse selon laquelle la renaissance berbère repose uniquement sur l’élite intellectuelle de Rabat (véritable nébuleuse imaginaire créée de toutes pièces par Pouessel, et qu’elle évoque plusieurs fois dans son ouvrage, pp. 102, 128 & 167) ne constitue qu’une demi-vérité. Si les universitaires marocains, notamment ceux de la diaspora y ont puissamment contribué, certes, la part des gens du cru, du fin-fond du bled, surtout depuis l’émergence du sentiment de hogra, n’est pas négligeable. [Bien que ne citant pas explicitement le terme hogra, l’auteur semble y faire allusion lorsqu’elle signale l’essaimage des revendications identitaires amazighes vers les « zones rurales périphériques » (p. 107).]

 

En revanche, il est erroné de prétendre qu’il existe une unité culturelle berbère, la planète amazighe – c’est bien connu – comptant de multiples composantes chacune marquant des nuances (p. 16).

 

Il aurait fallu aussi signaler que « l’arabisation des berbérophones », en cours depuis treize siècles, a pour corollaire un bilinguisme fort actif et que cela ne fonctionne pas à sens unique ; la langue amazighe, a force de cohabiter avec fusḥa, a produit dariža, ce que reconnaît du reste l’auteur (p. 159).

 

A mon avis on fait fausse route en apposant l’étiquette commode du « subalternisme » sur le renouveau amazigh alors que celui-ci est dans l’air du temps, allant de pair avec la réhabilitation des peuples autochtones et de la culture orale (pp. 22-23).

 

Les évènements de 1994 à Goulmima, qui serviront de déclic politico-culturel dans la lutte identitaire amazighe au Maroc, sont mentionnés (p. 24, également pp. 53, 59, 63 & 129) sans plus de détails. Quant à l’officialisation de l’Amazigh, à propos de laquelle Pouessel exprime des réserves, c’est chose faite depuis juillet 2011.

 

Il existe malheureusement beaucoup de désinformation à propos de la standardisation de cette langue. En fait, plutôt à l’aise entre les diverses variétés dialectales, les Imazighen parviennent à un certain degré de compréhension mutuelle qui tend à démontrer que la standardisation se fera non seulement grâce à l’IRCAM, mais aussi et surtout grâce à l’interaction des intéressés. Les 22 étudiants berbères marocains qui fréquentent mon cours de littérature orale en sont l’illustration vivante.

 

Le chapitre sur « L’arabe : langue et culture du nationalisme marocain », hormis qu’il fasse remonter la dynastie alaouite au XIIème siècle (!!), nous livre un résumé satisfaisant de la question. Cependant, on y trouve un aperçu biaisé, schématisé du dahir berbère et l’on fait la part belle au salafisme en négligeant le wahhabisme. On omet de signaler que l’IERA a été fondé explicitement comme contrepoids à l’IRCAM – combat d’arrière-garde – pour défendre fusḥa, alors que dariža est la langue nationale de l’écrasant majorité des Marocains (pp. 27-32). Quant au « complexe de la berbérité » celui-ci remonte aux années de l’immédiat post-Protectorat, avec son obnubilation moyen-orientale et le « tout pour l’arabe » mâtiné d’influences jacobines; tout ceci précédant de quelques années le regain d’intérêt universelle pour les langues vernaculaires, dont entre autres le Breton, le Catalan, le Gaëlique, le Gallois, phénomène déterminant dont a grandement bénéficié la langue amazighe.

 

Concernant les Noirs on retiendra que beaucoup d’entre eux sont berbérophones, mais qu’Essaouira-Mogador (tassurt), capitale des Haha (iḥaḥn), où se déroule le très branché festival des ignawn ne fait pas partie du « sud marocain », mais du Maroc atlantique (p. 47). A la p. 50 on frôle le farfelu avec l’amalgame Mogador-lusophonie-Brésil.

 

Quant à la faiblesse de la tendance « amazighisante » chez les Chaouïs de l’Aurès (p. 57), il suffit de visionner le film La maison jaune, au dialogue tout entier en tašawit, pour se persuader du contraire.

Il est vrai, aussi, que bon nombre de jeunes de Rachidia (Imteghren) effectuent leurs études en Agadir, d’où la confusion faite par l’auteur entre Sud-Est et Sud-Ouest marocain (p. 61). Si, par ailleurs, certains militants de Tinghir traitent l’IRCAM d’iršan (‘saleté’), ils conservent la célèbre et incontournable lettre z emphatique, signe berbère passe-partout. A ce titre, l’auteur aurait pu mentionner le militantisme de la chanteuse Fatima Tabaamrant qui, sur scène, fait le salut amazigh des krad iḍuḍan (‘trois doigts’). L’auteur semble également faire sienne certaines opinions critiques à l’égard de l’IRCAM, en oubliant un peu vite que cet organisme a le mérite d’exister ; qu’il a mis en place l’enseignement de la Tamazight, facilité la recherche sur le terrain, organisé de nombreux colloques et produit une trentaine de publications dans le domaine des études amazighes – chose impensable sous Hassan II. Prétendre que cet organisme cherche « à tuer l’amazighité » (p. 126) est une inexactitude notoire.

 

L’auteur semble encore cautionner les idées « istqlaliennes » concernant le dahir berbère, en évoquant des arguments issus d’une mythologie anticoloniale actuellement dépassée. De nos jours il est vrai, c’est du « dahir de 1930 » que parlent les militants amazighs, ou du « dahir de l’Istiqlal », ce qu’admet l’auteur du bout des lèvres (p. 83). Du reste, elle a tendance à prendre pour argent comptant un important corpus de littérature révisionniste (Ageron, Hammoudi, Laroui, & al. des années 1960-2000) qui s’emploie à brouiller les cartes. Ainsi assiste-t-on à une caricature de la recherche coloniale sur les Berbères, celle-ci étant qualifiée de « racialiste » (p. 69). Ceci est en phase avec certains chercheurs de l’actuelle génération, à tendance quelque peu « misérabiliste », qui cherchent a posteriori à disqualifier la philosophie de leurs devanciers en leur collant des étiquettes peu flatteuses. C’est oublier un peu rapidement la sympathie que des « Berbérisants » comme Roux éprouvaient à l’égard des ces populations – du souvenir de leur passage qu’ils ont laissé chez elles. Roux qui avait parfaitement compris qu’il était vain de rechercher une langue amazighe pure, dépourvue d’arabismes.

 

Quant à l’interprétation de l’histoire de l’AFN des chercheurs de l’époque coloniale celle-ci ne cherchait pas à minimiser l’islamisme médiéval (p. 71) ; elle tendait simplement à affirmer qu’il y avait eu un riche passé préislamique. A ce propos on s’en prend avec délectation à Robert Montagne, une des cibles préférées des historiens révisionnistes, alors que ce chercheur a réalisé une étude très fine (Pouessel l’a-t-elle seulement lue ?) des sociétés du haut Atlas occidental.

 

Nous ne polémiquerons pas avec l’auteur sur le « mythe kabyle », ni à propos de la politique coloniale de Lyautey au Maroc, nous étant exprimé par ailleurs sur ce deuxième sujet (pp. 74-78). Il en va de même des « réserves de barbares blancs » (Peyron, 2009) chères à Jacques Berque.

 

D’un autre côté Pouessel a raison de mettre en relief l’importance accordée par les Imazighen à la notion de « marocanité » (p. 93, tamġrabiyt).

 

L’auteur évoque une fois de plus cette élite berbérophone de Rabat en tant que « moteur » de l’amazighité (p. 102), en oubliant la contribution significative des intellectuels amazighs issus directement du bled (A. Iken, Z. Ouchna, H. Yakobi, H. Khettouch, A. Skounti, etc.), dont certains n’ont pas fait d’études en Europe.

 

Au sujet du droit coutumier il est vrai que l’on cherche à le réactualiser ; vrai aussi que la prison ne fait pas partie de l’arsenal juridique des izerfan, la peine de mort non plus pour la plupart d’entre eux. Il est, par contre inexact de prétendre que la peine capitale était inexistante (p. 121) ; des cas de précipitation du haut d’un rocher sont cités par Berque (Structures sociales du Haut Atlas, 1955), ainsi que par Gellner (Saints of the Atlas, 1969).

 

Le chapitre sur la « datte pourrie » réussit le tour de force de schématiser en une phrase (p. 125) près de trente ans de résistance anticoloniale dans le Sud-Est marocain. C’est vraiment faire « bon marché » des épopées du Tazigzaout, du Bou Gafer, du Baddou, et j’en passe, sites de mémoire en voie de sacralisation où tant d’Imazighen ont donné leur vie. Par contre, il est clair que certains jeunes militants du Sud marocain pratiquent actuellement un « jeunisme » exacerbé et injustifié lorsqu’ils proclament à l’intention des premiers militants de Goulmima : « L’histoire vous oubliera. (p. 128)» Ce n’est en tout cas pas vrai en ce qui concerne Ali Iken, auteur du premier roman en langue amazighe, asekkif inzaden, car mes étudiants lui ont réservé un accueil plutôt enthousiaste lorsqu’il est venu la semaine dernière faire une intervention dans mon cours.

 

Autre point important : on notera que bien que de nombreux festivals amazighs soient régulièrement organisés (p. 131) il faut tout de même relever en parallèle une volonté assez forte de « dé-folkloriser » la culture berbère.

 

Qu’on le veuille ou non, pour des raisons pratiques d’universalité, c’est la graphie latine, plutôt que l’écriture arabe ou les Tifinagh (pp. 139-140, 153), qui demeure très largement utilisé dans le monde universitaire. Ce qui n’est pas incompatible avec une utilisation, souvent décorative et limitée des Tifinagh, ce qui sert à donner à l’amazigh une profondeur historique (pp. 147-148). Cependant, la souplesse reste de mise. En effet, les claviers des ordinateurs de l’IRCAM comportent des touches permettant de passer d’une graphie à l’autre quasi-instantanément.

 

En définitive, la querelle autour de la standardisation de l’amazigh ou du maintien de « standards régionaux » (pp. 163-165), entre l’IRCAM et des chercheurs basés en France comme Abdellah Bounfour et Salem Chaker, me semble à la fois byzantine et contre-productive. Mon expérience du terrain tend à démontrer que des Imazighen aux idées ouvertes, et ayant voyagé à travers leur pays, peuvent fort bien s’adapter à d’autres variantes de l’amazigh que la leur. Sans vouloir dénigrer les efforts de l’IRCAM, ce sont par conséquent les locuteurs natifs de la langue, dans leur grande diversité, qui aboutiront en son temps à une forme de standardisation de fait, tout en respectant la tamġrabiyt.

 

Constatation édifiante : on ne peut qu’être d’accord avec l’auteur lorsqu’elle affirme : « C’est clair, l’amazighité constitue bien le substrat de la culture marocaine aussi bien démographiquement que culturellement. (p. 161)» Enfin, malgré les quelques réserves émises ci-dessus, on peut féliciter Stéphanie Pouessel d’avoir en un temps relativement restreint fait le point sur un problématique plutôt complexe, aux multiples facettes, et où il est malaisé de trouver des explications simples à une situation confuse, fruit d’une longue histoire suivie d’une période de recherche identitaire de la part des Imazighen.

 

michael.peyron@voila.fr

 

 

 

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Analyse thématique conte « Les Tours jaunes »

Posté par Michael Peyron le 8 janvier 2012


Aïcha OUZINE

Etudiante Master LCA

FLSH Rabat

S1, cours ‘Lectures de textes’ de Michael Peyron

 

Analyse thématique du conte lbruj iwraġn, tiré de Textes dans le parler des Aït Seghrouchen de la Moulouya de Jean Pellat, (Paris,1955, pp. 30-37).

 

Le conte lbruj iwraġn  (‘Les Tours Jaunes’) est extrait de l’ouvrage sur les Aït Seghrouchen de la Moulouya de Jean Pellat, Ce conte est présenté en une version amazighe, et une autre en français traduite par l’auteur. Le texte en question relève de la tradition orale amazighe, laquelle est un héritage collectif et dispose d’une structure linguistique particulière. Cette littérature est également un enseignement et engage la société. Elle est tout simplement le porte-parole de la pensée et des valeurs collectives.

Et c’est dans ce cadre que relève notre conte, objet de l’analyse.

 

Mais d’abord qu’est-ce  qu’un conte ? Le conte est un récit de pure fiction, l’héritage d’une tradition, d’une mémoire collective où le conteur puise tout en y imprimant sa marque propre. Le conte répond au besoin intérieur d’une communauté de culture et d’intérêt, et il est aussi exutoire à toutes sortes de frustrations. Il est également une forme privilégiée de loisir dans la société traditionnelle où la dimension ludique et l’ironie ne sont pas absentes.

 

Le conte lbruj iwraġn est situé dans un cadre spatio-temporel indéfini, indéterminé, et fort loin dans le passé. Aucune mention du temps n’est faite, même pas l’une de ces expressions très connues des contes, à savoir, « Il était une fois… », « Il y a bien longtemps… », ou encore « En ce temps-là… ». Quant au cadre géographique, quelques mentions par-ci par-là pour situer l’histoire dans un milieu merveilleux où l’imaginaire croise le réel pour nous présenter un monde autre.

 

Quand on parle de conte, on parle d’une histoire et d’un récit. Les acteurs de ce récit sont les personnages. Ils peuvent être humains comme ils peuvent être des animaux ou des arbres.

Notre conte est par excellence un conte merveilleux où les personnages humains et animaliers vivent en cohabitation et/ou en confrontation. Leur  intérêt  ne réside pas dans leur psychologie mais dans la fonction qu’ils occupent dans le récit.

 

La lecture du conte nous a permis de dégager plusieurs types de personnages. Et nous pouvons les classer comme suit selon leur apparition dans le texte :

-       Le mari : homme sans enfant, chasseur, ramenant chaque jour sept perdrix à la maison, mais également cultivateur car labourant un champ,

-       L’épouse : femme sans enfant, qui après avoir supplié Dieu, enfanta d’une fille sortie de son petit orteil,

-       La fille : fille magique, née du petit orteil de sa mère, épouse du chasseur, une fois chez le roi, elle n’est plus considérée comme telle, elle est appelée ‘femme’,

-       La perdrix qui nourrit la fille cachée,

-       Le petit moineau, substitut de la fille pour épouiller la barbe du père, le mari de la mère,

-       Le roseau de la forêt d’un roi et qui abrite la fille,

-       Les chameaux et chamelles en pâturage dans le bois du roi,

-       Le roi : propriétaire du bois, et celui qui a récupéré les trois morceaux du roseau qui abritait la fille,

-       Le berger : berger du roi, gardien des chameaux et chamelles dans le bois,

-       Le garde : annonciateur de la corvée générale pour la coupe des roseaux qui constituent la cachette de la fille,

-       Un travailleur du roi : participant à la corvée de la coupe des roseaux, qui coupa le fameux roseau en trois morceaux,

-       La femme du roi : femme et épouse suspectant son mari le roi de lui mentir à propos de la présence d’une personne tierce dans la chambre de l’étage supérieur,

-       Le fkih : l’auteur de la lettre au roi pour qu’il parte en campagne au bord de mer,

-       Le valet : valet du roi, scellant son cheval, et gardien des sept clés qui ferment les sept portes derrière lesquelles est cachée la fille-femme l’héroïne),

-       Le coq : le complice de la femme du roi, enfin sa première femme, et celui qui a retrouvé les sept clés,

-       La bague : en possession de la fille-femme, laissée à la première femme du roi, elle sera le lien entre la fille et son roi, annonciatrice du départ de la fille, au début mais annonciatrice du retour du premier roi à la fin et symbole de l’union et de l’amour,

-       Le roi : le deuxième roi, qui épousa la fille-femme, propriétaire des Tours Jaunes,

-       Le cheval : cheval du premier roi, qui accepte d’être sacrifié pour aider le roi, son maître dans sa quête de la fille-femme,

-       L’oiseau : le guide du premier roi, et son transporteur vers les Tours Jaunes, l’oiseau aux sept flacons de sang et sept morceaux de viande,

-       L’aisselle : aisselle du premier roi, ultime recours du roi pour la poursuite de sa quête et son voyage aux Tours Jaunes,

-       La négresse : négresse de la fille-femme devenue simplement épouse du deuxième roi des Tours Jaunes,

-       Le roi : mort du deuxième roi et victoire du premier roi, le héros et l’amour de la fille-femme,

-       Les administrés du deuxième roi devenus les administrés du premier roi.

 

Selon Vladimir Propp, les personnages sont classés en sept catégories et ce d’après les fonctions qu’ils peuvent accomplir.

Maintenant que nous avons énuméré nos personnages (humains, animaux, plantes, arbres, objets inanimés devenus animés) dans le conte, nous allons les classer selon leur importance dans le déclenchement et l’enchaînement de l’histoire :

-           le héros : celui qui vit l’histoire et qui est toujours à la recherche de l’objet de sa quête. Ce héros peut être la fille magique comme le premier roi, celui qui a bravé tous les obstacles pour retrouver la femme qu’il aime. Ces deux héros sont les sujets de l’histoire, chacun de son côté se voit attribué une quête (objet) :

  • la fille envoyée par la mère (l’initiatrice ou destinatrice) amener le déjeuner à son père le chasseur, mais qui veut l’épouser dés qu’elle fait son apparition devant lui, ne sachant qu’il s’agit de sa fille, une fille finalement engendrée par la mère seulement, la semence du mâle n’y intervenant pas, et en le fuyant, elle déclenche l’histoire du conte.
  • le premier roi, car à cause de l’agissement de son épouse (l’initiatrice) et également le nœud de l’histoire, causant la fuite de la fille cachée, ce qui déclenche également le voyage du héros et la quête chevaleresque pour atteindre l’objet du désir qu’est la fille magique. Il est également le destinataire, celui à qui va profiter la quête.

-    le donateur : qui a ce que le héros cherche. Ici, nous pouvons citer la mère de la fille,

-    l’adjuvant ou l’auxiliaire: qui aide les héros :

  • (perdrix, le petit moineau, le roseau, les chameaux  et chamelles, le berger, le garde, le travailleur du roi, le valet : valet du roi, la bague, le cheval, l’oiseau, l’aisselle, la négresse, les administrés du premier roi et sans le savoir deviennent ceux du premier roi.

-          l’opposant ou l’adversaire qui fait obstacle face à l’héros ou qui tend des pièges pour que le héros n’arrive pas à atteindre son objectif et l’objet de sa quête :

  •   le père de la fille qui cause la fuite de la fille, car il lui a proposé de l’épouser, et pour elle, sachant qu’il s’agit de son père, il faut partir au loin pour ne pas tomber dans le pêché et consommer l’inceste.
  • La femme du roi : femme et épouse suspectant son mari le roi de lui mentir à propos de la présence d’une personne tierce dans la chambre de l’étage supérieur, et donc par jalousie pousse à la fuite de la rivale des bras de son amoureux.
  • Le fkih : l’auteur de la lettre au roi pour qu’il parte en campagne au bord de  mer.
  • Le coq : le complice de la femme du roi, enfin sa première femme, et celui qui a retrouvé les sept clés.

 

Concernant ce volet de l’analyse qu’est la scène géographique, rares sont nos observations :

  • Lieu d’habitat de la fille avec ses parents : Est-ce une cabane, une petite ou une grande maison, bien meublée ou dénuée de tout confort ? Aucune mention n’est donnée, pas un détail qui échappe au narrateur ou à l’auteur.
  • Champs du labeur : mani icerrez… (endroit où il labourait…) : pas un détail sur la superficie, ni sur la nature du champ, ni sur les arbres qui peuvent y être si jamais ils y sont. Juste une mention des ibrain (semoule ou orge présente sur le champ).
  • Le bois du premier roi : lieu de pâturage des chameaux et chamelles du roi, lieu également où on voit de nombreux roseaux dont l’un abritant la fille.
  • L’habitation du roi : ġer taddart inu (‘chez lui’), où l’on sait qu’il y a une chambre au premier étage où sera transportée la fille dans le fameux roseau au début, et où fut cachée la fille des regards de l’épouse du roi, une chambre qui tout de même est située derrière sept portes.
  • La côte : lieu où l’épouse du roi va envoyer son mari le roi afin de découvrir ce qui se tramait derrière elle au premier étage.
  • L’entrée de la maison imi n-taddart (‘l’entrée de la maison)’ : celle du roi, pas de description non plus.
  • Lieu où est présent le fumier : lieu donc où seront enterrées les sept clés, ceci dénote la présence du bétail et certainement d’une écurie puisque le roi va enfourcher son cheval pour le voyage vers la mer, et déjà un coq cité dans le corps du texte,
  • Tours Jaunes : lieu lointain que désigna la fille, en fuite de la jalousie de la femme du roi,
  • La source : celle des Tours Jaunes, où la négresse vient puiser de l’eau,
  • Pièce de l’étage supérieur : où sera transporté le premier roi dans le fameux ahser (‘natte’) pour être caché des regards, surtout du regard de l’époux de la fille-femme, et donc le deuxième roi,
  • Une pièce, enfin une autre pièce où la femme ramène un sabre, objet adjuvant qui saura libérer la femme, objet de la quête, du mariage au deuxième roi et donc agent du retour de celle-ci à son amoureux, le premier roi.

 

L’époque où le conte est situé n’est guère mentionnée, ni encore celui du temps de la narration du conteur. Rien dans le texte ne trahit l’époque qui accentue finalement le côté merveilleux du conte, le conte étant dans ce sens utile à tous les temps et à tous les lieux.

Quant à l’action : le conte relate les fuites de la fille magique, une fois de son père qui voulait l’épouser et une fois de la jalousie de la femme du premier roi. Le conte raconte également les pérégrinations du premier roi, qui est le héros. Tous les obstacles rencontrés en cours de route par nos deux héros, chose qui ne fera que tenir en haleine leur amour qui les mettra face à plusieurs épreuves.

Revenant un peu à la thématique du conte : au sens large, le thème qui est traité est le pêché de l’inceste, la jeune fille fuyant son père de peur de la relation incestueuse, sachant qu’il comptait se marier avec elle, lui ne sachant que la fille fut conçue dans l’orteil de sa femme.

Au sens plus précis, il est question de l’amour, le vrai qui vient à bout de tout. Nos deux héros sont passés par plusieurs épreuves. Il a fallu qu’ils se cherchent pour se retrouver. C’est aussi le thème de l’amour mérité, si le roi n’était pas curieux de savoir ce qui parlait dans son bois, il n’aurait jamais pu rencontrer la fille magique.

S’il ne l’avait pas caché des regards, cela n’aurait jamais attisé la curiosité et par la suite la jalousie de sa femme.

Si la fille-femme n’a pas laissé sa bague, le roi ne l’aurait jamais retrouvée, et donc n’aurait jamais mérité l’amour de la belle.

Maintenant que nous avons fait le tour du volet thématique du conte, nous pourrons passer à la technique d’usage dans ce texte. Le conte, comme relevant de la tradition orale amazighe, n’a pas forcément été changé ou augmenté par l’auteur dans ce passage à l’écrit. Nous pensons que l’auteur n’a fait que transcrire le conte comme il lui a été annoncé lors de sa collecte et qu’il a omis d’annoncer la formule d’entrée ou peut-être que son conteur avait fait pareil avant lui.

Pourtant, l’on remarque vers la fin du conte la présence de la formule de la fin teqḍa lḥažit nnex, ur qdin yirden t-temzin (‘Notre histoire est achevée, mais le blé et l’orge ne sont point épuisés’).

L’action commence dés que le père soupçonne la présence d’une personne tierce et qui mange la septième perdrix. L’entrée en scène de la fille magique se fait lorsqu’on a compris que la septième perdrix lui est destinée, sachant déjà que le chiffre sept (7) est fatidique dans les contes merveilleux et populaires.

Et à proprement parler, l’action commence dés lors qu’elle est allée porter à manger à son père, celui-ci ne pouvant savoir que la fille serait sienne, il la demande en mariage. Sa fuite enfin déclenche l’action. Le paragraphe 5 condensé (au fait il est une compilation de trois paragraphes 98, 99 et 100) nous tient en haleine. On est face à un suspens. Que va-t-il advenir de la fille maintenant que le roseau se fait couper en petits bouts ? Le summum de l’action est sans nul doute deux moments :

Le premier est quand le premier roi est du retour de son voyage à la mer, voyage en fausse alerte préparé par son épouse et ne trouvant plus la fille magique dans la chambre sise derrière les sept portes, Ce moment est fatidique car porteur de sens. L’épouse transgresse l’interdit en se servant du coq pour découvrir l’énigme et le secret jalousement gardé par le roi. (Paragraphe 105).

Le second moment vient au paragraphe 106. En effet, quand le roi soupçonne la manigance de sa jalouse d’épouse, il la tue et le coq avec. Voilà une entrave au bonheur du roi écartée.

Ce moment-là porte en lui une incitation à l’action ultérieure. Le symbole de la bague magique, cet adjuvant, suscitera plus de suspens encore. L’action s’accentuera encore. La fameuse phrase prononcée par la fille magique : ‘qui m’aime n’a qu’à me suivre aux Tours Jaunes’.

Ces Tours Jaunes représentent une autre épreuve pour le roi pour gagner l’amour et l’admiration de la fille.

Les adjuvants se font nombreux à ce moment de l’histoire. Muni de la bague magique, et de son cheval cet autre adjuvant, la suite dans l’histoire nous en dira en quoi, le héros rencontre un autre auxiliaire, c’est-à-dire l’oiseau qui le transportera et le rapprochera de son amour.

En chemin, un autre adjuvant, cette fois, il s’agit de la négresse des Tours Jaunes, entre en jeu. Elle ramènera le héros jusque chez sa bien-aimée.

Les retrouvailles sont faites enfin. Mais surgit  un autre adversaire, cette fois c’est le dernier. C’est le propriétaire des Tours Jaunes, ce vieux roi et également époux de la fille.

L’action sera dénouée enfin quand le premier roi arrive aux Tours Jaunes et qu’il tuera le deuxième roi qui est le symbole du rival et de l’élément qui pourrait entraver l’obtention de la récompense du héros à savoir pouvoir jouir enfin de consacrer son amour.

Notre histoire racontée, sa raison s’explique. Une morale est à en tirer. D’abord, un bébé ne peut être conçu par un parent à lui seul, sinon, il est judicieux d’en parler en couple. Car l’autre parent, étant induit en erreur, peut déclencher une relation incestueuse. Comportement  à bannir dans la société.

Une autre morale est véhiculée par le conte. Il est question de l’amour mérité. L’amour n’est vrai que lorsqu’il résiste à plusieurs épreuves et aux aléas du temps. L’amour se fait fort et gagne sa raison d’être.

Adressé aux enfants lors des veillées nocturnes, le conteur fait usage d’un style simple, sans toutefois tomber dans la platitude. Les mots sont choisis, soignés.

Les termes comme ikker (95 & 96 & 100 & 101 & 106 & 107), traḥ (97 & 98 & 104 & 105 & 110), tekker (97 & 104 & 105 & 107), iraḥ (101 & 105 & 106 & 107 & 109), tebbit… (100), yawi-t, … yasi-t, yasi-t, …yawi-t (102 & 103), yasi… yawi…. (107), yasi (108), etc.… les termes également comme iwa…, allud…’ ou ‘llud… constituent les chevilles du texte narratif et deviennent nécessaires pour la continuité du déroulement des événements allant en s’accentuant. Le texte du conte est par excellence narratif, ce qui nous amène à dire que les phrases sont précises, ciblées, courtes contrairement au texte descriptif où les phrases sont longues et où le détail est roi. Ici, ce sont les verbes exprimant l’action qui l’emportent sur le reste.

Le conte est dit dans une langue et une musique prosaïque très fluide afin d’en faciliter l’écoute. Toutes ces techniques sont bonnes pour capter l’attention de l’auditoire et de l’assistance (quand il est raconté aux enfants) et au lecteur potentiel comme notre cas.

Somme toute, ce conte des lbruj iwraġn objet de notre analyse, se rattache au répertoire de la littérature orale amazighe. Mais l’on ne peut parler de l’apport de l’auteur ici car le conte en question est rapporté du répertoire commun des amazighes et il relève donc de l’héritage commun.

Aïcha OUZINE

 

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Tazizaout et Baddou: Note de recherche sur des hauts lieux de la résistance amazighe

Posté par Michael Peyron le 3 janvier 2012

 

 TAZIZAOUT ET BADDOU : NOTE DE RECHERCHE SUR DES HAUTS LIEUX DE LA RÉSISTANCE AMAZIGHE, HAUT ATLAS MAROCAIN (1932-1933) 

Michael PEYRON 

Introduction 

Il s’agit ci-après de signaler les grandes lignes d’un travail en cours ayant déjà donné lieu à quelques publications(1), sur deux des sites de résistance les plus prestigieux des Imazighen du Haut Atlas oriental : le Jbel Tazizaout et le Jbel Baddou (1932-33). Lors des dernière campagnes de l’Atlas marocain, ultime étape d’une guerre qui durait depuis près de trente ans, de nombreux combattants de la montagne ont trouvé la mort en défendant leur sol natal. Alors qu’après l’indépendance du Maroc ces faits ont été longtemps occultés. Cependant, depuis la fondation de l’IRCAM, une oeuvre méritoire de mémoire a été enfin entreprise. 

Par l’âpreté et la durée des combats, ainsi que du fait des moyens militaires mis en oeuvre par l’envahisseur, ces deux batailles méritent une place à part. Dans chaque cas, l’effectif de plusieurs bataillons, relevant de divers commandements, fut mis en ligne, épaulés par des armes automatiques, l’artillerie, l’aviation, voire des blindés. Face à eux les imžuhad, avec des moyens dérisoires, terrés dans des grottes ou des tranchées, armés de leurs seuls fusils et d’un courage inébranlable, tenaillés par la faim et la soif, subissaient des bombardements, disputaient chaque mètre de terrain. S’ils ont été abordés ensemble, c’est que la destinée de ces deux sites est liée ; en effet, un certain nombre de résistants qui avaient rompu l’encerclement du Tazizaout, réfugiés chez les Ayt Hadiddou, avaient dû finalement se replier sur le Baddou. Unies dans la gloire, ces deux montagnes sont pourtant bien dissemblables. Le Tazizaout, lui, est une ride de plus dans cet océan de vagues figées que constitue le Haut Atlas oriental marocain. Pas une bien grande montagne ; simplement une longue arête rocheuse aux flancs drapés de cèdres, de chênes-verts, clairement visible à l’horizon par beau temps depuis Azaghar Fal. Malgré une altitude modeste (2 767m) l’hiver elle était régulièrement ourlée de neige. Ses forêts étaient hantées de singes sur lesquels les panthères de passage opéraient de périodiques prélèvements. « La verte »(2), (tazizawt) tel était le nom que lui donnaient les Imazighen de la région. Une réputation de bout du monde, de lieu austère aux sources rares se rattachait à cette zone frontière, point de rencontre entre d’importants groupements berbères de haut mont : Ayt Yahya, Ayt Hadiddou, et Ayt Sokhman. Sidi ‘Ali Amhaouch, grand thaumaturge de la fin du XIXe siècle séjourna, lors d’une de ses tournées dans le haut pays, au hameau de Tafza au pied du Tazizaout. Lieu bucolique, propice à la contemplation, avec ses pieds de vigne sauvage, ses pruniers et buissons de mûres, ses deux sources : l’une d’eau douce, l’autre saumâtre. Sidi ‘Ali a dû en ramener une impression de nature indomptée : enchevêtrement de crêtes boisées, broussailleuses ; de pentes abruptes, de ravins tortueux et de torrents fougueux, qui en feraient un refuge parfait en cas d’urgence absolue. Une de ces prophéties apocalyptiques dont il avait le secret prenait forme dans l’esprit de Sidi ‘Ali et prédisait que Tafza serait l’ultime réduit contre lequel viendraient buter en vain les colonnes françaises. Prophétie reprise à son compte après sa mort par son fils ainé Sidi Lmekki. Qui résistera plus d’un mois (mi-août/mi- septembre 1932), à la tête d’un millier de combattants, contre deux Groupes Mobiles de l’armée française. 

Le Jbel Baddou, où se déroulera l’ultime épisode de l’épopée de la résistance de l’Atlas, est une haute montagne (2 921m) isolée et escarpée, surgissant d’un seul élan au-dessus d’Asoul dans le Haut Ghéris. Avec ses flancs décharnés où ne s’accrochent que quelques genévriers rabougris, ses rares sources, c’est un lieu aride et désolé. Visible de très loin, couvert de neige trois mois par an, c’est un emplacement stratégique important qui domine tous les passages entre les pays Ayt Merghad et Ayt Hadiddou, groupements voisins, membres de la confédération Ayt Yafelman, mais qu’opposaient pourtant de périodiques et fratricides combats ; lorsque sonna l’heure de la résistance à l’envahisseur, toutefois, ils avaient su s’unir. Avec leurs troupeaux et leurs familles quelques centaines d’Ayt Merghad et d’Ayt Hadiddou s’y étaient retranchés à la fin juillet 1933. Un terrain truffé de grottes, et de barres rocheuses offre une infinité de possibilités défensives, dont la dernière poignée de résistants sous Zayd ou-Skounti et ‘Ali ou-Termoun avait su tirer parti. Comme au Tazizaout, le Baddou jouissait d’une réputation légendaire : la mule du Prophète Mahomet était censée y être passée3. Étant donné la sainteté du lieu, comment Dieu permettrait-il aux incroyants d’y prendre pied ? Finalement, comme au Tazizaout, l’encerclement de leur bastion montagneux par les forces ennemies, en empêchant l’arrivée du ravitaillement, eut raison de l’opiniâtreté des défenseurs qui souffrirent davantage de faim et de soif que de la violence des seuls bombardements. 

Sorties au Tazizaout 

 

L’auteur de ces lignes a effectué trois sorties sur le terrain. La première, mandatée par l’IRCAM, se déroula du 18 au 25/08/2005 en compagnie de Houssa Yakobi, lui-même membre de l’IRCAM et originaire des Ayt Ouirra de Ksiba, ainsi que de son épouse Michèle. Il s’agissait de visiter les principaux sites du Tazizaout et d’obtenir des comptes-rendus oraux auprès des vétérans et leurs proches concernant le déroulement des combats. La deuxième sortie : effectuée du 21 au 24/05/2006, en compagnie de Houssa et Karim Yakobi, Assou et Khadija Lhatoute de Midelt. Cette boucle au départ d’Ikasen devait nous permettre : 1) de glaner de plus amples informations concernant les mouvements de Sidi Lmekki pendant la bataille de Tazizaout ; 2) d’élucider de nombreuses erreurs toponymiques apparues suite à la comparaison entre la version écrite du général Guillaume et les comptes-rendus oraux des vétérans et de leurs proches après repérage sur le terrain; 3) d’obtenir d’autres précisions quant aux déroulements des combats ; 4) de recueillir un complément de poésie orale. La troisième sortie 20 au 24/05/2007, en compagnie de Michel Morgenthaler, en traversée sud-ouest/nord-est (Imilchil-Tounfit) du massif, nous mena de nouveau pour une prière – toutes confessions confondues – au cèdre sacré du Tazizaout, puis à Agheddou et à Assaka. 

Observations sur le terrain  

 

Nous avons observé, tout d’abord, à la limite ouest du dispositif défensif du Tazizaout, le ravin escarpé d’Aqqa n-Tkouchtamt avec ses buissons de buis, dominé par de falaises parcourues de vires ayant servi d’emplacements de tir aux résistants4. Dans l’Aqqa n-Mesfergh nous avons examine plusieurs vestiges d’emplacements de combat enterrés, orientés dans le sens du ravin, de façon à ne pas s’exposer aux tirs de mitrailleuses de la crête de Tazra au nord, au cas où l’un des défenseurs allumerait une bougie la nuit. Là où le ravin s’élargit nous avons repéré plusieurs grands chênes, tisuffa n-sidi lmekki ; c’est là que Sidi Lmekki aurait installé son campement après avoir quitté Tafza (5). Nous avons noté la présence près de Tafza, rive gauche de l’Aqqa n-Zobzbat (nom actuel Aqqa n-Widammen 6), au milieu d’un massif de buis, d’un cimetière de tombes en bois. Ce fut alors l’occasion de prononcer une prière pour le repos des imžuhad

Ayant suivi une sente forestière depuis le haut Aqqa n-Zobzbat, nous débouchons au Tizi n-Bou Igheliasn, où nous avons trouvé un étui de cartouche, provenant probablement d’un mousqueton. Devant nous se dresse le sommet escarpé de Taoujjaâout, site emblématique et théâtre de combats acharnés, dominant l’Aqqa n-Zourkhelad, où se situaient de nombreux campements d’insoumis d’après Guillaume qui lui décerne le nom d’Aqqa n-Tefza (7).   Il nous a été intéressant de recueillir de la bouche du poète amateur Ou-Ben ‘Ali quelques précisions quant à certains héros du Tazizaout : Baqqour, et ‘Ali Belhacene étaient originaires des Ayt Hnini ; Mohammed ou-Talb, Bassou ou-Hssein, et Moha Ouanzzour, venaient tous du village d’Agheddou (Ayt ‘Ameur, Ayt Hadiddou). ‘Ali ou Ikhelf et Bennaser Lhou (le dernier de Tit n-Blal), étaient des Ayt Sokhman. Quant à la poétesse Taoukhettalt, elle serait des Ayt ‘Abdi (Tizi n-Isly). Épouse d’un montagnard aisé, elle avait don sans compter de ses bêtes aux imžuhad et avait tout perdu après Tazizaout. Sidi ben Hmad, le šrif de Tilmi (Ayt Hadiddou) à qui l’on prêtait souvent le nom d’Ou-Sidi Bel-Hajj: ses contingents ne sont pas intervenus directement dans les combats, bien qu’il eût mené une diversion importante sur le Plateau des Lacs. 

Lahcen Ahaqqar (Ichqern) se battait aux côtés de Sidi Mhand Lmehdi. Il fut amené à « repartir en dissidence » comme on disait alors, après avoir été spolié par un mokhazeni autoritaire et profiteur quelque part en Moulouya8. Ce fut vraisemblablement lui qui captura une mitrailleuse lors de la contre-attaque nocturne réussie du 6-7 septembre, 1933, contre une position occupée par des partisans et tirailleurs au « Piton des Cèdres ». Arme dont il fit bon usage depuis un emplacement sous l’actuel cimetière jouxtant des abris de pèlerins, battant de ses feux un versant entier, dont le nom perpétue de nos jours son exploit : Tassameurt n-Ou Haqqar. Une certaine confusion entoure la façon dont furent tués les deux marabouts guerriers Sidi Mhand Lmehdi et Sidi Lmurtada, frères de Sidi Lmekki. Lmehdi aurait été abattu d’une balle de fusil Lebel en combattant des partisans, goumiers et légionnaires au col entre le « Piton des Cèdres » et la crête du Tazizaout (9). Quant à son frère, Sidi Lmurtada il serait mort par bombe d’avion après s’être replié sur son campement près de la source (taġbalut n-tzizawt), par ce que ses proches lui avaient fait remarquer qu’il était trop exposé sur la crête près du grand cèdre (10). Selon une version complémentaire, Sidi Lmurtada à été d’abord blessé par balle à l’épaule et à la hanche, puis ramené à son campement pour y être soigné, pour être finalement tué par l’explosion d’un obus (11). Détail navrant, enfin, comme comble du déshonneur, après la reddition il y eut ah’idus n-wiha, la danse du malheur, exécutée par les femmes dans Aqqa n-Ouchlou (12). 

Sorties au Baddou  

 

Nos investigations au Baddou sont bien moins avancées, en dépit de trois tentatives en janvier 2007, janvier et mars 2008. La première nous a permis de pousser une reconnaissance depuis Tiydrine n-Ayt Merghad vers Itto Fezzou et le Tizi n-Hamdoun, le dernier sous la neige (à l’ouest du Baddou), mais du fait du froid et de l’absence d’habitants nous n’avons rien recueilli sur le plan de l’oralité. À Amellago, en revanche, gros village Ayt Merghad excentrée par rapport au massif, nous avons glané quelques informations intéressantes. Mais, de toutes façons, soit la montagne était trop enneigée, soit mes compagnons manquaient d’ardeur pour gravir les hauteurs. Il apparaît qu’une date vers la fin du printemps s’avérerait plus propice. L’absence d’un gîte valable au pied du versant nord, base de départ indispensable pour rayonner dans le massif, constitue un handicap supplémentaire, la mélancolique bourgade administrative d’Assoul n’offrant que peu de ressources. 

Une sortie sur le terrain, depuis Aghbalou Kerrouch sur la rive droite du Haut Ghéris en amont d’Assoul, nous mena sur deux anciens sites de campements militaires de 1933 dominant le ravin d’Aqqa Bou Ikzine Leur rôle consistait à bloquer les abords nord du Baddou de façon à empêcher toute tentative de fuite de résistants vers le massif voisin du Jbel Youb. Le premier camp qui pouvait loger une soixantaine d’hommes, probablement des Tirailleurs, comporte un mur extérieur et un mur intérieur, mais aucun débris de verre. Détail important. L’autre site comprend deux enceintes fermées par une murette de pierres sèches et des ronds de pierres pour des tentes, ainsi que des emplacements plus conséquents, ayant sans doute abrité des obusiers de 155m/m, ainsi que des mitrailleuses Hotchkiss. Le site est tout à fait reconnaissable d’après des photos d’époque dans le livre du reporter britannique Ward Price13. Comme vestiges, de nombreux débris de verre provenant de deux sortes de bouteilles (bière et/ou vin) – marque de la Légion – ainsi que des boîtes de conserves écrasées pouvant avoir contenu du « singe » (14). Hormis quelques fragments d’oralité, c’est là tout ce que nous avons ramené du Baddou. 

Corpus de la région du Tazizaout  

 

1) itgil ugwerram n-tzizawt (Le cèdre sacré du Tazizaout) 

itgil nnag illan i leεmud, da digs tżallan midden žemuεa.  

iqqur allig ur-iqqim ġas yiwn ušbud.

ih’yu-t rebbi allig azizaw (zzi h’iya lmalik !) aynnag illan, annayġ-t !

 

Les pèlerins se réunissaient pour prier à côté d’un cèdre là sur la pente. 

Puis l’arbre devint squelettique ; il ne restait plus qu’un moignon. 

Le Seigneur l’a ressuscité, l’arbre a reverdi (à l’époque de l’indépendance). 

Cela est stricte vérité, j’en ai été témoin (15)! 

 

Fragment de tamdyazt 

 

2) tεeqqelġ-am, a tazizawt, am lgirra,  

3) hat-in tεawžεutt ur-sar tbalid,  

4) žemmeε leqbel d-uzaġar allig nn  

5) yan inniġ-am iεqba s-ugari,  

6) ššarr iġsan n-irumin d wi  

7) lmužahidin amm idwan ggwašal !  

 

De toi me souviens, Ô Tazizaout, comme d’une guerre, Assurément Taoujjâaout jamais vieille ne deviendra, 

Ceux de la plaine et de l’Orient contre nous se sont Ligués, avec des armes perfectionnées nous ont poursuivis, 

Les ossements des Chrétiens sont avec ceux des combattants 

Musulmans entremêlés tels des pierres jonchant le sol (16)! 

 

8) a wa lixra, tella awd žaž n-txamin, (tamawayt taqdimt)  

9) yuf mš inġan iżiyyan, a sidi εli ġurš!  

Si je dois par les Zaïans me faire trucider parmi les campements, 

M’est préférable de tomber à tes côtés, ô Sidi ‘Ali Amhaouch ! 

 

10) meqqar xelfen waman d-tuya, xelfen awd igran, a mulay (tamawayt)  

11) h’mad, ur riġ annaley zirš, ixeşş-aš lmehdi d-tsaεya-nnes!  

Même si revivent eaux, herbage et champs, Ô Moulay Ahmed, 

Vers toi monter je ne puis, car me manquent Lmehdi et son Lebel (17)! 

 

12) ay ayt, ay ayt, ur kwni d-ismun s-aynna išerð ġifun, (ahellel)  

13) adday d-iddu wrumi d-idišl ak-tilim!  

Ô gens des tribus, le premier venu ne le suivez point, 

Lorsque viendra le Chrétien, à Idikel vous vous regrouperez ! 

 

14) annayx afiwn xf tužžut εelm llah (ahellel)  

15) ayyur ay tetššan ist sidi εli!  

 

Des feux sur le Toujjit ayant aperçu, en ce mois ai su que Dieu M’apprenait que par le danger les filles de Sidi ‘Ali étaient menacées ! 

 

16) ay uššen n-wanargi, a wi n-muriq, aggat ġer (ahellel)  

17) tefza, a-tinnim aferran nna digs illan!  

Ô chacal d’Anergui, et toi son compère du Mouriq, allez surplomber 

Tafza, du brasier qui l’enflamme y serez témoins (18)! 

 

18) ay ayt iqšmirn kku-d awn-qqarx iteqqarn, (tamawayt)  

19) imswa bu-llama day-i-tennit !  

Ô gens des falaises, vous répondez à chacun de mes appels, Sage la parole de l’homme au regard perçant (19)! 

Fragment de tamdyazt sur le Tazizaout 

 

20) tšix tiġeddiwin d wabu, tšix lfula,  

21) ur-diyi th’adert, ay ul!  

22) a ta, xes ssemarq aman ur-iyin ša nsay-is!  

 

De carde et férule me suis-je nourri, ainsi que d’haricots sauvages, Pour supporter tout cela n’ai plus le coeur !     

D’eau saumâtre me suis contenté, le ventre vide me suis couché ! 

 

23) nššay ixf i-wh’diddu, nššay-as tazeţţat,  

24) ššix-am ixf, a tmazirt nna wr-issin!  

 

Aculé, chez l’Ou-Hediddou m’en vais, à sa protection m’en remets, 

C’est dans un pays inconnu que je pénètre ! 

 

25) ay aεri, ay aεri nn wadda ur-ikkin ġur ssuq,  

26) ikka yan usiyh’ri nnig-i, iţţef-aġ tanfiðin!  

 

Combien chanceux qui au souk ne s’est point rendu; 

Un avion nous ayant survolé, de bombes nous a arrosés! 

 

27) ikker yan bu zzit ad-irwel, išedd-as uðar,  

28) inġel ġifs uydid, iqqim ar-iðżemma !  

 

Un marchand d’huile dans la fuite le salut chercha, mais glissa, 

Sur lui l’outre se déversa, jusqu’à la dernière goutte l’essora ! 

 

29) ikker yan bu wattay, inġel ġifs lhenna,  

30) a lwali-nu, a wa, llig ur-tekkat ša!  

31) tadžt bunadm, ad-iddu zzik ad-ur-t itfur lεar!  

 

Sur le marchand de thé se déversa le henné ; 

À quoi bon, père, puisque de te défendre tu es incapable! 

Laisse les gens de bonne heure partir, que la honte les épargne ! 

 

32) llulan iširran meżżin, h’adern i ti n-dzizawt yan išiban,  

33) a wayd imun s-aytmas. in-as y-iziyyan: tšat timizar!  

34) ku yass asekkin ad-ilin i ssuq ġas wenn-asen yudern ddaw tlibit!  

 

Des enfants sont nés, l’un eux – un ancien – a assisté aux combats de Tazizaout ; 

Puissé-je mes proches acompagner . Dis aux Zaïans : « Dans les contrées sévissez! » 

Chacun au marché peut tout trouver, sauf celui qui gît sous le gazon (20)! 

 

Corpus de la région du Baddou  

 

35) ih’ars-aġ baððu yuwey-aġ aman, (izli)  

36) da-ţeşşa leġlubit-inw iselli !  

 

C’est le Baddou qui d’eau m’a privé, 

Jusqu’aux cailloux qui de moi se moquaient! 

 

37) anawiġ izreg anawiġ tuga mek-aġ- (izli)  

38) iqadda weġżaż nselmi akal ula ddellt urumi !  

 

 De plantes ou herbes me contenterais si faisait défaut le grain des Musulmans ; /

Manger la terre m’est préférable à la domination du Chrétien ! 

 

39) tenna-yaġ nnan ayt h’liddu agg-žran, (izli)  

40) mah’edd asif mellul ur-ihenna !  

S’est produit ce qu’avaient prévu les Ayt Hadiddou, 

Même l’Asif Melloul n’est plus un refuge sûr ! 

 

41) inn-ak bab n-wayyad ur-da-yi-tekkan imnayn, (izli)  

42) uεreġ ay aneždi bu-tsurift !  

 

Le Bab n-Ouayyad te dit : « Aucun cavalier ne peut me Franchir,

Suis difficile même pour le fantassin courageux ! » 

 

43) a hay, a wa, šuf ayd-ssalin ibennawn, (izli)  

44) a hay, a wa, iggall rebbi lebruž rruyen !  

 

Regarde donc ce qu’ont bâti les maçons, 

Dieu a juré de réduire tout cela en ruines ! 

 

45) mer ssineġ idd ad-anġ-issikl, (izli)  

46) is ddiġ s-εari n-baððu wr-nttehwu !  

 

Si j’avais pensé que j’allais être fait prisonnier, 

Aurais rejoins le Baddou, pour y monter bonne garde ! 

 

47) a tislit n-baððu, maxf ur-temmud? (aferradi)  

O fiancée du Baddou, pourquoi n’as-tu pas trépassée (21)? 

 

48) ur-illi wmala y tuga n-wasif (izli)  

49) ar-ittazzla bu meεz ar εari!

 

Tazizaout et Baddou Absent l’herbage ombragé en bordure de torrent, 

C’est vers les hauteurs que s’enfuit le chevrier ! 

 

50) adday ššaran itbirn awġn imendi g wanrar (izli)  

51) ar-isexsarr wi n-εari wi n-iġrem ad-itsmun!  

 

Lorsque s’assemblent les ramiers à picorer grain sur l’aire, 

Celui des monts entraîne celui du bourg (22)! 

 

Fragment de tamdyazt sur l’après-Baddou 

 

52) ay inselmen d-irumin adday tennaġn  

53) išqa lh’al n ku yan ira ad irru wayð!  

 

Lorsque s’affrontent Musulmans et Chrétiens, sont 

Durs les combats, chacun voulant l’autre terrasser ! 

 

54) yaġ-i lεar mš id ul-inw asenðah  

55) ssif ay id ihuzzen zarš, ay afa!  

 

Pénible en mon coeur de la reddition le déshonneur, 

La lame de l’épée est vers toi levée, ô flamme !

 

56) nsul rix lžihad ur-ta-nuh’il,  

57) isul ġurx bab l-luqt asenðah!  

 

Infatigablement je désire encore guerre sainte mener, 

Le Maître de l’Heure cependant envisage de se rendre ! 

 

58) tsemmart tamelli gg-ul-inw ur-tsul!  

59) tuf-i lmutt ula derġ-awn al-ġiyyar!  

 

La bonté en mon coeur n’est plus ! 

Plutôt la mort que de l’existence le chagrin ! 

 

60) nsul rix lžihad ur-ta-neεniq,  

61) nuġul dar-t baððu ar-kkatx!  

 

Je souhaite le combat poursuivre, n’est point vain, 

Revenons derrière le Baddou, faisons le coup de feu (23)! 

 

Poésies frivoles et/ou pédagogiques (toutes régions confondues)  

 

62) tarwa l-luqt, a ššib-i (llġa)

 La jeunesse d’aujourd’hui me fait grisonner le chef !

 

63) ikka wbrid usmun aqšmir (izli)  

64) ur-ssinx magg itεşar uðar ! 

 

 Je ne sais où m’engager, car le sentier 

Que foule le pied de l’ami longe le précipice (24)! 

 

65) wenna yellan zzin iferh’ iy-as ul aynna ran (tamawayt)  

66) wenna yellan mxiba ammi da yferru lbrussi !  

 

Quiconque possède femme belle a le coeur comblé, (distique) 

Quiconque possède femme mauvaise est semblable à celui qui doit 

D’un procès s’acquitter (25)! 

 

67) εayd, a wa, ula ma ġif tiwit azal! (llġa)  

Reviens auprès de moi, ne t’expose point au démon de midi ! 

 

68) ullah, a mr lliġ ixf ur-sar tiţşşaġ, zzεent-i d šraţ mixibbin : (izli)  

69) hat awsser, ha lixra, tager žihennam, mš-i-tumż g winna yiġ !  

Si j’étais sensé, ne sourirais plus. Me traquent trois maux : 

 

Vieillesse et Au-Delà, vous voilà, mais point n’est pire 

Que l’enfer si pour les forfaits que j’ai commis il me châtie (26)!   

 

70) inn-aš ugerru mayd iggan adday iwet umetna? (izli)  

71) aman as-tekkat hay-i žaž n-widdx itteddun!  

 

Ainsi parle grenouille : « Qu’ai-je à faire des ces ondées ? 

Ne sont que pluie ! Or le domaine liquide, déjà j’y suis ! » 

 

72) mr-idd ižmuεen ur-telli ddunit tawuri  

73) lumur ddex asuffen ayt tudert ayt issenðal!  

 

Ah, si ce n’étaient les rencontres ici-bas !

C’est grâce à Cela que les vivants sont meilleurs que les morts ! 

 

74) ur-illi u-lh’amm užaž mš irża iddu,  

75) ula day-iţessa leεqqel nnay iġiyer ša !  

 

Véhicule cassé point ne repart ; c’est 

Ainsi que personne vexée le rire ignore! 

 

76) ay amsafer, mani tamazirt nn-aš-ira wul?  

77) idd εin luh’, idd immuzzar ma tiġessalin ?  

 

Ô voyageur, vers quel pays te mène ton coeur ? 

Vers Aïn Leuh, Immouzzer, ou Tighessaline ? 

 

78) nnan rezzaq abda d-lmižžal ur-sar din, (izli aferradi)  

79) dġi ha rezzaq ismar, lmižžal ur-ta ismir!  

 

On dit que les moyens de subsistance qui te reviennent sont selon ta 

Durée de vie, or richesse s’épuise alors que se poursuit la vie (27)! 

 

80) a tawgrat n-ult εisa allig wadda wr-ssinx  

81) ur-da-ssental midden nna wr-ittubda i-temara!  

 

O Taougrat des Ayt Ayssa, jusqu’à preuve du contraire, 

Sont cachottiers les gens auprès de celui qui la misère ne connaît point (28)! 

 

82) inn-aš sidi ububker, šuf rebbi, šuf aya d ixleq,  

83) raεa ţţir, may-t yulan, allig iqqiman, ur-isseni-d, ur-iskita !  

 

Sidi Bou Bker te dit : « Observe Dieu, observe cette créature, 

Vois cet oiseau, comment vole-t-il sans aide. Ne se repose ni ne tombe ! » 

 

84) awal n-ububker  inn-aš: ih’ey h’edd yan uryaz at-ineġ.  

inn-as ububšer: amur-nš at-qad-ineġ uryaz-a!  

tfeġġ leεmart lkerbus. immet waddax n-ih’eyn aryaz  

ġer sidi ububšer, immut y-imi l-lbab!  

 

A ce qu’on dit un homme se faufilait pour en tuer un autre. 

Sidi Bou Bekr lui dit : « La protection sur celui que tu vas abattre ! » 

La cartouche sortit du fusil mais atteignit alors l’assassin en herbe ; 

Auprès de Sidi Bou Bekr s’effondra, sur le pas de la porte (29)! 

 

85) a tawtat n-ayt dεud u-εezzi

86) ay tnseġ a-tšettabt i-wġyul!  

Ô noir pompon du capuchon d’Ayt Daoud ou-Azzi, 

Je savais que tu étais destiné à être par un âne mangé (30)! 

 

Conclusion 

Voilà donc deux montagnes emblématiques, deux épopées exemplaires de la résistance marocaine de haut mont, officiellement occultées jusqu’à tout dernièrement, mais hantant malgré tout l’inconscient collectif des populations riveraines, tout en affichant, à ce que l’on a vu, certaines différences sur le plan de la géographie physique. Par ailleurs, si nous avons exposé les résultats de recherches approfondies en ce qui concerne le Tazizaout, le dossier Baddou, quant à lui, notamment en matière de collecte sur le terrain, relève quelque peu de l’inachevé. Raison pour laquelle il convient d’envisager cette note de recherche en tant que document provisoire, en attendant de conclure le programme d’ensemble envisagé. NOTES

 

1 Cf. tamdyazt xef tzizawt in A. Roux & M. Peyron, Poésies berbères de l’époque héroïque, Maroc central (1908-1932), Aix-en-Provence, Édisud, 2002 (pp. 194-200) ; M. Peyron, « le Tazizaout d’après les comptes-rendus des militaires français de l’époque (1932) et dans l’inconscient collectif », Colloque « Sites de mémoire et tradition orale amazighe », (M. Peyron, éd.), Ifrane, Al-Khawayn Press, 2007 : 34-43 ; M. Peyron, « Oralité et résistance : dits poétiques et non poétiques ayant pour thème le siège du Tazizaout (Haut Atlas marocain, 1932) », Études & Documents Berbères, 25-26, 2007 : 307-316.  

2 Une autre version attribuerait le nom à la couleur verte du turban darqaoui, secte à laquelle étaient rattachés Sidi ‘Ali Amhaouch et sa descendance.  

3 Cf. G. Ward Price, In Morocco with the Legion, London, Jarrolds, 1934 (p. 159).   4 D’après Moha ou Moh Idrissi, Ikasen, le 21/05/2006. 

5 Ou-Ben-Ali (Bou Imtel, Ayt Sokhman) nous expliqua qu’avant de se réfugier dans l’Aqqa n-Ouchlou, Sidi Lmekki avait campé peu de temps dans un ravin rive droite, de l’Aqqa n-Widammen appelé Aqqa n’Ali ou Zaïd, le 21/05/2006. Confirmé par Haddou ou Hammou de Tafza, le 21/05/2007. 6 Le nom de l’Aqqa n-Zobzbat a été changé par souci de rendre hommage aux morts, car, après le massacre des résistants, le ruisseau aurait coulé rouge, d’où le nom actuel : « Ravin de Sang » (aqqa n-widammen). 

7 Cf. A. Guillaume, Les Berbères marocains et la pacification de l’Atlas central, Paris, Julliard, 1946 (p. 364).  

8 Selon Hmad ou-Ali, Ikasen, le 25/08/2005. 9 Selon Ou-Ben ‘Ali, le 21/08/2005. 

10 D’après Houssa Yakobi, le 20/08/2005. Le grand cèdre est également connu sous le nom de itgel amažžyal (= ‘cèdre du haut, supérieur’). 11 Selon Sidi Moh Azayyi, Assaka, le 23/05/2007. 

 

12 Lhajj Nasser Bouqebou, Aghbala, le 24/08/2005.  

13 Cf. G. Ward Price, op. cit., 1934. 

14 Lors de notre dernier voyage au Tazizaout en compagnie de Michel Morgenthaler, en mai 2007, nous avons trouvé des débris de verre identiques parmi les ruines d’un ancien poste de la Légion sur la crête à l’est du Tizi n-Ighil, face au Tazizaout.  

15 Sidi Moh Azayyi, Assaka, Ayt Sidi Yahya ou Youssef, le 18/08/2005. 

 

16 De la bouche de Moha ou Moh Idriss, Ikasen, le 21/05/2006. Ensemble donné comme série de timawayin, mais s’agissant sans doute d’un fragment de tamdyazt ; cf. J. Drouin 1975, Un cycle oral hagiographique dans le Moyen-Atlas marocain, Paris, Sorbonne, 1975, p.128 & M. Peyron, 2007, p. 314. 

 

17 Ce sont des timawayin récitées par Ou-Ben Ali à Taddart Tafraout n-Oumrabd, le 22/05/2006. La première, d’après les standards locaux, est une tamawayt taqdimt, morceau ancien remontant probablement à l’époque de la guerre intermittente entre Zaïan et Ayt Sokhman (1877-1909) au cours de laquelle Sidi ‘Ali Amhaouch appuyait les derniers. Il démontre clairement la vénération dont faisait l’objet le saint homme auprès de ses ouailles.  La seconde tamawayt, se référant à Sidi Mhand Lmehdi, marabout guerrier et fin tireur, situe l’action au temps du Tazizaout. 

 

18 Trois prophéties du type ahellel attribuées à sidi bubšel, un ancêtre de Sidi Lmekki ayant vécu fin-18ème/début-19ème siècle (Ikasen, soir du 23/05/2006); les deux premières, récitées par Ou-Ben ‘Ali, constituent des variantes de matériaux déjà collectés ; (cf. V. Loubignac, Parlers berbères des Zaïan et Aït Sgougou, Paris, Leroux, 1924, p. 444 ; A. Roux & M. Peyron, Poésies berbères de l’époque héroïque, pp.190 & 192); la troisième, de la bouche de Moha ou Moh Idrisi d’Ikasen (Ayt Sokhman), qui semble annoncer les déluges de feu s’abattant sur le Tazizaout, mais auquel échapperont les gens des environs d’Anergui, est apparemment inédite. 

 

19 Strophe présentée comme « dit du Tazizaout », awal n-tzizawt, par Sidi Moha Azayyi, Assaka, Ayt Sidi Yahya ou Youssef, le 23/05/2007.  

20 Demi-douzaine de strophes, recueillies le 02/01/2008 à Ourtan, par Zawit ech-Cheikh. Vers attribués à Taoukhettalt, célèbre poétesse des années 1930, et provenant sans doute d’une tamdyazt plus longue, sur l’épopée du Tazizaout. Ensemble cité de mémoire par Mouna ‘Addi, mère adoptive de Houssa Yakobi, issue de la famille de Qoujjane Ou-’azzou, célèbre résistant dont les proches sont actuellement installés à Lmizan à 1 km de Naour, route de Tizi n-Isly. On y trouve des allusions aux privations des résistants ; à la possibilité, en dernier recours, de se réfugier chez les Ayt Hadiddou ; au bombardement du souk de Tanaghmast ; à la veulerie des uns ; au sens du déshonneur qui obsède d’autres tentés par la soumission (allusion au henné, dont les femmes badigeonnaient le dos de tout poltron qui fuyait) ; aux résistants retranchés dans les abris d’Aqqa n-Ouchlou dans l’espoir de se soustraire aux Zaïans.  

21 Distiques traditionnels, izlan, des Ayt Merghad rappelant la dernière campagne du Jbel Baddou de l’été 1933. Poésies déjà notées par un poète amateur ou-Merghad, du nom d’Aomar Derouich, dit Taws, remises à l’auteur à Ifrane par un Ou-Merghad originaire de Goulmima nommé Lahcen, époux d’Ibtissama Sebti, printemps 2001. Le tout dernier vers, largement connu dans la région du Haut Gheris, qui exprime la détresse de la fiancée du Baddou dont est mort le futur époux, serait un exemple de vers isolé, aferradi.  

22 Deux morceaux récités par Hssein Qoujjane, Tiydrine n-Ayt Merghad, Haut Gheris, le 10/01/2007 ; ces vers ont pour contexte l’époque des combats du Baddou, où les résistants incitaient les ksouriens à se rallier à eux. 

23 Fragment de tamdyazt, qui nous a été récité par Moha Ou-Sri, à Amellago, Gheris, le 06/01/2008. Vers attribués à Saïd ou-Hmad ou-Tararout, ancien compagnon de Zayd Ou-Hmad, le jusqu’au-boutiste des Ayt Merghad, et datant sans doute du lendemain de la chute du Baddou (fin-1933).  

24 Distique précédé de son refrain ; Haddou Chaouch, cassette entendue à Tounfit, le 17/08/2005. 

 

25 Ou-Termoun, muqqadam d’Assaka, mari de Labha, Ayt Sidi Yahya ou Youssef, le 18/08/2005 (cf. M. Peyron, Isaffen Ghabanin/ Rivières Profondes, Casablanca, 1993). 

 

26 Il s’agit d’un izli didactique des années 1960, précédé de son refrain (llġa), de la bouche d’Ou Ben-‘Ali, poète amateur, Bou Imtel, Ayt Sokhman, le 21/08/2005.  

27 Distiques didactiques, dont les 78-79 du genre aferradi, de la bouche d’où Ben ‘Ali, Tafza, Tazizaout, le 21/05/2006 ; les vers 72-73 et 76-77, quant à eux, seraient attribuables à Ajouaou, barde de Tirghist, Ayt ‘Ammar ; les 74-75 relèvent du répertoire d’Ali Ou-Mekki de Tounfit. 

 

28 De la bouche de Haddou ou-Hammou ‘Afif, Ighrem n-Tefza, Tazizaout, le 21/05/2007 ; semblerait être une bribe de joute oratoire dont l’un des protagonistes serait ni plus ni moins Taougrat, la célèbre poétesse aveugle des Ayt Sokhman d’Aghbala (cf. Reyniers, Taougrat, ou les Berbères racontés par eux-mêmes, Paris, 1930).  

 

29 Deux « dits de Sidi Bou Bker », récités par Sidi Moha Azayyi, Assaka, Ayt Sidi Yahya ou Youssef, le 23/05/2007. 

 

30 De la bouche de Hussein Qoujjane, Tiydrine n-Ayt Merghad, Haut Ghéris, le 10/01/2007. Le poète s’adresse sur un ton moqueur à quelque Filali au teint basané.  

 

 

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Hannibal crosses the Alps – 3: Haute Ubaye

Posté par Michael Peyron le 19 septembre 2011

Haute Ubaye  September 2-5, 2011

   Résumé – Cet article en langue anglaise est le troisième d’une série consacrée à nos recherches sur les traces d’Hannibal, ses éléphants et ses cavaliers numides, ancêtres des Berbères d’aujourd’hui. Concernant le col fatidique traversé par le général carthaginois nous refusons une acceptation trop facile des thèses qui ont le vent en poupe; nous estimons, en effet, qu’il est dommageable de tout ramener au Clapier, ou à La Traversette. Bien au contraire, tout demeure possible.  Car rien n’est encore valablement prouvé sur le plan archéologique. Raison pour laquelle, après la Traversette, le col d’Ambin, le Mont-Cenis, le Clapier (2004-2009), ainsi que de mémorables pérégrinations à flanc des gorges du Guil, en haut des cols d’Agnel, de Lacroix et de Malaure l’an passé,  en 2011 nous avons dirigé nos pas au-delà du Col de Vars, vers des recoins encore plus reculés des Alpes du Sud. Quête qui a finalement connu son terme à « Barcelo », au pied de la montée du Col de Restefond. Ceci après avoir écumé quelques sites de l’Ubaye : le col de Larche, le col de Mary, le col Girardin. Pour chacun de ces hauts-lieux nous avons dressé un bilan provisoire de viabilité. Nous ajoutons, enfin, quelques considérations pertinentes sur l’actualité « hannibalienne », les neiges persistantes et le recul des glaciers ; une recension sommaire d’ouvrages divers sur Hannibal. 

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   Col de l’Autaret (cleft on L) and Col de Mary (R of centre) from Col Girardin, Sep 5, 2011 (photo: M. Morgenthaler)

Contents 

1. Overall picture 

2. Criteria for evaluating “Hannibalic” cols 

3. Col de Larche, or de Largentière (Maddalena)

4. Col de Mary (Maurin

5. Col de l’Autaret 

Appendix 1 Relevance of glacial retreat and/or snow-melt  

Appendix 2 Bibliography

Appendix 3 Where to stay 

1. Overall picture 

2011 was obviously going to be a busy year in terms of Hannibalic celebrations. The build-up had been noticeable through recent screen versions of the Carthaginian epic, most of which had been also shown on TV for good measure. Also, most significantly, there had been a Franco-Italian exhibition inaugurated in April 2011. Staged at the Musée Dauphinois in Grenoble, it was devoted to the Punic general, his army, their crossing of the Alps and the manner in which the Hannibal legend subsequently underwent construction and de-construction (see below for more). 

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     Brochure publicising successful Hannibal et les Alpes expo, Apr 2011 (photo: Musée Dauphinois, Isère)

More prosaically, despite the economic down-turn, Alpine regions dependent on tourism had to get their act together to guarantee a successful season. Capitalizing on old legends is a well-known standby in such circumstances and nowhere was this more apparent than in Haute Maurienne. By early July a life-size aluminium elephant had been erected outside Bramans to attract passers-by, thus staking the village’s claim to fame in no uncertain terms as a genuine “Hannibalic” venue. 

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 Bramans and its summer 2011 quiz centering on Hannibal’s elephants (photo: Communes of Bramans & Susa)

Nor was the fun factor neglected. Open to visitors young and old, a Hannibal-oriented quiz  was organised between July 15 and September 20, after which date winners would be announced and prizes distributed. It prominently featured elephants and the Col du Clapier route, by the same token visibly strengthening the case for the last-named pass. Not much scholarship involved here; but showmanship, did you say? Ah, yes! 

True, the Bramans Commune have been pushing hard for some time to get their pet pass acknowledged as the genuine article. A look at their website, however, http://www.bramanshautemaurienne.com/hannibal.html, will reassure the reader that they are being quite open about and businesslike about the matter. They fully appreciate that Hannibal’s harangue of the troops with Italy in view, far from being a failsafe identification criterion, may merely be “une aimable image d’Épinal”, thus leaving cols other than the Clapier with a sporting chance of collecting “Hannibalic” honours. 

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    Hannibal’s elephants and Clapier as summer 2011 crowd-puller (photo: communes of Bramans & Susa) 

In fact, among the direct links provided to relevant websites is that of Pierre Ollier, a well-known exponent of the Col de Larche. (cf. http://ollier.pierre.free.fr/HANNIBAL.htm) Another link is to Patrick Hunt, an eclectic scholar and frequent speaker at bow-tie and dinner-jacket evenings in the ‘Frisco Bay area. Concerning Hannibal, he is better known as a successful student trip leader and Archaeological Project director at Stanford University, with 25 or more Alpine passes under his belt. A firm believer in the Clapier route, by all accounts he was preparing to take the field yet again during the summer of 2011. 

2. Criteria for evaluating “Hannibalic” cols 

As with fashion, so with Hannibal’s pass.  In 2010 we had been informed by a girl in the Tourism Office at Aime (Tarentaise) that Hannibal, in all probability, never crossed over to Italy by way of the Petit St Bernard. This remark would probably have infuriated the likes of Aimé Bocquet, who would have reminded the disloyal girl (disloyal to her own region, that is!) that for centuries numerous observers had been in favour of the Tarentaise route. Similarly, during our 2010 visit to Queyras we had noticed that interest in Hannibal was at best lukewarm, although people in tourism acknowledged visits by John Prevas and Hannibal-seekers from America. Again, this year, up-valley from Barcelonnette in a Jausiers restaurant, when questioned about Hannibal, the proprietor admitted that locals used to believe the Punic general had passed through their area, but that such ideas had since fallen out of fashion. Instead, they make capital out of their links to Mexico, where many former sons of « Barcelo » emigrated in the early XIXth century, and their town centre now boasts numerous curiousity shops selling Maya memorabilia, not to mention tapas bars to publicize this aspect of things (cf. illustration at end of article).

Fashion-wise, while authorities such as Saint-Simon had argued in favour of Hannibal travelling via the Grimone pass (1318m), past Mens, through the Champsaur, over the Col Bayard, then up the Ubaye and eventually over Col de Mary, 200 years later this kind of theory had gone out of the window. Ditto regarding the Col de Larche. Amusingly though, in a 1960 monograph promoting the Lamure area (Isère), L. Caillet, takes heart from what he interprets as Jumbo’s semi-failure at the Clapier the previous year, concluding that “on en revient aux anciennes hypothèses”, hinting that this somehow rehabilitates the Ubaye route which passes by is front door! Very much a case of what the French call esprit de clocher, or inter communal rivalry.

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     Tête de Miéjour (L) and general view of Chambeyron Aiguilles from Col Girardin,  Sep. 5, 2011 (photo: M. Peyron)

It was specifically to look into these “anciennes hypothèses” that Eric Hatt, Michel Morgenthaler and the present writer were directing their footsteps to this remote Alpine backwater. Having examined three Queyras cols the year before, as described on http://michaelpeyron.unblog.fr/2010/10/13/tracking-hannibal-over-queyras-passes, for the 2011 instalment of our investigation into Hannibal’s saga we had decided to focuss on the adjoining Ubaye region between Guillestre and Barcelonnette. As usual, after perusal of the primary sources, our approach would remain that of a field team inspecting the viability of each potentially “Hanibalic” pass, taking into account the following factors and the extent to which they matched historical data:-

2.1  Accessibility > low-valley approach; 

2.2  medium-altitude considerations > climb towards col; 

2.3 availability of resources (water, firewood, grazing, etc.) on final approach to col; 

2.4 environmental criteria applicable to actual col (altitude, terrain, wind and cloud factor, snow-cover, visibility, etc.); 

2.5 feasibility of descent from col towards Italy (potential terrain hazards, strategic considerations, etc.). 

Ultimately, our aim was to produce a tabulated summary of our findings going back to our  initial 1977 Col de Mary crossing, itemizing the above factors of each pass earmarked for scrutiny, and, in terms of whether it would “go”, awarding grades ranging from “go-go” and  “go”, to “doubtful” or definitely “no-go”. Though this perfectly harmless exercise would not, per se, solve the riddle of the “col perdu d’Hannibal” (Morabito, 2003), we felt it should provide the reader with useful elements of comparison. 

3. Col de Larche, or de Largentière (Maddalena

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  St Madeleine chapel, Col de Larche, Sep 2, 2011 (photo: M. Peyron)

One of the southernmost and usually snow-free cols of the Alps, the relatively low altitude (1991m) and easy accessibility of the Colle della Maddalena, all the way up the Ubaye and Ubayette valleys, speak in its favour as a possible route for Hannibal. And yet it has fallen out of grace in recent years, not being deemed high enough to match references to residual snow in accounts by Polybius and Livy; also for military reasons. According to arm-chair strategists, it would have taken Hannibal too far south, along a route debouching onto Cuneo (Coni), hence leaving his right flank vulnerable to Roman attack. Conversely, one can argue that it was precisely the kind of gamble that one would have expected the daring 29-year-old general to take. 

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  Present-day frontier crossing, Col de Larche,  Sep. 2, 2011 (photo: M. Peyron)

Be that as that it may, the present writer and his party were greatly impressed by this pass. Nowhere before on our quest had we seen such user-friendly mountain terrain: a gently-sloping, well-watered and -wooded, open valley calculated to have provided Hannibal and his elephants with the smoothest ride possible. Not to mention fine meadows and springs at the col itself, a nearby lake, with larch trees (mélèzes) growing in the vicinity – ideal for a bivouacking army. Even the initial descent beyond the lake to Argentera village on the Italian side, rightly described as mildly difficult by P. Ollier, would not have proved too tough a nut to crack for Hannibal’s engineers. 

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   Zig-zag turns on descent to Argentera village from Col de Larche, Sep. 2 2011 (photo: M. Peyron) 

Our conclusion: col definitely qualifies as a “go-go”. 

4. Col de Mary (Maurin

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   La Espena (L); col de Mary  (R) backed by lombarde clouds, Sep. 3, 2011 (photo: M. Peyron) 

An unfashionable route according to XXIst-century reckoning. However, our revived interest in this particular pass was kindled by an account entitled “De Grimone à Mary”, penned by a scholar living in the Hautes Alpes  called M. G. de Manteyer. His 1945 thesis, based on a text by Varro claiming that Hannibal’s pass lay between Monte Viso and the Col de Larche, contended that Col de Mary (or its close neighbour, Col de Roure) was the only feasible candidate. Barely twenty years later this theory had lost credit with the pundits; Guillaume (1967) for one, dismisses it out of hand. This route, he argues, descends into the unsuitably deep and narrow Maira valley, eventually reaching the Cuneo area, too far south of Taurini territory.   

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  Grazing sheep on path to Col de Mary, lombarde clouds in background,  Sep. 3, 2011 (photo: M. Peyron)

Our investigations did not tally with this view. It took us just over 3 hours to reach the Col de Mary (2630m) from the French Alpine Club (CAF) Maljasset hut. A friendly trail way-marked in red and yellow first took us up through magnificent larch forest; then over some easily negotiable rock steps to gain comfortably sloping meadows; in September, sheep grazing here with anti-wolf dogs – large white patous – in attendance.

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    Notice-board with instructions on how to proceed with  patou sheepdogs, below Col de Mary, Sep. 3, 2011(photo: M. Peyron)

Beyond, grassy slopes head onwards to the pass; just before it a large bowl could easily house an army. Interestingly, the path on this final section had been reinforced with stone slabs in Mussolini’s time. Pass proper found to be stony and fairly narrow, with two discordant signposts: one labelled “Col de Mary” (2637m), the other “Colle del Maurin”(2639m). On the Italian side, we enjoyed views far down Mara valley towards mysterious, cloud-wrapped peaks. 

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   View down Italian slope from Col de Mary, Sep. 3, 2011 (photo: M. Peyron)

A few hundreds down the Italian slope a vantage-point revealed a succession of bumps and hollows subsiding smoothly towards a point where valley narrows. Both Eric Hatt and present writer recognized terrain they had come over in previous ears. 

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  Skirting Lac de Marinet, afternoon, Sep. 3, 2011 (photo: M. Morgenthaler)

Weather-wise, it had been a cloudy day till 09:30, when things had brightened up considerably on the French side. Over and around the Mary, however, typical lombarde conditions had reigned. Luckily for us, though, the rain held off till 14:00, when, after a brief detour via Lac de Marinet, it caught us half way back to Maljasset and we took a healthy soaking. 

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   Col de Mary Italian signpost, Sep. 3, 2011 (photo: M. Peyron)

The col itself could be pronounced as a “go”. The only qualification being that, on their way up the Ubaye valley, Hannibal’s engineers might have had their work cut out bypassing a forested gorge some way downstream between La Condamine and St Paul.  Regretfully then, it looks as though the Mary must be rated as “doubtful”. 

5. Col de l’Autaret 

One of those austere high-places, much frequented in the XIXth century by Italian colporteurs (‘pedlars’) from Belino seeking fame and fortune in France, the Col de l’Autaret constitutes a point of vantage, with far-flung views towards Queyras on the one hand, towards the Bellino area on the other.  Sadly, due to a combination of bad weather and miscalculation, we never actually made it to the top of this one, which means there’ll have to be a return match. We did, however reconnoitre its approaches in the rain. 

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   Bottom of climb to Col de L’Autaret, Grand Bois (R), seen from Plan Parouart, Sep. 4, 2011 (photo: M. Peyron)

The route involves crossing the Ubaye a few hundreds upstream from Maljasset, taking the Col de Mary trail for a while, then heeding a signpost marked “Col de l’Autaret” that follows the Ubaye left-bank path through the Grand Bois. (On September 5, 2011, this stretch of larch forest was alive with the ringing of bells from grazing cattle). After an hour and a half or so, a valley junction is reached at Plan de Parouart, where the Ubaye broadens into a 300m-wide gravel-bed stunted with trees and bushes. One needs to do a right from here and follow on up the path, past some shepherds’ huts, skirting the Torrent de Chabrière for some three hours (according to the Maljasset Hut custodian), till the pass is reached. At 2874m it ranks as second-highest to Traversette among potential Hannibal cols. 

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   Serrière de la Testeta ridge (R) from below Col Girardin, Sep. 5, 2011 (photo: M. Peyron)

On the last morning of our stay (September 5) we did an up-and-down in 4 hours 15 minutes from Maljasset to the Col Girardin on the GR 5, and back again. This enabled us to take some challenging pictures of the Aiguilles de Chambeyron, the Col de Mary and a cleft on the far left skyline marking Col de l’Autaret. 

Appendix 1 Relevance of glacial retreat and/or snow-melt   
 

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 Approach to Col de Marinet, Chambeyron Aiguilles in background, Sep. 3, 2011 (photo: M. Peyron)

Hannibal experts usually list the presence (or absence) of late snow in the vicinity as a criterion when it comes to deciding which one is the bone fide col. In fact several venues, like the Col de Larche, have been put out of the running for that very reason. As mentioned in a previous article (cf.http://michaelpeyron.unblog.fr/2010/09/02/an-unsolved-riddle-as-old-as-the-hills), snow-melt and glacial retreat are constantly shifting variables, rendering a posteriori reconstruction of conditions in 218 BC extremely arduous. While tentative comparisons have been made between possibly milder weather conditions obtaining during the so-called “Roman climatic optimum” and today’s glacial retreat, apparently attributable to global warming, it is difficult to draw hard and fast conclusions there-from. The more so as finer points of climatic oscillation need to be taken into account and accurately evaluated (P. Leveau & L. Mercalli, 2011). 

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 Patches of névé snow and rockglaciers; vestiges of Marinet glacier,  Sep. 3, 2011 (photo: M. Peyron)

This being so, the reader will forgive a brief digression. While returning from the Mary on September 4, 2011, we made a detour via Col de Marinet (2785m) and Lac du Marinet (2535m). This gave us a grandstand view of the northern side of the Aiguilles de Chambeyron (3410m) together with what used to be the Marinet glacier. When last seen by this writer in 1977, the Marinet still extended some way down into the corrie above the lake, as on accompanying map.

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  Aiguilles de Chambeyron, Col de Mary & Col de l’Autaret (based on DR map, 1975)

Eight years on from the 2003 heat-wave, the glacier has been reduced to five or six separate patches of névé snow, huddling like orphans at the foot of individual buttresses and couloirs. As for the NW-facing Glacier de Chauvet, we noticed on September 5 that it was now limited to a small hanging glacier west of the main Aiguille, overlooking an extensive rock glacier. A sorry sight indeed! 

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   Aiguilles de Chambeyron with hanging glacier (Chauvet) on R, Sep. 5, 2011 (photo: M. Peyron)

At the end of the day, we’re talking in terms of recent change readily observable over a 30-year period. The point being that one has to be very, very careful when attempting to “guestimate” snow and ice conditions at a specific point in past history. 

Appendix 2   Bibliography   

(Not limited to the Ubaye region; brief commentary given on each item)

A. Bocquet, Hannibal chez les Allobroges : La grande traversée des Alpes, Montmélian: La Fontaine de Siloé, 2009.

A  beautifully edited,  scholarly and well-documented account by a classical archaeologist. Hannibal’s itinerary is subjected to rigorous analysis as per Peutinger’s table, while  supporters of the Clapier route are invited to abandon a fashionable theory that no longer holds water (p.80). A book to keep and re-read. 

L. Caillet, La Mure d’Isère et ses environs – Corps – Mens – Valbonnais, Gap: Impr. Louis-Jean: 1960.

This is a workmanlike monograph on the La Mure area that includes a snippet of info on Hannibal’s supposed Haute Ubaye route (p. 129). 

P. Cassagne, R. Blanchard, M. Igout & M. Vyon, Lacs et Glaciers de Marinet, Association Haute Ubaye, 1975 (env.).

An unassuming map-guide written by local mountaineers containing a wealth of info on the Aiguilles de Chambeyron and Col de Mary area. 

A. Courtenay, “South of France: In search of Hannibal the Elephant Man”, © Copyright of Telegraph Media Group Ltd. 2011, available on http://www.telegraph.co.uk/travel/destinations/europe/france/riviera 

An engagingly written re-run of Bernard Levin’s route, and possibly one of the best Hannibal articles ever in English. 

G. De Galbert, Hannibal et Cesar dans les Alpes, Grenoble : Ed. Belledonne, 2009. 

A painstaking, well-written reconstruction of the Maurienne-Clapier route based on perusal of primary sources and field-work. Unsurprisingly, as the author shares the latter’s views on the Clapier, Patrick Hunt has volunteered a preface. This volume deserves a place in your bookcase as a properly documented and illustrated work of reference. 

A.Guillaume (Général), Annibal franchit les Alpes, 218 av. J.-C., Grenoble: Ed. des Cahiers de l’Alpe, 1967.

Few were better qualified than General Guillaume, himself of Guillestre, to produce this exhaustive survey of “Hannibalic” passes from Savoy to Hautes Alpes. After extensive research and field-work, finally narrows down possibilities to Clapier and Traversette, though refrains from taking sides. 

J.-P. Jospin & L. Dalaine (eds.), Hannibal et les Alpes une traverse, un mythe, Grenoble: Musée Dauphinois, 2011.

A collective, Franco-Italian effort that deals with Hannibal’s crossing of the Alps from several angles: historical (Gallic and Carthaginian), military (includes an insightful piece on soldiers’ weapons and equipment), mythological, environmental and archaeological. Although pointing to Clapier as a strong probability, does not neglect other theories. Superbly illustrated; a book to keep

P. Leveau & L. Mercalli, « Hannibal et les Alpes : l’identification du col franchi et son contexte environnemental », in Hannibal et les Alpes : une traversée, un mythe, J.-P. Jospin & L. Dalaine (éds.), Grenoble, Musée dauphinois, 2011 (pp. 95-106).

Part of the previous festchrift, it analyzes the environmental background to Hannibal’s traverse, including the vexed question of snow-cover, and includes a useful chart on average temperatures in the Alps over the past 11000 years. 

G., Manteyer, de, « Le franchissement des Alpes par Annibal, de Grimone à Mary », Bulletin de la Société d’Etudes des Hautes-Alpes, 1945.

A one-off effort to solve the problem of Hannibal’s pass by a then prominent Egyptologist. The theory is a challenging one, though according to Guillaume, de Manteyer apparently never made it up to the Col de Mary on foot; Guillaume did – which makes all the difference! 

J.S. Morabito, Mais où est donc passé le fils d’Hamilcar ? ou sur la piste du col perdu d’Hannibal, Paris: Ed. La Bruyère, 2003.

This stimulating, scholarly account relies on a totally new time-and-motion analysis of Hannibal’s itinerary, dismissing earlier miscalculations, and ultimately sending him over the Col d’Agnel. Doubtful, however, as to whether author actually did field-work; photographs at end of volume look decidedly second-hand. 

Tite-Live, Hannibal, (M. Grimaud, trad.& G. Walter, éd.), Club du Livre d’Histoire (1970, env.).

A classic biography of Hannibal that contains extracts from Livy fluently translated and expertly commented upon. Black and white photographs, maps; the editors appear to favour the Montgenèvre route. 

Appendix 3    Where to stay ?

 

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      Real estate agent unrealistically advertising « Pissevin » orchard and genuine « Mexican » villas,  Barcelonnette, Sep. 4, 2011 (photo: M. Peyron)

    chaletlavistraffordleplanay.jpg

     Ideal Hannibal base camp: Lavis-Trafford guest-house at Le Planay, at foot of Clapier route (Hte. Maurienne), Aug. 2009 (photo: M. Peyron)

  

michael.peyron@voila.fr

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Recent cases of incomplete academic research on Morocco’s Berbers

Posté par Michael Peyron le 19 juillet 2011

 

Recent cases of incomplete academic research on Morocco’s Berbers 

 

                                               Michael Peyron* 

 

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After being sidelined by the Nationalists for political reasons in the Protectorate aftermath, Berber studies in Morocco have moved back to centre-stage in recent years. While Moroccan scholars are far from inactive, a considerable portion of the research on the country’s Imazighen (Berbers) is now conducted by foreign academics, not all of whom, however, appear to have benefited to the full from the advantages of fieldwork, or access to existing, relevant sources in Morocco. Although language difficulties involved in switching from English to French, or vice-versa, may admittedly be held partly responsible for this self-inflicted handicap, they constitute a poor excuse. While pointing out such shortcomings as when they occur, the present paper appeals to the better nature of the researchers in question so that, in future, they will leave no stone unturned in their attempts to access available material in whichever language, without neglecting all-important fieldwork. 

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Keywords: absentee academics – relevant sources – field-work – language barrier – inaccuracy – handicap. 

 

 

 

Introduction 

 

 

 

During the Protectorate period, once Morocco’s Berbers had been broken in by military force, they were regarded as a major segment of the population with whom the colonisers could feel common ground, and who could be relied upon if it came to the crunch because of their supposedly lukewarm Islam, compared to the so-called “Arab” element. This divisive attitude, fostering as it did a perceived Arabo-Berber dichotomy, was destined to poison the atmosphere of politics and academia in Morocco for decades to come. Thus, for twenty years after Moroccan independence, Berber culture and language would be diligently swept under the carpet to suit the requirements of nation-building and a single language policy in a country that sought inspiration both in the Arabo-Islamic Middle East and in France’s Jacobin philosophy. Memories of the unfortunate 1930 dahir, with its seemingly pro-Berber French bias, unfavourably influenced the country’s Nationalists, who felt uncomfortable about Berbers, bearing in mind their past record as trouble-makers. Not entirely without reason as, from 1956 to 1971, while some Imazighen had proved loyal to the throne, others participated in abortive, anti-makhzan risings. 

 

 

 

Hence the early emphasis among Moroccan post-colonial writers (Lahbabi 1958, Laroui 1977, etc.), not to mention French exponents of the self-denigration cult such as Jacques Berque (1962),1 who criticized what one researcher (Burke 1973) called the “Colonial Vulgate”. 

 

 

 

French Protectorate scholarship was taken to task for its interpretation of Moroccan history, its Cartesian obsession with Morocco as a static society, the Arab-Berber dichotomy and the blad al-makhzan versus blad as-siba divide that underscored the weakness of the sultan’s hold on the country. 

 

Conversely, the revisionists’ efforts to demonstrate that pre-Colonial Morocco had been a going concern, hale and sound in every way, contributed to invalidating French research, some of which, however, had not been without merit, even though conducted under the aegis of empire. A bevy of foreign scholars (E. Burke III, J. Duclos, D. Eickelman, O. Marais, L. Rosen, D. Seddon, A. Vinogradov, etc.) had jumped onto this particular band-wagon,2  in the process unwittingly devising a “post-Protectorate Vulgate”, inspired partly by the segmentary theory, partly by person-based relationships,3 a joint package that was eventually to be proved to some extent as inaccurate as the one that had gone before! 

 

Indeed, the controversial Gellner and Micaud (1973) festschrift, comprising contributions by many of the above authors, muddied the waters to such an extent that the Berbers were reduced to the rank of Arabs manqués, or semi non-persons, without a specific culture or language of their own, who had somehow survived as good Moslems and patriotic Moroccans4. This constituted a grave misjudgement. By the close of the century many contributors to the offending volume had to eat their own words, as events in Algeria and Morocco sparked a vigorous Amazigh renaissance which, while in no way belittling religion or patriotism, established a right among Berbers to have their cultural and linguistic specificity accepted as an integral part of Maghribian identity. This was a sweeping sea-change such as the revisionist school had totally failed to predict, and which is still on-going. 

 

After the Arabs and Berbers volume had practically written off the Imazighen as a specific social-cultural and linguistic entity, a form of ethnic ostracism vis-à-vis Berber studies perverted academia. Over the next twenty-five years several researchers further contributed to downplaying the Amazigh element (Pascon, 1986, Zartman, 1987, Bourquia & Miller, 1999, Rivet 1999, etc.). It took the efforts of native-born Berber researchers, not to mention King Mohamed VI in person,5 together with a handful of European and North American scholars finally to reinstate academic interest in Morocco’s “invisible Imazighen” (Crawford 2002).6 

 

 

Since then the Amazigh renaissance in Morocco has gained momentum, while a spate of learned Berber-related writings has materialised, some of it in the Journal of North African Studies (henceforth JNAS), some in various doctoral projects, in which, for obscure reasons no doubt related to the exaggerated compartmentalization of academic studies, pride of place is granted to the archive- and library-based efforts of scholars stationed thousands of miles from the area under discussion, while the homeland (i.e. Morocco) contribution, as it stands, is apparently belittled, at times ignored. This speaks volumes as to these students’ inability to conduct exhaustive library research or trawl the web, where they would undoubtedly have located key material that is conspicuously absent from their writings. Surely, nothing can excuse such academic insularity. 

 

The present writer’s purpose is to acquaint the Morocco first-timer, as much as the old Morocco hand, with the amount of untapped research on the country’s Imazighen which is waiting out there. Without being unduly unkind, some of the material contained in the work of today’s scholars of things Berber, including judgment passed and conclusions drawn, while narrowly failing to qualify as erroneous, may be described as hasty and one-sided. It would appear that the researchers in question, in their exaggeratedly bookish approach, do not have the least inkling of certain Morocco-based writings, which raises serious questions concerning their research methods, their attitude to fieldwork. The impression gained is that of absentee scholarship, coupled with (in the case of some American scholars) an apparent reluctance or inability to consider sources in French, their patchy knowledge of the country at times conveying an incomplete picture, lacking as it does the freshness conferred by field-work. 

 

Absentee scholars in Western countries wishing to conduct thesis research on
Morocco admittedly labour under another serious handicap, even if physically in a position to do fieldwork on the spot. With their project dependent on some form of financial grant, caught as they are between the temptation to assert their own personalities by keeping a mind of their own, and attempts to curry favour with a supervisor breathing down their neck, aspiring doctoral candidates operate within a framework full of constraints. One of the prime requirements before departure for Morocco is to define the problematic of the research, an exercise in theory habitually based on their supervisor’s pet fantasy.7 As a result, once in the field, the researcher finds him/herself unwittingly attempting to twist the facts in such a way as to suit the pre-conceived patterns to which he/she has been exposed back home, thus resulting in slightly flawed results. 

 

Berque-inspired anthropological material in French 

 

The present survey will commence with some French research of the late 1990s so conducted by two of Jacques Berque’s disciples as to appear unashamedly to ape their mentor’s well-known theories on Atlas mountain societies. Berque visualized Morocco from south to north as a socio-religious continuum with Islam providing the cement, as it were, thereby strongly disagreeing with Protectorate-inspired notions of a country split by a mountain versus plains divide and uncompromising Arab-Berber dichotomy. He thus judged French appraisal of tribalism, as well as rural Islam, as completely faulty, denying as he did the least specificity to Berber tribes. Today his views sound somewhat dated, as they do not take into consideration the country’s socio-cultural diversity, the crystallization of Amazigh identity and its by-product: the Berber revival. All of these Berque totally failed to anticipate. 

 

To their credit it must be pointed out that social anthropologists Garrigues-Creswell and Lecestre-Rollier both conducted field-work, the former among the Ayt Mizane of the Western High Atlas, the latter in the Central High Atlas. Lecestre-Rollier, however,  developed her theory on a contract-based High Atlas Berber society, a kind of be-all and end-all which she claims to have seen at work in Ayt Bouguemmez, suggesting that this could serve as a blue-print applicable to the whole range. This is based on a faulty premise: that the identity of these groups “does not rest on the sharing of a similar cultural and linguistic tradition, nor does it have its roots in a common past” (Lecestre-Rollier, 1997, p. 19), whereas such considerations precisely sum up the heritage of the Tamazight-speaking tribes of the Middle Atlas and Eastern High Atlas. Specifically, in addition to notions of a common ancestry and culture, these communities are governed by custom-related logic, by principles of intra-group solidarity – Ibn Khaldoun’s famous ‘asabiyya – whether in cases of tit-for-tat feuding between clans (in the old days), or trade-offs in the way clansmen help each other in turn during harvest time. 

 

Likewise, says she, Atlas valleys have invariably been peopled by migration from the South (Lecestre-Rollier 1997, p. 22). While certainly valid for the Seksawa and Bouguemmez  regions, this theory does not appear to hold water in the Tamazight-speaking portion of the High Atlas, where two main factors have affected population movements: 1) a long-drawn out SE-NW push by pre-Saharan pastoral tribes towards fertile grazing-grounds in the Atlas and beyond (Hart, 1993); 2) movements by saints, sometimes called marabout; either individuals like Sidi Ahansali or al-‘Ayyachi, who trended SW-NE from the Sous; or whole communities such as the igurramn of Sidi Yahya ou Youssef and Lmerri (Ayt Yahya) who claim to have followed a N-S axis from the Zerhoun area near Meknes down to Tounfit. 

 

Two other of Lecestre-Rollier’s blanket definitions fail to stand up under scrutiny: 1) “Genealogical memory is short. (…) Who cares about the past?  Proverbs underwrite this”. Not so. The proverb is still much venerated in the Middle Atlas region and the ancestors’ store of knowledge is considered with humility: “In their great wisdom, our forefathers had an answer to all. There is nothing for us to add!” (Roux, 1942). 2) “Legends about eponymous ancestors are rare” claims Lecestre-Rollier (1997, p. 23). Again, this does not apply to the Tamazight-speaking area, where each segment, from tribe to clan level bears the name of a different ancestor, and few in the group ignore his story!8 

 

Further inaccuracies appear concerning access rights to pasture and woodland. Lecestre-Rollier (1997, p. 28), at times entertaining idealistic views at variance with what is currently happening on the ground, appears to believe that time-approved Amazigh rules and regulations in this domain still hold good, whereas it is a well-known fact that, given recurring drought over the past 10-15 years such resources are accessed willy-nilly by pastoral communities making a virtue of necessity (Peyon, 2007). 

 

 

Nor is it quite true to affirm, in connection with the way communities group, disperse and re-group elsewhere that “all traces of their passage disappears” (Lecestre-Rollier 1997, p. 37), views of this kind having already been aired by other revisionist researchers such as Laroui (1977, p.174). There are in fact countless place-names throughout the Eastern High Atlas that refer to previous tenure by some specific group.9 

 

 

Suffice it to say that Lecestre-Rollier (1997, pp. 40-41), freely admits that she is merely prolonging the analyses of Jacques Berque who, very much at odds with Protectorate-period philosophy, was pushing hard for a notional, complex Arab-Berber Moroccan society based on the logics of accumulated agreement and contract, especially when he claims that “the continuity between the Seksawa region and Fez was total”; whereas it was more a case of discontinuity, with the Middle Atlas (Fazaz) region providing a major obstacle. In addition to accumulating factual inaccuracies attributable to insufficient knowledge of the terrain, history and local societies, Lecestre-Rollier proceeds to paint herself into a corner by subscribing to the views of her mentor, whereas it is well known that Fez and the Seksawa have little in common.10 

 

Lecestre-Rollier teams up with her partner Garrigues-Creswell for a further article (2002) on the strategies adopted by High Atlas communities vis-à-vis random events of environmental and/or socio-political nature that affect their existence. The authors show how pastoral patterns respond to a vertical mountains/plains complementary rationale, a well-documented factor that occurs in the Ayt Yahya and Ayt Merghad regions, the latter migrating in winter into the pre-Sahara to avoid losing livestock in the snow – so far so good. 

 

 

Their purpose becomes less clear when, in an article supposedly dealing with the existing situation, they launch into a description of three now defunct institutions, designed in the old days to face up to emergencies: 1) the leff-based alliance system of the Western High Atlas; 2) taḍa-type pacts in the Central High Atlas, based on exchange of mothers’ milk and/or men’s slippers of two clans; 3) the notion of εar, that is claiming protection from somebody by appealing to that person’s honour, somewhat similar to the Celtic practice of placing under geiss. All of this is very interesting, but not really relevant to current practice, the notion of u-taḍa (‘milk-brother’) having been generally replaced by that of ameddakul (‘friend’). The Berque influence in the article comes across strongly when the authors cast doubt on Marcy’s “Berberist” conclusions about maternal parenthood, as reminiscent of the evolutionistic theory of the Protectorate period (2002, p. 10).11 

 

In yet another paper, Lecestre-Rollier (2003), examines the way techno-economic conditions of production can influence forms of social organization in Atlas societies. In many ways, this is a more abstract re-run of her previous efforts with certain criteria reappearing: notions of collective responsibility; marrying off one’s daughter to a lowland tribal grouping to guarantee the stock-breeder a safe haven in the event of heavy winter snowfall – except that weddings do not always work out in terms of marital bliss.12 Apart from linking man’s honour to his native turf, and disregarding the fact that in determining his social position the possession of land is not the sole criteria, wealth on the hoof also being important, the article lacks a proper conclusion. One can also mention a sketchy bibliography (similar to her two previous articles).13 

 

 

Early medieval Berber history 

 

In December 2000, while working on the “Arsène Roux Archive” at the IREMAM (Aix-en-Provence), the present writer came across a complete file (Stroomer & Peyron, 2003, p. 79) that Arsène Roux had prepared on the probable location of Qala’at al-Mahdi, the mysterious XIth century fortress mentioned in early manuscripts on the Fazaz region. After visiting several sites he came to the conclusion that Roux’s choice of the Tisigdelt plateau above Zaouit Had Ifrane just off the Azrou-Khenifra road was the likeliest spot (Peyron, 2003), vestiges of pre-Almoravid-period ramparts having been discovered. Meanwhile a rival team had been in the field, Versailles-based Michel Brun and Amazigh researcher Said Jaafar (2005), and had arrived at a different conclusion – that the site of Lgara a few miles east of Khenifra, with extensive, well-preserved vestiges of fortification, was the real Qala’at Al-Mahdi. Roux had considered this site, but dismissed it as being of slightly different origin, probably late-Almoravid. An opinion Peyron tends to go along with; furthermore it does not fit the descriptions of the Qala’at in the old sources, regarding a wooded, well-watered site with agricultural possibilities, traditions of an early Jewish presence, and proximity of monkeys, all of which occur at the Tisigdelt site. Peyron’s contention is thus based on fairly firm grounds, the more so as the Brun-Jaafar team, not having enough time to visit the Tisigdelt site, had somewhat hastily dismissed it out of hand as situated too deep in the hills. The entire question of the Qala’at’s location thus remains open and will require further research.14 

 

 

 

It is difficult, on the other hand, to fault John Iskander’s (2007) well-researched piece on Morocco’s much maligned Barghawata heretics who held sway over most of Tamesna on the Atlantic Plain from the IXth to the XIIth century. Our comments will be limited to mild disagreement over Barghawata overtures to the Umayyad caliphate of Cordoba, in what turned out to be ultimately fruitless negotiations (2007, p. 42). Repeated injunctions by Barghawata sovereigns not to neglect ties with Cordoba appear to reflect a tentative Barghawata-Umeyyad axis that materialised on thriving coastal trade between Walidia, Anfa and other Moroccan ports, and al-Andalus.15 A link that contributed to keeping the Barghawata empire in business, economically and strategically speaking, as already stated elsewhere (Peyron, 2005b). That Iskander is right in claiming that the alliance fell through, may be related to the trouble the Umayyads had with the fitna al-barbariyya of their own Berber soldiery, who ultimately caused the destruction of the caliphate of Cordoba by the mid-XIth century. For a time, though, a loose alliance with certain Maghribian states (the Barghawata included and, up to a point, tolerated) made sense for the Umayyads, so long as endured their confrontation with the rival Fatimid caliphate (Pennell, 2003; Inane, 2003; Brousky, 2006). 

 

As Iskander charts the decline of the Barghawata, while pointing out that they were mistakenly written off by several Arabic chroniclers before they actually disappeared circa 1150, he omits one important episode – ‘Abd Allah ben Yassin’s fatal 1059 expedition against them. It should not be forgotten that the Almoravid leader was killed in battle mid-way between Rommani and Rabat, near the Khorifla river (Abi-Zar’, 1999, p.116; Ibn Khaldoun, 1999, p. 132), where his shrine is visible today, an indication that at the time perhaps the Barghawata still packed a powerful punch. 

 

 

Interestingly, regarding residual Barghawata-inspired practices, three have survived, as the present writer has observed in the field: 1) divination as to future events and the weather by star-gazing, or studying a sheep’s shoulder-bone (Ayt Sokhman); 2) the village cockerel sometimes referred to as lfqih, as his pre-dawn crowing wakes up the villagers for morning prayer (Ayt Hadiddou); 3) collecting and licking a saintly person’s baraka-containing spittle (saints of Buj’ad, Tadla region). 

 

 

Articles on current Amazigh issues in English 

 

Samir Ben-Layashi (2007) examines secularism in the Moroccan Amazigh discourse. A well-researched piece of work based on books and periodicals, it nonetheless raises a number of important issues, though in places revealing insufficient on-the-spot knowledge of the Moroccan scene. A few minor points first: Hassan Aourid, at the time of writing, is the Moroccan kingdom’s official historiographer. In discussing Moroccan Islamist leaders, the writer appears to be unaware of the fact that both sheikh Yassine and PJD leader El-‘Othmani are Berbers from the Tashilhit-speaking South-West of the country. The former, according to one source, is apparently connected to a well-known XIXth-century qayd of the Haha tribe, inland from Essaouira, Hajj ‘Abdellah Ou-Bihi, who ran foul of his sultan and was subsequently forced to take poison.16 

 

Regarding the sharia and Berber customary law (izerf), the fact that the two have been more or less embedded for some thirteen centuries, much like the intimate interaction between Arabic and Berber, appears to make Ben-Layashi argue that they are basically the same. This is not quite the case, though in conversations with Moroccan qayd-s in the early 1970s17 it was stressed that šariaɛ application in Berber-speaking areas was bound to take into considerations some aspects of customary law, especially regarding land tenure and grazing rights (Hart, 1997, p. 29). Work by H. Khettouch (2004 & 2005) amply illustrates how much the passing of izerf is today regretted among Atlas Berber societies. Based on mutual trust and confidence in traditional local law-makers, it guaranteed a swifter, more impartial form of justice, without the present unsatisfactory, time-wasting exposure to officialdom, involving travelling hundreds of miles to have the case heard in court before a non-Berber-speaking judge, with the unhelpful assistance of a graft-inspired lawyer no doubt hardly in the know as to rural litigation! 

 

 

Another inaccuracy regards Imazighen and their attitude to learning Arabic. Much is made of the way rural Berbers parrot items of the Koran without really understanding their significance. This may certainly be the case. However, it conveniently downplays the contribution to Arabic letters since early medieval times by Berber scholars, both in al-Andalus and the Maghrib, where rural zawiya-s such as those at Dila’, Zaouit Ahansal, Tamgrout and in the Sous, prioritized Arabic letters among their activities. It also ignores the fact that today a surprising number of Moroccan teachers of Arabic are Berber, whether or not at any time they may have felt inferior because of their Berber origin!18 

 

Ben-Layashi appears to sympathize with reservations about secularism put forward by El-‘Othmani during discussion with Amazigh militants. The PJD leader affects an attitude of superiority in an attempt to browbeat his interlocutors: “You do not know anything, (…) you don’t know the meaning of the term ‘secularism’ (…) French secularism is the worst of all!” (2007, p. 161) – the archetypal dogmatic style, based on unsupported statements.19 

 

One excellent point that Ben-Layashi (2007, p. 165) does make, however, is that in Morocco whenever the Amazigh question arises among urban literati, the discussion moves swiftly from the cultural to the political angle, the very term “Berber” conjuring up visions of debauchery, dissent, heresy, resistance and separatism vis-à-vis the maxzan and sacred, religious-based national unity. By immediately raising the stakes (and hackles) it precludes unimpassioned debate on the topic.20 

 

There have, of course, been precedents; to wit, the Barghawata and other early heresies, not to mention supposed Berber collaboration with French colonial authorities, highlighted by the notorious 1930 dahir which radicalized the Istiqlal movement (Hart, 1997) and was to sow the seeds for a half of century of anti-Berber feeling among Morocco’s glitterati.21 

 

The resultant stultifying mindset has contributed to blocking attempts to translate the Koran into Tamazight,22 or allowing Berber to be accepted as a national language on a par with Arabic (although significant progress in this respect was made in 2011). Ben-Layashi’s arguments concerning a Berber Koran, apparently supportive of the officially entertained suspicion vis-à-vis the project, lack conviction, especially when he compares it with regard to the Turkish and Persian parallels. He also appears to gloss over the fact that the Koran has been translated into several Eastern languages (Urdu, Bahasa Indonesian, Malay, Chinese, Pashtu, Tajik, Uzbek, Kazakh, etc.) without having seemingly posed any perceived form of threat. 

 

Furthermore, his claim that Berber was never the language of the cult fails to take into account the not inconsiderable influence of the Soussi ṭṭelba and their undisputed, well-documented contribution to ttawhid and commentaries of the Koran, thanks to men like Awzal, Aznag, Rudani and others. Not to mention their written endeavours in fields such as grammar (Ajourroum), philosophy and biography (Mokhtar Es-Soussi), or poetry (El-Moustaoui). 

 

 

It is also inaccurate to assert that “Berber was not a written language” (Ben-Layashi, 2007, p. 166). There are records from ancient times of inscriptions in Tifinagh, the indigenous Libyan script recently revived by Amazigh militants and officially adopted by the Royal Institute of Amazigh Culture, IRCAM. From the XIIIth to the XVIIIth centuries, the existence of Berber alongside Arabic as a language of exchange in everyday Moroccan life was fully taken on board, as attested by the existence of dictionaries by Al-Hilali and Ibn Tunart (Van Den Boogert, 1998). Throughout the Moroccan Middle Ages, the tradition of mainly religious Berber texts written in Arabic script, known as lmazġiy, thrived principally in the Sous (Van Den Boogert, 1997). 

 

 

A final inaccuracy, proving to what extent the absentee researcher is out of touch with the Moroccan scene, comes with his suggestion that “one is hard-pressed to find any link between this discourse (secularism) and daily life in the remote Berber villages in the Atlas Mountains” (Ben-Layashi, 2007, p. 168). Quite the contrary, awareness of Amazigh identity has over the past few years spread to out-of-the-way areas such as the Tounfit, Errachidia (Imteghren), Dadès, and Marrakech High Atlas regions23 with local feeling running high against indifference and injustice (hogra) as to the way these communities remain for the most part in a state of neglect and under-development. True, apart from charity provided by a handful of NGOs, providing satellite phone links and building of new access roads little has been done, while the slightest whimper of discontent is at once stifled by the maxzan.24 Despite imprisonment of some students, during demonstrations in some of the places mentioned above, militants have not hesitated to take to the streets, openly flaunting the blue, green, red and yellow Amazigh flag.

 

On the other hand, Elizabeth Buckner’s insightful discussion (2006) of implementation problems surrounding the IRCAM-backed teaching of Tamazight, in Morocco reflects a more than adequate appreciation of the political intricacies surrounding what remains a potentially divisive decision. She admirably summarizes the way the Ministry of Education and IRCAM appear to remain at cross-purposes, while on the face of things both are dedicated to bringing their policy to fruition. Despite the choice of Tifinagh script, seen by many as a major handicap,25 together with the Ministry’s reluctance to improve teacher training and implementation of new programmes, things are looking up: Tamazight teaching is on the rails, with the experience moving to Higher Education at the time of writing (March 2010); IRCAM exists, Tamazight is in the process of re-birth (albeit a somewhat painful one), and awareness and optimism about Amazigh culture and identity among well-informed Moroccans have never been higher. These are arguably the major points which could have been made. 

 

Buckner cannot, however, be accused of absenteeism, having apparently conducted field-work in the Tafraout area of SW Morocco, though the language spoken by the locals should, by rights, have been termed Tashilhit, not Tamazight, a fact she belatedly acknowledges (2006, p. 427). Although she confesses to receiving confirmation from Dr. Jilali Saib, one of the then IRCAM managers, that the Ministry were responsible for delays, she apparently never reached Al-Akahwayn University-in-Ifrane and its well-stocked library, where she could have accessed the Proceedings of the Amazigh Conference devoted to the adoption of Tifinagh, edited by M. Peyron, and in which the same Saib had written a well-informed article (2004, pp. 22-33) on the problem of Tamazight teaching.26 The more so as AUI, situated at Ifrane in the Amazigh heartland has, in an attempt to develop links with the surrounding country, instituted various aid programmes, pioneered Berber studies since 1999 and organised conferences on Amazigh culture. 

 

Cynthia Becker on Amazigh art 

 

Becker is not included in this survey for her failure to do any field-work. Quite the contrary, she carried out several trips into the Tafilalt area of SE Morocco to study the Ayt Khebbash in the field, while the end-result (Becker 2006) is, by and large, a competent account of Amazigh culture and art in the area. The book though, has other defects, pertaining more to lack of experience, the researcher is at a comparatively early stage in her career, and to non-access (for whatever reason) to French language material, together with a failure to net sufficient relevant bibliographical sources, especially on poetry. Her work thus lacks the hall-marks of a comprehensive survey. She complains, for example, that little exists on the Ayt Khebbash, manages to lay her hands on Captain Spillman’s classic and somewhat out-of-date account of the Ayt ‘Atta (1936), but fails to mention an important, more recent paper on the Ayt Khebbash by C. Lefébure (1996). 

 

Becker’s book reveals the extent to which Arabic has crept into Tamazight, a good example being that of awlad laban (‘milk children’), whereas ayt taða would have been more appropriate (2006, p. 4). Also terms like jaltita (‘full skirt’, 2006, p. 80), the same applying to aɛbroq for ‘head-scarf’, instead of the widely documented Tamazight term akenbuš, usually worn with a complementary garment known as tasebnit.27 

 

Her assertion, “in 1930 the French created the Dahir Berbère” (2006, p.6) is erroneous, the Istiqlal having coined the expression themselves, whereas the 1930 dahir was a revamped version of an earlier 1914 text, promulgated by Lyautey, concerning the application of izerf to tribes responding to Berber customs in recently pacified areas (Hart, 1997). Nor can her suggestions of Protectorate-period attempts to Christianize the Berbers be taken seriously, as this would have been impossible under a secular French republic that had firmly separated church from state back in 1904. 

 

The author’s claim that the majority of illustrations are hers is not totally true, there being a sizeable proportion of pictures contributed by Morin-Barde, Jean Besancenot, Addi Ouaderrou, the Minneapolis Institute of Arts, the National Anthropological Archives and others (including the frontispiece), while many of her own black and white shots are duplicated in colour, either because somebody in charge of DTP botched the art work, or perhaps, in a sales-boosting move, the publishers wanted to go for a semi-coffee-table effort. 

 

 

Poetry-wise she would appear to have read little of the available material devoted to this speciality (Lortat-Jacob, 1980; Roux & Bounfour, 1990; Jouad, 1995; Peyron 1993a, 1993b, 1994, 2000, 2004; Roux & Peyron, 2002); nor undergone sufficient theoretical tuition in Tamazight, though she does appear to have a grasp of the basics of the language. As a result we have sometimes incomplete, non-stylish translations of aḥidus-type songs, while Tamazight transcription throughout remains amateurish and inconsistent. A remark that leads this observer to believe that the texts were not properly vetted by a bilingual scholar conversant with Amazigh poetry. 

 

The author thus wrongly describes the term tamawait (usually tamawayt) as a “wordless melodic phrase” sung between one izli and the next” (2006, p.76), whereas an izli, the basic component of aḥidus-type songs, is a couplet, or distich, certainly not “a single phrase” (2006, p. 88). While her observation may reflect present Ayt Khebbash practice, there is little doubt that tamawayt would be more accurately glossed as ‘traveller’s song’ (lit. ‘what one takes on the journey’ < verb awiy, ‘to take, to bring’). A series of timawayin is usually sung at the beginning of an Amazigh musical evening, preparing for the izlan that are to come after (M. Peyron, 1993, p. 40). There is, incidentally, interesting evidence of Tashilhit influence on Ayt Khebbash dancing with reference to “a new form of aḥidus described as hiwawi” (p. 86) (< ahwawi, or ahwaway = ‘fickle’, ‘impetuous’). In Tamazight means “lecherous”, a description applying to the young hero in the famous Tashilhit epic poem “Hmad u-Namir” (Roux & Bounfour, 1990, p. 202). 

 

Nor have cases of semantic shift been remarked upon. Example:  tagwerramt, glossed as ‘bride’ (2006, p.88), whereas it usually means ‘female saint’. ‘Bride’ is given as symbolic translation for yawudž, though usual meaning of awudž is ‘foal’, ‘young horse’ (Taifi, 1991, p.751), a term applying in Amazigh poetry to both genders. Likewise, igwerramn (= ‘saints’) is glossed by Becker as ‘respectability’, a plausible semantic shift, saints being generally considered as respectable (2006, p. 89 & 195). 

 

Here are some more cases of either incomplete or literal translations, with suggested improvements:- 

 

1) tga almu yuley uldžig ar iġir = ‘Grass and flowers have grown to her shoulders’ > ‘Flowers from fertile green meadow reach shoulder-high’; conveys positive connotation of term almu, a key-word in Amazigh poetry. 

 

2) ak-afeġ a ṣber ig msafaḍn ulawn = ‘Oh patience, I find you when hearts say good-bye’ > ‘Forbearance must hearts show at leave-taking!’ 

3) Term abrid n lxir (‘path of happiness’) not translated in line 19 (p. 101); notion of lxir understandable in context of Mecca pilgrimage. 

4) seg dadeġ s-imal iney-d iyyis yagg-en zar-i yeγr-i = ‘Next  year he will visit and invite me’. > ‘Come next year, shall mount his steed, repair to my side and invite me!’ 

5) Term azaġar = ‘plain’, usually North of the High Atlas (line 30); expression yiwey wasif is a common Berberism, referring to some dogs ‘taken by river’, implying that they were swept away by the strong current (p. 103). 

 

6) Unfortunate choice of Arabic loan-word sebbaṭ (‘shoes’, line 15); Tamazight word idukan would have been equally acceptable on ground of metrics; would also have guaranteed assonance vis-à-vis nearby lexical items ikebran, izbian and lluban

7) ad-izwur ig-aġ ameksa = ‘God leads us and is our guardian’ > ‘May God lead us (me) like a good shepherd’ (p. 105). 

 

8) a yelli = ‘hey, my daughter’ > ‘O daughter of mine!’ (p. 109); in most cases, in fact, the vocative /a/ in Tamazight, need not be translated. 

 

9) Rather than ‘rulers’, igeldan should be glossed as ‘kings’ (p. 113). 

 

10) ur iḥli iwaḍu, should be transcribed ur iḥley i-waḍu to avoid hiatus and convey full meaning (waḍu = ‘destiny’); line 49. 

11) Term taġrart = ‘bag’ is an incomplete translation; actual meaning > thick double-blanket that once filled with grain and sewed up, serves as saddle-bag on pack-mule; line 26 

 

12) riġ ad-d nzur mas-kwn užžy, ay isemḍal n mulay εli =  ‘I want to visit the tomb of Mulay Ali’ > ‘Go I must to Mulay Ali’s shrine, a cure for to seek’; line 34 (2006, p. 196). 

 

 

Conclusion 

 

We thus see how academic research sometimes tends to be conducted in more or less watertight compartments, and with excessive importance paid to theory. Surveys by French social anthropologists of the Berque school, evenly balanced between library research and field-work, appear nonetheless to be “moving towards cultural interpretation”, with emphasis on finding blanket definitions to fit the facts observed on the ground – mere “pigeon-hole classifications for their own sake” – with their attendant fallacies (Hart, 1993a, pp. 234-235). For the most part, French scholars still baulk at accessing English-language sources,28 thus cutting themselves off from valuable material, their post-revisionist American colleagues, sometimes unrealistically displaying a similar aversion (or neglect) for documentation in French (or even Arabic), a factor that contributes in both cases to incomplete, sometimes flawed research. 

 

Regarding most American researchers, while significant material on Amazigh-related topics has been appearing over the past 15 years or so in certain academic journals in Morocco and France, some of these sources have apparently not been deemed worthy of mention.29 Surely, before embarking on serious scientific work, is not the fact of presenting as complete a bibliography as possible one of the prerequisites of such an undertaking? Failure to conduct exhaustive research in libraries and on the Web, or to perform fieldwork in the Moroccan study area, including visits to institutions such as IRCAM and AUI, is inexcusable on the part of international scholars purporting to pen all-encompassing papers on specialist topics such as these. 

 

Notes 

 

* Professor Peyron taught “History and Culture of the Berbers” at Al-Akhawayn University in Ifrane, Morocco (1999-2009); from retirement in Rabat/Grenoble continues to lecture on Amazigh-related topics. 

 

1 – As a rural administrator in the Meknes area, because of his outspoken criticism of the colonial régime, Berque had been exiled in the early 1950s to the Western High Atlas where he wrote what was probably his best book, Structures sociales du Haut Atlas (1955). 

 

2 – Apart from contributions by some of these scholars to Arabs and Berbers,  cf. E. Burke, Prelude to Protectorate (1976); J. Duclos (writing as J. Ougrour), “Le fait berbère” (1962); D. Eickelman, Moroccan Islam (1976); J. Seddon demolishing Montagne’s theories in The Berbers, their social & political oganisation (1973). 

 

3 – Stepping in Evans-Pritchard’s shoes, Ernest Gellner was the leading light of the segmentary school in Morocco during the early post-Colonial period with his famous book Saints of the Atlas (1969) based on fieldwork among the Ihansalen marabouts of the Central High Atlas.  His rival, Clifford Geertz, after studying societies in mainly urban settings arrived at a different theory of a society responding more to person-based patterns (cf. Geertz & Rosen, Meaning and order in Moroccan society, 1979). Both schools of thought were being challenged by the 1990s, especially the segmentary one, but that is another story. 

 

4 – Speaking of patriotism it was particularly galling to Imazighen that their heroic, thirty years’ anti-French resistance in the Atlas Mountains and pre-Saharan regions was not included in the newfangled, Istiqlal-inspired rewriting of Moroccan history. 

 

5 – In his fall 2001 Ajdir speech, the king announced the forthcoming opening of the Royal Academy of Amazigh Culture (IRCAM), which was hailed by most observers as a positive move. 

 

6 – Crawford is arguably the most influential of a new breed of American researcher into matters Berber. Cf. also an article, “Essentially Amazigh: urban Berbers and he global village” (Crawford & Hoffman 2000). Another article on the history of Morccan Berbers (Saad 2000), though more archive- than fieldwork-based, highlights the Amazigh situation in a fairly objective manner. 

 

7 –This obsession with theory can effectively stymie fieldwork or channel it into the wrong direction. The present writer once witnessed a bevy of Grenoble-based geographers discussing research problematics far into the night at a hotel in Immouzzer-du-Kandar (Moroccan Middle Atlas) on the eve of a field-trip to the Bou Iblane area (September 1998). This conversation was continued the next day in the coach that was transporting the party up into the foothills, to such an extent that little attention was paid to the stunning scenery outside. They might as well have stayed put in their hotel! 

8 – For example, among the Ayt ‘Ayyach, Bou Salim al-‘Ayyachi is the famous forbear; for the Ayt Seghrouchn, a simple baraka-possessing shepherd who shrivelled on the spot the panther that threatened to attack his flock; among the Ayt Hadiddou, one important segment claims descent from a common ancestor, Midoul (Laoust, 1932 & 1934). 

 

9 – Examples abound: Tafraout n-Ayt Ouallal in the ‘Ayyachi massif; Almou n-Ayt Ndhir in the Taaraart valley; Tizi n-ou-‘Atta (referring to a brief XVIIIth-century foray by the Ayt ‘Atta) between Ayt Fedouli and Ayt ‘Ammar (Ayt Yahya), etc. 

10 – A well-known proverb firmly separates Morocco’s religious capital from the Souss region (of which the Seksawa is a notional part): “Poetry belongs to the Sous, water to the Tassaout, science to Fez”, (amarg i sus, aman i tassawt, lεilm i fas!”). For this reason it is unfortunate that Lecestre-Rollier should go out on a limb to perpetuate these questionable theories. 

 

11 – Marcy was possibly the wrong candidate for Lecestre-Rollier to pick on, having proved one of the most innovative and insightful Berber scholars the Protectorate period ever produced (Hart, 1997). Today, IRCAM observers such as Mohamed  Chafik and Fatima Boukhris have paid tribute to his work (Peyron, 2005a). There is also slight confusion in the article over Tamazight tribal names: we come across Ayt Nder and Ayt M’tir as if they were separate tribes (Lecestre-Rollier & Garigues-Creswell, 2002, p. 10), whereas this is the same unit; referred to in Arabic as Beni Mtir, in Tamazight as Ayt Ndhir. Nor is it fully clear whether the authors have fully appreciated that u-taða is the singular of ayt taḍa (2002, p. 11). The term for ‘woman’ (tamġart) is misspelled, viz. ‘Tamgart’ (2002, p. 13), while the Arabic term for ‘shame’ (ḥašuma) is used instead of the more correct Tamazight term leḥšumt (2002, p. 15), the case study being about mountain Berber, not urban, society. Nor is a closely-related term lḥiya (‘shyness’, ‘modesty’), mentioned. Minor shortcomings, for sure, but difficult to countenance in an article by Morocco specialists. The bibliography is incomplete, Hart’s 1981 book on the Ayt ‘Atta being listed, but his 1984 effort left by the wayside. 

 

12 – Case of a Tounfit (Ayt Yahya) family who, to hedge their bets, married two of their daughters to men living in relatively faraway villages: one in Tagoudit south of Jbel Maasker; the other finding a husband among their northerly neighbours, the Ichqiren. In both cases, the girls were back under the parental roof before the year was out. Cf. M. Peyron (1996). 

 

13 – Recent bibliographical sources on the history and human geography of the High Atlas are conspicuous by their absence, including Crépeau & Tamim (1986), Benabdellah & Fay (1986), Hart (1993 & 1996), Maurer (1996), Kraus (1997), and several by M. Peyron (1976, 1984, 1992, 1994, 1998-1 & 1998-2, etc.). 

 

14 – Brun and Jaafar paid this writer a visit at AUI in the spring of 2007, but neither party was able to convince the other of the authenticity of their claim to have found the Qala’at. The visitors said they would attempt to visit Zaouit Had Ifrane, but their plans fell through. (The present writer visited El Gara in early June, 2011, but remains unconvinced that it is the genuine Qala’at site.)

 

15 – Discussion with Prof. Pierre Guichard (Lyon-2 University) at the “Maroc des résistances” conference, IRCAM, Rabat, autumn 2004. 

 

 

16 – Discussion with a Moroccan historian, Dr. Mostafa al-Qadery, Al-Akhawayn University, Ifrane, spring 2008. 

 

17 – Discussion with local authorities at Ribat al-Kheir (September 1973) and Tounfit (January 1974). 

 

18 – Or may have been made to feel inferior. One of this writer’s Arabic-teaching Berber friends from the Rif relates how an Arabic-speaking colleague, tried to put him down by asking, “What business has a Rifi like you to profess to teach Arabic!” (Discussion at Al-Akhawayn University, Ifrane, Spring 1998) 

 

19 – Should Morocco subsequently succumb to such dogma, democracy would undoubtedly become a casualty in little to no time, as has already happened, Morocco’s present Istiqlal government having, in fact, banned by decree Adgherni’s Parti Démocratique Amazigh (PDA) in April 2008. 

 

20 – Not exactly new. Similar attitudes prevailed in the XVIIth century, a fact commented upon by C.R. Pennell (1991). 

 

21 – Quite a few of today’s Imazighen think the idea of retaining customary law (izerf), at the heart of the 1930 dahir, was excellent. In fact researchers such as Boudhan & Mounib (1998), Khettouch (2004 & 2005) regret its passing  What is deplored is the manner in which the French authorities presented the problem, not to mention subsequent Berber negationist attitudes that pervaded urban Moroccan circles, together with the generally bad reputation that Imazighen gained as a result of the exercise. 

 

22 –This was achieved by another of the writer’s acquaintances, a certain Al-Johadi, a remarkable scholar of Arabic perpetuating the respectable tradition of the Soussi ṭṭelba, and who personally presented a copy of his Koran to the Al-Akhawayn library in April 2008. While its impact reader-wise may have been minimal, its very existence has proved that a more broad-minded approach in Morocco to this much vexed topic is possible. 

 

23 – There is considerable evidence of this on the Web, especially in a weekly electronic news-letter entitled Tabrat. Furthermore, pro-Amazigh path-side graffiti, some it highly subversive, has been appearing over the past year in secluded nooks of the Eastern High Atlas (Asif Melloul, Tatrout gorge, etc.) as this writer can attest personally, and of which he has documentary evidence. 

 

24 – A typical example: the way a peaceful demonstration in Imilchil (spring 2003) escalated into a riot after the makhzan had refused to listen to the villagers’ complaints about the town’s inadequate facilities, and proceeded to deploy the “heavies”. Similar demonstrations in August 2007 in SE Morocco (Dadès, Imteghren, Tounfit, etc.) likewise led to maxzan repression. 

 

25 – On the other hand, this writer has been informed by IRCAM officials that they have software enabling   conversion of a Tamazight text from Tifinagh into Latin transcription at the press of a button. M. Brett and E. Fentress (The Berbers, 1996, p.280) also refer to the existence of such a device. 

 

26 – In particular, Saib emphasizes the fact that, so far, it has only been visualized by the powers that be as better preparing the pupil for acquisition of Arabic. By consulting Amazigh Days at Al Akhawayn University (2004), Buckner would likewise have read other well-documented papers on Berber identity, the Tamazight teaching issue and Tifinagh, in articles by Fatima Sadiqi (2004, pp. 34-39), Moha Ennaji (2004, pp. 113-130), Mefatha Ameur and Aïcha Bouhjar (2004, pp. 132-138). 

 

27 – This, for example, was widespread among the Ayt Yahya of Tounfit in the 1970-1980 period, though  the practice is now discontinued by many women in favour of the simple Berber head-scarf, or, in some Ayt Sokhman villages further west (Boutferda, Cherket, etc.), of the Islamic-inspired hižab

 

28 – Many French researchers have a rabidly protective and short-sighted attitude to la défense de la langue française, a point that comes strongly home at international conferences, to the point of ignoring papers read in English, or actually refraining from attending the proceedings, apparently to avoid any exposure to that language! This writer, a former regular member of the French AFEMAM research association, can attest that at joint AFEMAM/BRISMES conferences at Warwick, UK (1993), Aix-en-Provence (1999) and Mainz, Germany (2002), this was a most noticeable and regrettable fact. 

 

29 – In Morocco there have been scores of IRCAM publications since 2003 not to mention various conference proceedings on Amazigh-related matters at Al-Akhawayn (Ifrane) AUI; also journals in Europe such as Awal, EDB (Paris) and ROMM (Aix-en-Provence). 

 

 

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Chronique cinématographique : « La maison jaune », film amazighe d’Amor Hakkar (2008)

Posté par Michael Peyron le 12 janvier 2011

Chronique cinématographique : la « Maison Jaune » (axxam awraġ), film amazighe d’Amor Hakkar (2008)

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             Affiche du film « La maison jaune » (photo : www.lamaisonjaune-lefilm.com)

 Il est rare que je me laisse entraîner au cinéma au hasard. C’est pourtant arrivé avant-hier quand une journaliste marocaine, Yasmine Belmahi et sa mère nous ont proposé, mon épouse et moi, « d’aller voir un film algérien » au Centre Culturel français de Rabat. Je ne savais pas très bien, à vrai dire, à quoi m’attendre. Quelle ne fut ma surprise, au bout de quelques minutes de constater qu’il s’agissait d’un film où les rares dialogues étaient très majoritairement en berbère. Plus exactement dans  le parler amazighe tašawit des Aurès (awras). 

Le film dure à peine plus d’une heure et quart, mais je dois avouer que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. En un mot, il s’agit de Mouloud, fruste cultivateur  de la région de Khenchela (joué par Amor Hakkar, à la fois premier rôle et metteur en scène), dans les piedmonts des Aurès, à qui l’on vient d’apprendre qu’il a perdu son fils, Belqacem. En effet, immut memmi (« mon fils est mort ») va devenir le leitmotiv du film. Phrase courte, dramatique, mais qui résume parfaitement la situation, alors que ce pauvre bougre, avec ses faibles moyens, va s’échiner pour ramener au bercail la dépouille de son fils. 

Par-delà la simple dignité du père devant le malheur qui l’accable, on est frappé par la solidarité du groupe qui se manifeste devant la mort. Par la bonté gratuite dont font montre plusieurs protagonistes. Le policier qui prête un fanal lumineux pour éclairer le père dans sa chevauchée nocturne ; le chauffeur de taxi qui, par deux fois, va lui prêter main forte. L’employé de la morgue qui le suit en voiture pour lui remettre, sans autre forme de procès, l’autorisation de transport pour un cadavre sur la voie publique. La communauté locale, aussi, formant bloc autour de la famille lors des obsèques. Une fois le fils bien-aimé porté en terre, tout tourne autour du deuil de la mère, inconsolable car n’ayant pu prendre congé du défunt. Le brave père va jusqu’à consulter le pharmacien quant à un éventuel remède contre ce légitime chagrin (ḥizn) maternel. La mère ne se nourrit plus ; les filles essaient en vain de l’amener à faire honneur au plat (ečč a yemma !).  On repeint même la demeure familiale en jaune, on procure à la maman un chien de compagnie. Mais celui-ci se sauve (irwel) ; puis revient. Rien n’y fait. 

Par bonheur, le père trouve une cassette vidéo dans les affaires de son fils et remue ciel et terre pour trouver le moyen de la visionner. Dans la ville la plus proche, chez un restaurateur qu’il fournit en pommes de terre, se trouve la clef du problème : un téléviseur muni d’un lecteur de CD. La cassette s’avère avoir appartenu au fils et contient un message de lui, annonçant son prochain retour. Le téléviseur, monnayé contre 80 livraisons de patates, est ramené à la maison. Tout paraît accompli ; il suffira d’apporter au restaurateur des livraisons de légumes (ad as nawi baṭaṭa, dit Alya) Mais il reste un dernier écueil : en l’absence du courant électrique il convient à tout prix de faire faire un brašma sur le réseau local.  

Face à l’inertie de l’administration locale le père éconduit revient en premier lieu bredouille. C’est sans compter avec la résolution de la mère, femme berbère exemplaire (interprétée par Tounès Ait-Ali), car « Ce que femme veut, Dieu le veut ! ». C’est elle qui va insister, non sans mal, pour être reçue chez le wali, afin d’obtenir gain de cause. Magnifique que cette scène enfin, où, ayant visionné la cassette, ayant aperçu le fils chéri, ayant pris connaissance du message d’adieu, le visage de la mère s’éclaire enfin d’un fugitif bonheur. Le fils ayant pris congé, par CD interposé, la mère apaisée consent à revenir en toute sérénité vers le monde des vivants. Reprendre pleinement sa place au sein de la famille.  Famille où l’ainée de ses filles, Alya, beau brin de fillette de 12-13 ans (joueé par Aya Hamdi), qui nous gratifie d’une berceuse (‘Silence, ô mon fils’, susem ya memmi) et  assume déjà pleinement son rôle de soutien actif au père. C’est un aspect de la vie de famille amazighe que j’avais déjà commenté dans un de mes articles (La mujer tamazight de Marruecos central), publié à Melilla en 1999, où j’avais mis en exergue cette capacité qu’ont les femmes, voire les filles berbères, d’assumer une responsabilité lourde face aux aléas du destin. De suppléer aux absences, le cas échéant aux carences des hommes. Or, ici, c’est le défunt frère ainé qu’elle remplace au pied levé, toute fillette qu’elle est.  Défunt frère que l’on aurait voulu mieux connaître, autrement qu’à travers une vidéo, car il nous devient sympathique par la franchise avec laquelle il annonce sa nostalgie du pays (tamurt), sa ferme intention de revenir sous peu. Mais cela ne pouvait être. Autrement il n’y aurait pas eu matière à filmer. Et c’eut été dommage, car c’est d’un véritable petit chef d’œuvre qu’il s’agit ! 

Un mot enfin, concernant l’amazighité du film, guère mise en exergue par d’autres comptes-rendus parus dans la presse, exception faite pour les sites web amazighes qui ont été intarissables d’éloges ; sans oublier que ce film a été primé à Agadir au festival du film amazighe d’octobre 2010. Pour un habitué des communautés amazighes de l’Atlas, qui comprend quelque peu la langue berbère, les sous-titres en langue française sont à peine nécessaires ; c’est un bonheur que d’entendre ainsi parler en amazighe les habitants d’une région où l’on m’avait laissé entendre que la tašawit avait pratiquement disparu face à l’arabe.  Cela prouve aussi que lorsqu’on connaît un ou deux parlers, la Tamazight et la Tachelhit dans mon cas, il est relativement aisé d’appréhender une autre composante de la langue berbère. Ceci afin de confondre ceux qui prétendent que l’inter-compréhension entre parlers est non-existante, et qu’il s’agit simplement d’une poussière de patois épars !

michael.peyron@voila.fr 

Rabat,  le 12  janvier 2011 

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English translation of traditional Berber poetry

Posté par Michael Peyron le 3 décembre 2010

English translation of traditional Berber poetry

by Michael PEYRON

  Front cover

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   Back cover

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  The present writer is pleased to announce the forthcoming release on the market of his translations from traditional Amazigh verse – Berber Odes:  Poetry from the Atlas Mountains of Morocco, Poetry of Place series.

ISBN 978-190601 128-4      Price £ 6.99        May be ordered from:-

Eland Books, 61 Exmouth Market  Clerkenwell, London EC1R 4CL

Further information available from Rose Baring at rose@travelbooks.couk

 

 

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Hannibal crosses the Alps – 2: Queyras

Posté par Michael Peyron le 13 octobre 2010

Résumé – Avec nos fidèles compagnons Eric Hatt et Michel Morgenthaler nous avions déjà parcouru le val d’Ambin, le lac Savine, et le Clapier, sur les traces d’Hannibal, ses éléphants et ses cavalier numides, sans parler de nos excursions passées avec Fernand Beragner et Jo Pramotton au Mont Viso et, surtout, au Mont Cenis. Intéressé, mais guère convaincu, ni par le Clapier, ni par la Traversette comme étant le « col d’Hannibal », il paraissait opportun de voir de plus près certains cols du Queyras: Agnel, Col de Lacroix, Malaure. Visiter, également, l’ancienne voie suspendue, à mi-hauteur de la gorge du Guil. Déterminer la faisabilité des ces points de passage, autrefois à la mode, mais depuis en grande partie délaissés par les spécialistes du grand général carthaginois. Nos investigations queryrassiennes devaient s’avérer passionnantes ; mieux, elles démontraient clairement que bon nombre de points positifs militaient en faveur de ces trois cols. Une autre conclusion pouvait se défendre : Hannibal n’aurait-il pas emprunté deux cols différents, bien que voisins, pour des raisons de disperson stratégique ?

Tracking Hannibal over Queyras passes (October 4-7, 2010)

by Michael PEYRON  

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  E. Hatt on path between Col Lacroix and La Monta, Oct. 5 2010 (photo: M. Peyron)

An earlier article on this website sketched out the search for Hannibal’s col and summarized the author’s own endeavours in the field, chiefly around the Clapier and Traversette passes. The present entry is the fruit of four days spent in the Queyras at precisely the time of year when Hannibal carried out his historic crossing of the Alps. We had decided to concentrate our investigations there since various factors pointed to this region of the Alps as containing several likely cols, not to mention a slightly unscientific sort of intuition on our part pointing to a more southerly route, based on Hannibal’s understandable reluctance not to venture too far north on a time-consuming roundabout route, together with references in Polybius/Livy to the river Durance (Druentia), and to envoys bearing olive leaves (unknown in Tarentaise or Maurienne). Actually, a case can be made out for no fewer than four Queyras passes, all of which had been referred to as possible Hannibalic sites on earlier occasions by other researchers. First and foremost, the Traversette, (or Col du Viso) chief rival of the Clapier Pass for Hannibalic honours (cf. Guillaume, De Beer, Prevas & Mahaney), which we decided to ignore this time around, having been over it during a couple of previous tours of the Viso. 

The Guil gorge 

Once we had decided to limit our investigations to the purely Alpine part of the traverse, we considered the feasibility of the Guil gorge (or Combe du Queyras). There is little doubt that a follow-through of the Guil from near present-day Guillestre to Château-Queyras would have proved extremely arduous, natural obstacles alone making it an ideal venue for an ambush. This would have appeared to have tallied with the local tribes’ apparent game-plan: luring Hannibal off the easy Mont-Genevre route and up into the killing-ground of the treacherous Guil gorge. An episode richly documented by Mahaney (2008). Admittedly in early October the water-level is practically at its lowest, facilitating the passage of men and pack-animals along the river-banks, yet this is rendered awkward in places due to the presence of pebbles, rocks and large boulders. Up to the early XXth century, for their travels on foot, Queyrassians from the Upper Guil had three ways open for communications with Guillestre: 

1)      a right-bank high-level route for summer and early autumn, now used by a section of the GR 58 foot-path running via Château-Queyras,Villargaudin, Vale of Furfande and Col Garnier (an itinerary dating back to pre-Roman times and defended by Guillaume as Hannibal’s probable itinerary; 1967, pp. 67-69).); 

2)      the old, so-called  “Voie romaine”, a medium-altitude, right-bank path via Les Escoyers, La Lauze, Villeneuve, and Les Girards, maintained at the expense of much labour by locals and  used chiefly in winter; 

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  Our guide, M. Debrune, with author on voie romaine above Guil gorge, Oct 7, 2010, (photo: M. Morgenthaler)

3)      the deeply entrenched Guil gorge itself, impassable from November to March because of snow and ice, and in April-May due to flooding.  If he came through here at all, Hannibal obviously had the choice between top and bottom, the medium-altitude route being unsuitable for the passage of an army. On the morning of October 7, 2010, kindly guided by Marylène Debrune from the Chalet du Lonza (at Abriès, where we had stayed for three nights) we followed it for an hour or so from Les Escoyers to just below Le Chatelard and negotiated a footpath that sometimes developed into a ledge-trail, bolstered with logs, overlooking stupendous drops.

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  Medium-altitude R-bank ledge-trail below Le Châtelard, Guil gorge, Oct 7, 2010 (photo: M. Peyron)

In fact, it is so dangerous that it remains un-waymarked to this day, the local mayor being understandably reluctant to bear responsibility for any hiker who might care to risk life or limb along there. The existence of the more congenial Col Garnier/ Vale of Furfande route, however, enabling Hannibal to outflank the Guil gorge, quashes the argument, put forward by some experts, that an invading army would never have been enable to penetrate the Queyras region. 

Col d’Agnel 


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  The Rocher d’Hannibal & commemorative plaque,below Col d’Agnel (photo: M. Morgenthaler)         

Dismissed by many (including this writer in an earlier article) as a poor choice, on closer inspection the Col d’Agnel actually proves a fairly promising candidate. Relatively high at 2744m, it presents several favourable factors: a large, gently sloping expanse of ground at and below the top on which other armies have bivouacked; the Torrent d’Agnel valley would have provided water and firewood aplenty; the initially steep eastern (Italian) slope but not totally impassable, comparing favourably with other cols in the area. A plaque on “le Rocher d’Hannibal”, referring to the passing of Carthaginian troops is meagre enough proof, but it’s there! A recent researcher also believes that here we have “le col perdu d’Hannibal” (Morabito, 2003, p. 109). The nearby peak of Pin de Sucre is offered as Hannibal’s vantage-point for the pep-talk he gave his troops, Italy being plainly visible from the top.  

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 M. Morgenthaler & E. Hatt at abandoned Alpini hut, Col Lacroix, Oct 5, 2010 (photo: M. Peyron)     

   Col Lacroix     

A much lower pass, the Col Lacroix (2299m), would be the almost perfect choice, with initially passable slopes on the Italian side, were it not for a particularly steep section above the Jervis Hut. Defended as Hannibal’s pass as early as the 1830s by Imbert Desgranges, a Grenoble magistrate, it had already been disqualified for that very reason (Schaub, 1854, p. 9). However, such steepness is not necessarily incompatible with Hannibal’s crossing as Livy mentions a particularly steep section at one point on the descent, where the famous episode of the vinegar-fired rock could have been situated. A propos of this incident, it should be borne in mind that ancient armies used to stock vinegar for the troops, as a mild pick-me-up or pain-killer.   

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  Path through gold-tinted larch forest on climb to Col Lacroix, Oct 5, 2010 (photo: M. Peyron)  

Accessible in less than two hours from the valley-floor (La Monta or l’Echalp), it is approached up easy zigzags and gentle gradients through gold-tinted larch forest (in autumn), till the open valley-head immediately below the col is reached. 

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    On path from l’Echalp: possible camping area slightly below Col Lacroix (photo: M. Morgenthaler)  

 This strip of ground (used nowadays as a summer grazing-ground by local shepherds) would have constituted an ideal camping area, thanks to the proximity of fire-wood, abundant springs and plentiful fodder for animals. The Lacroix was historically much used as a link between the Queyras and Pellice valleys, being the only feasible supply route since medieval times for Queyrassians in need of fresh fruit and vegetables, or for Italians employed in the salt trade (according to Stéphane Simiand of Ristolas). Under Mussolini, and again more recently, a road project was briefly contemplated.  Nowadays there is an an abandoned Alpini hut at the col itself, with the former border post – « Refuge Napoléon« , dynamited by the Italians in World War II - just below on the French slope.

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 Potential Hannibalic country from Col Lacroix: Monte Granero (R), Oct 5, 2010 (photo: M. Peyron)

   Col de Malaure 

   With its steep slopes on both sides, the Col de Malaure (2522m) is possibly the most spectacular of the passes visited. An important point: the plains of Italy are readily visible from the summit (Bonus, 1925 & Torr, 1924), although on October 6, 2010, rather typically, lombarde conditions (known as nebbia in the Queyras dialect) prevailed, somewhat hampering visibility.

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  Author at Col de Malaure with nebbia conditions impeding view of plains of Italy, Oct 6, 2010 (photo: M. Morgenthaler)

This for the famous harangue to the troops, or more probably to Hannibal’s immediate entourage, perhaps his staff and OCs and 2-in-Cs of the Numidian, Gallic and Iberian troops, as it would have been difficult to get more than 50 or so people to stand up there – certainly not 26,000!

 

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  Author’s companions measuring slope on Italian side of Malaure pass  (photo: M. Peyron) 

However, over 50m on the E side, the slope is somewhat steep, though not impossible for Hannibal’s engineers to cope with, to have allowed the elephants to descend to a spur, after which a small alpage is seen, next to a former outpost of Italian Alpini troops.

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 Abdanoned Alpini outpost on Italian side of Col de Malaure (photo: M. Morgenthaler)

From there on, the path zigzags downward to gentler slopes, after which there is no visible difficulty till the green expanses of Alpa Crossenna are reached. Beyond that point the going is easy into the Pellice valley and much flatter ground, with the plains a few miles away. In terms of relative ease of access and speed, then, the Malaure pass scores handsomely. And yet it loses out in comparison to the Lacroix, in terms of suitable camping. There is, for sure, a sizeable area below the col on the west side with good grazing, and even a totally flat area measuring about an acre, with a small rain-water tarn.

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 Potential bivouac area below Malaure pass on French side (photo: M. Peyron).

Otherwise, in early October 2010 there was not a drop of spring water at this height. During their 2-day bivouac at altitude – allowing stragglers to catch up – the Carthaginians would have had to send frequent foraging parties some 300m down the W slope to fetch water and fire-wood. The Malaure is a wild spot, this impression enhanced by the immature Golden eagle that circled above our heads and the lone, big-horned male Ibex who surveyed us proudly from a spur above the col.

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 E. Hatt coming down off the Col de Malaure (top centre) on Valpreyvère path, Oct 6, 2010, (photo: M. Peyron)

Conclusion 

Our interest in the above passes may appear untimely.  For instance (apart from favourable forum opinions expressed on the web by Queyras-based bloggers), neither Col Lacroix nor the Malaure, have been fashionable in recent times in discussions surrounding Hannibal’s possible route, though the latter would appear to have acquired an influential backer in the person of John Prevas (Simiand, 2002). Even Col d’Agnel boasts relatively few supporters, one of whom, however, after painstaking scientific research, has recently selected it as the probable pass (Morabito, 2003).

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  Upper Guil valley with Malaure, Lacroix and Agnel passes, highlighting Traversette route (map by A. Guillaume, 1967)

Of the three cols we visited the Agnel certainly appeared the most suitable for elephants, while high (2744m) enough to retain late snow (this to suit classic descriptions of conditions on descent), despite the fact that there was only a dusting of fresh snow there when we visited on October 4, 2010.  Finally, to achieve strategic dispersal, we believe that Hannibal may have divided his task force into separate detachments and simultaneously crossed over two or three passes, a view already aired by Guillaume (1967, p. 112). In the light of the above in situ investigations, then, our contention is that the Queyras passes in question appear to have provided the most suitable combination for a successful crossing of the Alpine range, possibly over more than one col, with geographic proximity on the Italian side conducive to rapid reunion between the different components. 

michael.peyron@voila.fr 

Grenoble October 2010

Text copyright by Michael Peyron; material and illustrations from same may be quoted in compliance with current academic practice.

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Bonus, A.R., Where Hannibal passed, London: Methuen, 1925. 

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Prevas, J., Hannibal crosses the Alps: the enigma re-examined, London: Sarpedon, 1998.

Schaub, C., Réfutation de l’ouvrage de M Jacques Relat, intitulé ‘Note sur le passage d’Annibal’ et défense de l’opinion de De Luc d’après lequel Annibal a franchi le Petit Saint-Bernard, Geneva: Imprim. Ch Gruaz, 1854.

Simiand, S., “Dossier: Hannibal crosses the Alps”, Le Transiton, n° 1, February 2002.   

Torr, C., Hannibal crosses the Alps, London: Cambridge University Press, 1924.

    Specimen book covers

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Useful addresses in Queyras valley

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   Lanza chalet-hotel situated in centre of Abriès contact@chaletdelanza.fr

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Les almu-s et agdal-s de l’Atlas oriental: état des lieux (2007)

Posté par Michael Peyron le 16 septembre 2010

Les almu-s et agdal-s de l’Atlas

oriental ; état des lieux

Colloque international: “Les agdal-s de l’Atlas marocain: savoirs locaux, droits d’accès, gestion de la biodiversité” (Marrakech, les 10,11, 12 mai 2007)

Introduction

Les massifs montagneux dont il est question comprennent le Moyen Atlas et le Haut Atlas oriental marocain. Cette communication procède à un état des lieux de certains almu-s de ce vaste ensemble, dont bon nombre d’anciens agdal-s en butte à la déréglementation, assortie d’atteintes diverses. Nous nous efforcerons, à travers les savoirs locaux, de démontrer ce qui perdure de ces règles d’accès aux parcours d’altitude ; d’examiner le fonctionnement actuel des agdal-s sur le plan de l’interaction socioculturelle; d’établir le bilan d’une bien précaire biodiversité (assortie de notes ornithologiques) ; d’attirer l’attention sur la situation préoccupante des agdal–s de l’Atlas marocain et de propose quelques solutions.

Les savoirs locaux

Le terme almu est employé pour désigner un herbage d’altitude. Chez les pastoraux de langue amazighe il revêt une connotation positive ; d’un homme heureux on dira, iy-as ul almu (‘il a le cœur en fête’). La poésie locale, par ailleurs, reflète un imaginaire sous-jacent riche en allusions :-

Quiconque détient destrier, tapis, fusil, la belle calée
Sur selle, fera halte sur gazon fleuri, entendra théière
Chanter ; pourra alors l’adversité défier ! (Roux & Peyron 2002)

Considérons également ce distique, tiré du répertoire d’un barde nomade :-

Petit gazon, demeure tel que tu es ; deviens, au besoin, desséché ;
Peu m’importe, dès lors qu’à tes fleurs j’ai goûté ! (Peyron 1993)

Ajoutons-y proverbe qui résume le regard que porte sur la vie un Amazigh du Moyen Atlas :-

Trois choses comptent ici-bas : les belles femmes,
La danse de l’ahidus, et l’herbe des verts pâturages ! (Peyron 1992)

Modalités d’accès

Tout almu n’est pas obligatoirement un agdal. Il ne le devient que suite à un accord entre les usagers des lieux, pastoraux obéissant aux lois de la transhumance. À l’époque ancienne où s’appliquait l’izerf (‘droit coutumier’), si un almu était jugé indispensable à la survie des troupeaux du groupe, l’assemblé (jemmaâ) prenait la décision d’en réglementer l’accès et désignait, pour l’année, un amghar n-igudlan (‘cheikh des pâturages’). Celui-ci était chargé de veiller à la mise en défens de l’agdal, donnant à ce terme sa pleine signification (√ GDL = ‘protéger’, en Tamazight). L’amghar n-igudlan avait le droit, s’il surprenait sur les lieux un troupeau contrevenant, d’imposer une amende (izmaz), voire d’y prélever un bélier à titre de sanction.

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almu de xérophytes sous le Ma’asker, région de Tounfit, mai 2007 (photo: M. Peyron)

Habituellement, l’agdal de montagne était ouvert depuis fin-mai (ou fin-juin) jusqu’à la fin-septembre selon les massifs, moyennant quelques aménagements hors saison pour de petits troupeaux locaux. C’est à ce calendrier schématique qu’obéissaient les mouvements de transhumance observés pendant les années 1960/1970, notamment en ce qui concerne le massif du Bou Iblan – montée des gens de Tanchraramt vers Tisserouine (1) – ou de la fréquentation des almu-s d’Aïn Taghighat (Raynal 1960) et de Tafraout n-Serdoun dans l’Ayyachi (2).

Des modifications pouvaient être apportées à ce calendrier, à la discrétion de l’amghar n-igudlan, concernant la date de descente depuis l’estive, notamment en cas de précipitations nivales précoces. À prolonger le séjour en altitude, les troupeaux couraient de graves risques ; de plus, la neige risquait, en les aplatissant, de rendre hors d’usage les tentes des transhumants (3).

De nombreux indices laissent à penser qu’aux temps anciens, de manière à renforcer les lois qui en régissaient l’accès, il y avait sacralisation de l’agdal. En outre, les sources faisaient l’objet d’une vénération quasi-religieuse, dont subsistent des vestiges. C’est le cas de la source d’Almou n-Ouensa (4), ainsi que celle de Taghbalout n-Zagmouzen, rive gauche de l’Asif Melloul, à la limite des Ayt Hadiddou et des Ayt Sokhman.

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Berger Ou-’Ammar près d’Anefgou (photo: M. Peyron)

Parfois, le culte d’un saint local, ou agurram, est associé à l’almu voisin. Il en est ainsi du sanctuaire de Sidi Amandar, juché sur un avant-mont escarpé de 2 950m, à 5 kilomètres au sud-ouest d’Imilchil, et dont la baraka s’étend sur les pâturages de Tanoutfit, d’Almou n-Oumandar, ainsi que sur le sommet principal d’Amandar (3 037m). Effectivement, le sanctuaire comprend deux cabanes contenant un nécessaire de bivouac : bougies, nattes, vivres, combustible, etc. D’après la présence de cornes et d’ossements de béliers il y a tout lieu d’en déduire que des sacrifices propitiatoires y sont régulièrement célébrés (5). De même a-t-on relevé, dans un canton voisin du pays Ayt Yahya, des traces similaires d’immolations au sommet du Tizraouline (3 118m) – ceci à mettre en rapport avec la fréquentation de l’Almou n-Igri voisin (‘pâturage des grenouilles’) (6).

Par ailleurs, en faisant appel aux forces surnaturelles, la tradition orale peut renforcer la magie des lieux, de façon à éviter toute infraction aux lois de la transhumance. Les Ayt Warayn (notamment la fraction des Ahl Tanchraramt) qui fréquentent en été les parcours de Tisserouine dans le Bou Iblane, désignent un amoncellement rocheux en expliquant qu’il s’agit là « d’une vieille, sa tente, son berger, et son troupeau ». C’est la légende de « La Vieille » (tafqirt) (7). Janvier étant achevé, la vieille femme, fière d’avoir tenue en montagne grâce au beau temps du plein hiver, nargue le mois finissant. Ce dernier appelle à la rescousse son collègue Février, lequel envoie une tempête qui ensevelit et pétrifie humains, tente et bêtes – d’où les roches actuelles.

Si les ethnologues font ainsi moisson en matière de tradition orale, les scientifiques, perçoivent essentiellement les agdal-s comme contribuant à entretenir la biodiversité.

De possibles sanctuaires de biodiversité

Le tandem pâturage/zone humide, réunissant cheptel, flore, avifaune, batraciens et lépidoptères, constitue le plus fécond des biotopes. Nous en présentons brièvement quelques cas concrets.

1) Agelmam Afennourir (< ikhf n-awrir = ‘tête de la montagne’).

Situé parmi des pâturages à 1 796m d’altitude au sud-est d’Aïn Leuh, cet étang marécageux, aux abords asylvatiques, incarne la notion de biodiversité au Moyen Atlas. Site privilégié pour oiseaux aquatiques résidents et/ou migrateurs, on y recense une quarantaine d’espèces, dont certaines relativement rares. Érigé en site Ramsar, il fait l’objet d’un certain suivi scientifique, sans être entièrement à l’abri du braconnage (Peyron 2005), car une route, non goudronnée en fin de parcours, en facilite l’accès. Avec l’effondrement de la réglementation traditionnelle sur les pâturages qui caractérise le Moyen Atlas depuis quinze ans, les anciens transhumants, devenus sédentaires, maintiennent sur les pelouses riveraines une pression permanente (Chillasse & al. 2001). En effet, un nombre considérable de ces nouveaux bergers, dont des éléments allogènes (8), remplacent la classique tente berbère des transhumants par des abris permanents en pierre, bois, plastique, et « squattent » les lieux. Pour l’heure, il règne un équilibre précaire à Afennourir entre avifaune et transhumants, la proximité d’une pelouse de joncs (Juncus bufonius), ainsi que des îlots de végétation aquatique (Scirpus holosehoeunus) permettant la nidification de certaines espèces, dont des grèbes et des canards (9).

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Pâturages en bordure d’Agelmam Afennourir, mars 2009 (photo: M. Peyron)

2) Pâturages de Tassamakt.

Situés au sud-ouest de Timhadit entre 1 850 et 1 950m d’altitude, sur les parcours de la fraction des Imrabden des Ayt Myill (Beni Mguild), ceux-ci s’étendent sur sept kilomètres entre le Ras Admar Izem au nord et les anticlinaux d’El-Koubbat (2 255m) et du Jbel Hayane (2 409m) au sud, constituant un des plus vastes ensembles de pacages du Moyen Atlas occidental. Site exceptionnel, combinant pelouses sèches, semi humides, voire humides (présence de nombreux étangs saisonniers), il a été contaminé en un premier temps par l’installation d’une exploitation de schistes bitumineux, opérationnel au début des années 1980 (site dit « de Beqrit » fermé depuis, Peyron 2000), avec construction d’un axe goudronnée, le CT 3389, et édification d’une école. En un deuxième temps, dans le courant des années 1990, l’accès étant ainsi facilité aux pastoraux, ceux-ci se sont installés en force (Johnson & Bencherifa 1993). Ainsi peut-on actuellement y dénombrer au moins dix bergeries permanentes, chacune abritant un cheptel dépassant une centaine de têtes (10). Tendance généralisée à travers le Moyen Atlas, cela provoque l’effondrement du principe même de l’agdal, d’où des répercussions néfastes à terme sur les herbages : disparition de la notion de mise en défens ; pression exagérée sur les points d’eau ; impossibilité pour l’herbe de dépasser le stade de pelouse rase et apparition généralisée de gazons écorchés sur les bordures.

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Pâturages de Tassamakt, belle pelouse & gazon écorché, Moyen-Atlas, mai 2006  (photo: M. Peyron)

Il convient de faire remarquer, toutefois, qu’au moins deux zones de parcours du Moyen Atlas échappent partiellement à cette règle : celles de Zaouia Oued Ifran et d’Agelmam Sidi Ali. La première, grâce à une impulsion dynamique donnée par le maire de l’agglomération, Mohamed Fadili, a réussi à rétablir pour les troupeaux la classique alternance entre azaghar en hiver et jbel en été (11). La deuxième, comprend les nombreux pacages qui bordent la RP 21 entre le lac de Sidi Ali et le Col du Zad. Si, malgré la sècheresse, certains troupeaux des Ayt Raho ou Ali y accèdent en mars depuis Boulâajoul en Haute Moulouya, la fermeture est respectée en avril/mai. C’est à la fin-mai que devient effective la montée en estive (12).

3) Le Jbel ‘Ayyachi (Âari n-ou Ayyach).

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Champ de maïs & ‘Ayyachi vu des Imtchimen, Haut Atlas oriental, nov 1983 (photo: M. Peyron)

Troisième massif marocain par l’altitude et l’étendue, il constitue un véritable carrefour de mouvements pastoraux, dont les pâturages sont convoités, à des degrés divers, par plusieurs groupements faisant partie de la « super-tribu » des Ayt Yafelman: les Ayt Yahya, Ayt Ayyach, Ayt Merghad et Ayt Hadiddou. Dès le 17e siècle ce sont les igurramn de la Zaouia Sidi Hamza, qui, profitant de leur situation stratégique, arbitreront les conflits pastoraux dans l’Ayyachi (Peyron 1984). Démêlées inter- et intra-tribaux ayant abouti à une répartition relativement équitable des pâturages de l’Ayyachi. C’est la conclusion qui s’imposait au terme de tournées sur le terrain effectuées entre 1975 et 1991.

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Nomades Ayt Merghad, cirque de Ja’afar, mai 1969 (photo: M. Peyron) 

En effet, la fréquentation des igudlan d’Aïn Taghgighat et de Tafraout n-Ouallil, étagés entre 2 600 et 3 000m, représentait au début des années 1990 un cas assez exemplaire de compromis basé sur la coutume locale. Des transhumants Ayt Merghad et Ayt Hadiddou en partageaient l’accès avec un minimum de frictions ; les premiers montaient depuis Tattiouine au Nord par la vallée d’Ikkis et passaient le Tizi n-Tserdount (3 046m) ; les seconds, venus de Tannghrift sur le versant assamer (‘adret’), avaient franchis le Tizi n-Mawtfoud (2 788m) et le Tizi n-Bou Âadil (3 078m). L’unique source d’Aïn Taghighat (2 750m), avec sa pelouse humide, desservait une communauté nomade comptant une trentaine de tentes en juillet/août. Après l’arrivée en estive à la fin mai, les dromadaires porteurs divaguaient sur les crêtes, se nourrissant de chardons et de xérophytes. La vie collective pastorale régnait ainsi jusqu’en septembre, ponctuée par la sortie/rentrée du cheptel, le salage des pierres plates à destination des ovins, des séances de réparation de tentes, de préparation du petit lait (aghu) et des soirées d’ahidus (13).

D’autres fractions Ayt Hadiddou, celles d’Ayt Yakoub et d’Afraskou, ayant également empruntées le Tizi n-Mawtfoud, une fois leurs tentes installées, se contentaient des parcours de l’Aqqa n-Tâarâart, de l’Aqqa n-Bou Oustour et de Tafraout n-Serdoun. À chaque fraction ses emplacements de tentes, reconnaissables à des cercles de pierres, et reconduits d’une année sur l’autre.

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Haute vallée de Ta’ara’art, massif de l’Ayyachi, nov 1974 (photo: M. Peyron)

Les Ayt Ayyach des ksour de Tâarâart et de Mendaïour, quant à eux, n’utilisaient que les bas versants sud de l’Ayyachi, rive droite de l’Aqqa n-Tâarâart, à partir des bergeries d’Iblilou (2 470m) et de Tadaout n-Woudi, ainsi que certains parcours au nord-est du Tizi n-Mawtfoud (Bou Imterga).

Quatre fractions Ayt Yahya se partageaient la partie ouest de l’Ayyachi. Les Ayt Sliman de la basse vallée de Tâarâart, répartis en trois douars (Tighermine, Louggagh et Massou), accédaient aux almu-s des versants leur faisant face au sud, entre le Tizi n-Itgel (‘col du cèdre’) et le Tizi n-Mawtfoud, notamment sur l’Igourdan. Les Ayt Bou Arbi, qui occupent les cluses de l’Anzegmir entre l’Ayyachi et le Mâasker, avaient accès à l’Aqqa n-Bou Isly et l’Aqqa n-Bou Irifi (‘ravin de la soif’). Les xérophyteraies du versant nord revenaient aux Imitchimen, notamment dans l’Aqqa n-Bou Ghaba, l’Agouni n-Arfa, l’Agouni n-Tidouggwa et l’Imi n-Tkhamt. Plus à l’est sur le même versant, la dépaissance des Ayt Tawlghaout les amenaient sur les parcours de Mitqane, au pied du Tizouliyne (3 407m).

Signalons, pour compléter le recensement des pâturages de l’Ayyachi, que ce sont des éléments Ayt Merghad qui nomadisent, dès la fin-mai aux environs de Jâafar, Tafrant n-Ijimi, Agouni n-Bou Âarar, Taarbat et Tizi n-Toufli n-Wadou. À la fin-septembre ils prennent leurs quartiers d’hiver dans le vallon d’Ikkis, ou sur les glacis de piedmont au-delà de Tagouilelt (Peyron 1975 & 1977)(14).

4) Le plateau des Lacs et sa bordure nord.

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Transhumants montant de Tirghist vers le plateau des Lacs, mai 1998 (photo: M. Peyron)

Il s’agit d’un vaste synclinal perché riche en biodiversité, centré sur une zone de pâturages – Izlan et Igran n-Igenna (‘champs du ciel’) – entourant le célèbre Plateau des Lacs, qui se partage entre pozzines, pelouses sèches et steppe à armoise (Sghir & Fennane 2003) ; en altitude, apparaît la steppe semi-aride de montagne à xérophytes, de type méditerranéen froid.

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almu pour équidés, Tizi n-Inouzan, oct 1997 (photo: M. Peyron)

En bordure, s’élève une guirlande de montagnes arides, jouxtant d’autres pacages (Amalou n-Inouzan et Tizi n-Taoughrist) ainsi que la cédraie des Ayt Yahya. C’est à près de 3 000m d’altitude dans les escarpements du Fazaz et du Hayim voisins, qu’apparaît le mouflon à manchettes (Ammotragus lervia), au sein d’une zone érigée en SIBE (Site d’Intérêt Biologique et Écologique), laquelle constitue le noyau du futur PNHAO, ou Parc National du Haut Atlas Oriental (Billand 1996). Démarche environnementale, depuis longtemps annoncée, qui souligne le caractère privilégié de cette zone sur le plan faunistique, ainsi que l’absolue nécessité d’une prise de conscience collective de la part des riverains – des ksouriens de Tirghist notamment – quant à l’utilité que revêt pour eux un parc bien géré, générateur de devises, et dans le suivi duquel ils seraient nécessairement impliqués (Bourbouze 1997 ; Peyron 2004). Le mouflon, autrefois menacé, était présent à hauteur de 156 têtes en octobre 1997, d’après un comptage effectué par des Volontaires de la Paix américains (15). Pour le moment, les habitants de Tirghist se plaignent de ce que les mouflons broutent leurs cultures (tshan-akh luhush ! disent-ils), d’autant plus que ces mammifères, bénéficiant de mesures de protection, s’étendent à l’est dans l’Aberdouz et le Wilghissen, ainsi qu’à l’ouest vers le Msedrid, l’Isswal, l’Iger n-Igenna et le Tawjjâaout, broutant les graminées et herbacés de ces massifs, et entrant en compétition avec les ovins et caprins domestiques.

Deux groupements de populations montagnardes ont majoritairement accès au Plateau des Lacs :-

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Transhumance d’Anefgou en direction du Tizi n-Inouzan, mai 2009 (photo: M. Peyron)

1) les Ayt Ameur d’Anefgou : cette ancienne fraction Ayt Hadiddou relève actuellement de l’Annexe de Tounfit, étant inféodée aux Ayt Yahya depuis 1933. Le Capitaine Parlange (burlanj) des Affaires Indigènes avait alors fait remarquer aux Ayt Ameur, occupant un canton remarquable par la qualité de ses cédraies, qu’ils avaient désormais intérêt à faire partie du commandement de Tounfit, dont l’autorité les protégerait contre les incursions nocturnes de leurs frères Ayt Hadiddou d’Imilchil, voleurs de bois réputés (16);

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almu de Taghighacht, Haut Atlas d’Imilchil, mars 1977 (photo: M. Peyron)

2) les Ayt Yâzza, fraction importante des Ayt Hadiddou de l’Asif n-Tilmi (notamment ceux de Taghighacht) et de l’Asif Melloul (région d’Imilchil). Ils se doivent, cependant, d’y accueillir sans rechigner d’autres éléments Ayt Hadiddou venus des Isellaten (Ou-Terbat), ainsi que des Ayt Brahim du Haut Asif Melloul. Ces dispositions, cependant, ne s’étendent pas à leurs cousins situés sur le versant sud, ceux de l’Imdghas (Haut Dadès), d’où la tribu est originaire. Ce modus vivendi est l’aboutissement d’une longue série de confrontations entre fractions, ayant marqué la période précoloniale, et dont l’enjeu était l’accès aux agdal-s du Plateau des Lacs. Quoi qu’il en soit, cette situation, perçue par certains groupements comme légitimant leurs droits d’estive, remise en cause par d’autres, aura été l’objet de litiges incessants, même si le fait d’accéder aux pâturages d’Izlan demeure un très fort symbole d’unité parmi les Ayt Hadiddou (Kraus 1998).

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almu au bord de l’Asif Melloul, en amont d’Imilchil, oct 1997 (photo: M. Peyron)

Les igudlan du Plateau des Lacs ont subi une dégradation inexorable pendant les années 1975-1989, période marquée par un début de stress hydrique significatif. Le schéma de fréquentation, déjà signalé (Couvreur 1968 ), était le suivant en 1979: les ksouriens de Taghighecht disposaient de bergeries permanentes entre Izli et le Tizi n’Irig, ainsi que d’une demi-douzaine dans l’Aqqa n-Ouanine (17). À la fin mars, leurs troupeaux d’un effectif inférieur à une cinquantaine de têtes, avaient encore droit d’accès aux igudlan. Suivait la mise en défens totale (avril-juin) ; à la fin juin c’était la montée en estive d’autres fractions, qui campaient sous la tente. L’accès à d’autres pâturages pouvait être différencié : ceux de Tanoutfit et d’Amandar, par exemple. Ils étaient occupés dès la fin mai 1978 par des transhumants Ayt Hadiddou d’Ou-Terbat.

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Pâturage d’automne en bordure du Plateau des Lacs, Ayt Hadiddou, oct. 2002 (photo: M. Peyron)

Lors d’un passage en septembre 1982, nous avions constaté une accélération du phénomène de surpâturage, notamment entre Izli et l’Aqqa n-Moutzeli, marquant les effets secondaires d’une série d’années de sécheresse ; impression confirmée en juillet 1989, époque à laquelle les pâturages d’Igran n-Igenna, massivement transformés en gazons écorchés, présentaient un aspect de dust bowl (Peyron 1992). Simultanément, une autre tendance pouvait être constatée : l’extension sauvage de l’habitat dispersé en bordure des igudlan, accompagnée de mises en culture sur les piedmonts nord du Msedrid et de l’Âari n-Tghighecht (18). Il m’a été confirmé alors que les dispositions habituelles d’accès aux igudlan n’étaient plus respectées en raison de périodes de stress hydrique prolongé. Si on a pu assister (juillet 1991) à une timide tentative de restauration de l’ancienne réglementation, avec désignation d’un amghar n-igudlan stationné à Tasgount, cette initiative semblerait être restée sans lendemain. Effectivement, en mai 2007, à une période où auparavant s’appliquait la mise en défens, on nous annonçait que l’accès aux pâturages était libre pendant toute l’année. Triste constat ! Ainsi, le 20/05/2007, a-t-on pu dénombrer sept troupeaux de plus d’une centaine de têtes sur les pacages entre Izli et l’Aqqa n-Moutzeli. Autre signe d’incurie pastorale : le cadavre d’une brebis flottant au fond du puits situé au bord de la piste qui mène de Tasgount au Tizi n-Irig, sur le rebord nord du plateau. Interrogé à ce propos par nos soins, un berger de Taghighecht a répondu que cela ne le concernait pas ; que cela relevait des gens d’Imilchil.

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Pâturage d’Imilchil (Plateau des Lacs) en accès illimité aux troupeaux, mai 2007 (photo: M. Peyron)

Malgré cette fréquentation pastorale accrue, à laquelle il convient d’ajouter la pollution sonore (et autre) des bivouacs de trekkeurs et des adeptes de VTT et de 4×4, phénomène déjà dénoncé (Peyron 2003 & 2004), on constate la difficile survie de la biodiversité à proximité des deux lacs – Izli et Tizlit. Le premier, aux berges érodées et dépourvues de roselières, est plutôt pauvre sur le plan faunistique; le deuxième, malgré par la pression touristique, dont présence d’une auberge (Ramou 2005), présente une faune aviaire relativement riche, dont les trois variétés de grèbes répertoriées au Maroc, favorisée par la présence de cinq importantes roselières, que des baisses de niveaux successives mettent parfois en danger. En mai 2007, toutefois, une pluviométrie généreuse avait contribué à une remontée spectaculaire du niveau des eaux.

On ne peut évoquer le Plateau des Lacs et ses bordures sans mentionner les somptueuses cédraies voisines des Ayt Yahya, dont la présence serait de nature à apporter une valeur ajoutée au futur PNHAO. Or, certains triages, loin des axes routiers et des regards indiscrets, font l’objet de campagnes d’abattage, de coupes illicites à grande échelle, de surpâturage intensif (Tarrier 2007) (19). Loin d’être tenu en échec par les rondes d’agents forestiers (20), ce fléau connaît une montée en puissance, une demande grandissante de bois pour l’ébénisterie et l’artisanat alimentant un trafique fleurissant, où chacun trouve son compte, exception faite pour l’indigent paysan marocain du coin, floué une fois de plus (Bennani 2007) (21)! Pratiques qu’il conviendrait de dénoncer et de combattre avec toute la rigueur nécessaire. De tout ceci il ressort clairement que l’ensemble altimontain que constitue le Plateau des Lacs, avec ses zones humides, pelouses d’altitude et forêts, de par la biodiversité qu’il renferme, mérite un suivi sérieux, si l’on entend le conserver pour les générations futures.

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Pâturages écorchés, est du Plateau des Lacs, mai 2009 (photo: M. Peyron)

5) Les almu-s les plus inaccessibles de l’Atlas marocain.

Il s’agit des pâturages d’Almou n-Ouensa, de Timitt, d’Asfalou n-Timitt et d’Almou n-Selloult. Site totalement asylvatique d’une grande austérité, entouré de chaînons dépassant les 3 000m d’altitude, Almou n-Ouensa est un pâturage de montagne (2 500m) situé à une journée de marche au sud-ouest d’Imilchil. Son intérêt pour la biodiversité réside en une steppe xérophytique, ainsi qu’un ensemble de pelouses rases de plusieurs hectares. Une partie de celles-ci sont semi-humides et abritent des batraciens, notamment à proximité des sources, que fréquente un rapace solitaire observé deux années de suite (2004 & 2005), identifié comme étant un  Circaète jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), et dont l’interaction avec les dits batraciens est un garant précieux de biodiversité. Bien que les poissons constituent l’essentiel de l’alimentation de son alimentation, le Circaète peut effectivement se contenter de grenouilles. Sa présence en mai est tout à fait compatible avec les couloirs de migration qu’emprunte l’espèce, compte tenu des observations dont elle a fait l’objet (22).

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Source & pâturages d’Almou n-Wensa, mai 2004 (photo: E. Hatt)

À la fin mai la présence des Ayt Hadiddou se limite à une dizaine de tentes, occupées principalement par des filles et jeunes femmes. Pendant la journée les coussinets épineux (Alysum spinosum, Erinacea antyllis, etc.) des versants voisins sont mis à contribution par les ovins et caprins, ainsi que par les femmes qui s’en servent comme combustible. Quant aux pelouses principales, elles sont fréquentées par de petits groupes d’ânes, en symbiose avec des vols d’oiseaux, qui capturent les insectes dérangés par les sabots des équidés ; il s’agit de la Bergeronnette printanière (Motacilla flava) et du Pipit spioncelle (Anthus spinoletta). Autres représentants de l’avifaune : le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), dont on observe des vols importants, ainsi que l’Alouette pispolette (Calandrella rufescens), présente à la lisière des pelouses rases. Il est à noter que la consommation d’herbe rend particulièrement nerveux les ânes en question, dont on voit certains lancés au galop, apparemment sans raison (23). En mai 2004, année humide, l’almu, d’un vert saturé, était gorgé d’eau et présentait un aspect de saine abondance. L’année suivante à la même époque, le lisières paraissaient desséchées, voir écorchées, alors que le débit de la source principale était visiblement moins important. Ceci souligne, s’il en était besoin, le caractère fragile d’Almou n-Ouensa, raison pour laquelle nous en avions proposé la candidature comme zone SIBE dans un travail antérieur (Peyron 2004).

Timitt et Asfalou n-Timitt se situent à deux/trois heures de marche au sud-ouest d’Almou n-Ouensa. On se trouve là au carrefour de la transhumance Ayt Hadiddou, Ayt Merghad et Ayt Sokhman, tristement célèbre par le passé pour ses nombreux litiges, dégénérant parfois en rixes entre bergers pouvant entraîner l’intervention sur les lieux des autorités, parfois jusqu’au grade de qayd mumtaz. Déjà, du temps du Protectorat, la fréquentation de Timitt donnait lieu à des tensions entres groupements (Couvreur 1968). Du reste, Timitt ne détient pas l’exclusivité en matière d’affrontements entre bergers ; la tradition orale locale signale à maintes reprises le même phénomène entre pâtres Ayt Abdi et Ayt Daoud ou Ali pendant les années 1990, à l’agdal de Tinguerft, rive droite de l’Asif Melloul. Les années de sécheresse n’ont fait qu’aggraver le phénomène ; ici ovins, caprins et camélidés doivent se contenter de xérophytes épineux, les pelouses étant rares, les pozzines faisant défaut – impression générale de pâturages dégradés, de manque de biodiversité (24). Deux années successives (fin mai 2004 & 2005) une quinzaine de tentes a été observée sur le site dans son ensemble. Quant à l’unique point d’eau, Anou n-Timitt, ce puits était plein à ras bord en 2004, alors que le niveau avait baissé de 30cm en 2005.

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Almou n-Selloult, mai 2004 (photo: M. Peyron)

À cinq kilomètres au sud-ouest, par un ravin escarpé, siège d’une humidité résiduelle, avec de loin en loin une tente Ayt Hadiddou sous des surplombs, ou une bergerie en pierres sèches, l’on parvient au cirque d’Allen Ighboula (‘les yeux de la source’) : champs d’orge irrigués, les premiers depuis Imilchil. On se situe à la limite entre Ayt Hadiddou et Ayt Sokhman ; les deux groupements, il convient de le souligner, semblent entretenir là de meilleurs rapports de voisinage que par le passé (25).

En remontant un vallon plein sud, parcouru par un asif (‘torrent’) on atteint le premier des almu-s de Selloult, vaste complexe de pelouses et sources, de champs d’orge également (26), appartenant aux Ayt Sokhman (fraction des Ayt Abdi). D’après nos observations (1982, 2004 & 2005), il est permis d’affirmer que les pastoraux de ce secteur n’ont plus recours à la tente, mais à des bergeries permanentes installées à proximité en ordre dispersé. À la fin mai un amghar n-igudlan y passait ses journées à veiller au bon déroulement de l’accès aux pâturages. Sa seule présence constitue un facteur rassurant : le makhzen marque ainsi son intérêt, fût-ce de façon tenue et lointaine, à ce que l’ordre règne sur place. Du reste, une aire d’atterrissage pour hélicoptère, aménagée à côté de la demeure de l’amghar n-igudlan, indique une présence virtuelle de l’autorité.

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Partie écorchée d’Almou Akhattar, mai 2005  (photo: M. Peyron)

Une conjoncture alarmante

Les cas concrets ci-dessus exposés ont permis de constater que, bien que les usagers comprennent la nécessité de règlementer l’accès aux pâturages et des écosystèmes avoisinants, on aboutit, dans la majorité des cas, au non-respect de la réglementation sur les agdal-s et les parcours forestiers avec comme résultat une perte de biodiversité dans de nombreux sites, accompagnée par une dégradation des sols. Ceci pour les raisons suivantes :-

a) les sécheresses à répétition depuis 1980, caractérisées par un stress hydrique nuisible à la survie des forêts et herbages, lesquels, de plus en plus sollicités, prennent davantage de valeur, tout en diminuant de superficie, à cause de
b) la spéculation ovine effrénée de la part de propriétaires de troupeaux citadins et absentéistes;
c) la pression touristique et démographique (implantations d’habitat sauvage), avec comme corollaire le goudronnage de nouvelles pistes de pénétration, facilitant
d) le saccage de la cédraie, animé par le trafique du bois d’ébénisterie et de menuiserie (plafonds en cèdre, etc.)

De ce fait, compte tenu de la conjoncture actuelle, les phénomènes c) et d) sont totalement déphasés, tant par rapport aux critères écologiques mondialement reconnus, qu’à la demande très forte du marché de l’éco-tourisme, dit « tourisme vert ». Situation locale particulière où, s’agissant des marchés de la viande et du bois d’œuvre, la loi de l’offre et de la demande semblerait rester souveraine, le tout assorti de « langue de bois », de pieuses déclarations d’intention, et ce au détriment de mesures effectives de préservation de la biodiversité. Conjoncture néfaste qui est en passe de gagner la totalité du Moyen Atlas, au risque de s’étendre à l’ensemble du Haut Atlas marocain. Déjà, parmi les massifs orientaux de l’Atlas qui nous concernent, les signes avant-coureurs de l’inéluctable désastre sont clairement visibles. En effet, à la vue des atteintes que subissent les biotopes, il est possible d’effectuer des projections sur une cinquantaine d’année en aval selon un scénario se déroulant en quatre stades.

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Cédraie fossile, Tizi n-Mawtfoud, vallée de Ta’ara’art, nov 1974 (photo: M. Peyron)

1° Apparition de cédraies fossiles, voire « thérophytisées » (Benabid 1995), revêtant l’aspect d’un maquis de chênes-verts comportant quelques cèdres squelettiques témoins ; exemple : versant sud du Tizi n-Ighil, région de Tounfit ;
2° chênaies aux arbres moribonds, réduits à l’état de moignons à peine feuillus ; exemple : versant nord du Jbel Harouch (2 974m), Haut Ziz ;
3° avant-dernier stade : versants à xérophytes résiduels, servant éventuellement de parcours aux caprins, devenus difficilement accessibles (mai 2007), car érodés, ravagés, par le ruissellement des orages estivaux, alors qu’en avril 1970, on y circulait facilement sur sentier ; exemple : crête du Tizi n-Ighil entre sommet-2 690 et Tizi n-Ou Houdim, région de Tounfit ;
4° phase finale : versants totalement décapés, dépourvus de végétation, infréquentables par des troupeaux ; exemple : versant dit Bou Imterga (« le raviné »), vallée de Tâarâart, massif de l’Ayyachi.

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Bouimterga (‘le raviné’), vallée de Ta’ara’art, nov 1977 (photo: M. Peyron)

Enchaînement pouvant contribuer, à terme, sur le plan écologique, à un « scénario catastrophe », d’autant plus que le réchauffement planétaire ne semblerait pas épargner le Maroc.

Conclusion

Malgré la complexité, la gravité de la conjoncture actuelle, envers et contre tous, l’institution de l’agdal, régie par la coutume semblerait vouloir perdurer, grâce à sa souplesse, adaptée qu’elle est à une situation souvent fluide, conflictuelle. C’est ainsi que l’on pourrait entrevoir, comme moyen de sortie de crise, un heureux mariage entre des méthodes modernes de gestions de conflits et les sages dispositions sur les igudlan contenues dans l’izerf traditionnel (27). Initiative qui sera, toutefois, vouée à l’échec tant que, au mépris de toute considération environnementale, l’appât du gain (spéculation ovine, trafique du bois de cèdre, etc.) demeurera le seul critère pouvant régir l’approche de la problématique des igudlan et autres parcours forestiers.

Il est souhaitable, en tout cas, que l’actuelle génération de chercheurs marocains –scientifiques et hommes de terrain convaincus de la nécessité d’une démarche conviviale envers l’environnement, à l’instar de ceux que nous avons rencontrés à Marrakech le 12 mai 2007 – puisse mener à bien ses travaux, faire entendre sa voix ! Faire comprendre, en haut lieu, que pacages et cédraies protégés valent mieux que pâturages et cédraies saccagés ; qu’ils y ont tout à gagner. Quelque chose pourra alors être sauvé.

Compte tenu de ces impératifs il y a urgence absolue à mener un certain nombre d’actions en profondeur, et d’en garantir le suivi :-

a) Réactualiser une transhumance respectueuse de la biodiversité, qu’il s’agisse de la conservation des sols, des gazons d’altitude et des différents formes de vie végétale, animale, aviaire et autre qu’ils renferment ; en particulier, sensibiliser les adultes au besoin de respecter la biodiversité afin de redresser certaines tendances néfastes (capture de macaques, de porcs-épics, ou abattage au lance-pierres des passereaux, élimination aveugle – et par ignorance – des reptiles de toutes sortes), etc. ;

b) Veiller sur le terrain à l’application effective des règlements interdisant le braconnage, notamment en ce qui concerne des représentants « nobles » de la faune, tels le mouflon ;

c) Rechercher un équilibre permettant d’assurer une gestion performante des ressources naturelles (eaux, forêts, faune, etc.);

d) Compte tenu de l’importance grandissante de l’écotourisme, doter l’industrie touristique marocaine d’une déontologie de la biodiversité, notamment de façon à mieux gérer les déchets à proximité des gîtes, ainsi que la pollution qui apparaît le long des itinéraires de trekking ;

e) Former des guides du CFAMM à Tabant (Ayt Bouguemmez), notamment ceux provenant du nouveau recrutement citadin, moins avertis des choses de la montagne que leurs collègues du jbel, de façon à ce qu’ils soient conscients des enjeux gouvernant l’environnement et la transhumance, notions auxquelles ils ne sont pas naturellement sensibilisés ;

f) Etablir un cadre de planification décentralisé et participatif (comités de co-ordination nationaux et régionaux incorporant les instances traditionnelles) ;

g) Ériger un code national pastoral (du style « charte des pâturages » ) qui insisterait, en particulier, sur une réduction au moins de moitié de la taille de chaque troupeau, de façon à soulager la pression insoutenable dont les biotopes font l’objet ;

h) Créer un centre de formation pastorale combinant savoirs locaux et connaissances technologiques modernes (28).

Ainsi, l’importance des massifs orientaux de l’Atlas marocain, « point chaud » de la biodiversité méditerranéenne, est-elle désormais largement reconnue. L’institution des agdal-s se situant, on le sait, au cœur d’un système national, voire international, impliquant le traditionnel, le politique, le social, le tourisme, on ne peut qu’espérer une prise de conscience des responsables afin que soit sauvée une fleuron millénaire, vital à l’équilibre écologique du pays.

Appendice A : observations ornithologiques

Agelmam Afennourir

Voici une liste non-exhaustive (observ. pers. le 24/05/2005) :- Cigogne (Ciconia ciconia), Balbuzard-pêcheur (Pandion haliaetus), Faucon hobereau (Falco subbuteo), Grèbe à cou noir (Podiceps nigricolis), Grèbe huppé (Podiceps cristatus) ; Héron cendré (Ardea cinerea), Tadorne casarca (Tadorna ferruginea), Fuligule milouin (Arthya ferina), Échasse blanche (Himantopus himantopus), Chevalier guignette (Tringa hypoleucos), Chevalier gambette (Tringa totanus), Sterne pierregarin (Sterna hirundo), Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), un Traquet (Oenanthe lugens), deux variétés de Foulque (Fulica cristata & Fulica atra) ; auxquels il convient d’ajouter une Avocette (Recurvirosa avosetta), observ. pers. en mai 1999.

Plateau de Tassamakt

Observ. pers. (mai 1984, ainsi que les 21/04/2006 & 05/05/2007). L’avifaune est relativement pauvre, dont deux espèces de Traquet (Oenanthe oenanthe seebohmi & Oenanthe lugens) ainsi que les deux espèces de Foulque répertoriés dans le Moyen Atlas (dans l’agelmam en bordure de route à 1 km à l’est du plateau); Milan noir (Milvus migrans), Aigle botté (Hieraaëtus pennatus), Glaréole à collier (Glareola pratincola), Alouette Hausse-col (Eremophila alpestris).

Plateau des Lacs

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Roselières en bordure de Tizlit, mai 2007 (photo: M. Morgenthaler)

Avifaune de Tizlit (liste non exhaustive) : Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Grèbe huppé (Podiceps cristatus), Grèbe à cou noir (Podiceps nigricolis) présent également à Izli, Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficolis), Tadorne casarca (Tadorna ferruginea), Canard souchet (Anas clypeata), Chevalier guignette (Tringa hypoleucos), Chevalier culblanc (Tringa ochropus), ainsi que l’omniprésent Foulque (Fulica cristata) ; également un visiteur rarissime, le Panure à moustaches (Panurus biarmicus), observ. Le 10/04/2004. Biotope moins riche à Izli :- Courlis (Numenius arquata), Alouette hausse-col (Eremophila alpestris), Goéland leucophée (Larus cacchinans michahellis) qui est une sous-espèce du Goéland argenté (observ. le 24/12/1987).

NOTES

1  Observation personnelle, désormais « Observ. pers. », (22/05/1981).
2 Observ. pers. à Agheddou (02/07/1978), ainsi qu’à Anefgou (30/06/1988).
3 Observ. pers. d’une tente écrasée par la neige, à Imi n-Tkhamt, Imitchimen, versant N de l’Ayyachi (01/11/1978).
4 Cf. J. Robichez, Maroc central, Arthaud, Paris/Grenoble, 1946 (p. 174), pour une photo ancienne de cette source, point de rencontre de la transhumance des Ayt Hadiddou et des Ayt Merghad.
5 Observ. pers. (22/05/2001).
6 Observ. pers. de Denis Dourron (15/10/1975), co-auteur De l’Ayachi au Koucer (1976) ; cf. également, une coutume similaire chez les Ilemchan des Ayt ‘Atta ( J. Robichez, op. cit., p.45).

7 Également haguza (ar.) chez certains groupements amazighes du Moyen Atlas.
8 Dont certains pâtres arabophones montés de l’azaghar ; observ. pers. (février 2003).
9 Cf. également > http://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_Afennourir
10 Observ. pers. in situ en février et mai 2007.
11 Conversation avec l’intéressé le 17 avril 2007, lors de la tenue à l’Université Al-Akhawayn d’Ifrane, du Colloque « Implication des populations amazighes dans le tourisme de montagne au Maroc ».
12 Observ. pers. sur la période 1998-2007.
13 Résultats d’observ. pers. effectuées in situ. Informations, toutefois, marquées par une absence de données sur la période 1991-2007.
14 Oberv. pers. en septembre 1999, mars 2001, mai 2002 et mai 2007, lors de tournées sur les piedmonts nord-ouest de l’Ayyachi.
15 Observ. pers in situ. Par ailleurs, une fois définitivement en place, le PNHAO pourra intervenir sur les rapaces de la région, dont le nombre a fortement diminué ces dernières années, principalement en raison d’un abus de pesticides.
16 Tradition orale, Anefgou, printemps 1978.
17 En mai 2007 on dénombrait dans l’Aqqa n-Ouanine une demi-douzaine de hameaux composés de « résidences secondaires », ainsi que des champs multiples et des peupliers plantés le long du cours d’eau.
18 La généralisation de cette tendance, parfois avec plantation de vergers (urtan), a été constatée sur le terrain par nos soins entre Taghighecht (Asif n-Tilmi et Sountat (Asdif Melloul), en septembre 1998.
19 Cas affligeant du site sacré du Tazizawt, l’un des plus prestigieux cimetières des héros de la résistance marocaine. Étant l’objet d’un pèlerinage annuel le 24 août, deux sentiers ont été aménagés dans la forêt pour faciliter l’accès des pèlerins ; malheureusement, entre 2005 et 2007 des voleurs de bois de la région d’Aghbala en ont profité pour s’y livrer à des coupages sauvages. Le chemin que suivent les pèlerins vers le cèdre sacré est désormais jonché de troncs en instance d’équarrissage, de copeaux de cèdre…
20 Ceux-ci, à l’instar de deux forestiers du poste de Tirghist, rencontrés dans le Haut Asif n-Ougheddou le 22/05/2007, qui sont obligés de circuler armés, tant est grand le danger que représente une rencontre avec une équipe décidée de voleurs de bois (ikhewwan n-ikshuddn).
21 C’est la douloureuse affaire d’Anefgou (hiver 2006-2007) – signalée par la chaîne de TV arabe Al-Jazeera – avec la mort de 29 jeunes femmes et enfants en bas âge, suite à une maladie non encore identifiée (pneumonie mal soignée ?), dont l’hebdomadaire Tel Quel s’est fait l’écho, et qui a déclenché un véritable scandale national en exposant l’inefficacité des services de santé. Depuis, on a procédé à Anefgou à l’installation d’une borne de téléphonie portable et le goudronnage de la piste avance de mois en mois.
22 Rapace aperçu à contre-jour le 21/05/2005 ; probabilité à 80 % qu’il s’agisse effectivement d’un Circaète, bien que l’on ait pu le confondre intialiement avec un Balbuzzard. À signaler, en revanche, une perte de biodiversité sensible sur l’almu voisin de Tanoutfit, où une colonie d’écureuils de Gétulie (Atlantoxerus getulus) qui peuplait la pelouse avoisinant la source (observ. nov . 1986) avait disparue en mai 2002.
23 Nervosité de la part des équidés également (observ. le 23/05/2005) à Almou Amezzan (pâturage fréquenté par les Ayt Hadiddou de l’Imdghas), où, après avoir copieusement consommé des graminées, deux mulets ont chargé un troupeau de moutons.
24 Avifaune très pauvre : Faucon lannier (Falco biarmicus erlangeri), observ. Le 19/05/2004, Perdrix gambra (Alectortis barbara), exemplaire unique, observ. le 24/05/2005.
25 Une rivalité tenace opposait autrefois ces deux groupements ; cf. D.M. Hart (1984). Nous avions effectivement remarqué des comportements conflictuels, relevant de ce phénomène, en mars 1975 dans l’Asif Melloul, ainsi qu’en novembre 1979 dans l’Imdghas.
26 Champs d’Almou n-Selloult où, fin mai 2004, l’on notait la présence de la Caille des blés (Coturnix coturnix), ou tazerkilla en Tamazight ; également observ. en juillet 1982 : Traquet du désert (Oenanthe deserti) et Gypaète barbu (Gyaëtus barbatus).
27 Cf. projet de recherché “Capstone”, de N. Maouni, 2005. Université Al-Akhawayn Ifrane, 2005.
28 Cf. Projet UNDP (Programme de Développement des Nations Unies), n° MOR/98/G41/A1G/31, “Morocco : Transhumance for Biodiversity Conservation in the Southern High Atlas”.

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Hannibal crosses the Alps – 1: general survey

Posté par Michael Peyron le 2 septembre 2010

An unsolved riddle as old as the hills: the quest for Hannibal’s pass (218 BC) 

by Michael PEYRON

As a Grenoble-based ski-mountaineer, back-packer and specialist in Berber history and culture (Hannibal’s Numidians were the ancestors of to-day’s Berbers), and with extensive field experience of early XXth-century Atlas mountain battlefields between French and Moroccan Berber fighters, Michael Peyron has long felt attracted by this specific exercise in classic warfare, the more so as it is relevant to Amazigh history. 

Introduction 

Intrigued by the endeavours of countless amateurs, historians, scholars and scientists to locate the strategic alpine pass crossed by Hannibal and his 26,000 or so soldiers during the Second Punic War, this writer volunteers a brief summary of a long disputed topic, following frequent summer visits to the Mont-Cenis and other Alpine border areas over the past forty years. 

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Possible site of Hannibal’s crossing, Col du Mont-Cenis, Aug 2008, (photo: M. Peyron)

With regard to the exact location of Hannibal’s crossing there is at present insufficient hard evidence to decide in favour of a northern, intermediate or southern route(s).  It should also be borne in mind, that these events took place over two millennia ago and that the terrain may have undergone more than cosmetic change in the interval. If neglected, a mountain track can be wiped out rapidly by repeated erosion (avalanche, rain, stone-fall or land-slide), to say nothing of changes in glacial- and snow-cover in early times for which there is a paucity of reliable data. 

A problem compounded by the fact that in re-charting each route, historians base their topographical estimations on prominent land-marks that appear to match Polybius’ and/or Livy’s description. This highly subjective approach results in miscellaneous interpretations and distortions. A typical example is identification of a low pass in the foot-hills crossed on Day 1 of Hannibal’s alpine traverse, coinciding with an attack by Celtic tribesmen – probably the Allobroges (Torr 1924) – on the Carthaginian column, for which there are as many possible candidates as route variations (Dent du Chat, Pas de la Coche, Col de Grimone, Col de Cabre, etc.), some of them involving apparently unnecessary detours.  Trying to make sense out of two totally different accounts – that of Polybius and Livy – probably explains why there is so much disagreement between self-appointed experts in their attempts to establish the bona fide route.

Not to mention that, coming after Hannibal, his brother Hasdrubal’s fateful traverse of the Alps (207 BC) would appear to have followed a different path, possibly the Mont-Cenis (Torr 1924), which would explain discrepancies between Livy’s description compared with that of Polybius, neither of which were based on eye-witnesses accounts (though the latter did subsequently go over the route), thus further blurring the issue. 

Finally, there have not been any convincing archaeological finds datable to the Punic period near any of these mountain passes, a long expected break-through that would otherwise have clinched the matter. Though an elephant’s skeleton was discovered below the Petit St Bernard in the XVIIIth century (Torr 1924, quoting Saint-Simon, 1770), such a relic is inconclusive since the Romans used elephants too. There have also been unconfirmed reports of javelins and helmets being found at various times and locations in the Verdon valley, another possible itinerary. This writer has likewise heard rumours of supposedly Carthaginian coins near St Jean-de-Maurienne, but nothing tangible. Declares Hunt (2006): “Until compelling archaeological evidence is found, (…) the question remains unanswered”. 

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   Hannibal’s choice of passes (map: Editions Berger-Levrault)

Potential Northern routes 

Mommsen (1865), Aimé Bocquet (2009), and many others are staunch advocates of the Petit St Bernard linking the Tarentaise to the Val d’Aosta. However, despite the relatively smooth going on this route, one is hard put to explain why Hannibal should have made such a long detour to the north. 

The Haute Maurienne route has also tempted many an expert, mainly  via the Mont-Cenis, a choice approved in his day by Napoleon Bonaparte. Over a century later, after different French officiers (Colonel Perrin, Captain Colin, etc.) had concluded that the Clapier must be the vital col, British chamois-hunter Lavis Trafford (1956) looked into oral tradition at Bramans. Buttressed by a local claim that a general named Hannibal had crossed the Clapier in bygone times, he pushes hard for that pass and/or the nearby Savine-Coche saddle.

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On approach to Clapier Pass, from below Lake Savine, Dents d’Ambin on R, Aug 2009 (photo: M. Peyron)

It is currently fashionable to name the Clapier as being Hannibal’s pass, a stance supported by Geoffroy de Galbert (2008); not to mention Patrick Hunt, who has recently scoured the region with parties of keen students from Stanford University. As a result the latter has penned a book on mountain archaeology (2007), studies on lichen growth, pollen records and glacial evolution; also speculations about a potentially disease-ridden Carthaginian army as partial explanation for its inordinately high losses during the Alpine traverse (Hunt & Seicean, 2006). Interestingly, sections of this route have been tested with live elephants in recent times, though far from 100% convincingly (Boser 2007). 

 

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The much-favoured Bramans-Clapier-Susa route

Bocquet (2009), on the other hand, defending his stand in favour of the Petit St Bernard, derides the advocates of the Clapier route, labelling them as “well-meaning people who make unsupported statements”. He contends that, apart from the steepness of the descent on the Italian side, even the Savine-Coche variant would have entailed traversing a small glacier, but which in Hannibal’s day, before “the Roman climatic optimum”, was arguably more extensive and would have impeded the passage of elephants and horses. 

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Author’s companions photographing plaque at Col de Clapier, Aug 2009, (photo: M. Peyron)

 

Yet this is debatable, since recent findings (Neumann 1992) suggest that the glacial cover around 218 BC was similar to today, with old snow lasting into mid-summer above 2500m, but fresh falls occurring early-autumn, when swift shifts in weather patterns are not unknown. For example, October 10, 2009, was a crisp, sunny day in Vallon d’Ambin, near Col de Clapier, while next morning the weather had broken, overnight snow covering slopes of Dent Parachée down to 2200m. 

However, present-day (2010) climatic conditions, glacial cover and early-autumn presence of névé snow, used as a yard-stick to speculate on what a specific pass may have looked like in 218 BC (matching classic source material), must allow for the fact that since the summer 2003 heat-wave, glaciers have receded dramatically in the Alpes du Nord. As a result, today’s conditions offer but a poor indication of those prevalent in Hannibal’s time. 

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St. Pierre d’Extravache and Dent Parachée, its summit névé threatened with disappearance due to climate change, Haute Maurienne, Aug 2009 (photo: M. Peyron)

In August 2009 the present writer made a three-day tour on foot of the Mont-Cenis area. The over-riding impression was that: 1) even the ascent from Bramans to Le Planay, would have been a strenuous undertaking in far-off times without a road; 2) the steep, narrow and rocky, though favourably exposed forest section up from Le Planay to Petit Mont-Cenis, presenting signs in places of an ancient caravan track, apparently used at the time of Charlemagne, would have been extremely arduous for elephants. The elephants used by Hannibal, however, belonging to the now extinct medium-sized, nimble North African variety might have found their way up.

Even if the Arc valley narrows dramatically upstream from Termignon (Blache 1962), how much easier to have climbed mild slopes to Mont-Cenis from present-day Lanslebourg, then over the Italian side, thus precluding the unnecessary effort of hoisting an entire army to nearly 2500m at Col de Clapier.  On the positive side, however, an approach from the Mont-Cenis and the Petit Mont-Cenis guarantees plain sailing, so to speak, with a minimal slope up to the Clapier.

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Potential site of Hannibal’s « regrouping area » near Lake Savine, below Clapier Pass, Aug 2009, (photo: M. Peyron)

And, on the eve of the actual crossing, one can visualize Hannibal’s 26,000 footsore fighting men bivouacking below the pass in freezing discomfort on that large pasture by Lake Savine. Depending on early autumn snow-cover, there would have been water and grass for the animals and flat ground for setting up shelters. With little or no firewood in the vicintiy. Onward progress down the Italian side, however, appears uncompromisingly steep – even precipitous in places – as Bocquet (2009) points out, thus casting serious doubt on the feasibility of this route. 

Possible Southern routes 

Arguments are not lacking in favour of the Southern routes such as Montgenèvre (Connolly 1978). Also a less well-known candidate: Col de Malaure (Queyras), at 2522m a somewhat tricky undertaking, supported by Bonus (1925), and Renaud (1994) who points out that the pass presents a promontory on its steep southern side from which, with Italy in sight, Hannibal could have exhorted his troops for a final effort.  Other contenders are the Col de La Croix near Échalp (Queyras), for long the main route for shepherds and journey-men from Queyras to Piedmont; Col Mary in Upper Ubaye, crossed by this writer in the summer of 1977 and defended by G. de Manteyer (1945). Finally, Col de Larche, for which Pierre Ollier makes out a reasonably strong case on the Web (2008), while dismissing Clapier and Savine-Coche as unnecessarily high compared to more suitable and highly feasible Mont-Cenis, and “offering no advantages, other than to create a diversion on military grounds”. Most of these are based on an approach up the Durance, referred to as Druentia, according to one interpretation of the old texts.

British author Bernard Levin (1987) makes little contribution to the discussion. After grudgingly admitting that the Montgenèvre and the Mont-Cenis are “both strong candidates”, he lamely concludes his TV-sponsored caper at the Col Agnel, a pass with which the present writer was initially unimpressed as a feasible crossing-point for elephants, despite the presence of a plaque commemorating Hannibal’s troops some 7 km from the col. Cecil Torr (1924) dismisses the Petit St. Bernard, even the Mont-Cenis and Clapier, as taking Hannibal unnecessarily far north (especially with winter approaching and Scipio’s army having re-embarked). He examines the evidence in favour of Col de Clapier before presenting a fairly convincing case in favour of a route up the Durance to Col de Larche, or Traversette. 

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Approaching Monte-Viso from N with lombarde effect  materialising, Sep 2004, (photo: M. Peyron)

Sir Gavin De Beer (1955), a museum director and mountaineer of some repute, supports the Traversette route, but is also adamant that Hannibal passed the Col de Grimone (Cremonis) in the Diois area on the way, only to have his findings dismissed within a year – as often happens in such circumstances – by colleagues of the Royal Society and Alpine Club.

 

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Various proposed routes, including Sir Gavin de Beer’s (Guillaume, 1967)

Augustin Guillaume (1967), a veteran Atlas Mountain campaigner of the 1920s and native of Guillestre, conducts an exhaustive survey both of the Clapier (Petit Mont-Cenis) and Traversette route. While deciding in favour of neither, he does rehabilitate the possibility of a route through the Queyras region, pointing out that Hannibal need not have followed the treacherous Guil gorge. An ancient, previously overlooked trail (probably used since Roman times) via Eygliers, de Gros, the vale of Furfande and Col Garnier, would have enabled Hannibal to outflank the Guil gorge, thus reaching the upper part of the valley without serious mishap. 

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Author’s party at foot of Traversette slope; Monte-Viso on L, Sep 2004 (photo: M. Peyron)  

John Prevas(1998), combining the field experience of an alpinist with the qualities of a Greek scholar, argues in favour of a route via the upper Durance valley and over the Traversette pass, in an authoritative and brilliantly documented work that convinces all but a few sceptics. 

Most recently, geologist William Mahaney (2009), late of York University (Ontario), after a thorough scientific re-appraisal of the evidence, has made out a strong case for Traversette, based on the presence of a two-tier rock-fall at 2600m on the lee side of the pass, and the late presence of névé snow, that seemingly tallies with description by Polybius (Mahaney, 2008b). 

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Monte-Viso from Traversette pass showing terrain distinctly unsuitable for elephants, Sep. 2004 (photo: M. Peyron)

Intrigued by this explanation, the present writer believes the Traversette pass, given the sheer steepness of the initial descent towards Italy would have been impossible unless  Hannibal’s elephants had been belayed with ropes over the initial section below the pass on the Italian side. In his book Guillaume publishes photographs that clearly show how steep those slopes were (see above photo), not to mention the presence of snow. On the other hand, Mahaney’s identification of the alpine meadows below the Traversette on the Italian side, where this writer twice picnicked, as the “regrouping area”, makes sense in terms of altitude and resources. It contrasts favourably with the Savine alpage on the French side of rival Clapier pass, a similar “regrouping area”, but exposed and uncomfortable. Hunt, who apparently almost came to grief there, calls the Traversette a “killer” and naturally judges it less plausible as Hannibal’s pass than Col de Clapier (Jia 2007). 

Miscellaneous items 

In the realm of conjecture and hypothesis surrounding Hannibal’s crossing, other items have caught researchers’ imagination. No doubt the most interesting is the matter of the rock-splitting vinegar, or fired rock (Hunt, 2007; Mahaney 2008b), which arose through Hannibal’s alleged use of bundles of vinegar-soaked firewood tied round boulders, then lit up so as to crack said boulders that were blocking downward progress by elephants and horses. Evidence of such activity has been found down the Italian slope from Clapier, though scientific measurements have failed to date it to the Punic period. 

The second point is whether or not Hannibal gave his troops a Caesar-after Dyrrachium-style speech to coax them over the pass (a typical device in classic military accounts), whence the plains of northern Italy and the road to Rome were clearly visible. Most experts contend that a pass presenting such a criterion would be the right one. In fact in the 1960s Guillaume had already commented on the clear view of Italy one could obtain from this pass, especially in early winter. Understandably, this has become a bone of contention among researchers, both Clapier and Traversette apparently fitting this description, though on his website Bocquet (2009) challenges anyone to actually see Torino from Col de Clapier!  A journalist named Boser (2007) seems to have done just that. Having accompanied Hunt up to Clapier, he claims: “Peering through a purple haze, I see Turin some 70 miles away.” Truth is in the eyes of the beholder… The debate is possibly pointless, anyhow, as the veracity of this episode is dismissed by some researchers as a mere figment of Livy’s imagination (Connolly 1978). 

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Plaque at Clapier Pass makes cautious reference to Hannibal (photo: M. Peyron)

Meanwhile, even admitting that Hannibal was able to descry the Pô plain in the distance, such a clear view would have required perfect weather. Anyone familiar with the Franco-Italian frontier ridge will have experienced the lombarde factor – billowing clouds that move in from Lombardy, accompanied by foehn effect – regularly contributing to poor visibility (Grard & Mathevet 1967; Morel & Bonnet 2008), specifically in autumn – when Hannibal made the crossing. A point apparently downplayed by some specialists, who may have only visited during fair-weather summer spells. Suffice it to say that this author’s party met with typical lombarde conditions on various occasions in summer and early autumn between 1986 and 2009, both near the Traversette, and at or near Clapier, when Torino remained discreetly veiled. 

Another disputed point is the exact location of the ambush on Hannibal’s baggage train on Day 7. The most plausible sites are the Gorge de Vilette between Moutiers and Aime on the Isère; the gorges slightly upstream from Modane in the Maurienne; or, on the southern route, a point 10 km short of Briançon on the Upper Durance (Connolly 1978); all of which tally with the primary sources pointing to an ambush occurring some three days’ march from the vital pass, whether Petit St. Bernard, Mont-Cenis, or Montgenèvre. Or yet again, there is an interesting theory that the Carthaginian army underwent serious mauling on the Upper Guil, somewhere near present-day Château-Queyras (Mahaney & Tricart 2008c). 

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Unlikely Hannibalic candidate; descending boulder-slope from Col d’Ambin towards Lac de Fond d’Ambin, 5 km W of Clapier, Aug 2009 (photo: M. Morgenthaler)

Recent Hannibal-related endeavours 

As if to differ from the prevailing Clapier/Traversette dispute a fresh tendency has emerged in favour of less conventional routes, especially in the south, some pundits arguing that Hannibal followed the Drac valley, the Verdon, the Ouvèze, or the Durance, for a crossing of the Montgenèvre.

The most ambitious of the recent studies is no doubt that undertaken by retiree Raymond Rozet, based on Polybius’ text coupled with painstaking field-work. The Carthaginian leader, he argues, must have followed the old “route des Ligures” between Buis and Mévouillon, eastward from the Baronnies towards Laragne-Monteglin, a rock-painting depicting an elephant discovered in a cave along the Toulourenc gorge beneath Mont Ventoux being presented as cast-iron evidence of Hannibal’s passage. As to the identity of the main pass, however, Rozet keeps his cards close to his chest, though it could be either Larche or Montgenèvre. 

The Wood brothers, an enterprising trio on mountain bikes, did a documentary feature for the BBC in the late autumn of 2009, complete with film crew and local guides, in a fun re-run of Levin’s Hannibal’s footsteps. All in all a pleasant read, and refreshingly devoid of media hype. Levin’s Gorges de Gats thus receives a new visit, though one of the Woods brethren gets to manhandle his bike up Traversette, rather than Agnel, as main col. To cover all possibilities another brother pedals blithely over Montgenèvre and a third checks out Clapier via Lanslebourg and Petit Mont-Cenis, somehow tallying with this writer’s conclusions as to the probable Hannibal trail. Most fittingly, he is greeted at the top by typical lombarde clouds, depriving him of the hoped-for vision of distant Turin! 

Meanwhile, as if to prove that the doughty Carthaginian’s exploit still commands respectful interest, the Sierra Club of California programmed “a hike the Alps” outing on Hannibal’s trail for July 2010, with Traversette as one of the main objectives! 

Conclusion 

Thus, in practically each alpine border region, from Savoy to Haute Provence, do we find people prepared to focus intellect and imagination on proving that the great general once visited their “neck of the woods”. The sum total of unreliable historical sources, environmental criteria, time/motion studies of Hannibal’s column, logistics and sheer feasibility of the undertaking, appear to militate in favour of a route aiming at a frequently-used, relatively low-lying col (Montgenèvre, La Croix, Larche, etc.), and following sunnier valleys than the harsh clime of Haute Maurienne or Tarentaise. This notwithstanding Scullard (2002), who declares: “If any trend can be detected, it perhaps leans towards the Col du Clapier”.

Although he has relied on articles, books, field-work and web search to compile this survey, the present author does not feel qualified to volunteer a solution. While Clapier and Traversette remain red-hot favourites, in his opinion their excessive altitude and steepness on the Italian slope make them debatable candidates. More important, so long as archaeology fails to produce substantial finds, in terms of Carthaginian coins, elephant skeletons, weapons or suchlike artefacts – both Hunt and Mahaney are apparently awaiting permission to dig – discussion of this riddle may last indefinitely.                                 

                                                                                                 michael.peyron@voila.fr 

The writer is an Anglophile Frenchman, a member of the London Alpine Club and long-time specialist of Berber History, Language and Culture. In 1975 he defended his doctoral thesis in Human and Rural Geography on a highland Berber region of Morocco at the Institut de Géographie Alpine (I.G.A.) in Grenoble and has since written guide-books in English on the Atlas Mountains. Not to mention similar publications on the Pre-Alps, entire sections of which he has crossed on foot, together with much of the Hannibalic country, presumed or real, in Diois, Dévoluy, Ubaye, Queyras and Haute Maurienne. From 1999 to 2009 he lectured on “History and Culture of the Berbers” at Al-Akhawayn University in Ifrane (AUI), Morocco. 

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Text copyright by Michael Peyron; material from same may be quoted in compliance with current academic practice.

 

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Critic of the Clapier route and staunch advocate of the Petit St Bernard, A. Bocquet has produced an eminently readable volume (2010)

 

 

 

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